«Je n'aime pas le vaccin»: le scepticisme des Irakiens malgré la menace du Covid

Dans les rues et magasins de Bagdad, et ce depuis le début de la pandémie, les masques sont quasi absents et les restrictions sont très peu respectées (Photo, AFP).
Dans les rues et magasins de Bagdad, et ce depuis le début de la pandémie, les masques sont quasi absents et les restrictions sont très peu respectées (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 12 juillet 2021

«Je n'aime pas le vaccin»: le scepticisme des Irakiens malgré la menace du Covid

  • Depuis le début du mois de juillet pourtant, le nombre de cas quotidiens, qui oscillait entre 4 000 et 5 000, tourne désormais autour des 8 000 en moyenne
  • Et le nombre de personnes vaccinées dans le pays de 40 millions d'habitants dépasse à peine les 1%, selon les chiffres officiels

BAGDAD: Ni masque ni vaccin. Dans les rues de Bagdad, nombre d'Irakiens restent très défiants face à la menace de la Covid-19, malgré la dangereuse augmentation des cas ces dernières semaines et la mise en garde de médecins redoutant « une catastrophe épidémique ».

Avec un lapidaire « j'aime pas les masques, j'aime pas le vaccin », Nihad Sabbah, une femme de 36 ans, semble résumer l'état d'esprit dominant dans la capitale.

Depuis le début du mois de juillet pourtant, le nombre de cas quotidiens, qui oscillait entre 4 000 et 5 000, tourne désormais autour des 8 000 en moyenne, avec un pic à 9 189 cas le 8 juillet.

Et le nombre de personnes vaccinées dans le pays de 40 millions d'habitants dépasse à peine les 1%, selon les chiffres officiels.

« Nous allons vers une catastrophe épidémique », s'alarme Sarmad al-Karloussi, médecin à l'hôpital Al-Kindi de Bagdad, où se trouve le centre de soins le plus moderne du pays pour les malades de la Covid-19 gravement atteints.

Le centre, dont l'état tranche avec la vétusté de nombreux hôpitaux du pays, accueille 54 patients en état critique. Les lits sont occupés de façon ininterrompue depuis le début de l'année. Trente patients soignés aux urgences sont sur liste d'attente, précise le docteur Karloussi.

« Nous essayons d'éviter le désastre et de garder la situation sous contrôle. Mais les cas augmentent et nous sommes réduits à attendre de voir ce qui va se passer. Ici, nous sommes tous vaccinés, mais je suis très inquiet pour notre société », soupire-t-il, impuissant.

« Trop risqué »

Les soignants du centre Covid d'Al-Kindi, tous équipés de combinaisons suffocantes en cette période de chaleur extrême avec des pics à plus de 50 degrés Celsius, tentent, très souvent en vain, de convaincre les familles de se faire vacciner.

Dans une des chambres climatisées du département, une femme d'à peine 30 ans respire frénétiquement derrière le masque qui ventile ses poumons ravagés. Le médecin ne semble pas très optimiste, contrairement à la jeune soeur et la mère de la patiente.

« Elle est ici depuis 15 jours, nous venons régulièrement pour la soutenir » raconte Rokaya Abdel Moutaleb, expliquant que les trois enfants de la malade n'ont pas le droit de lui rendre visite. 

Comme sa mère, la jeune femme porte le masque, mais, questionnée sur le vaccin, elle répond sans la moindre hésitation. « Trop risqué. Ce vaccin n'est pas sûr », dit-elle en caressant le bras de sa soeur qui lutte pour respirer.

L'Irak, qui a contracté l'achat de 18 millions de doses, a lancé sa campagne de vaccination en mars dernier mais ses habitants semblent généralement sceptiques face au vaccin.

Pourtant, le pays approche de la barre des 1,5 million de contaminations et la maladie a fait plus de 17 500 morts.

Dans les rues et magasins de Bagdad, et ce depuis le début de la pandémie, les masques sont quasi absents et les restrictions sont très peu respectées.

« Campagne de désinformation »

« Nous souffrons d'une campagne de désinformation qui a précédé l'arrivée du vaccin », déplore Saif al-Badr, porte-parole du ministère de la Santé.

Défiance dans les institutions et fausses informations, parfois même propagées par des médecins, sont monnaie courante dans le pays. 

En mai dernier, un praticien, Hamid al-Lami, a été rayé de l'ordre des médecins et arrêté après avoir assuré que la Covid-19 était une invention de laboratoire et qu'il était curable grâce à des herbes.

« Nous n'avons pas confiance dans le gouvernement, nous ne savons rien de ces vaccins. Et on a vu certains vaccinés tomber malades encore plus gravement que les autres », assurent deux jeunes employés d'un restaurant sortis fumer leur cigarette.

« Les gens ont peur, ils disent qu'ils préfèrent faire confiance à leur immunité naturelle. C'est l'état d'esprit général », déplore le Dr Khouloud al-Sarraf, doyenne du département pharmacie à l'université privée el-Isra.

Cette élégante femme, masquée, a constaté l'augmentation récente des cas parmi ses étudiants et son personnel, et se dit en faveur d'un « confinement de 15 jours » pour freiner l'épidémie.

« Jusqu'à aujourd'hui, la situation est sous contrôle, en dépit de l'évidente augmentation des cas », assure Saif al-Badr, en précisant que le très contagieux variant Delta n'a pas encore été officiellement signalé dans le pays.


Turquie: Mme Erdogan en appelle à Mme Trump en faveur des enfants de Gaza

Le président américain Donald Trump et la première dame Melania Trump aux côtés du président turc Tayyip Erdogan et d'Emine Erdogan à la Maison Blanche à Washington en 2019. (Reuters)
Le président américain Donald Trump et la première dame Melania Trump aux côtés du président turc Tayyip Erdogan et d'Emine Erdogan à la Maison Blanche à Washington en 2019. (Reuters)
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  • Emine Erdogan appelle Melania Trump à écrire à Netanyahu pour soutenir les enfants de Gaza, comme elle l’a fait pour l’Ukraine
  • Elle dénonce l’urgence humanitaire à Gaza, évoquant 18 000 enfants tués, et appelle à un geste fort en faveur de la paix

ISTANBUL: La Première Dame de Turquie, Emine Erdogan, appelle samedi Melania Trump à écrire au Premier ministre israélien en faveur des enfants palestiniens de Gaza, comme elle l'a fait pour les petits Ukrainiens.

En accueillant la semaine dernière Vladimir Poutine en Alaska, le chef de le Maison Blanche Donald Trump lui avait remis un "message de paix" pour l'Ukraine, qu'aurait rédigé son épouse et Première dame américaine.

Dans une lettre adressée à cette dernière et rendue publique par la présidence turque, Mme Erdogan l'invite à faire preuve de la même "sensibilité" à l'égard de la population de Gaza, assiégée depuis près de deux ans par l'armée israélienne en représailles aux attaques du 7 octobre 2023, conduites par le Hamas palestinien.

"J'ai confiance que la sensibilité dont vous avez fait preuve à l'égard des 648 enfants ukrainiens qui ont perdu la vie dans la guerre pourra s'étendre à Gaza où 62.000 civils dont 18.000 enfants ont perdu la vie en moins de deux ans" écrit Mme Erdogan, citant un bilan des autorités de Santé du Hamas jugé crédible par l'ONU.

Elle lui suggère d"envoyer une lettre en faveur de la fin de la crise humanitaire à Gaza au Premier ministre israélien (Benjamin) Netanyahu".

"Votre appel en faveur de Gaza revêtrait une responsabilité historique en faveur de la population palestinienne".

"En tant que mère, que femme et comme être humain, je partage sincèrement les sentiments que vous avez exprimés dans votre lettre et j'espère que vous saurez donner le même espoir aux enfants de Gaza qui aspirent, eux aussi, à la paix et à la tranquillité".

Les Nations unies ont officiellement déclaré une famine à Gaza vendredi - un "mensonge éhonté" a répliqué M.Netanyahu.


L'ONU déclare la famine à Gaza, Israël menace de raser le territoire

Le ministère israélien des affaires étrangères a déclaré qu'il n'y avait pas de famine à Gaza, en réponse à un rapport publié vendredi par un organisme mondial de surveillance de la faim qui affirmait que la famine avait frappé une partie de la bande de Gaza. (AP)
Le ministère israélien des affaires étrangères a déclaré qu'il n'y avait pas de famine à Gaza, en réponse à un rapport publié vendredi par un organisme mondial de surveillance de la faim qui affirmait que la famine avait frappé une partie de la bande de Gaza. (AP)
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  • L'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, qu'Israël menace de destruction totale si le Hamas n'accepte pas la paix à ses conditions
  • Le gouvernement israélien a immédiatement rejeté le rapport onusien, bâti selon lui sur des "mensonges" et "fabriqué 'sur-mesure'" pour le Hamas

Jérusalem: L'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, qu'Israël menace de destruction totale si le Hamas n'accepte pas la paix à ses conditions.

Le gouvernement israélien a immédiatement rejeté le rapport onusien, bâti selon lui sur des "mensonges" et "fabriqué 'sur-mesure'" pour le Hamas, le mouvement islamiste palestinien dont l'attaque sans précédent le 7 octobre 2023 contre Israël a déclenché la guerre.

"C'est la famine, la famine de Gaza", a déclaré à Genève le chef des opérations humanitaires des Nations unies, Tom Fletcher, après des mois de mises en garde humanitaires. Le constat s'appuie sur le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) onusien, qui a confirmé qu'une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza (nord).

Cela confirme "l'ampleur de la catastrophe humanitaire que subit notre peuple en raison de l'agression israélienne", a réagi le Hamas, appelant à "une action immédiate de l'ONU" pour mettre fin à la guerre, et "l'ouverture sans restriction des points de passage" en vue de "l'entrée urgente et continue de nourriture, médicaments, eau et carburant".

Selon des experts de l'ONU, plus d'un demi-million de personnes à Gaza affrontent des conditions "catastrophiques", le niveau de détresse alimentaire le plus élevé de l'IPC, caractérisé par la famine et la mort.

- "Obstruction systématique" -

Cette famine "aurait pu être évitée" sans "l'obstruction systématique d'Israël", a accusé M. Fletcher.

"Il n'y a pas de famine à Gaza", a rétorqué le ministère des Affaires étrangères israélien, accusant l'IPC de s'être "détourné de ses propres règles".

Chaque jour des journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza assistent à des distributions alimentaires où des foules de Palestiniens de tous âges se ruent en criant, pleurant, suppliant qu'on leur remplisse des gamelles ou casseroles vides tendues avec l'énergie du désespoir.

Selon l'IPC, la famine devrait s'étendre aux gouvernorats de Deir el-Balah (centre) et Khan Younès (sud) d'ici à fin septembre.

Le gouvernorat de Gaza, qui englobe essentiellement Gaza-ville, représente environ 20% de la superficie du territoire palestinien assiégé.

L'ONU y estime actuellement la population à près d'un million de personnes, autant se trouvant dans celui de Deir el-Balah, et plus de 500.000 dans celui de Khan Younès.

"Affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre", a rappelé le haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk.

- "Portes de l'enfer" -

"Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité", a déclaré pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, appelant à un "cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate de tous les otages et un accès humanitaire total".

Début mars, le gouvernement israélien a imposé à la bande de Gaza - déjà sous blocus israélien depuis plus de 15 ans avant la guerre - un total blocus humanitaire, entraînant de graves pénuries de nourriture.

Il l'a assoupli à partir de fin mai, mais la quantité d'aide internationale autorisée à entrer depuis lors est jugée largement insuffisante par l'ONU et les humanitaires, ce que conteste Israël.

Avant la déclaration de famine, le ministre de la Défense, Israël Katz, a menacé la ville de Gaza de destruction totale si le Hamas n'acceptait pas la paix aux termes israéliens.

"Bientôt, les portes de l'enfer s'ouvriront" jusqu'à ce que le Hamas accepte "les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, principalement la libération de tous les otages et (son) désarmement" a-t-il écrit sur X.

Parallèlement à la pression militaire, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a annoncé jeudi avoir ordonné des "négociations immédiates" pour  "la libération de tous (les) otages" et "mettre la fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël".

- "Souhaiter la mort" -

Sans la citer explicitement, il répondait à la dernière proposition des médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis - en vue d'un cessez-le-feu, acceptée lundi par le Hamas.

Elle prévoit, selon des sources palestiniennes, une trêve de 60 jours durant laquelle les otages toujours captifs à Gaza (au nombre de 49 dont 27 morts selon l'armée) israélienne) seraient relâchés en deux temps en échange de la libération de prisonniers palestiniens.

Israël, qui contrôle aujourd'hui environ 75% du territoire palestinien, a approuvé cette semaine un plan d'assaut contre Gaza-ville, la plus grande du territoire, et annoncé le rappel de 60.000 réservistes supplémentaires.

Depuis, l'étau militaire se resserre sur Gaza-ville.

"C'est comme si nous étions en enfer. Je deviens folle. Je ne peux pas imaginer être déplacée encore une fois",  déclare à l'AFP Oum Ibrahim Younès, une mère de quatre enfants de 43 ans, qui vit dans les ruines de sa maison à Gaza.

"Le bombardement s'intensifie chaque jour, les explosions ne s'arrêtent jamais. Nous attendons la mort, nous en sommes venus à la souhaiter", témoigne Nivine Ahmed, 47 ans, déplacée avec ses cinq enfants dans une tente à l'ouest de Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.192 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, mais qui ne précise pas le nombre de combattants tués.


L’Arabie saoudite condamne l’attaque contre un convoi humanitaire au Soudan

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  • Le ministère saoudien des Affaires étrangères « rejette catégoriquement » tout acte menaçant la sécurité des civils et des travailleurs humanitaires
  • La Ligue musulmane mondiale condamne également fermement l’attaque contre le convoi d’aide

​​​​​​RIYAD: L’Arabie saoudite a condamné jeudi une attaque survenue la veille contre un convoi d’aide du Programme alimentaire mondial dans la région du Darfour-Nord, au Soudan.

Trois camions ont pris feu lorsque le convoi, composé de 16 véhicules, a été ciblé mercredi alors qu’il tentait de livrer de l’aide dans une zone frappée par la famine au nord d’El-Fasher.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré que le Royaume rejetait catégoriquement « tout ce qui menace la sécurité et la sûreté des civils, ainsi que des travailleurs humanitaires et de secours ».

Il a ajouté : « Le Royaume appelle toutes les parties soudanaises à respecter les engagements pris dans la Déclaration de Djeddah du 11 mai 2023, notamment la protection des civils et la sécurisation des corridors humanitaires. »

La Ligue musulmane mondiale (LMM) a également fermement condamné l’attaque, la qualifiant de « violation grave des valeurs religieuses et du droit international, alors que le peuple soudanais subit les ravages de la guerre », selon l’agence de presse saoudienne SPA.

Dans un communiqué, la LMM a exhorté les parties en conflit à se conformer aux dispositions de la Déclaration de Djeddah, signée en mai 2023, et à accorder la priorité à « un dialogue sérieux et constructif » en vue d’une solution politique au conflit.

La Déclaration de Djeddah, parrainée par l’Arabie saoudite et les États-Unis, a été signée en mai 2023 par les deux principaux belligérants de la guerre civile : les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide.

Elle engageait les deux camps à garantir la libre circulation de l’aide humanitaire à travers le pays.

Le conflit, déclenché en avril 2023, est à l’origine de l’une des pires crises humanitaires mondiales. Le Darfour-Nord est le théâtre des combats les plus violents, mettant plus d’un million de personnes au bord de la famine. À l’échelle nationale, 25 millions de Soudanais souffrent de la faim aiguë.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com