La contrebande de carburant embrase la frontière entre le Liban et la Syrie

La pénurie de carburant au milieu de la crise économique ajoute un clou au cercueil de la population libanaise qui s’engouffre dans de nouveaux abîmes de pauvreté. (Photo, AFP)
La pénurie de carburant au milieu de la crise économique ajoute un clou au cercueil de la population libanaise qui s’engouffre dans de nouveaux abîmes de pauvreté. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 22 juin 2021

La contrebande de carburant embrase la frontière entre le Liban et la Syrie

  • Le taux de change du dollar grimperait alors à 30 000 ou 40 000 LL pour le dollar, une page funeste de plus qui guette le journal de bord des Libanais
  • La direction des douanes dans la Békaa a annoncé qu'elle compte dorénavant appliquer les exigences de permis à la lettre

BEYROUTH : Des manifestants ont bloqué lundi une autoroute qui relie le Liban et la Syrie avec des pneus brûlés et des obstacles métalliques pour protester contre la décision de freiner la contrebande de carburant.
Des manifestants, accusés par certains d’être des contrebandiers, ont bloqué l’accès au poste-frontière de Masnaa, après que les forces de sécurité se soient déplacées pour les empêcher de traverser la frontière.
Dans un contexte de conditions de vie en chute libre au Liban, certains remplissent leurs voitures de marchandises et de carburant, et se rendent en Syrie par le passage de Masnaa pour les vendre de l'autre côté, au double du prix.
«Le stratagème consiste à verser des pots-de-vin pour passer sur le territoire syrien. Par conséquent, quand les autorités libanaises ont voulu mettre un terme à la contrebande, les trafiquants ont décidé de manifester», explique une source du milieu de la sécurité.
La direction des douanes dans la Békaa, une région à l’est du Liban, a annoncé qu'elle compte dorénavant appliquer les exigences de permis à la lettre pour les véhicules qui se dirigent vers la Syrie, afin de freiner la contrebande de carburant.
Les manifestants sur l'autoroute internationale exigent que les mêmes règles s’appliquent à tous ceux qui vont en Syrie, ou qu’elles soient abolies.
Les Libanais font la queue pendant des heures dans les stations-service pour obtenir de l'essence subventionnée. Un bidon d'essence de 20 litres se vend à 44 000 livres libanaises (29 $).
Sur le marché noir, le prix varie entre 70 000 et 100 000 livres libanaises.
Le coût astronomique a conduit à des batailles entre les citoyens qui font la file devant les stations-service.
Une personne a été blessée lundi lors d'une bagarre qui s'est transformée en fusillade à Tripoli.
Le ministre de l'Énergie du gouvernement intérimaire, Raymond Ghajar, a déclaré il y a quelques jours que le «prix réel du bidon est d'environ 200 000 LL, alors que les Libanais paient maintenant environ 40 000 LL».
Ses remarques ponctuaient des signes que les subventions vont s’arrêter «à un moment donné».
L'ancien chef de la Commission de contrôle bancaire du Liban, le Dr Samir Hammoud, estime que la Banque du Liban (BDL) tente de gagner du temps et de trouver le moyen de faire face aux conditions d'urgence les plus difficiles.
Il croit que la Banque centrale va poursuivre les subventions, et ne laissera pas le pays sombrer dans le chaos.
«La chose la plus simple serait de supprimer des subventions sur l'essence, même si le prix d'un bidon atteint les 200 000 livres libanaises, mais dans ce cas, qui pourrait se procurer des dollars pour couvrir les frais d'importation?»
 Si le processus pour obtenir des dollars «s’effectue sans la Banque centrale, nous succomberons à un cycle de chaos infernal».
«Si la banque centrale gère le processus d'importation, la pression sur le marché du dollar s’atténuerait, et l'essence serait assurée sur le marché, même à 200 000 livres libanaises le bidon».
Pour Hammoud, laisser le processus aux mains du marché serait catastrophique, car le bidon se vendrait dans ce cas à 400 000 livres libanaises. Le taux de change du dollar grimperait alors à 30 000 ou 40 000 LL pour le dollar, une page funeste de plus qui guette le journal de bord des Libanais.
L'État lève progressivement les subventions en catimini, de peur que la situation n'implose. Cependant, le processus pourrait être rendu public une fois la carte de financement approuvée, mais le projet de loi est toujours bloqué dans le goulot d’étranglement parlementaire.
La présidence du gouvernement intérimaire a publié lundi une déclaration où elle annonce avoir finalisé «le projet de loi relatif à la carte et le programme de prêts de la Banque mondiale consacré aux familles dans le besoin», en plus d’avoir développé de nombreuses formules pour «rationaliser l'assistance».
Elle «attend à présent l'approbation parlementaire sur la carte de financement pour déterminer la formule appropriée, et s'efforce d'atténuer les répercussions de la décision de la BDL de cesser de financer l'importation d'essence, de diesel, de médicaments et du carburant consacré à l'électricité». Chose qui, selon la présidence, ne devrait pas se faire avant l’adoption de la carte.
Dans son communiqué, le gouvernement du Premier ministre par intérim Hassan Diab dénonce «l'impuissance politique qui tente de se cacher derrière des bombes fumigènes et jette le poids sa défaillance sur le gouvernement sortant pour le pousser à violer la constitution».
Le gouvernement Diab fait l’objet de critiques pour être resté les bras ballants face à la crise profonde, précipitée par l’incapacité de former un nouveau gouvernement.
Le processus de formation a buté sur de nouveaux obstacles à la suite de la position prise dimanche par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.
Des visiteurs du président libanais Michel Aoun rapportent qu’il «garde toujours l'espoir de voir aboutir les initiatives grâce aux personnes rationnelles, à condition que la constitution et les pouvoirs de la présidence de la république ne soient pas violés».
Ils ont noté qu'Aoun accuse «l'ancien Premier ministre Fouad Siniora d'avoir tenté de marginaliser la présidence depuis 2005, quand il se donnait le droit d’organiser l'agenda du gouvernement, convoquer le conseil et émettre des décrets, ignorant la présence du président».
Aoun aurait également accusé le Parlement de marginaliser la présidence de la république parce qu’il n’aurait pas «remis en question les décisions illégitimes de Siniora. La présidence est alors tombée sous l'autorité et la tutelle d'autres dirigeants, avec la corruption endémique pour résultat».
Hammoud, quant à lui, refuse d'accuser la BDL et les banques d’avoir «englouti l'argent des réfugiés syriens».
«En ce qui concerne l'argent des réfugiés, la BDL et le secteur bancaire ont pris des mesures différentes. (Le taux a été calculé) à 6 240 livres libanaises pour 1 $, soit 60% de plus que le taux fixé à 3 900 livres libanaises pour les autres déposants. Aujourd'hui, ils reçoivent leur argent à 12 000 livres libanaises pour 1 $, selon le taux de Sayrafa, la plate-forme officielle. De cette façon, ils restent équitables et préservent le pouvoir d'achat des Syriens déplacés», explique-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.