La région Mena s'enthousiasme pour l'esport

Dans cette partie du monde, ce sont les esports mobiles qui prennent le pas sur les esports sur ordinateurs et consoles de jeux vidéo. (Photo, AFP)
Dans cette partie du monde, ce sont les esports mobiles qui prennent le pas sur les esports sur ordinateurs et consoles de jeux vidéo. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 juin 2021

La région Mena s'enthousiasme pour l'esport

  • La popularité des sports électroniques a considérablement augmenté dans la région Mena au cours des dernières années
  • Affichant un vif intérêt pour l'esport dans la région, Garena, un développeur et éditeur de jeux de Singapour, organise le tournoi Free Fire World Series

RABAT: La popularité des sports électroniques – ces compétitions de jeux vidéo diffusées en direct et communément appelées «esports» – a considérablement augmenté dans la région Mena au cours des dernières années.

Dans cette partie du monde, ce sont les esports mobiles qui prennent le pas sur les esports sur ordinateurs et consoles de jeux vidéo, ce qui n’est guère surprenant compte tenu des capacités graphiques des smartphones modernes. L'arrivée de la 5G dans la région Mena confirmera sans doute cette préférence.

Bien qu’elle soit difficile à quantifier avec précision, la pandémie de Covid-19 et les restrictions qui l'ont accompagnée auraient eu un impact significatif sur cette tendance: des confinements particulièrement restrictifs ayant été imposés, les gens ont été contraints de trouver d'autres moyens de divertissement.

 

en BREF

Pour la seule année 2020, l'esport a attiré 435,9 millions d’amateurs à travers le monde. Cette audience devrait dépasser 474 millions pour l'année en cours et atteindre plus de 577 millions en 2024.

En termes d'attractivité financière, d’importants revenus ont été générés par cette augmentation de l’audience: générant plus d’1,08 milliard de dollars de revenus l'année dernière et plus de 1,6 milliard de dollars d'ici à 2024.

Cette augmentation est en partie due à l'implication croissante des poids lourds du sponsoring et de la publicité que sont Nike, Coca-Cola ou Gillette.

La participation de célébrités du monde du sport telles que des joueurs de football ou des pilotes de Formule 1 a également donné un sérieux coup de fouet à cette industrie.

Un rapport YouGov publié récemment souligne cette impressionnante progression dans la région Mena: «Le Moyen-Orient est un marché du jeu en croissance rapide, qui va du jeu occasionnel aux jeux de réalité virtuelle et aux sports de compétition. Avec une communauté de plus en plus grande de joueurs actifs et une forte pénétration d'Internet, l'industrie des jeux et des sports électroniques dans la région Mena connaîtra probablement un boom à l'avenir. Les données montrent que, pour une sous-section importante de joueurs, regarder des jeux vidéo en ligne est devenu un passe-temps aussi important que de jouer soi-même», indique le rapport. 

En 2019, l’entreprise W Ventures, située à Dubaï, a annoncé qu'elle investirait 50 millions de dollars [1 dollar = 0,83 euro] pour développer un écosystème d'esports dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. En Arabie saoudite, le prestigieux éditeur de jeux Activision a conclu un partenariat avec la Saudi Telecom Company afin d’héberger des serveurs dédiés au jeu Call of Duty dans les villes de Riyad et de Djeddah. Enfin, au Koweït, la société de télécommunications Zain a introduit sa propre marque d'esports, Zain esports, avec l’ambition déclarée d’établir un calendrier des tournois de la région.

De son côté, Abu Dhabi inaugurera d'ici à la fin de l'année Pixel, un complexe d'esports et de réalité virtuelle, au sein du hub de divertissement d'Al-Qana.

Ce ne sont là que quelques exemples de l’investissement croissant des acteurs régionaux et locaux dans l'esport.

En 2020, 4,4 millions de téléspectateurs ont visionné des flux en langue arabe en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, à Oman et au Bahreïn. «L'engagement est beaucoup plus élevé que dans des marchés occidentaux très importants comme les États-Unis, le Royaume-Uni et plusieurs pays européens. Les habitants sont davantage susceptibles de participer à des compétitions une fois qu'ils en savent plus, ce qui laisse présager un bel avenir pour les jeux vidéo et l'esport [dans la région Mena]», estime YouGov.

Interrogé par Arab News en français, Boumaraf Oussama, le capitaine algérien de l’équipe DEA, en lice dans le tournoi Free Fire World Series 2021 de Singapour, affirme que cette popularité de l'esport ne peut qu'«être une bonne chose» pour la région Mena car elle «comblera le fossé entre les pays arabes et les autres régions du monde en termes de talents et de capacités».

Saadallah Djamel, algérien lui aussi, est le capitaine de l'équipe VIP. Il partage ce point de vue sur les perspectives de l'industrie dans la région. Selon lui, «les esports sont en plein essor dans cette région», et il s'attend à ce que ce phénomène se poursuive «longtemps», comme il l’explique à Arab News en français: des compétitions comme Free Fire [jeu vidéo de tir en vision subjective, NDLR] «donnent la possibilité aux pays de la région de se réunir et de jouer en même temps, ce qui rend l'expérience de jeu plus agréable». 

Affichant un vif intérêt pour l'esport dans la région, Garena, un développeur et éditeur de jeux de Singapour, organise le tournoi Free Fire World Series. Peu après la conclusion de l’édition 2021, il a annoncé que cette dernière avait établi un nouveau record du monde pour les esports avec plus de 5,4 millions de téléspectateurs en simultané. Le flux en langue arabe, à lui seul, a été visionné par plus de 136 000 téléspectateurs.

Interrogés sur la composition de leurs équipes, Saadallah Djamel et Boumaraf Oussama assument pleinement leur caractère cosmopolite. En effet, VIP est composée de joueurs issus du Maroc, de la Tunisie et de l’Irak. Ils se sont d’abord rencontrés de manière informelle, et c’est leur passion pour le jeu Free Fire qui les a ensuite incités à entrer dans la compétition. L’équipe DEA, composée de joueurs venus du Maroc, de Tunisie, de Syrie et de Jordanie, a suivi un cheminement comparable.

Même si, à cette occasion, les deux équipes ne sont pas parvenues à obtenir une place sur le podium – c’est l’équipe thaïlandaise Phoenix qui s’est imposée, devant les équipes Loud et Singularity Invincible –, la compétition leur aura permis d’améliorer leurs performances, souligne Garena, l’organisateur de l’événement. 

Malgré quelques couacs dont ont pâti certains joueurs à leur arrivée à Singapour en raison des contraintes sanitaires, cette édition de Free Fire s’est révélée un succès pour Garena, qui avait proposé que 2 millions de dollars soient partagés entre toutes les équipes qui participaient à la compétition. Dans un contexte particulièrement difficile pour les tournois internationaux de toute nature, Free Fire World Series a réussi à réunir dix-huit équipes issues de onze régions du monde.

Alors que, dans certaines régions du monde, les esports sont désormais considérés comme des sports à part entière, comme le rappelle Boumaraf Oussama, de l’équipe VIP, certains pays arabes comme l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis ont saisi l’occasion d’offrir à cette industrie l’infrastructure dont elle a besoin pour s’épanouir pleinement.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.