A peine le retrait américain achevé, les talibans lancent une vaste offensive

Le départ des forces américaines et de l'Otan de Bagram, une des étapes finales de leur retrait définitif, a eu pour effet de limiter le soutien aérien vital apporté jusqu'ici par les Etats-Unis à l'armée afghane. (Photo, AFP)
Le départ des forces américaines et de l'Otan de Bagram, une des étapes finales de leur retrait définitif, a eu pour effet de limiter le soutien aérien vital apporté jusqu'ici par les Etats-Unis à l'armée afghane. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 juillet 2021

A peine le retrait américain achevé, les talibans lancent une vaste offensive

  • La vitesse et la facilité avec laquelle les insurgés avancent est un coup psychologique très dur porté aux autorités de Kaboul
  • Le Pentagone justifie son départ discret de la base de Bagram pour des raisons de sécurité des opérations

KABOUL : L'armée américaine a confirmé mardi avoir quasiment achevé le retrait de ses troupes d'Afghanistan, où les autorités afghanes ont déployé des centaines de soldats et miliciens pro-gouvernementaux pour contrecarrer une vaste offensive des talibans dans le Nord.

Le président américain Joe Biden avait annoncé en avril vouloir achever ce retrait d'ici le 20e anniversaire des attentats du 11-Septembre.

Plus de deux mois avant cette date butoir, l'armée américaine a finalement déjà accompli à "plus de 90%" son retrait du pays, a-t-elle indiqué.

La semaine dernière, les forces américaines et de l'Otan avaient déjà quitté la base aérienne de Bagram, la plus grande d'Afghanistan. Située à 50 km au nord de Kaboul, elle avait été le centre névralgique de leurs opérations depuis le début de l'intervention militaire déclenchée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Et la Maison Blanche a précisé vendredi que les derniers soldats américains auraient quitté le territoire afghan d'ici "fin août".

« Grande offensive »

Mardi, les combats ont fait rage dans plusieurs provinces afghanes, mais les insurgés ont surtout porté leurs efforts sur le nord du pays, où ils se sont emparés de plusieurs dizaines de districts depuis que les Etats-Unis et l'Otan ont commencé en mai le retrait de leurs troupes.

Face à la progression inquiétante des talibans dans le Nord, loin de leurs bastions traditionnels du Sud, le gouvernement afghan a décidé d'envoyer des forces sur place pour préparer une contre-offensive.

"Nous avons l'intention de lancer une grande offensive pour reprendre les territoires perdus face à l'ennemi", a déclaré à l'AFP Fawad Aman, un porte-parole du ministère de la Défense. "Nos forces sont en train d'être organisées sur le terrain pour cette opération."

Des centaines de soldats et de miliciens pro-gouvernementaux ont été mobilisés dans les provinces septentrionales du Takhar et du Badakhshan, où les talibans se sont emparés en peu de temps de larges pans de territoires, parfois sans même combattre.

Ces deux provinces faisaient partie des fiefs des forces de l'Alliance du Nord, opposées durant les années 1990 au régime taliban qui n'avait alors jamais pu s'en emparer.

La vitesse et la facilité avec laquelle les insurgés ont cette fois-ci pris ces provinces est un coup psychologique très dur porté aux autorités afghanes.

Craintes après le départ de Bagram

Les responsables militaires afghans ont admis avoir failli à protéger de l'assaut des talibans certains districts ruraux isolés, mais promis de concentrer leurs efforts sur la sécurité des grandes agglomérations, des principales routes et des villes frontalières.

Le départ des forces américaines et de l'Otan de Bagram, une des étapes finales de leur retrait définitif, a eu pour effet de limiter le soutien aérien vital apporté jusqu'ici par les Etats-Unis à l'armée afghane.

Le nouveau commandant afghan de cette base aérienne a déploré ne pas avoir été prévenu de ce départ, intervenu tôt vendredi matin. Mais le Pentagone a affirmé mardi que les autorités avaient bien été informées deux jours plus tôt.

"L'heure exacte du départ n'a pas été révélée pour des raisons de sécurité des opérations", a précisé son porte-parole, John Kirby.

Le conseiller national afghan pour la Sécurité, Hamdullah Mohib, a admis mardi que l'absence de soutien aérien avait contraint l'armée à se retirer de certains postes isolés. "Mais ce processus est sous contrôle, les forces de sécurité afghanes, l'armée de l'air afghane se sont réorganisées", a-t-il affirmé.

Lundi, un millier de soldats afghans avaient dû trouver abri au Tadjikistan après d'intenses combats contre les talibans. Plusieurs centaines d'autres avaient déjà fait de même ces dernières semaines.

Guerre de propagande

Les talibans tiennent déjà depuis fin juin le principal poste-frontière avec le Tadjikistan et les autres voies de passage vers ce pays, ainsi que les districts qui conduisent à Kunduz, capitale de la province du même nom, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière tadjike.

Face à la situation, le président tadjik, Emomali Rakhmon, a ordonné lundi la "mobilisation de 20 000 réservistes pour renforcer la frontière".

Les combats dans le Nord ont aussi incité la Russie à fermer son consulat dans la ville de Mazar-i-Sharif, capitale de la province de Balkh et l'un des principaux centres urbains afghans, près de la frontière avec l'Ouzbékistan.

L'Allemagne, dont toutes les troupes se sont retirées la semaine dernière, a fait de même.

Les talibans ont également pris le contrôle dimanche du district-clé de Panjwai, dans leur ancien bastion de la province méridionale de Kandahar. Mardi, ils ont affirmé s'être emparés d'un autre district dans la province voisine de Nimroz.


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."