Afghanistan: les talibans disent s'être emparés d'un poste-frontière clé avec le Pakistan

Des combattants talibans. Photo d'archives Noorullah Shirzada/AFP
Des combattants talibans. Photo d'archives Noorullah Shirzada/AFP
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Publié le Mercredi 14 juillet 2021

Afghanistan: les talibans disent s'être emparés d'un poste-frontière clé avec le Pakistan

  • « Ils ont hissé leur drapeau et retiré le drapeau afghan», a déclaré à l'AFP un responsable des forces pakistanaises de sécurité ayant requis l'anonymat
  • Le point de passage pris par les talibans relie l'Afghanistan à la province pakistanaise du Balouchistan (sud-ouest), réputée abriter une partie de la direction des talibans, dans la ville pakistanaise de Quetta, ou soigner les blessés talibans

KANDAHAR : Les talibans, qui mènent depuis deux mois une offensive tous azimuts contre les forces afghanes, se sont emparés d'un poste-frontière clé entre l'Afghanistan et le Pakistan, dans la province afghane méridionale de Kandahar, a affirmé mercredi un de leurs porte-parole.

Le ministère afghan de la Défense a indiqué à l'AFP être en train de vérifier cette information, mais un responsable des forces pakistanaises de sécurité ayant requis l'anonymat a confirmé à l'AFP que les talibans avaient pris le contrôle du poste-frontière entre les localités de Spin Boldak, en Afghanistan, et Chaman, au Pakistan. "Ils ont hissé leur drapeau et retiré le drapeau afghan", a-t-il déclaré.

Nos "combattants se sont emparés d'une importante localité frontalière, Vish, dans la province de Kandahar. Désormais, la route reliant Chaman, Spin Boldak et les douanes de Kandahar sont sous leur contrôle", a annoncé dans un communiqué Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans.

Les talibans "assurent tous les commerçants et les habitants que leur sécurité est garantie", a-t-il ajouté. "Nous sommes en état d'alerte élevée de notre côté" de la frontière et "sommes toujours en train d'évaluer la situation", a de son côté indiqué le responsable pakistanais.

 

La santé des Afghanes doublement menacée par le départ des troupes étrangères

DAND, AFGHANISTAN : Wati pense avoir 30 ans mais n’en paraît pas 25. Mariée à 18 ans à un vieillard, elle est venue à la clinique pour sa cinquième grossesse en quatre ans, dont deux fausses couches.

"J’ai peur de perdre encore mon bébé", explique avec tristesse la jeune Afghane maigrichonne. Dans cette petite maternité d’un village pauvre du district de Dand, près de Kandahar, dans le Sud de l'Afghanistan, les femmes luttent pour leur survie. Avec le retrait des forces américaines, qui génère déjà davantage de combats et commence à priver le pays des fonds internationaux, la situation ne peut qu'empirer.

Les femmes en burqa arrivent accompagnées d'un homme de la famille. Les messieurs, interdits d'entrée, patientent dans l'herbe.  "J’ai juste la permission de sortir pour aller chez le médecin", reprend Wati, serrant ses documents rassemblés dans un sac plastique. 

Khorma découvre qu'elle est encore enceinte, après cinq enfants. Ses deux fausses couches, c'est parce que "j'ai travaillé trop dur à la maison", croit-elle. "Certaines familles ne prêtent aucune attention aux grossesses: les femmes accouchent chez elles, saignent beaucoup et arrivent en état de choc", s'insurge Husna, une sage-femme.

Husna a choisi de travailler dans les campagnes quand elle a vu la détresse des femmes. "Si je ne viens pas, qui le fera ?" justifie-t-elle. "Ici les talibans n’attaquent pas les sages-femmes, donc j’ai moins peur".

«Impact meurtrier»

Pour beaucoup d'Afghanes, les cliniques sont trop éloignées, les routes dangereuses, les transports trop chers... Conséquence, en 2017 l’Unicef enregistrait 7.700 décès en couches - deux fois plus que le nombre de civils tués dans des attaques (3.448) selon l'ONU - et les chiffres sont encore pires dans le Sud, aux mains des talibans ou disputé au prix de violents combats.

C'est là que les femmes risquent de pâtir le plus de la baisse des aides après le retrait des troupes internationales d'ici le 31 août, date-butoir annoncée par le président américain Joe Biden. La diminution déjà sensible de l'aide a un "impact meurtrier" sur les Afghanes, prévient Human Rights Watch dans un rapport récent.

Mais avec le risque d'une guerre civile ou d'un retour des talibans au pouvoir, les donateurs refusent de s’engager sur le maintien d'un soutien "plus nécessaire que jamais". Pour surveiller la santé des villageoises,  Najia, sage-femme, va de maison en maison. "Certaines familles empêchent les femmes de se rendre à la clinique. Parfois, les hommes ne me laissent même pas entrer", rapporte-t-elle.

A Qasem Pul, Kela la reçoit dans sa cour, coiffée d'un voile blanc sale. Son petit garçon a posé la tête sur ses genoux, l’air souffrant. La patiente a compris il y a peu qu’elle était enceinte de cinq mois. C'est son sixième enfant.  "Après, je veux une contraception. Je suis trop pauvre pour m'occuper de tous mes enfants. Mon mari est d’accord", affirme-t-elle, "nous n'avons même pas assez d’argent pour du savon".

«Mon bébé est mort»

Selon une étude du KIT Institute, en 2018 - 17 ans après l'arrivée des forces de l'Otan dans le pays - 41% des Afghanes accouchaient chez elles et 60 % n’avaient aucun suivi post-natal. Pour les zones dangereuses et reculées, ces chiffres sont encore plus alarmants.

Dans la province du Helmand (Sud), bastion taliban, moins d'un cinquième des femmes enceintes avaient accès à au moins une visite pré-natale, selon l'institut. Dans une clinique mobile de l'ONG Action Contre la Faim, installée dans une maison d'argile de Lashkar Gah, la capitale provinciale, Qandi Gul reçoit des femmes déplacées par les combats.

"La plupart sont malades. Les familles ne prennent pas soin d'elles", déplore la sage-femme. Les patientes attendent assises par terre avec leurs enfants malades: fausse couche sur le front, voisine morte en couches... leurs histoires sont sordides. "Mon bébé est mort car je n’avais pas accès à une clinique ou à une sage-femme. Beaucoup d’enfants mouraient" raconte Farzana, 20 ans, qui a fui les zones talibanes. 

Mariée à 10 ans, Shazia, 18 ans et trois enfants en zone talibane, devait marcher trois heures pour atteindre la clinique. "C'était très dangereux. Trois femmes sont mortes en route".  A l'hôpital d'ACF pour nourrissons dénutris, des mères désespérées ont risqué leur vie pour arriver.

Sur leurs lits, elles restent silencieuses avec leurs bébés décharnés. Rozia, arrivée des zones talibanes, regarde son fils Bilal, sept mois : né prématuré, il souffre d’un bec de lièvre, d’une pneumonie et de malnutrition aiguë. "J’avais très peur des combats" dit Rozia qui a traversé la ligne de front quand la santé de son fils a empiré. Nul ne sait s'il survivra. Elle a déjà perdu un enfant, né prématuré: l'hôpital l'a renvoyée après la naissance, faute de ressources pour la garder. Le bébé a survécu trois jours. 

 

Le Pakistan a longtemps été accusé de soutenir les talibans et de leur donner refuge. Le point de passage pris par les talibans relie l'Afghanistan à la province pakistanaise du Balouchistan (sud-ouest), réputée abriter une partie de la direction des talibans, dans la ville pakistanaise de Quetta, ou recevoir les blessés talibans qui s'y font soigner.

Depuis qu'ils ont lancé début mai une offensive tous azimuts contre les forces afghanes, à la faveur du commencement de retrait du pays des forces étrangères, les talibans se sont emparés de vastes portions rurales du pays et de postes-frontière clés avec l'Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et désormais le Pakistan. Privées du crucial soutien aérien américain, les forces afghanes n'ont jusqu'ici opposé qu'une faible résistance et ne contrôlent plus essentiellement que les axes majeurs et les grandes villes, dont plusieurs sont encerclées.

Début de retour à l'obscurantisme taliban dans les zones récemment conquises

KUNDUZ, AFGHANISTAN : Quelques jours après s'être emparés d'un district isolé de la province de Takhar dans le Nord de l'Afghanistan, les talibans ont annoncé dans une lettre à l'imam local les nouvelles règles en vigueur: barbe obligatoire pour les hommes, femmes sous tutelle.

Leur lettre "disait que les femmes ne pouvaient aller au marché sans un accompagnateur masculin et que les hommes ne devaient pas raser leur barbe", explique à l'AFP Sefatullah, 25 ans, un habitant du district de Kalafgan, tombé récemment aux mains des insurgés.

Fumer est désormais interdit, poursuit-il, et les talibans ont averti qu'ils "s'occuperaient sérieusement" de quiconque violerait ces règles.

Depuis que les forces étrangères ont entamé début mai leur départ définitif du pays, prévu pour s'achever d'ici fin août, les talibans ont pris le contrôle de vastes territoires ruraux dans le pays et de postes-frontières clés avec l'Iran, le Turkménistan et le Tadjikistan.

Ils ont notamment pris pied dans certaines zones du Nord - comme la province de Takhar - qu'ils n'avaient jamais contrôlées du temps où ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001 et qui n'avaient donc jamais connu l'interprétation ultra-rigoriste de la charia alors instaurée par les "étudiants en religion".

Le premier poste-frontière important saisi par les insurgés, en juin, a été celui de Shir Khan Bandar, frontalier du Tadjikistan, un axe névralgique pour les relations économiques avec l'Asie centrale. "Après que Shir Khan Bandar est tombé, les talibans ont ordonné aux femmes de ne pas sortir de leur maison", raconte Sajeda, 24 ans, qui travaillait alors dans une usine de la ville. "Beaucoup de femmes et jeunes filles travaillaient dans la broderie, la couture ou fabriquaient des chaussures (...) L'ordre des talibans nous a terrifiées", dit-elle à l'AFP par téléphone.

Vice et vertu

Lorsqu'ils étaient au pouvoir, avant d'être renversés fin 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis, les talibans ont imposé leur version particulièrement stricte de la loi islamique. Jeux, musique, photographies, télévision étaient interdits. Les voleurs avaient les mains coupées, les meurtriers étaient exécutés en public et les homosexuels tués.

Les femmes avaient interdiction de sortir sans un chaperon masculin et de travailler, les filles d'aller à l'école. Les femmes accusées de crimes comme l'adultère étaient fouettées et lapidées à mort. Les hommes devaient garder une barbe longue, assister aux prières sous peine d'être battus et étaient contraints de porter le vêtement traditionnel.

Cette semaine, un communiqué attribué aux talibans a circulé sur les réseaux sociaux, ordonnant aux villageois de marier leurs filles ou veuves aux combattants du mouvement. Ce texte a fait resurgir le souvenir des édits du ministère pour la Promotion de la vertu et la Répression du vice qui faisait régner la terreur durant leur régime.

Les talibans, qui veillent à afficher une image plus modérée, à mesure qu'ils étendent leur mainmise et se rapprochent d'une possible nouvelle conquête du pouvoir, ont nié avoir publié ce communiqué, le qualifiant de propagande.

«Valeurs islamiques»

"C'est une accusation sans fondement", a déclaré Zabihullah Mujahid, un porte-parole du groupe. "Ce sont des rumeurs propagées à l'aide de faux documents." Mais des habitants des zones récemment conquises par les talibans confirment qu'ils semblent revenir à leurs vieilles méthodes.

A Yawan, un district de la province du Badakhshan - autre province où il n'avaient jamais pris pied - les insurgés ont rassemblé la population locale dans une mosquée à leur arrivée et immédiatement imposé certaines règles strictes. "Tout le monde doit porter un turban et aucun homme ne peut se raser", rapporte à l'AFP Nazir Mohammad, 32 ans. "Les filles scolarisées au-delà de la sixième année (celles âgées de 11-12 ans, ndlr) ont été interdites de retourner en classe".

Les talibans ont maintes fois promis que s'ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les "valeurs islamiques". Mais il existe dans le monde musulman de multiples manières d'interpréter celles-ci. Et certaines zones du pays restent très traditionalistes, même sans l'emprise talibane.

Sajeda, elle, a préféré ne pas attendre d'en savoir plus sur les intentions réelles des talibans. Quelques jours après leur arrivée, elle s'est enfuie vers Kunduz, la grande ville du Nord-Est afghan. "Nous n'aurions jamais pu jamais travailler dans un endroit sous le contrôle des talibans", conclut-elle. "Donc, nous sommes parties."    


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.