Comment la saoudisation contribue à l’expansion du secteur privé

Le nombre de nouveaux employés saoudiens ayant rejoint le secteur privé s’élève à 121 000 au premier trimestre de 2021, selon un rapport publié par le Fonds de développement des ressources humaines. (Photo, AFP)
Le nombre de nouveaux employés saoudiens ayant rejoint le secteur privé s’élève à 121 000 au premier trimestre de 2021, selon un rapport publié par le Fonds de développement des ressources humaines. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Comment la saoudisation contribue à l’expansion du secteur privé

  • Le secteur financier et des assurances connaissent une forte croissance en termes de recrutement local
  • Le ministre saoudien des Ressources humaines et du Développement social, Ahmed al-Rajhi, a fait part de son intention de créer 40 000 nouveaux emplois

DUBAÏ: Pour mener à bien ses objectifs du projet Vision 2030, l’Arabie saoudite encourage non seulement le recrutement de Saoudiens à des postes de direction dans le secteur privé, mais tente également d’investir dans leur avenir afin de les pousser à rester et promouvoir ainsi une économie dynamique et diversifiée. 

Le Royaume est sur la bonne voie, compte tenu des indicateurs de performance. Le nombre de nouveaux employés saoudiens ayant rejoint le secteur privé s’élève à 121 000 au premier trimestre de 2021, selon un rapport publié par le Fonds de développement des ressources humaines.

En avril dernier, un autre rapport publié par l’Observatoire national du travail montre que la saoudisation du secteur privé est passée à un taux de 22,75 % au premier semestre contre 20,37 % au cours de la même période l’année dernière.

Sept grands groupes du secteur privé ont atteint un taux de saoudisation de 50 %. Alors que le taux est proche de 25 % dans l’ensemble du secteur privé, le quotidien Al-Eqtisadiah rapporte que le secteur financier et celui des assurances ont atteint un taux de 83,6 %.

Ces secteurs sont suivis par ceux de l’administration publique, la défense et l’assurance sociale obligatoire à 71,9 %, les mines et les carrières à 63,2 %, l’éducation à 52,9 %, ainsi que l’information et les communications à 50,7 %.

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Parmi les pays du Conseil de coopération du Golfe, c'est l'Arabie saoudite qui dépend le moins de la main-d'œuvre étrangère, avec un taux de près de 77 %, tandis que le Qatar est le pays qui dépend le plus de la main-d'œuvre étrangère, avec un taux de quelque 94 %. (Photo, réseaux sociaux)

Selon les données de S&P Ratings, l’Arabie saoudite enregistre le taux de dépendance le plus faible vis-à-vis de la main-d’œuvre étrangère (77 %), et le Qatar le plus haut (près de 94 %), parmi les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Le ministre saoudien des Ressources humaines et du Développement social, Ahmed al-Rajhi, a fait part de son intention de créer 40 000 nouveaux emplois dans les domaines du droit, des douanes, de l’immobilier, du cinéma, des auto-écoles, des métiers techniques et de l’ingénierie avec un objectif global de 203 000 emplois pour cette seule année.

Bien que le processus de saoudisation soit en cours depuis 1985, d’importantes réformes économiques et réglementaires ont été validées au cours de ces dernières années, dans le contexte du projet Vision 2030. Elles visent à accroître la participation des jeunes Saoudiens à l’économie, à promouvoir les secteurs non pétroliers et à améliorer la qualité de vie dans son ensemble.

«Dans le cadre des différents programmes et réformes du projet Vision 2030, l’essor de la saoudisation a contribué à dynamiser différents aspects de l’économie, notamment le tourisme, les infrastructures et l’éducation», déclare Mona Althagafi, directrice nationale pour l’Arabie saoudite auprès de la société britannique de services internationaux Serco, dans un entretien à Arab News.

«L’autre indicateur de l’augmentation de la saoudisation est le fait que le gouvernement ait consacré 177 postes exclusivement à des Saoudiens. Bien qu’ils aient été lancés en majorité sur des postes moins qualifiés, ils devraient évoluer vers des postes à responsabilité.»

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La saoudisation, officiellement connue sous le nom de schéma de nationalisation saoudienne, ou Nitaqat, est considérée comme une étape indispensable à la prospérité économique. (Photo, AFP)

La saoudisation, officiellement connue sous le nom de schéma de nationalisation saoudienne, ou Nitaqat, est considérée comme une étape indispensable à la prospérité économique. Le secteur privé a, lui aussi, tout à y gagner.

«Grâce aux réformes mises en place au sein du Royaume, les entreprises attireront les jeunes générations saoudiennes», explique Mona Althagafi.

En embauchant des employés plus jeunes ou des personnes récemment diplômées, les entreprises internationales se rendent attrayantes sur de marché de l’emploi des jeunes, tandis que les nouvelles recrues saoudiennes peuvent acquérir une expérience internationale, ce qui profite à l'économie locale.

«Embaucher des employés qui ont moins d’expérience permet en outre aux entreprises de les former aux normes et aux méthodes qu’elles privilégient tout en donnant aux Saoudiens la possibilité d’explorer de nouveaux environnements qui les aident à renforcer leurs compétences et, par la suite, à développer l’économie saoudienne.»

En sa qualité de fervent partisan de la saoudisation, Serco déclare avoir identifié plusieurs moyens de s'assurer que le Royaume adopte la bonne approche. L'une d'entre elles est la formation, qui est trop souvent négligée.

«Faire fi de la formation et du développement, c’est passer complètement à côté de l’essentiel et nuisible pour le pays dans lequel vous exercez vos activités avec succès et de manière rentable», écrit Hana Abu Kharmeh, directrice régionale des ressources humaines de Serco dans une tribune publiée par le HR Observer.

«En prenant le temps de trouver le bon candidat pour un poste tout en faisant les investissements nécessaires afin de développer ses compétences et le former, vous renforcerez non seulement son aptitude à favoriser l’essor de vos activités, mais également son engagement envers votre entreprise et sa vision.»

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En sa qualité de fervent partisan de la saoudisation, Serco déclare avoir identifié plusieurs moyens de s'assurer que le Royaume adopte la bonne approche. (Photo fournie/Serco)

Conformément aux objectifs du projet Vision 2030 du Royaume, Serco a pour objectif de renforcer les talents locaux afin de leur permettre de devenir les leaders de demain. Serco propose une série de programmes de développement destinés aux Saoudiens à tous les niveaux de l’entreprise.

«Nous proposons, au nom des gouvernements locaux et centraux, une gamme complète de programmes de développement des compétences, de la formation et des talents, notamment la formation et l’évolution professionnelle, le développement du leadership, ainsi que des programmes qui répondent aux attentes spécifiques des communautés. Ces programmes ciblent également les besoins des entreprises locales en matière de croissance, en soutien aux objectifs de nationalisation du gouvernement», ajoute Mme Althagafi. 

Serco a récemment initié le programme baptisé «Fursati» qui s’adresse aux étudiants saoudiens. Ce dernier propose aux étudiants des universités locales un stage de huit semaines au sein de Serco pour les pousser à se familiariser avec les conditions de travail dans un environnement concurrentiel international.

«Les étudiants pourront bénéficier d’un apprentissage théorique et pratique dans les domaines qu’ils ont choisis pour leurs stages et en apprendront davantage sur les parcours professionnels qui s’offrent à eux chez Serco», poursuit Mona Althagafi.

Bien que les emplois au sein du secteur public soient considérés comme plus sûrs et prestigieux, les nouvelles collaborations entre les entreprises du secteur privé, les établissements d’enseignement et les décideurs pourraient changer la donne.

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Mona Althagafi, directrice nationale pour l’Arabie saoudite auprès de la société britannique de services internationaux Serco. (Photo fournie/Serco)

«Les entreprises privées sont en concurrence avec les entités publiques concernant le recrutement de talents locaux. Pour accroître la saoudisation, c’est dans le secteur privé qu’il faut favoriser la création d’emplois», indique Mme Althagafi.

«Ces dernières années, le gouvernement saoudien a réussi à réduire le nombre d’employés étrangers. Il continuera de prôner la saoudisation afin de remplacer les travailleurs étrangers par des employés saoudiens.»

«Les Saoudiens ont toutefois tendance à ne pas accepter d’occuper certains postes. Par conséquent, la saoudisation se fera lentement car il existera une dépendance vis-à-vis des travailleurs étrangers pour ces postes.»

Serco n’est pas la seule entreprise étrangère à encourager la saoudisation. Le géant aéronautique américain Boeing soutient activement l’industrie saoudienne et le recrutement local.

L’entreprise a signé un contrat avec Saudia Aerospace Engineering Industries et Alsalam Aerospace Industries en 2015 afin de créer la Saudi Rotorcraft Support Company dans laquelle les équipes de maintenance et les pilotes saoudiens suivent des formations.

Boeing a également initié le KSA College Graduate Program afin de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes ingénieurs saoudiens diplômés d’écoles américaines, leur permettant d’acquérir une expérience professionnelle avant de revenir au Royaume. 

L’année dernière, le géant suédois des télécommunications, Ericsson, a reçu le prix Rawafed de la saoudisation pour ses efforts d’identification et de fidélisation des meilleurs talents locaux.

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L’un des moyens d’aborder la nationalisation est de former les jeunes aux possibilités qui les attendent, en éliminant les craintes de travailler en dehors du secteur public. (Photo fournie)

Ericsson élargit son vivier de talents dans le Royaume depuis 2017. L’entreprise souhaite attribuer plus de postes de direction à des Saoudiens. Le groupe a également élaboré un programme d’études supérieures en partenariat avec des universités afin d’attirer les meilleurs talents en ingénierie et leur garantir une carrière des plus valorisantes. En 2020, Ericsson a également reçu le titre d’«Employeur de choix pour les jeunes saoudiens».

Bien qu’il soit encore trop tôt pour que la stratégie du gouvernement saoudien réduise la dépendance du secteur privé à l’égard des travailleurs expatriés, Mme Althagafi estime que les jeunes saoudiens commencent à en reconnaître les avantages, grâce aux investissements de l’État dans l’éducation.

Selon Mona Althagafi, l’éducation constitue un véritable défi et doit faire l’objet d’une attention particulière. Le gouvernement saoudien a donc décidé d’augmenter les dépenses en matière d’enseignement pour perfectionner les talents locaux.

Trouver le bon candidat pour un poste donné est la clé du succès des entreprises privées. Le défi est de pouvoir renforcer les compétences des Saoudiens durant l’exercice de leur mission.

«De trop nombreuses entreprises considèrent encore la nationalisation comme un exercice de plus, alors qu'en réalité, cette dernière est non seulement bénéfique pour les employés mais aussi pour les employeurs et, en fin de compte, pour le Royaume.»

«La saoudisation ne peut réussir que si les secteurs privé et public travaillent ensemble. Il est extrêmement important que les deux ne soient pas en concurrence», confie Mona Althagafi.

«Grâce à la saoudisation, le secteur privé peut offrir aux jeunes saoudiens de meilleures opportunités, plus attrayantes, bénéfiques, financièrement viables et permettant un niveau de vie auquel les Saoudiens aspirent.»

 

Twitter: @CalineMalek

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.