Réouverture à hauts risques pour les hôtels de luxe parisiens

L'hôtel de luxe «Ritz» fermé à cause du Covid-19, le 21 avril 2020. (Franck FIFE / AFP)
L'hôtel de luxe «Ritz» fermé à cause du Covid-19, le 21 avril 2020. (Franck FIFE / AFP)
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Publié le Mercredi 02 septembre 2020

Réouverture à hauts risques pour les hôtels de luxe parisiens

  • « Les palaces sont la vitrine du tourisme haut de gamme à Paris, c'est du rêve, du glamour, du savoir faire en termes de gastronomie, de patrimoine: les chefs étoilés vivent de leur clientèle, toute la filière a intérêt à ce qu'ils retrouvent leur place »
  • Pour la Fashion Week, le géant du luxe LVMH « qui réservait 1.250 nuitées, est tombé à 250 »

PARIS : Privés de touristes étrangers fortunés, les palaces de la capitale entament une périlleuse réouverture après cinq mois et demi d'inactivité, et tentent d'attirer dans leurs restaurants ou leurs spas une clientèle parisienne qui ne suffira pas à faire vivre ces paquebots de luxe.

Face à des carnets de réservation désespérément vides, la plupart de ces établissements ont repoussé leur réouverture à septembre: moins d'un cinq étoiles de la capitale sur trois a repris son activité cet été, recense le cabinet spécialisé MKG Consulting, contre 68% dans le reste du pays et 100% sur le littoral.

Or s'ils sont un marché de niche, "les palaces sont la vitrine du tourisme haut de gamme à Paris, c'est du rêve, du glamour, du savoir faire en termes de gastronomie, de patrimoine: les chefs étoilés vivent de leur clientèle, toute la filière a intérêt à ce qu'ils retrouvent leur place", dit à l'AFP Vanguélis Panayotis, président de MKG.

Ces établissements ont "une responsabilité sociétale vis-à-vis des boutiques, des chauffeurs de taxi, des boutiques qu'ils font vivre autour d'eux, et de leurs fournisseurs", renchérit François Delahaye, patron du Meurice et du Plaza Athénée.

Ces deux palaces ont rouvert mardi, tout comme le Bristol et le Park Hyatt Paris-Vendôme, mais certains gardent portes closes, comme le Lutetia, qui attend le 24.

"Nous avons rouvert les spas, le restaurant gastronomique -Alain Ducasse- du Plaza, qui marche bien, mais pas celui du Meurice, on attend le 22, parce qu'on n'avait pas assez de réservations", explique M. Delahaye.

Quant au Ritz et au Crillon, ils ont été les premiers à se jeter à l'eau, le 24 août.

"Pour ceux qui rouvrent, il y a une vraie prise de risque, parce qu'ils vont être à des niveaux de fréquentation très bas, 30% ou 20%, ce qui n'est clairement pas suffisant pour faire tourner de si gros paquebots", qui offrent des prestations de luxe: room service 24h/24, conciergerie, voiturier...", souligne M Panayotis.

Automne morose

Le Meurice et le Plaza Athénée, dont la clientèle majoritaire est américaine, vont certes "perdre de l'argent, mais il faut jouer le jeu pour relancer la machine", estime M. Delahaye.

"Et grâce au dispositif de chômage partiel mis en place par l'Etat, sur les 550 employés, il n'y en a que 180 qui travaillent, les autres reviennent une semaine sur deux", précise-t-il.

"Sans cela, on serait obligés de licencier nos employés, ce qui serait un drame et ferait des chômeurs à indemniser, donc cette aide du gouvernement est astucieuse". 

En dix ans, le nombre de chambres des palaces parisiens a doublé, à 1.800 chambres, contre 80.000 pour l'ensemble du parc hôtelier de la capitale, mais hormis l'hôtel Bulgari, qui doit ouvrir en 2021, les projets d'hôtels de luxe devraient se tarir.

Au Park Hyatt Paris-Vendôme -156 chambres et 300 salariés-, "on est très contents de retrouver notre belle clientèle française et européenne", assure à l'AFP son directeur général, Claudio Ceccherelli.

En temps normal, Français et Européens ne représentent que 25% de la clientèle des cinq étoiles parisiens, les trois quarts venant des Etats-Unis, du Japon, de Chine, du Moyen-Orient, du Brésil ou de Russie.

Pour séduire les Parisiens, le restaurant étoilé du Park Hyatt, Pur, qui rouvre le 16 septembre, proposera aux clients de créer leur menu de 3, 6 ou 8 plats signés par le chef Jean-François Rouquette, précise M Ceccherelli.

"Nous n'avons que quelques chambres occupées, mais nous espérons que les réservations vont augmenter. Il faut être positifs ! Même si nous n'avons pas de visibilité sur les évènements comme Roland Garros ou la Fashion week...".

Pour la Fashion Week, le géant du luxe LVMH "qui réservait 1.250 nuitées, est tombé à 250", explique aussi M Delahaye, "parce qu'ils invitaient des Américains, des Chinois, qui ne sortent pas de leur pays à cause de la quatorzaine".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».