Le factoring, pour répondre aux difficultés des PME en Algérie ?

Les petites et moyennes entreprises (PME) algériennes sont le parent pauvre du financement. (Shutterstock).
Les petites et moyennes entreprises (PME) algériennes sont le parent pauvre du financement. (Shutterstock).
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Publié le Mercredi 23 juin 2021

Le factoring, pour répondre aux difficultés des PME en Algérie ?

  • «À l’instar des autres pays africains, l’accès au financement demeure une contrainte majeure de l’Algérie»
  • «L’émergence rapide d’un marché du factoring et la limitation des délais de règlement rendraient d’importants services à la sphère économique»

PARIS: Réalisée par le cabinet d’études financières Finabi Conseil pour le compte du Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care), une étude sur le factoring révèle que les petites et moyennes entreprises (PME) algériennes sont le parent pauvre du financement. Elles y accèdent difficilement.  

«À l’instar des autres pays africains, l’accès au financement demeure une contrainte majeure de l’Algérie. Une part importante des crédits bancaires est captée par les entreprises publiques ainsi que les complexes sidérurgiques, les cimenteries et les entreprises de construction», indique l’étude.

En effet, cette étude sur le factoring mentionne que, selon la Banque mondiale, l’Algérie se positionne à la 181e place en matière d’accès au crédit pour le secteur privé. Selon la même source, les crédits au secteur privé ne dépassent pas 25 % du produit intérieur brut (PIB) alors qu’ils atteignent 68 % en Tunisie, 85 % au Maroc et une moyenne régionale de 33 %. «Les PME algériennes souffrent de la difficulté de l’accès au financement ainsi que de la difficulté de mobiliser leurs créances, de délais de règlement trop longs, estimés à près de quatre-vingt-dix jours», mentionne le document.

Les crédits proposés ne sont pas adaptés d’une manière optimale aux demandes de financement des PME

L’étude stipule que les crédits proposés par les banques ne sont pas adaptés d’une manière optimale aux demandes de financement des entreprises sur le court terme et précise que les raisons de la défiance sont nombreuses.   

Interrogé par Arab News en français sur les conclusions de l’étude concernant les obstacles au financement des PME, Chabane Assad, fondateur et directeur de Finabi Conseil, nous explique que la première cause concerne la qualité des situations comptables et des business plans réalisés par les entreprises pour contracter des crédits, lesquels sont au-dessous des attentes des banques.

L’auteur de l’étude considère que cette situation «alimente l’asymétrie d’information entre les financiers et les entreprises», et précise que les établissements bancaires hésitent à faire confiance aux entreprises, exigeant, dans le cas où elles décident de prendre le risque, des garanties pléthoriques alors que la situation patrimoniale de l’entreprise et du fondateur sont limitées. «Les normes prudentielles imposées par la Banque d’Algérie aggravent cette aversion aux risques vu le niveau de pondération des risques exigé», ajoute-t-il.  

Le directeur du cabinet Finabi affirme que la deuxième cause réside dans «l’accaparation par le secteur public économique d’une part importante de la capacité de crédit des banques publiques adossée à une rareté des ressources causée par la crise économique, accentuée par la crise sanitaire». Quant à la troisième raison, elle est liée, selon lui, au business model du secteur bancaire algérien (privé ou public), lequel «est nourri» généreusement depuis des années par l’importation et la commande publique.

Afin de remédier à ce constat, l’expert financier prévient que «le changement de paradigme est long, difficile et exige un changement radical dans les stratégies des banques algériennes». Pour lui, les solutions à court terme existent. «Il faudra encourager les produits bancaires alternatifs à l’instar du factoring et de la finance islamique moins focalisés sur les garanties réelles et personnelles et booster le rôle des fonds de garanties sur le modèle de la Caisse de garantie des crédits d’Investissements (CGCI)», recommande-t-il.

Le factoring est-il la solution?

Le factoring, une technique du droit commercial qui consiste à ce qu’une société financière, dite «factor» ou «affactureur», accepte de se charger des risques de recouvrement des factures d’une entreprise commerciale à laquelle elle règle le montant moyennant le paiement d’une commission, est, selon le cabinet Finabi, la solution la plus adaptée aux PME qui ont besoin de fonds de roulement significatifs. Les grandes entreprises choisissent ce mécanisme afin d’externaliser leurs comptes clients, notamment les clients à l’international. Le factor prendra en charge tous les services: garantie, relance et recouvrement.

«Ces entreprises choisissent ce mécanisme afin d’externaliser partiellement ou totalement leurs comptes clients sans que le factor exige des garanties, c’est le seul véhicule financier bancaire qui améliore le fonds de roulement des entreprises», observe Chabane Assad. Il rappelle qu’en France «le factoring est devenu le premier financement à court terme des entreprises avec 32,9 milliards d’euros fin 2018, soit 22 % des financements à court terme, l’affacturage a dépassé pour la deuxième fois consécutive le découvert bancaire, estimé à 31,6 milliards d’euros».

Dans ce but, l’étude recommande la mise en œuvre d’une loi bancaire permettant de définir le contrat de factoring, les formes et les aspects opérationnels de ce type de financement grâce auxquels les opérations seraient autorisées, agréées et contrôlées par la Banque d’Algérie. «L’émergence rapide d’un marché du factoring et la limitation des délais de règlement rendraient d’importants services à la sphère économique», estime l’étude, car, «en mobilisant les créances, considérées comme ressources financières à court terme, cela permettrait aux PME d’accélérer leur dynamique de croissance», nous indique le directeur de Finabi Conseil.

Pour rappel, selon l’étude, le marché mondial du factoring représente 2917 milliards de dollars (1 dollar = 0,84 euro) en 2019, avec une hausse de 77 % en dix ans. En Afrique, le marché a atteint 24,5 milliards de dollars dont l’Afrique du Sud détient la majeure partie avec 85 % de ce marché, suivie par le Maroc avec 10 % et 3 % pour la Tunisie, l’Égypte et l’Île Maurice.

Le marché des capitaux est embryonnaire

L’étude Finabi révèle que le marché des capitaux, avec une capitalisation de la bourse à hauteur de 0,1 % du PIB en 2020, est encore au stade embryonnaire. En effet, au 31 décembre de la même année, la capitalisation boursière globale de la bourse d’Alger s’élevait à 42,881 milliards de dinars algériens (DZD), avec une perte de 4,23 % comparativement à la même période de l’année précédente. 

«Cette décrue est justifiée par la baisse des transactions sur le marché en raison de la pandémie et par la radiation du titre de la société NCA-Rouiba des cotations, nous explique Chabane Assad, en précisant que ces chiffres renseignent sur la contribution insignifiante de la bourse d’Alger dans le financement de l’économie. À titre de comparaison, l’expert financier ajoute, que selon un calcul Bloomberg, la capitalisation boursière mondiale représente actuellement 108 % du PIB global. «Cela signifie que la valeur de l'ensemble des entreprises cotées en bourse sur la planète dépasse la quantité de richesse créée dans le monde.»

En Algérie, le marché des capitaux peine à croître malgré des dispositifs fiscaux significatifs accordés aux entreprises cotées. M. Assad explique que les principales raisons de ce retard s’expliquent, entre autres, par un taux d’intérêt bancaire bonifié qui éloigne les entreprises du marché des capitaux, la demande timide des investisseurs et le manque d’agressivité commerciale de certains Intermédiaires en opérations de bourse (IOB).


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.