Le «roi Bibi» a perdu sa couronne

Après plus de 12 ans de suite au pouvoir et d'intenses manœuvres en coulisses pour se maintenir à la tête du gouvernement, Benjamin Netanyahou a quitté ses fonctions dimanche. (Photo, AFP)
Après plus de 12 ans de suite au pouvoir et d'intenses manœuvres en coulisses pour se maintenir à la tête du gouvernement, Benjamin Netanyahou a quitté ses fonctions dimanche. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 juin 2021

Le «roi Bibi» a perdu sa couronne

  • Le dirigeant de 71 ans est devenu en quelques heures chef de l'opposition, sans prises directes sur la destinée du pays qu'il a gouverné pendant plus d'une décennie
  • Après la conquête et la gestion du pouvoir, le roi Netanyahou descend de son trône en rêvant, dit-il déjà, d'y remonter

JÉRUSALEM : Premier ministre le plus pérenne de l'histoire d'Israël qu'il a marquée par son style pugnace, Benjamin Netanyahou a joué à fond la carte de la "défense" du pays, mais a aussi centré le pouvoir autour de sa personne, jusqu'à sa chute. 

Après plus de 12 ans de suite au pouvoir et d'intenses manœuvres en coulisses pour se maintenir à la tête du gouvernement, Benjamin Netanyahou a quitté ses fonctions dimanche après un vote de confiance au Parlement sur la nouvelle "coalition du changement". 

Le dirigeant de 71 ans est devenu en quelques heures chef de l'opposition, sans prises directes sur la destinée du pays qu'il a gouverné pendant plus d'une décennie, laissant un pays plus que jamais polarisé. Ses opposants voient en lui un "Crime minister" et non un "Prime minister", allusion à ses démêlés avec la justice qui le poursuit pour corruption, malversation et abus de confiance dans une série d'affaires. 

Ses admirateurs voient, eux, en "Bibi" l'incarnation du nouveau "Roi d'Israël" pour sa défense arc-boutée du pays face à l'Iran et à son programme nucléaire controversé, perçu comme le nouvel "Amalek", l'ennemi mortel des Hébreux dans la Bible.

«Lutte contre le terrorisme»

Pour ses partisans, ce statut de grand protecteur a été renforcé par sa gestion de l'épidémie de Covid-19 à la faveur d'une intense campagne de vaccination ayant permis au pays de retrouver une vie normale des mois avant le reste du monde. 

À son dernier jour au pouvoir, Benjamin Netanyahou a confié qu'il considérait comme l'une des plus importantes réalisations de son mandat l'opération secrète, menée en 2018 par les services secrets israéliens et qui a permis à Israël de mettre la main sur des dizaines de milliers d'archives iraniennes.

Des années Netanyahou reste aussi cette image : un dessin naïf, une bombe dessinée au feutre, censé représenter les capacités nucléaires iraniennes brandies à la tribune des Nations unies en 2012.

Voix rauque de ténor, cheveux argentés inamovibles, souvent vêtu d'un complet-cravate, Benjamin Netanyahou est profondément marqué par l'héritage de la droite israélienne.

Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, il tient ce bagage idéologique musclé de son père Benzion, ex-assistant de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite "révisionniste", favorable au "Grand Israël".

À l'opposé du processus de paix israélo-palestinien des années 1990, qu'il a contribué à enterrer, M. Netanyahou prône une vision d'Israël comme "État juif" avec des frontières s'étendant jusqu'à la Jordanie, d'où ses déclarations en faveur de l'annexion de pans de la Cisjordanie occupée et de mesures favorisant un boom des colonies.

Pendant la dernière décennie, le nombre d'habitants a augmenté de 50% dans les colonies en Cisjordanie pour dépasser les 475 000 personnes, vivant en parallèle de plus de 2,8 millions de Palestiniens, une présence accrue qui menace la création d'un État palestinien viable selon l'ONU.

Au tournant des années 1970, le jeune Netanyahou effectue son service militaire dans un commando d'élite. Mais c'est surtout son frère aîné, Yoni, qui se fait remarquer dans les rangs de l'armée.

En 1976, Yoni, commandant de l'unité chargée de libérer les otages d'un vol Tel-Aviv/Paris en Ouganda, est tué pendant l'assaut israélien.

Ce décès ébranle profondément Benjamin Netanyahou, qui fera de la "lutte contre le terrorisme", qu'il associe souvent aux Palestiniens ou aux Iraniens, l'un des fils conducteurs de sa carrière.

Au nom du père

Il a "bâti son personnage politique autour d'une image de force et de l'idée selon laquelle les Juifs (...) devaient se montrer aussi durs que la région dans laquelle ils vivent", écrit dans ses mémoires l'ex-président américain Barack Obama.

Et de s'interroger sur le fait si Benjamin Netanyahou, qui a "hérité du zèle de son père à défendre Israël", a aussi "hérité de l'hostilité paternelle décomplexée envers les Arabes".

S'il maintient des propos durs à l'endroit du leadership palestinien, il a aussi ardemment défendu la normalisation en 2020 des relations avec des pays arabes (Émirats, Bahreïn, Soudan, Maroc).

Orateur né, il est aussi diplomate de carrière, en poste aux États-Unis, pays où il a étudié, puis ambassadeur à l'ONU dans les années 1980.

En 1996, à 47 ans, il triomphe du doyen Shimon Peres et devient le plus jeune Premier ministre de l'histoire d'Israël. Il restera trois ans au pouvoir.

Il finit toutefois par revenir à sa passion, la politique, et reprend la tête du Likoud, jusqu'à redevenir Premier ministre en 2009. Depuis, Israël n'avait plus connu d'autre chef de gouvernement que lui.

Aujourd'hui, ses tombeurs sont d'anciens ministres comme Naftali Bennett, figure de la droite radicale, ou le centriste Yaïr Lapid, des anciens ministres sous Netanyahou et membres de la nouvelle coalition gouvernementale.  

Après la conquête et la gestion du pouvoir, le roi Netanyahou descend de son trône en rêvant, dit-il déjà, d'y remonter.


Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com