Japon: les principaux candidats à la succession d'Abe

Le membre du Parti libéral démocrate japonais Fumio Kishida, le secrétaire en chef du cabinet japonais Yoshihide Suga et le membre du Parti libéral-démocrate Shigeru Ishiba, candidats à la succession d'Abe. (Presse JIJI / AFP)
Le membre du Parti libéral démocrate japonais Fumio Kishida, le secrétaire en chef du cabinet japonais Yoshihide Suga et le membre du Parti libéral-démocrate Shigeru Ishiba, candidats à la succession d'Abe. (Presse JIJI / AFP)
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Publié le Mercredi 02 septembre 2020

Japon: les principaux candidats à la succession d'Abe

  • Yoshihide Suga apparaît comme le grandissime favori de l'élection interne du Parti libéral-démocrate (PLD) annoncée pour le 14 septembre
  • Shigeru Ishiba, ancien ministre de la Défense (2007-2008) et expert des questions militaires

TOKYO : Un fidèle lieutenant de Shinzo Abe, un ex ministre de la Défense plus critique et un ancien chef de la diplomatie japonaise un brin effacé: voici une brève présentation des trois principaux candidats pour succéder au Premier ministre japonais.

Yoshihide Suga, le fidèle conseiller

Agé de 71 ans, Yoshihide Suga apparaît comme le grandissime favori de l'élection interne du Parti libéral-démocrate (PLD) annoncée pour le 14 septembre. 

Il avait joué un rôle déterminant dans le retour au pouvoir de M. Abe fin 2012, après l'échec de son premier mandat de Premier ministre en 2006-2007.

M. Abe l'avait récompensé en le nommant au poste stratégique de secrétaire général du gouvernement, un poste traditionnellement considéré comme un tremplin vers la fonction suprême, même si M. Suga avait régulièrement démenti toute ambition de succéder à son chef.

Fils d'agriculteur de la région d'Akita (nord) ayant lui-même financé ses études, ses origines modestes détonnent au sein d'un PLD dominé par des héritiers de grandes familles politiciennes.

M. Suga a activement participé à la mise en place de politiques clé du gouvernement Abe, incarnant ainsi la continuité. Considéré comme pragmatique et neutre au sein du PLD, il aurait déjà obtenu le soutien des principales factions du parti, selon les médias locaux.

Le personnage, jusque-là plus connu pour son rôle de porte-parole de l'exécutif, est par ailleurs devenu plus populaire auprès de l'opinion publique depuis l'an dernier en dévoilant le nom de la nouvelle ère impériale du Japon devant la nation entière, Reiwa. Il est depuis souvent surnommé affectueusement "Oncle Reiwa".

Shigeru Ishiba, le franc-tireur

Ancien ministre de la Défense (2007-2008) et expert des questions militaires, Shigeru Ishiba a aussi occupé d'autres portefeuilles par la suite et a été le secrétaire général du PLD entre 2012 et 2014.

Cet ancien banquier de 63 ans est l'une des rares voix critiques de M. Abe au sein du PLD. Son charisme et sa langue bien pendue l'ont rendu populaire dans l'opinion publique, mais pas auprès de nombreux élus de son propre parti, qui n'apprécient guère ses volte-face et sa tendance à vouloir se démarquer à tout prix. Il avait notamment quitté le PLD entre 1993 et 1997.

M. Ishiba a récemment estimé que le Japon devait resserrer les liens avec la Corée du Sud, actuellement au plus bas, et suggéré de renouer le dialogue avec la Corée du Nord via la création de bureaux de liaison à Tokyo et Pyongyang.

Une position diamétralement opposée à celle qu'il avait exprimée en 2017, au plus fort des tensions avec la Corée du Nord, où il avait suggéré de revoir l'interdiction d'accueillir des armes nucléaires sur le sol japonais.

Il dresse aussi un bilan mitigé de la politique économique de M. Abe, qui selon lui a surtout favorisé les marchés financiers et les grandes entreprises, au détriment des revenus modestes et des zones rurales. Il a également remis en cause la politique énergétique pro-nucléaire du gouvernement.

Fumio Kishida, un stratège discret

L'ancien ministre des Affaires étrangères de 63 ans Fumio Kishida, actuel stratège politique en chef du PLD, a longtemps été considéré comme le favori de M. Abe pour lui succéder, mais il pâtit d'un déficit de notoriété et de charisme.

M. Kishida a cependant dû gérer des dossiers sensibles en tant que patron de la diplomatie nippone entre 2012 et 2017, comme la tentative de négocier un traité de paix entre le Japon avec la Russie, toujours bloqué par une dispute territoriale remontant à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Il a également oeuvré à un accord signé fin 2015 avec la Corée du Sud qui devait régler définitivement un autre contentieux historique, les "femmes de réconfort" ou l'esclavage sexuel organisé pour l'armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale. Mais cet accord n'a pas survécu à une alternance politique en Corée du Sud en 2017.

Son succès le plus visible est d'avoir contribué à la venue de Barack Obama à Hiroshima en 2016, la première visite d'un président américain en exercice dans cette ville martyre de la bombe atomique, dont M. Kishida est député.

Plus modéré que M. Ishiba s'agissant du bilan de M. Abe, il a notamment souligné la nécessité pour le Japon de davantage épouser les nouvelles technologies pour s'assurer une croissance durable.


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.