Virus: l'obligation vaccinale progresse, la faim dans le monde s'aggrave

Alors que le très contagieux variant Delta provoque des flambées épidémiques dans certaines régions du monde, plusieurs pays où il est déjà dominant ou en passe de le devenir ont décidé de durcir leur dispositif sanitaire, notamment pour inciter les personnes encore réticentes à se faire vacciner. (Photo, AFP)
Alors que le très contagieux variant Delta provoque des flambées épidémiques dans certaines régions du monde, plusieurs pays où il est déjà dominant ou en passe de le devenir ont décidé de durcir leur dispositif sanitaire, notamment pour inciter les personnes encore réticentes à se faire vacciner. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 13 juillet 2021

Virus: l'obligation vaccinale progresse, la faim dans le monde s'aggrave

  • La pandémie qui a fait plus de quatre millions de morts, a contribué à une envolée du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde en 2020
  • Cette aggravation de la faim est la plus importante depuis au moins 15 ans et aura des effets à long terme sur la sécurité alimentaire mondiale, avertit la FAO

PARIS: L'obligation vaccinale contre la Covid-19 gagne du terrain, comme en France où elle a été décidée lundi pour les personnels soignants dans le but d'endiguer le variant Delta, dont la progression fulgurante fait craindre une reprise de l'épidémie dans de nombreux pays.

La pandémie qui a fait au moins 4,035 millions de morts, a contribué à une envolée du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde en 2020 et aura des effets à long terme sur la sécurité alimentaire mondiale, a averti lundi la FAO, l'agence de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation.

Cette aggravation de la faim (+18% sur un an), la plus importante depuis au moins 15 ans, compromet plus que jamais l'objectif des Nations unies d'éradiquer la faim dans le monde d'ici 2030, précise la FAO.

Alors que la vaccination reste très inégale dans le monde, le partenariat international Covax, qui vise à garantir l'accès aux vaccins des pays les plus pauvres, va recevoir immédiatement 110 millions de doses des sociétés chinoises Sinovac et Sinopharm après un accord conclu entre l'Alliance du vaccin (Gavi), l'un des membres fondateurs du système Covax, et les deux groupes pharmaceutiques chinois.

Alors que le très contagieux variant Delta provoque des flambées épidémiques dans certaines régions du monde, plusieurs pays où il est déjà dominant ou en passe de le devenir ont décidé de durcir leur dispositif sanitaire, notamment pour inciter les personnes encore réticentes à se faire vacciner.

Mauvaise nouvelle dans ce contexte, l'agence américaine du médicament a mis en garde lundi contre un "risque accru" de développer le syndrome de Guillain-Barré, une rare atteinte neurologique, associé avec le vaccin de Johnson & Johnson.

La FDA considère toutefois que "les bénéfices (du vaccin) l'emportent clairement sur les risques potentiels". À ce jour, les autorités sanitaires américaines ont identifié 100 cas rapportés de personnes ayant développé le syndrome de Guillain-Barré, sur près de 12,5 millions de doses administrées de ce vaccin. 

«Jour de la liberté»

En France, Emmanuel Macron a annoncé lundi la vaccination obligatoire pour les personnels soignants et non soignants des hôpitaux, cliniques et maisons de retraite, ainsi que pour les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées.

Les personnes concernées "auront jusqu'au 15 septembre pour se faire vacciner" et après cette date seront mis en œuvre "des contrôles et des sanctions", a-t-il ajouté dans une allocution à la télévision.

M. Macron a aussi annoncé la généralisation début août du pass sanitaire, dispositif qui permet de vérifier qu'une personne est vaccinée ou non contaminée. Ce dernier s'appliquera notamment dans les cafés, restaurants, centres commerciaux, cinémas mais aussi dans les avions, trains, des lieux où seuls les vaccinés et les personnes testées négatives pourront accéder.

Plusieurs pays ont instauré l'obligation vaccinale pour certaines catégories de population, comme la Grèce qui l'a annoncée lundi pour les soignants à partir du 1er septembre, ou l'Italie pour les médecins et personnels de santé sous peine de sanctions pour les récalcitrants.

Le Royaume-Uni l'avait annoncée le 16 juin pour les personnes travaillant dans les maisons de retraite anglaises, une mesure qui doit encore être approuvée par le Parlement.

Le gouvernement britannique a, par ailleurs, confirmé lundi la levée de presque toutes les restrictions liées au virus en Angleterre le 19 juillet, baptisé "jour de la liberté", tout en appelant à la prudence face à une nouvelle flambée des contaminations en dépit d'une population largement vaccinée.

À l'inverse, les touristiques régions espagnoles de Catalogne et de Valence ont décidé de mettre un frein à la vie nocturne afin de freiner la transmission de la Covid en hausse dans tout le pays.

Aux Pays-Bas, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a, quant à lui, admis lundi que son gouvernement avait commis une erreur en assouplissant certaines restrictions et a présenté ses excuses, alors que les Pays-Bas connaissent une flambée des cas de la Covid.

3e dose en Israël

Le gouvernement avait autorisé il y a deux semaines la réouverture des discothèques, mais face à la propagation rapide du variant Delta, notamment chez les jeunes, il a décidé de rétropédaler.

Israël a commencé lundi à administrer une troisième dose de vaccin à des patients dotés d'un faible système immunitaire sur fond de hausse des cas de la Covid.

Aux antipodes, la situation inquiète en Australie où l'épidémie continue à se propager à Sydney, en dépit d'un confinement qui en est à sa troisième semaine.

Au total, 112 nouveaux cas ont été recensés ces 24 dernières heures dans l'agglomération, un record depuis le début de cette vague épidémique.

Et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a, elle, annoncé une réunion extraordinaire des dirigeants du forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) vendredi, pour améliorer la réponse à la pandémie dans cette région.

En Afrique du Sud, la plupart des restrictions prises fin juin vont être prolongées jusqu'à fin juillet, mais les restaurants et salles de sport vont pouvoir rouvrir s'ils respectent certaines contraintes, a annoncé le président Cyril Ramaphosa.

Le pays africain le plus touché a enregistré une moyenne de 20 000 cas par jour ces deux dernières semaines.

Le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé lundi la "cupidité" de ceux qui pensent déjà à l'injection d'une troisième dose de vaccin anti-Covid, dont la nécessité est loin d'être prouvée scientifiquement, quand une bonne partie du monde attend son premier vaccin.

La pandémie a fait au moins 4,035 millions de morts dans le monde depuis l'apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi à partir de sources officielles lundi.

Ces pays déjà touchés ou menacés par la famine

Madagascar victime du réchauffement

La famine fait des ravages à Madagascar, contraignant des habitants à manger des criquets, des feuilles de cactus et même de la boue, a alerté fin juin le patron du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, estimant qu'il s'agit du premier pays au monde à expérimenter la faim due au réchauffement de la planète.

Les effets dévastateurs d'une sécheresse sévère qui a "anéanti les récoltes" ont été aggravés par des tempêtes de sable qui ont transformé de vastes étendues de terres arables en friches, avait alerté l'ONU en mai.

Yémen: en guerre depuis 2014

Le Yémen, en guerre depuis la prise de Sanaa par les Houthis en 2014, est confronté à la pire crise humanitaire au monde. Environ 50.000 personnes y sont déjà touchées par la famine, tandis que cinq millions de personnes sont au bord de la famine, selon le PAM. 

Ethiopie: conflit au Tigré

Dans la région éthiopienne dissidente du Tigré (nord), théâtre depuis novembre d'une intervention militaire lancée par les autorités fédérales, plus de 400 000 habitants ont "franchi le seuil de la famine" et 1,8 million de personnes supplémentaires "sont au bord de la famine" selon l'ONU.

Le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic, a accusé Addis Abeba d'utiliser la famine comme "arme de guerre" alors que "les humanitaires sont empêchés d'entrer dans le Tigré". 

Soudan du Sud

Une famine est en cours dans certaines parties de l'Etat de Jonglei, selon les agences onusiennes. Dans l'ensemble du pays, ruiné par la guerre civile, quelque 7,2 millions de personnes devraient connaître une crise alimentaire (malnutrition ou nutrition minimale), entre avril et juillet.

Pays menacés

Le PAM estime que 41 millions de personnes sont au bord de la famine dans 43 pays, dont l'Afghanistan, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, l'Éthiopie, Haïti, le Honduras, le Soudan du Sud, le Soudan, l'Ouganda, le Venezuela, le Yémen et le Zimbabwe.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.