Carlos Ghosn évoque le côté obscur du Japon, la vie au Liban et son prochain documentaire

L'ancien dirigeant de l'Alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 18 juin 2021

Carlos Ghosn évoque le côté obscur du Japon, la vie au Liban et son prochain documentaire

L'ancien dirigeant de l'Alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn (Photo, AFP)
  • L’ancien PDG de Nissan a été arrêté à Tokyo en 2018, accusé de falsification de rapports annuels d’entreprise, et de mauvaise gestion financière.
  • En décembre 2019, M. Ghosn a réussi une évasion complexe et dramatique qui aurait pu sortir tout droit d’un film hollywoodien.

LONDRES: Carlos Ghosn, le PDG de l’alliance Renault-Nissan – désormais fugitif –, qui s’est échappé de manière audacieuse d’Osaka en décembre 2019, dénonce ce qu’il considère comme le côté obscur du Japon: son système judiciaire. 

Depuis que l’ancien patron franco-libano-brésilien du géant de l’automobile japonais a été arrêté à l’aéroport international de Tokyo le 19 novembre 2018 – un an avant son évasion audacieuse dans un coffre à bagages à bord d’un jet privé –, le monde a suivi de près ses péripéties. 

Dans un entretien exclusif accordé à Arab News, l’homme d’affaires de 67 ans, qui figure désormais sur la liste des personnes recherchées par Interpol, proclame de nouveau son innocence, et accuse une puissante cabale commerciale de s’allier aux procureurs japonais pour le discréditer. 

 

«Quand vous allez au Japon, vous avez l’impression de vivre dans une démocratie mature où vos droits sont respectés, et où vous êtes traités de manière juste. Il n’y a rien de plus faux», explique M. Ghosn à Arab News

«Dans 99,4% des cas, ce sont les procureurs qui gagnent. Cela signifie que quand ils portent leur attention sur vous et que, pour une raison ou une autre, ils décident de vous poursuivre dans une affaire quelconque, vous n’avez aucune chance de vous en sortir.» 

M. Ghosn nie les accusations selon lesquelles il aurait sous-déclaré ses revenus au fisc japonais, et utilisé abusivement des fonds de l’entreprise pour les besoins de son style de vie luxueux. L’ancien chef d’entreprise soutient qu’il a été victime d’un putsch lié au déclin des performances financières de Nissan, le constructeur japonais ayant résisté à la perte d’autonomie au profit de son partenaire français Renault. 

 

Il affirme avoir renoncé à payer sa caution de 14 millions de dollars, et préféré s’enfuir, plutôt que d’être inculpé dans ce qu’il considère comme un procès inéquitable. 

«Quand vous avez face à vous une coalition entre les cadres d’une entreprise, le procureur de Tokyo et Hideki Makihara, le ministre japonais de l’Industrie, il n’y a plus de place pour la justice. C’est terminé. C’est une coalition meurtrière face à laquelle vous n’avez aucune chance de l’emporter», assure-t-il.  

 

M. Ghosn compare son cas au scandale Olympus en 2011, et à d’autres affaires chez Toshiba, Takata et Fukushima, où il estime que ce sont les mêmes qui ont œuvré en coulisses pour obtenir ce qu’ils souhaitaient.  

Les médias traditionnels n’ont abordé qu’une partie de la face obscure derrière cette débâcle, indique M. Ghosn, qui a bien l’intention de rétablir les faits dans un nouveau documentaire de la chaîne MBC, intitulé Le Dernier vol

«Lorsque vous lisez les articles qui sont publiés, et qui continueront à l’être, ils se concentrent sur un aspect spécifique, un individu spécifique, un événement spécifique», souligne M. Ghosn. «Je pense que ce documentaire, d'après ce que j'en ai vu, explique à quelqu'un qui n’est pas au courant, ou peu au courant de ce qui s’est passé, la manière dont tout ça a commencé, et les principaux protagonistes de cette affaire.» 

 

Parmi les personnes interrogées dans le documentaire figurent des responsables du ministère japonais de la Justice, un procureur japonais, l’avocat japonais de Carlos Ghosn, l’ancien ministre français des Finances, et l’ancien patron de M. Ghosn. 

Bien que M. Ghosn et sa femme Carole soient impliqués dans la production du documentaire, il affirme que le film présentera un récit équilibré des événements. «L’intérêt d’un documentaire comme celui-ci est d’essayer de présenter les faits de manière très objective, en donnant la possibilité aux différentes parties de s’exprimer. Le public n’écoutera pas un seul point de vue biaisé, il pourra entendre différents acteurs et se faire une idée fidèle de la réalité», poursuit l’ancien PDG de Nissan. 

Les procès de Greg Kelly, l’ancien collègue de M. Ghosn, et des deux Américains qui l’ont aidé à s’échapper – Michael Taylor et son fils Peter –  se poursuivaient au moment de cette interview. Lundi, les deux hommes ont avoué avoir aidé et encouragé la fuite du chef d’entreprise du Japon au Liban via la Turquie en décembre 2019, en échange d’1,3 million de dollars (environ 1,1 million d’euros). M. Ghosn estime que le documentaire n’aura aucun impact sur l’issue des procès Kelly et Taylor. 

 

Néanmoins, il estime que le film montrera qu’il a été diffamé par le gouvernement japonais, les médias français et ses anciens employeurs, pour son rôle présumé dans l’alliance Nissan-Renault-Mitsubishi – une attaque qu’il n’a pas jusqu’ici pu contester dans le domaine public. 

«Entre novembre 2018 et décembre 2019, lorsque j’ai pris l’avion, je n’étais pas autorisé à parler. Je ne pouvais pas m’adresser à la presse. À chaque fois que j’ai tenté de communiquer avec les journalistes, j’ai payé un prix très élevé», confie M. Ghosn. 

«Pendant quatorze mois, de nombreuses informations diffamatoires – dont la source était Tokyo, avec la collusion du gouvernement japonais, du parquet de Tokyo et de Nissan – ont malheureusement été relayées par des fonctionnaires français, certains complices de Renault, et les médias en France et se sont répandues. Ils ont répété qu’ils ne soutenaient pas ce type dont les agissements dans les entreprises n’étaient pas nets.» 

 

M. Ghosn a déjà donné sa version de l’histoire dans deux livres: le premier, publié en français et en arabe, et bientôt traduit en anglais et en japonais, cherche à réfuter les accusations portées contre lui. Le second, coécrit par sa femme, donne un point de vue humain, il raconte «comment nous avons, de son côté et du mien, géré cette épreuve pendant cette longue période». 

Après avoir fui le Japon, Carlos Ghosn s’est dirigé vers son Liban natal, où sa femme l’attendait. Il y est resté depuis. 

Sa carrière dans l’industrie automobile étant derrière lui, M. Ghosn se consacre à un travail bénévole avec l’université Saint-Esprit de Kaslik (Usek), où il a mis en place un programme de gestion et de commerce. Il est également impliqué dans plusieurs start-up locales. 

Surnommé Mr. Fix It («M. Répare tout») pour avoir sauvé Nissan de la faillite, Carlos Ghosn nie fermement avoir l’intention de faire carrière en politique pour aider à sauver le Liban de la crise économique. 

«Je consacre mon temps à rétablir ma réputation, à défendre mes droits, et à mener différentes batailles juridiques contre mes accusateurs ou contre l’entreprise qui m’a si mal traité», précise-t-il. 

 

Le Liban est victime d’une série de crises. Sa monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur sur le marché noir, et le pays fait face à des pénuries d’essence et d’électricité. Après dix mois de blocage, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, tente toujours de former un cabinet, sur fond de querelles qui semblent sans fin avec Michel Aoun, le président du pays, et son gendre, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, sanctionné par les États-Unis. 

Le pays du Cèdre est encore sous le choc de l’explosion du port de Beyrouth, survenue le 4 août 2020, qui a rasé tout un quartier de la ville, fait plus de 200 morts et des milliers de blessés. M. Ghosn pense cependant que le Liban peut trouver des solutions viables s’il met en œuvre des réformes adéquates. 

«Je pense que certains ont l’impression que ce problème est si compliqué qu’il n’y a pas de solution évidente. C’est faux. Il n’y a aucun problème créé par l’homme que l’homme ne puisse résoudre», déclare-t-il. 

«Cela exige de faire des choix, que la personne que les Libanais décident de soutenir fasse des choix, qu’elle mette en œuvre des réformes, et qu’elles soient couronnées de succès. Ce n’est pas le seul pays au monde qui connaît ce genre de dysfonctionnement économique», conclut-il. 

Twitter : @Tarek_AliAhmad 


Les voix féminines algériennes refont surface à travers les archives

Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre. (Photo Fournie)
Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre. (Photo Fournie)
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  • L'objectif, sauver de l’oubli les combats féminins menés entre 1988 et 1991, une période charnière de l’histoire contemporaine du pays.
  • Le 8 mars 1990, des milliers de femmes manifestent à Alger à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elles exigent l’abrogation du Code de la famille de 1984, un texte largement dénoncé comme discriminatoire.

RIYAD :  Des tracts jaunis, des bulletins ronéotés, des lettres manuscrites, des cassettes VHS. Autant de fragments oubliés qui reprennent vie grâce à un projet inédit : Les Archives des luttes des femmes en Algérie, une initiative indépendante portée par un collectif de militantes, d’archivistes et de chercheuses.

L'objectif, sauver de l’oubli les combats féminins menés entre 1988 et 1991, une période charnière de l’histoire contemporaine du pays. Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre.

Entre 1988 et 1991, l’Algérie traverse une phase d’ouverture politique inédite. La fin du parti unique, les émeutes d’octobre 1988, puis l’adoption d’une nouvelle Constitution permettent l’émergence d’une société civile dynamique. C’est dans ce contexte que de nombreuses femmes s’organisent pour revendiquer leurs droits, dans la sphère publique comme dans la sphère privée.

« Nous étions peu nombreuses, mais déterminées. Les intimidations étaient constantes, mais nous avions la conviction que notre combat était juste », confie Nassira Belloula, journaliste et militante de la première heure.

Le 8 mars 1990, des milliers de femmes manifestent à Alger à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elles exigent l’abrogation du Code de la famille de 1984, un texte largement dénoncé comme discriminatoire.

« Le Code de la famille nous avait reléguées au rang de mineures à vie. Il fallait dénoncer cette injustice », rappelle la juriste Nadia Aït-Zaï.

Mais au-delà des lois, c’est la question de la place des femmes dans l’espace public qui est au cœur de ces mobilisations.

« Ce n'était pas une question de religion, mais de droits. On voulait pouvoir exister dans l'espace public », explique Anissa Boumediene, ancienne Première dame et militante engagée.

Sur le terrain, l’organisation militante repose sur des méthodes artisanales, souvent menées dans la clandestinité. Les collectifs rédigent, impriment, distribuent des tracts, organisent des réunions, planifient des actions dans des conditions précaires.

« On écrivait, on collait des affiches la nuit, on se réunissait en secret. C’était un féminisme de terrain, dans l’urgence », raconte Latifa Ben Mansour, écrivaine et activiste.

Pour beaucoup de femmes, manifester ou militer était un acte de bravoure. Le contexte sécuritaire était tendu, et les violences,qu’elles soient policières ou familiales étaient omniprésentes.

« J’ai manifesté pour la première fois en 1989. J’avais peur, mais j’étais fière de marcher aux côtés de mes sœurs », se souvient Souhila Bensalah.

« Ma famille ne savait pas que je militais. Si mon frère l’avait su, il m’aurait battue. Mais je ne pouvais pas me taire », confie une militante anonyme d’Alger.

Les archives révèlent aussi la surveillance constante à laquelle étaient soumises les militantes.

« Le harcèlement policier était constant. Ils nous suivaient, nous photographiaient. Mais ça ne nous a pas arrêtées », témoigne Fatiha Maamoura, également active durant ces années.

À travers ce projet, ce sont des dizaines de documents, en arabe, tamazight ou français, qui ont été rassemblés et numérisés : croquis, bulletins, lettres collectives, extraits vidéo, dessins de presse. Autant de supports qui témoignent de la diversité des voix et des expressions féminines.

« Ce projet n’est pas seulement un regard tourné vers le passé, mais un outil pour le présent et l’avenir », souligne l’une des coordinatrices. « Nos archives parlent d’un temps où la rue appartenait aussi aux femmes. Il est temps de le rappeler. »

Comme la lutte ne s’est jamais arrêtée !  Aujourd’hui encore, dans un climat socio-économique marqué par le chômage, la précarité, les inégalités d’accès aux opportunités et une pression sociale constante, les femmes algériennes doivent sans cesse rappeler qu’elles ont le droit d’exister, de choisir, de s’exprimer.

Leur combat ne se limite plus aux rues ou aux tribunaux. Il se poursuit dans les universités, les entreprises, les médias, les réseaux sociaux, les espaces culturels et politiques. Elles innovent, créent, résistent, et affirment chaque jour leur rôle indispensable dans la construction du pays.

Ces archives ne sont pas seulement des fragments du passé. Elles sont des repères vivants, des héritages transmis, des sources d’inspiration pour toutes celles et ceux qui continuent à se battre pour une société plus juste, plus équitable, plus libre. 


Le chef du Hezbollah exclut de « capituler » sous la menace d'Israël

Des fidèles musulmans chiites scandent des slogans en passant devant les décombres des bâtiments détruits par les frappes israéliennes précédentes lors d'une procession funèbre dans le village de Kfarkila, situé dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 5 juillet 2025. (Photo de Rabih DAHER / AFP)
Des fidèles musulmans chiites scandent des slogans en passant devant les décombres des bâtiments détruits par les frappes israéliennes précédentes lors d'une procession funèbre dans le village de Kfarkila, situé dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 5 juillet 2025. (Photo de Rabih DAHER / AFP)
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  • « La menace ne nous fera pas capituler (…). Qu'on ne nous dise pas aujourd'hui d'assouplir nos positions (…), de rendre nos armes », a déclaré Naïm Qassem dans un discours télévisé.
  • Ce discours intervient alors qu'un émissaire américain, Tom Barrack, est attendu lundi à Beyrouth. Les autorités libanaises doivent lui transmettre leur réponse à sa demande de désarmement de la formation chiite d'ici la fin de l'année.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah, mouvement chiite pro-iranien au Liban, a affirmé dimanche que sa formation, sortie très affaiblie d'une guerre avec Israël, n'allait pas « capituler » ou rendre ses armes, alors qu'elle est sous forte pression pour désarmer.

« La menace ne nous fera pas capituler (…). Qu'on ne nous dise pas aujourd'hui d'assouplir nos positions (…), de rendre nos armes », a déclaré Naïm Qassem dans un discours télévisé retransmis devant des milliers de ses partisans rassemblés dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, à l'occasion de la commémoration religieuse chiite de l'Achoura.

Ce discours intervient alors qu'un émissaire américain, Tom Barrack, est attendu lundi à Beyrouth. Les autorités libanaises doivent lui transmettre leur réponse à sa demande de désarmement de la formation chiite d'ici la fin de l'année, selon une source officielle ayant requis l'anonymat.

Naïm Qassem a affirmé qu'Israël devait d'abord appliquer l'accord de cessez-le-feu avec le Liban, « se retirer des territoires occupés, arrêter son agression (…), libérer les prisonniers » libanais, et que la reconstruction des zones dévastées par la guerre, qui a pris fin en novembre, devait être entamée.

« À ce moment, nous serons prêts pour la deuxième étape, qui consistera à discuter de la sécurité nationale et de la stratégie de défense du Liban », a-t-il ajouté, un terme qui inclut la question du désarmement du Hezbollah.

Naïm Qassem a succédé au charismatique chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth en septembre dernier, au cours de la guerre qui a opposé le mouvement chiite à Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, après plus d'un an d'hostilités incluant deux mois de guerre ouverte, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser la formation pro-iranienne.

L'armée israélienne, qui devait retirer complètement ses troupes du Liban, maintient également cinq positions dans le sud du pays.


Trêve à Gaza : Israël envoie une équipe de négociateurs au Qatar

Des personnes participent à une manifestation pour réclamer la fin de la guerre et la libération immédiate des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, et contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, en Israël, le 5 juillet 2025. (Photo AP via AN)
Des personnes participent à une manifestation pour réclamer la fin de la guerre et la libération immédiate des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, et contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, en Israël, le 5 juillet 2025. (Photo AP via AN)
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  • Vendredi soir, le mouvement islamiste palestinien Hamas avait annoncé être prêt à « engager immédiatement » des négociations sur une proposition de trêve parrainée par les États-Unis.
  • Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué avoir été notifié des « changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition » de trêve et les a jugés « inacceptables ». 

JERUSALEM : Israël a annoncé samedi soir l'envoi d'une équipe de négociateurs au Qatar, dimanche, dans le but d'aboutir à un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages dans la bande de Gaza, où les opérations de l'armée israélienne ont fait 42 morts samedi, selon la Défense civile locale.

Vendredi soir, le mouvement islamiste palestinien Hamas avait annoncé être prêt à « engager immédiatement » des négociations sur une proposition de trêve parrainée par les États-Unis et transmise par le Qatar et l'Égypte, à laquelle il avait dit avoir présenté « sa réponse », sans donner plus de détails sur son contenu.

Dans un communiqué publié peu avant minuit (21 h 00 GMT) samedi, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué avoir été notifié des « changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition » de trêve et les a jugés « inacceptables ». 

M. Netanyahu a néanmoins « donné l'instruction de répondre à l'invitation pour des pourparlers indirects et de poursuivre les efforts en vue de récupérer nos otages sur la base de la proposition qatarie qu'Israël a acceptée », ajoute le texte, précisant que « l'équipe de négociation se rendra demain (dimanche) pour des discussions au Qatar ».

Deux sources palestiniennes proches des négociations ont indiqué à l'AFP que la proposition soumise au Hamas comprenait une trêve de 60 jours, durant laquelle le mouvement islamiste relâcherait 10 otages encore en vie ainsi qu'un certain nombre de corps, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël. 

Selon deux sources palestiniennes, les modifications demandées par le Hamas concernent les modalités du retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza, les garanties qu'il souhaite obtenir pour assurer la poursuite de l'arrêt des combats au-delà de la période de 60 jours, ainsi que la reprise en main de la distribution de l'aide humanitaire par l'ONU et des organisations internationales reconnues.

Le président américain, Donald Trump, qui doit accueillir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lundi à Washington, a estimé qu'un accord pourrait être conclu « la semaine prochaine ».

Selon son ministère, le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, a discuté au téléphone avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, des « préparatifs en vue de la tenue de réunions indirectes entre les deux parties concernées ».

À l'occasion d'un rassemblement hebdomadaire à Tel-Aviv, le Forum des familles d'otages a de nouveau appelé les dirigeants israéliens à conclure un « accord global » qui permettrait de libérer tous les captifs d'un seul coup. 

« Il est temps de conclure un accord qui sauve tout le monde, sans sélection », a déclaré à la tribune Macabit Mayer, la tante de deux otages, Gali et Ziv Berman. « Quel Dieu peut composer une telle liste ? Et qu'est-ce que cela signifie pour nous : qu'un seul est sauvé et que l'autre reste captif ? »

Sur le terrain, l'armée israélienne étend son offensive militaire dans la bande de Gaza, plongée dans une situation humanitaire critique depuis près de 21 mois.

Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile gazaouie, une organisation de premiers secours, 42 personnes y ont été tuées samedi.