Au Liban, la valse des valises voyageuses pour contrer la pénurie de médicaments

Un homme conduit son scooter devant la porte fermée d'une pharmacie de la capitale libanaise Beyrouth, lors d'une grève nationale des pharmacies pour protester contre une grave pénurie de médicaments, le 9 juillet 2021. (AFP)
Un homme conduit son scooter devant la porte fermée d'une pharmacie de la capitale libanaise Beyrouth, lors d'une grève nationale des pharmacies pour protester contre une grave pénurie de médicaments, le 9 juillet 2021. (AFP)
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Publié le Dimanche 11 juillet 2021

Au Liban, la valse des valises voyageuses pour contrer la pénurie de médicaments

  • «Il y avait de tout. Des antibiotiques, des médicaments contre l'hypertension, le cholestérol, le diabète, le Parkinson, le cancer et beaucoup d'antidépresseurs»
  • Arrivée à l'aube chez elle dans la localité de Baabdate, nichée dans la montagne au nord de Beyrouth, les bénéficiaires ont afflué deux heures plus tard, à 07H30 du matin

BEYROUTH: Pour aider famille et amis confrontés à la grave pénurie de médicaments au Liban en plein effondrement, Lydia a fait le voyage Marseille-Beyrouth avec deux valises et un sac à dos bourrés de médicaments: au total elle en a eu pour plus de mille euros.


"Il y avait de tout. Des antibiotiques, des médicaments contre l'hypertension, le cholestérol, le diabète, le Parkinson, le cancer et beaucoup d'antidépresseurs", raconte la sexagénaire à l'AFP, qui partage son temps entre la cité phocéenne et son pays d'origine.


Arrivée à l'aube chez elle dans la localité de Baabdate, nichée dans la montagne au nord de Beyrouth, les bénéficiaires ont afflué deux heures plus tard, à 07H30 du matin.
"Il n'y a pas pire que de manquer de médicaments", reconnaît-elle. "Certains  souffrant de maladies chroniques avaient déjà épuisé leurs stocks depuis plus de deux semaines".


Ses parents octogénaires sont également rentrés de Marseille avec des médicaments pour 12 personnes, dans quatre valises.


Depuis plusieurs mois, les étagères des pharmacies se dégarnissent à vue d'oeil au Liban, englué dans un effondrement économique et une dépréciation historique de sa monnaie.


Après s'être tournés d'abord vers des génériques, devenus tout aussi rares, les Libanais font appel aux amis qui vivent à l'étranger ou rentrent de voyage pour se procurer des médicaments, au prix cher.


"Jamais nous nous sommes sentis aussi étouffés, au sens primaire du terme. C'est surréaliste", déplore Lydia, qui était pourtant au Liban durant la guerre civile (1975-1990).


La valse des valises lui rappelle les années du conflit, quand les visiteurs débarquaient avec dans leurs mallettes toute sorte de produits qu'on ne trouvait plus sur le marché.


"Cette crise a réveillé de vieux réflexes du temps de guerre, notamment en terme de solidarité sociale", convient-elle.

«Une tonne de médicaments»
Les pénuries interviennent au moment où le pays, à court de devises étrangères, revoit son système de subventions qui permettait de juguler le prix des importations, malgré la dépréciation de la livre libanaise.


Résultat: les importations de médicaments sont quasiment à l'arrêt depuis plus d'un mois, selon le syndicat, en raison de l'absence de nouvelles lignes de crédit autorisées par la Banque du Liban (BDL) et des impayés aux fournisseurs étrangers.


Le gouvernement accuse lui les professionnels d'emmagasiner les stocks en attendant les nouveaux prix une fois les subventions levées, évoquant également la contrebande vers l'étranger.


Dans ce contexte morose, Paul Naggear et son épouse Tracy ont profité de deux séjours à Chypre pour faire le plein de médicaments.


Fin juin, le couple de trentenaires est rentré avec une grande valise remplie pour des proches mais aussi des bénéficiaires contactés via les réseaux sociaux.


"Le pharmacien a tout de suite deviné que nous étions Libanais. Il nous a dit qu'un couple était passé deux jours auparavant pour acheter une +tonne+ de médicaments", raconte Tracy.


Le couple a ramené des gouttes pour les yeux, du lait en poudre, des antidépresseurs et des médicaments contre l'hypertension ou les maladies cardiaques.


"Nous allions de toute manière à Chypre, pour reprendre des forces", confie-t-elle pudiquement.


Le 4 août 2020, sa petite Alexandra, trois ans, est morte dans l'explosion tragique du port de Beyrouth, qui a tué plus de 200 personnes.

«On nous tue»
Début juillet, le syndicat des importateurs de médicaments a tiré la sonnette d'alarme sur des ruptures de stock touchant des "centaines" de produits, pour le diabète, les maladies cardiaques, la tension artérielle, mais aussi certains cancers.


Le rationnement des devises complique les procédures d'importations, et la BDL réclame au ministère de la Santé de finaliser une liste de médicaments prioritaires, qui continueront de bénéficier de tarifs subventionnés.


Selon des responsables du secteur, la BDL va continuer d'allouer 50 millions de dollars par mois aux médicaments, soit la moitié de la facture mensuelle actuelle de ces importations.


Gardien de parking d'un restaurant à Beyrouth, Ahmed, 58 ans, souffre d'hypertension et de diabète. Trouver les cachets prescrits par son médecin est devenu mission impossible.


"Je ne trouve même plus les génériques", raconte ce père de trois enfants, dont deux sont au chômage depuis un an en raison de la crise économique.


Le quinquagénaire a essayé de s'en passer quelques semaines, mais sa tension a vite grimpé. Il a donc fait appel à un cousin installé à Istanbul et un ami aux Emirats pour qu'on lui envoie, via des voyageurs, des médicaments payés une fortune.


"Dans les deux cas, on nous tue. Soit on meurt, faute de médicaments, soit on meurt faute d'argent, dépensé pour les médicaments".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.