Régionales en Ile-de-France: l'union de la gauche scellée

Clémentine Autain (La France Insoumise), Julien Bayou (Europe Ecologie – les Verts) et Audrey Pulvar (Parti Socialiste) scellent leur union aux élections régionales (Photo, AFP).
Clémentine Autain (La France Insoumise), Julien Bayou (Europe Ecologie – les Verts) et Audrey Pulvar (Parti Socialiste) scellent leur union aux élections régionales (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 21 juin 2021

Régionales en Ile-de-France: l'union de la gauche scellée

  • Arrivés à la table des négociations au milieu de la nuit, dans la foulée de l'annonce tardive des résultats, les trois candidats ont conclu un accord de fusion qu'ils ont scellé
  • Cela suffira-t-il pour faire rebasculer à gauche une région que Valérie Pécresse (ex-LR-Libres) lui avait arrachée en 2015 ?

PARIS: La fusion des trois listes de gauche en lice aux régionales en Ile-de-France a été scellée lundi autour de l'écologiste Julien Bayou qui a réalisé le meilleur score parmi elles au premier tour, et tentera dimanche de battre la sortante Valérie Pécresse.

Après une douzaine d'heures de négociations, à grand renfort de « calculettes » et de « règles de trois », selon un observateur, la fumée blanche est apparue en début d'après-midi sous la forme d'un tweet de Julien Bayou : « Ça y est, nous sommes uni-es avec Audrey Pulvar et Clémentine Autain pour l'écologie et la solidarité en Ile-de-France ! »

Arrivés à la table des négociations au milieu de la nuit, dans la foulée de l'annonce tardive des résultats, les trois candidats ont conclu un accord de fusion qu'ils ont scellé devant les caméras lors d'un déplacement commun à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) lundi après-midi.

« On a enrichi notre projet. Ce n'étaient pas que des mots. Il y a un espoir pour l'emporter dimanche » au deuxième tour, a insisté Julien Bayou en meneur de troupes après avoir remporté, avec 12,95% des voix, une « primaire » serrée devant Audrey Pulvar (11,07%), soutenue par le PS, et Clémentine Autain (10,24%), candidate de LFI et du PCF.

Cela suffira-t-il pour faire rebasculer à gauche une région que Valérie Pécresse (ex-LR-Libres) lui avait arrachée en 2015 ? Avec un total de 34,26% des voix au premier tour, les trois listes cumulées se retrouvent proches du score de Pécresse (35,94%).

« Rien n'est joué »

Mais selon un sondage réalisé début juin avec les trois hypothèses testées au second tour, le report de voix n'est pas total pour M. Bayou (27%). Mme Pécresse reste donc favorite, d'autant que l'ex-ministre compte grappiller des voix à Jordan Bardella (RN, 13,12%) et Laurent Saint-Martin (LREM, 11,76%) face au danger que constitue selon elle une liste qu'elle qualifie de « gauche extrême ».

« Valérie Pécresse n'a aucune réserve » de voix, a rétorqué Clémentine Autain, qui sera tête de liste départementale en Seine-Saint-Denis. « Si on pense que ce rassemblement peut créer une dynamique, alors rien n'est joué dans cette élection. »

Pour Bayou, tête de liste à Paris, la « fébrilité » de Pécresse « témoigne de notre dynamique ».  

Une dynamique espérée après l'accord programmatique qui a permis de surmonter les quelques pierres d'achoppement, dont la gratuité progressive des transports en commun.

Audrey Pulvar en avait fait une proposition non « négociable », alors que Julien Bayou y était opposé, estimant qu'on ne pouvait mener de front « la rénovation et la gratuité ».

Vingt mesures

Parmi les 20 mesures de l'accord, un compromis a été trouvé avec la gratuité des transports dès septembre pour les moins de 18 ans, les étudiants entre 18 et 25 ans, les demandeurs d'emploi et les bénéficiaires des minimas sociaux. 

Avec, comme l'horizon pour la fin du mandat, la gratuité pour les moins de 25 ans. « Fusionner, ce n'est jamais très simple. On pourrait faire un film sur ces négociations », a commenté Pulvar, N.2 de la liste d'union à Paris.

Pendant la campagne, Autain et Bayou avaient aussi fait front commun contre le projet de gare du Triangle de Gonesse (Val-d'Oise), alors qu'Audrey Pulvar était restée plus en retrait.

Si les trois listes n'ont pas « tranché ce point », a admis l'ancienne journaliste, elles ont acté « le maintien et la protection des terres agricoles », selon Bayou, ainsi que « le principe de non-régression environnementale ».

Toujours dans les transports, compétence phare de la région, les trois candidats ont pris position « contre la privatisation des transports en commun », a souligné Autain.

Julien Bayou a de son côté renoncé à transformer l'aéroport d'affaires du Bourget en un « gigantesque parc », l'accord de fusion prévoyant simplement de « poser les principes sur le besoin de reconversion et d'accompagnement » dans la filière aéronautique, selon Autain.

La députée de Seine-Saint-Denis a aussi obtenu gain de cause avec l'inclusion dans l'accord de la « gratuité des cantines pour les lycéens des quatre premières tranches du quotient familial ».


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.