Bras de fer entre Biden et Poutine sur la cybersécurité

Les deux hommes ont affiché leur volonté de poursuivre le dialogue au-delà de ce sommet. (Photo, AFP)
Les deux hommes ont affiché leur volonté de poursuivre le dialogue au-delà de ce sommet. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 17 juin 2021

Bras de fer entre Biden et Poutine sur la cybersécurité

  • Malgré cette volonté affichée de maintenir le contact, l'heure était au rapport de force. Sans concession
  • Plusieurs entreprises américaines ont été visées récemment par des attaques au rançongiciel ou «ransomware»

GENEVE : En matière de cybersécurité, Joe Biden a fixé mercredi des lignes rouges très claires à Vladimir Poutine, en l'occurrence une liste de 16 entités "intouchables", menaçant la Russie de représailles si elles étaient franchies.

Après le piratage de secteurs majeurs de l'économie américaine, dont la distribution d'essence, le sujet de la sécurité informatique a dominé la première rencontre entre le 46e président des Etats-Unis et son homologue russe à Genève.

Les deux hommes ont affiché leur volonté de poursuivre le dialogue au-delà de ce sommet: "Nous sommes convenus d'entamer des consultations sur la cybersécurité", a annoncé Vladimir Poutine après trois heures et demi de discussions. 

"Nous nous sommes mis d'accord pour demander à des experts des deux pays d'établir ce qui est inacceptable pour chacun de nous, et d'assurer un suivi" des attaques émanant de Russie ou des Etats-Unis, a précisé Joe Biden.

Malgré cette volonté affichée de maintenir le contact, l'heure était au rapport de force. Sans concession.

Le président américain a transmis à son homologue une liste de 16 "infrastructures critiques", "allant du secteur de l'énergie à nos systèmes de distribution d'eau", à ses yeux "intouchables".

"Je lui ai fait remarquer que nous avions une importante capacité cybernétique", a-t-il expliqué aux médias. Si la Russie viole certaines "normes fondamentales, nous répondrons. Il le sait", a ajouté le démocrate, menaçant.

«Grotesque»

Plusieurs entreprises américaines, le groupe informatique SolarWinds, le réseau d'oléoducs Colonial Pipeline ou encore le géant mondial de la viande JBS, ont été visées récemment par des attaques au rançongiciel ou "ransomware", un programme qui encrypte les systèmes informatiques et exige une rançon pour les débloquer.

La police fédérale américaine les a attribuées à des hackeurs basés sur le territoire russe et Joe Biden avait fait savoir qu'il profiterait de son tête-à-tête avec Vladimir Poutine pour le mettre face à ses responsabilités.

Jeudi, il lui a redemandé ce qu'il ressentirait si des pirates s'en prenaient aux champs de pétrole russes. "Les pays responsables doivent agir contre les criminels qui mènent des attaques au rançongiciel depuis leur territoire", a-t-il insisté.

Imperturbable, le maître du Kremlin, qui avait jugé lundi "grotesque" l'idée que son pays mène une guerre informatique contre les Etats-Unis, a une nouvelle fois renvoyé la balle à son accusateur.

"La plupart des cyberattaques dans le monde proviennent de l'espace américain", a-t-il assuré, tout en accusant Washington de ne pas coopérer contre les pirates informatiques.

"En 2020, nous avons reçu 10 demandes des Etats-Unis concernant des cyberattaques sur des infrastructures américaines menées, selon eux depuis le cyberespace russe, et deux cette année, nous y avons toujours répondu de manière exhaustive", a-t-il affirmé.

Selon lui, la Russie a transmis 45 demandes comparables aux Etats-Unis en 2020 et 35 depuis janvier "sans recevoir une seule réponse". 

«En travers»

A Washington, un haut responsable a reconnu ne pas avoir adressé de demande d'entraide judiciaire à la Russie après les attaques contre Colonial Pipeline ou JBS. "On a atteint le point où c'est inutile", a déclaré John Demers, responsable de la sécurité nationale au ministère de la Justice. 

"On a effectué de telles demandes dans le passé, mais on a surtout vu les Russes s'opposer à nos efforts, notamment en matière d'extradition", a-t-il ajouté.

Moscou protège les hackeurs installés sur son sol, en échange de leur aide "dans des domaines d'intérêt gouvernemental", a-t-il accusé. 

Selon lui, le gouvernement russe "ne se contente pas de les tolérer, il se met en travers des efforts des autorités américaines pour les combattre", notamment en rapatriant en Russie les hackeurs arrêtés par des pays tiers. 

Reste à savoir si le sommet de Genève va changer la donne. Est-ce que Moscou "va agir ? On verra", a conclu prudent Joe Biden.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com