Colère et désespoir en Irak après un incendie meurtrier dans un hôpital

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient le bâtiment en proie aux flammes et d'énormes volutes de fumées noires (Photo, AFP).
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient le bâtiment en proie aux flammes et d'énormes volutes de fumées noires (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 13 juillet 2021

Colère et désespoir en Irak après un incendie meurtrier dans un hôpital

  • Le sinistre survient deux mois et demi après une tragédie similaire qui avait fait plus de 80 morts dans un hôpital de Bagdad
  • Le drame a aussitôt provoqué des réactions de colère à Nassiriya, où des centaines de personnes se sont rassemblées en criant: « les partis politiques nous brûlent! »

NASSIRIYA : La colère et l'effroi dominent mardi en Irak au lendemain du terrible incendie dans un hôpital de Nassiriya (sud), qui a mis une nouvelle fois en lumière la gabegie et la déshérence du système de santé, deux mois et demi après une tragédie similaire à Bagdad.

Au moins 64 personnes ont péri dans les flammes qui ont ravagé lundi soir l'unité Covid de 70 lits de l'hôpital al-Hussein de Nassiriya, selon un dernier bilan de sources médicales, et une centaine de personnes ont été blessées. Seuls 39 corps ont pu être identifiés à ce stade. 

Plafonds effondrés, murs cloqués et noircis, vitres soufflées, vêtements épars à terre: l'unité Covid, un préfabriqué installé il y a quelques mois et jouxtant l'hôpital, a été entièrement ravagé par les flammes, que les pompiers ont mis plusieurs heures à maîtriser. Des scènes de chaos se sont déroulées jusque tard dans la nuit, les habitants accourus sur les lieux tentant de secourir les patients de l'unité et de les évacuer au milieu des flammes.

Une vidéo bouleversante postée sur les réseaux sociaux montrait un policier en sanglots, effondré après avoir appris la mort de deux de ses proches. Selon le correspondant de l'AFP, des familles --malades et proches venus les visiter- ont péri dans l'incendie, dont six membres d'une même fratrie.

L'incendie a été provoqué par l'explosion de bouteilles d'oxygène, selon une source sanitaire de la province de Dhi Qar, dont dépend la ville de Nassiriya. Ce scénario est une répétition à l'identique de la tragédie survenue en avril dernier dans un hôpital de Bagdad, qui avait fait plus de 80 morts.

Colère et désespoir

Le désastre a entraîné des réactions de colère immédiate, des centaines de personnes ayant manifesté dans la nuit devant l'hôpital de Nassiriya, aux cris de : "les politiques nous brûlent!". Négligences, manquement à la sécurité, corruption... La litanie des maux qui avaient déjà été pointés lors de l'incendie de l'hôpital de Bagdad revenait sur toutes les lèvres.

"L'Etat doit prendre des mesures fortes et nécessaires contre la corruption pour mettre fin à ces tragédies", a ainsi déclaré un jeune homme à l'AFP.

L'incendie de Bagdad avait entraîné la démission de ministre de la Santé de l'époque. A Nassiriya, le directeur de l'hôpital et le directeur des autorités sanitaires ont été suspendus par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi, qui a en outre décrété un deuil national de trois jours. Mais ces mesures ne devraient pas calmer la colère des Irakiens, déjà épuisés par les coupures de courant incessante, et la défaillance des pouvoirs publics.

"Une nouvelle fois, les politiciens ont prouvé leur incapacité à gérer le pays. Nous allons de tragédie en tragédie et la situation des Irakiens empire de jour en jour", s'est indigné Yasser al-Barrak, un professeur de l'Université de la province de Dhi Qar.

Dès mardi matin, de nouvelles manifestations étaient en cours à Nassiriya. Des habitants ont bloqué les entrées de plusieurs hôpitaux et érigé des banderoles: "fermé sur ordre du peuple", pour exiger le transfert de patients dans un établissement flambant neuf de 500 lits, construit par la Turquie et inauguré en juin par le Premier ministre, mais toujours inutilisé.

Un flot de réactions inondait également les réseaux sociaux, "Chaque mois il y a une atrocité en Irak, et je pourrais juste copier-coller mes tweets", se désespérait ainsi un utilisateur de Twitter, Amer.

"La catastrophe de l'hôpital Al-Hussein, et avant cela, l'hôpital Ibn Al-Khatib à Bagdad, est le produit d'une corruption persistante et d'une mauvaise gestion qui négligent la vie des Irakiens et empêchent de réformer les institutions", a déclaré dans un tweet le président irakien Barham Saleh.


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.