Coup de frein sur la baisse des armes nucléaires dans le monde

Depuis son sommet absolu de 1986 (plus de 70 000 têtes) le nombre d'armes atomiques a fondu. (Photo, AFP)
Depuis son sommet absolu de 1986 (plus de 70 000 têtes) le nombre d'armes atomiques a fondu. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 juin 2021

Coup de frein sur la baisse des armes nucléaires dans le monde

  • Début 2021, les neuf nations dotées de «la bombe» (Russie, États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord) détenaient 13 080 armes nucléaires
  • En août, les membres du Traité de non-prolifération, qui regroupe la plupart des pays du monde, doivent se réunir à New York pour une révision quinquennale

STOCKHOLM : La baisse du nombre d'armes nucléaires dans le monde depuis la fin de la Guerre froide a connu un nouveau coup de frein en 2020, à l'heure où les puissances atomiques modernisent et, pour certaines, étendent leurs arsenaux, selon un rapport publié lundi.

Début 2021, les neuf nations dotées de "la bombe" (Russie, États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord) détenaient 13 080 armes nucléaires, soit 320 de moins que début 2020, selon les estimations de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Mais ce chiffre inclut les ogives en attente de démantèlement. Si l'on exclut ces dernières, le stock d'armes nucléaires a augmenté, passant de 9 380 à 9 620 sur la période.

Quant au nombre d'armes nucléaires effectivement déployées sur des missiles ou au sein de forces opérationnelles, il a, lui aussi, progressé, augmentant de 105 unités en un an, à 3 825 têtes. Dont environ 2 000 en "état d'alerte opérationnelle élevé", c’est-à-dire pouvant être lancées en quelques minutes.

Depuis son sommet absolu de 1986 (plus de 70 000 têtes) le nombre d'armes atomiques a fondu, tombant par exemple à 22 600 unités en 2010 (dont près de 7 500 opérationnelles à l'époque), selon les données du Sipri. Le total de 2021 est en apparence le plus bas depuis la fin des années 50.

Mais "les réductions des arsenaux nucléaires, auxquelles nous nous sommes habitués depuis la fin de la Guerre froide semblent marquer le pas", a déclaré à l'AFP Hans Kristensen, chercheur au Sipri.

"Nous observons des programmes de modernisation nucléaire très importants dans le monde entier et dans tous les États dotés d'armes nucléaires", souligne-t-il, avec "une hausse de l'importance attribuée aux armes nucléaires dans leurs stratégies militaires".

Cette tendance s'observe tant en Russie qu'aux États-Unis - qui possèdent à eux deux plus de 90% des armes nucléaires mondiales: 6 255 (-120) et 5 550 (-250) respectivement, selon le Sipri.

Si les deux puissances ont poursuivi le démantèlement des ogives qui n'étaient déjà plus opérationnelles, elles en comptaient début 2021 en revanche environ 50 de plus en "déploiement opérationnel" qu'un an plus tôt.

Le traité signé entre Moscou et Washington, le "New START" -  visant à maintenir leurs arsenaux nucléaires en deçà du niveau de la Guerre froide - a été prolongé à la dernière minute de cinq ans en début d'année.

Inquiétudes

Cette prolongation était importante "pour créer la stabilité", souligne M. Kristensen, d'autant que d'autres traités - à l'image du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF) - ont, eux, expiré ces dernières années.

Mais la nouvelle administration Biden "signale très clairement qu'elle va poursuivre l'écrasante majorité du programme de modernisation nucléaire qui était en cours pendant les années Trump", souligne le chercheur.

Selon un rapport de la campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) publié début juin, les puissances atomiques ont consacré 72 milliards de dollars à leurs arsenaux en 2020, un total en hausse de 1,4 milliard.

Selon les estimations du Sipri, la Chine possédait 350 têtes nucléaires (+30) début 2021, devançant la France 290 (stable), le Royaume-Uni 225 (+10), le Pakistan 165 (+5), l'Inde 156 (+6) et Israël 90 (stable).

Quant à la dernière puissance nucléaire en date, la Corée du Nord, l'institut de recherche suédois juge qu'elle pourrait construire 40 à 50 têtes avec la matière fissile produite par le régime, mais que leur nombre réel reste "extrêmement incertain".

En août, les membres du Traité de non-prolifération (TNP), qui regroupe la plupart des pays du monde, doivent se réunir à New York pour une révision quinquennale.

Selon le TNP, les puissances nucléaires s'engagent à "poursuivre de bonne foi" des négociations sur le désarmement.

Toutefois, face au renouvellement des arsenaux, les pays non-nucléaires pourraient remettre en question leurs engagements, s'inquiète le Sipri.

"Les États membres de ce traité pourront à juste titre demander 'Êtes-vous vraiment en conformité avec ce traité ?'" et "'si vous ne l'êtes pas, pourquoi devrions-nous continuer à être membres de ce traité'?", avance M. Kristensen.

La suite reste marquée d'un point d'interrogation: est ce simplement la fin de la phase de réduction, ou le début d'une réaugmentation inédite depuis près de 40 ans?

Selon l'expert, l'augmentation du stock en Chine par exemple pourrait également entraver la volonté des États-Unis et de la Russie de se désarmer.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.