Au Liban en crise, grève des pharmacies et centrales électriques à l'arrêt

Dimanche, le syndicat des importateurs de médicaments a tiré la sonnette d'alarme sur des ruptures de stock touchant des «centaines» de produits. (Photo, AFP)
Dimanche, le syndicat des importateurs de médicaments a tiré la sonnette d'alarme sur des ruptures de stock touchant des «centaines» de produits. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 10 juillet 2021

Au Liban en crise, grève des pharmacies et centrales électriques à l'arrêt

  • Un contexte qui fait craindre une implosion sociale, tandis que le Liban à court de devises étrangères cherche à revoir son système de subventions qui permettait de juguler le prix des importations
  • Dans les pharmacies, il est pratiquement impossible de trouver de simples analgésiques, des préparations pour bébés, mais aussi des traitements pour maladies chroniques

BEYROUTH : Les pharmacies au Liban ont lancé vendredi une grève très suivie, tandis que deux grandes centrales électriques sont à l'arrêt pour cause de pénuries de carburant, qui perturbent également le réseau de distribution d'eau, nouvelles illustrations d'un effondrement généralisé et sans fin.

Dans un pays paralysé par les querelles politiciennes des grands partis qui n'arrivent pas depuis 11 mois à former un nouveau gouvernement ni à lancer des réformes économiques cruciales, la livre libanaise poursuit sa dépréciation, frôlant vendredi le nouveau record de 19 500 livres pour un dollar au marché noir.

Un contexte qui fait craindre une implosion sociale, tandis que le Liban à court de devises étrangères cherche à revoir son système de subventions qui permettait de juguler le prix des importations. Et c'est désormais le secteur de la santé qui est sous le feu des projecteurs.

Ainsi, les importations de médicaments sont quasiment à l'arrêt depuis plus d'un mois, en raison de l'absence de nouvelles lignes de crédit autorisées par la Banque du Liban (BDL) et des impayés aux fournisseurs étrangers.

Dans les pharmacies, il est pratiquement impossible de trouver de simples analgésiques, des préparations pour bébés, mais aussi des traitements pour maladies chroniques.

Une association de pharmaciens avait annoncé jeudi une grève générale dans tout le Liban. "Près de 80% des pharmacies ont respecté la grève à Beyrouth et dans les grandes villes", contre 50% dans les campagnes, a précisé vendredi un responsable de l'association, Ali Safa.

Tout le long de la côte au nord de Beyrouth, zone densément urbanisée, les pharmacies étaient fermées, a constaté un photographe de l'AFP. Tout comme un grand nombre d'établissements à Beyrouth et dans sa banlieue.

«On n'en a pas»

Depuis des mois, les internautes recherchent des médicaments sur les réseaux sociaux. Les voyageurs arrivent de l'étranger avec dans leurs valises des médicaments demandés par la famille et les amis.

Elie, 48 ans, a passé quatre heures dans les pharmacies à la recherche d'un médicament pour traiter sa trop grande concentration d'acide urique dans le sang.

"A chaque fois on me répète la même réponse, +on n'en a pas, on n'a pas été livré+", déplore-t-il.

Dimanche, le syndicat des importateurs de médicaments a tiré la sonnette d'alarme sur des ruptures de stock touchant des "centaines" de produits.

Avec la dépréciation synonyme d'une hausse des prix, la Banque du Liban fournit en principe des dollars aux importateurs à un taux bien plus avantageux que celui du marché noir.

Mais le rationnement des devises complique les procédures d'importations, et la BDL réclame depuis des mois au ministère de la Santé une liste de médicaments prioritaires à continuer à financer.

"Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est que le ministère de la Santé signe les listes de médicaments prioritaires. Les entreprises commenceront alors à fournir les médicaments" aux pharmacies, soit en fonction du prix du marché, ou du prix subventionné, plaide M. Safa.

Selon des responsables du secteur, la BDL va allouer 50 millions de dollars par mois aux médicaments, soit la moitié de la facture mensuelle actuelle des importations.

Electricité coupée, eau rationnée

Dans un pays englué dans une des pires crises économiques au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Dernier coup dur, la suppression fin juin d'une partie des subventions allouées au carburant, dont le prix à la pompe a augmenté de 55% en une dizaine de jours.

Une hausse qui n'a pas résolu les pénuries. Tous les jours, les automobilistes stationnent des heures durant devant les stations-services, les files d'attente se formant avant même l'aube.

Le manque de carburant touche aussi la production électrique et les délestages atteignent jusqu'à 22 heures par jour.

Electricité du Liban a annoncé vendredi "la mise à l'arrêt des centrales électriques de Zahrani et de Deir Ammar, en raison  notamment de l'épuisement du stock" de carburant.

Et la compagnie des Eaux a elle annoncé "des rationnements dans la distribution de l'eau" dans le nord et le sud, citant les délestages électriques et l'épuisement des stocks de carburant.

Le pays a connu à l'automne 2019 un soulèvement inédit dénonçant une classe politique accusée de corruption et d'incompétence, dominée depuis des décennies par les mêmes responsables et les mêmes familles.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.