La justice américaine deviendrait-elle plus sévère envers la police?

Une statue de George Floyd est dévoilée à Flatbush Junction le 19 juin 2021, dans le quartier de Brooklyn à New York. DAVID DEE DELGADO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
Une statue de George Floyd est dévoilée à Flatbush Junction le 19 juin 2021, dans le quartier de Brooklyn à New York. DAVID DEE DELGADO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
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Publié le Vendredi 25 juin 2021

La justice américaine deviendrait-elle plus sévère envers la police?

  • L'agent blanc Derek Chauvin, qui a asphyxié le quadragénaire noir le 25 mai 2020 à Minneapolis, a été reconnu coupable de meurtre à l'issue d'un procès très suivi et sera fixé sur sa peine vendredi
  • A l'annonce du verdict, l'avocat de la famille Floyd avait salué un «tournant historique», tant il est rare qu'un policier soit jugé coupable aux Etats-Unis

WASHINGTON : Un frémissement est perceptible dans le système judiciaire américain, qui semble un peu moins réticent à inculper des policiers depuis le procès du meurtrier de George Floyd.

L'agent blanc Derek Chauvin, qui a asphyxié le quadragénaire noir le 25 mai 2020 à Minneapolis, a été reconnu coupable de meurtre à l'issue d'un procès très suivi et sera fixé sur sa peine vendredi.

A l'annonce du verdict, l'avocat de la famille Floyd avait salué un "tournant historique", tant il est rare qu'un policier soit jugé coupable aux Etats-Unis.

Bien que les forces de l'ordre tuent en moyenne un millier de personnes par an dans l'exercice de leurs fonctions, seuls 110 policiers ont été inculpés pour meurtre ou homicide entre 2005 et 2015, selon un décompte réalisé à l'Université d'Etat Bowling Green.

Parmi eux, seuls 42 ont été reconnus coupables, dont uniquement cinq de meurtre.

Le cadre légal est "très favorable" aux policiers américains, car il leur accorde "une grande marge d'erreur", explique à l'AFP Seth Stoughton, un ancien membre des forces de l'ordre devenu professeur de Droit à l'Université de Caroline du Sud. 

Les agents ont en effet le droit de tuer, tant que leur usage de la force est jugé "raisonnable" face au risque perçu. 

De plus, l'enquête est souvent menée par leurs collègues et selon des règles "très protectrices", ajoute cet expert qui a témoigné au procès de Derek Chauvin.

Au niveau judiciaire, enfin, les procureurs locaux ont "une relation de travail étroite avec la police" et sont donc réticents à engager des poursuites, d'autant qu'ils savent que les procès contre les policiers sont difficiles à gagner, les jurés ayant tendance à leur "accorder le bénéfice du doute", dit-il.

"D'un peu plus près"

Depuis le procès Chauvin, un changement semble s'esquisser.

En avril, une policière de la banlieue de Minneapolis a été inculpée d'homicide involontaire pour avoir tué un jeune homme noir lors d'un banal contrôle routier.

En mai, un policier de Virginie a été inculpé pour le meurtre d'un homme abattu dans son véhicule et trois policiers de l'Etat de Washington pour avoir asphyxié un homme noir qui, comme George Floyd, avait supplié "je ne peux pas respirer". 

En juin, trois policiers de Hawaï ont été accusés de meurtre ou complicité de meurtre pour avoir tiré sur un adolescent de 16 ans. 

Dans les tribunaux aussi, ce frémissement est perceptible.

Un jury de l'Alabama a jugé coupable de meurtre un policier qui avait abattu, trois ans plus tôt, un homme suicidaire. Et un tribunal fédéral a condamné à six ans de prison un policier de St Paul qui, sans raison, avait roué de coups un quinquagénaire noir.

"J'ai l'impression que les procureurs regardent ces dossiers d'un peu plus près" et que "les jurés ont peut-être moins tendance à croire les policiers", remarque Seth Stoughton.

Anomalie

"Les procureurs sont sous pression" à cause "des preuves vidéo, des manifestations et de la couverture médiatique" des violences policières, note Gloria Browne Marshall, professeure de Droit constitutionnel à l'Université de la ville de New York.

Mais attention à "ne pas voir dans ces quelques dossiers la preuve d'une tendance de fond", ajoute cette Afro-Américaine en soulignant que l'immense majorité des morts causées par la police ne font toujours pas l'objet de poursuites.

Ainsi, aucune charge n'a été retenue contre les policiers qui ont abattu Andrew Brown Jr en Caroline du Nord le 21 avril, un dossier qui a pourtant suscité un fort émoi dans le pays. 

Pour Mme Browne Marshall, il ne faut pas compter sur la bonne volonté de quelques procureurs mais adopter des réformes structurelles pour s'attaquer définitivement à l'impunité des forces de l'ordre. "Le système est trop corrompu, depuis trop longtemps, il nous faut une réforme de la justice pénale au niveau national", plaide-t-elle. 

"Les poursuites contre Derek Chauvin étaient une anomalie", souligne-t-elle: "La question est: comment pourra-t-on les répliquer dans tout le pays ?"

L'ancien président Barack Obama n'avait rien dit d'autre le 20 avril. "Si nous sommes honnêtes, nous savons que la vraie justice va bien plus loin qu'un seul verdict dans un seul procès".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.