Iran: la Covid-19 hors de contrôle dans des prisons surpeuplées, selon une ONG

Dans la prison d'Evin à Téhéran, 12 des 17 prisonniers incarcérés dans le quartier 8, celui des prisonniers politiques, ont été détectés comme positifs au coronavirus le 9 août. (AFP)
Dans la prison d'Evin à Téhéran, 12 des 17 prisonniers incarcérés dans le quartier 8, celui des prisonniers politiques, ont été détectés comme positifs au coronavirus le 9 août. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 02 septembre 2020

Iran: la Covid-19 hors de contrôle dans des prisons surpeuplées, selon une ONG

  • La désinfection des prisons a été stoppée, les produits hygiéniques de base comme le savon manquent
  • Les nouveaux arrivants croisent les prisonniers déjà en détention dans les douches, pendant l'exercice ou le transport de détenus

PARIS: Pénurie de savon, désinfections à l'arrêt, les autorités iraniennes ne font pas le nécessaire pour limiter la propagation de la Covid-19 dans les prisons surpeuplées du pays, y compris celles où sont détenues des personnalités connues, a dénoncé mercredi une organisation de défense des droits de l'Homme.

La désinfection des prisons a été stoppée, les produits hygiéniques de base comme le savon manquent et les prisonniers libérés pour décongestionner les établissements au début de l'épidémie de coronavirus sont pour beaucoup de retour derrière les barreaux, a indiqué le Centre Abdorrahman Boroumand pour les droits de l'homme en Iran (ABC), dans un rapport publié mercredi.

Une gestion du virus douteuse

Depuis le début de l'épidémie et malgré le fait qu'il est le pays le plus touché de la région, les responsables des prisons assurent être exemplaires dans la gestion du virus dans les prisons, affirmant avoir donné des directives claires pour limiter la contagion.

Le rapport d'ABC, ONG dont le siège se trouve à Washington et qui a compilé des interviews d'anciens prisonniers et diverses sources en Iran, affirme au contraire que la plupart des consignes initiales ont été abandonnées.

« La situation des prisons iraniennes sur le plan de l'hygiène ne s'est pas améliorée, elle s'est plutôt fortement détériorée », indique ABC, en soulignant que « les procédures de désinfection ont été stoppées dans plusieurs prisons, apparemment par manque de budget ».

Quarantaine inutile

Certains établissements ont réduit la distribution gratuite d'aliments, de produits d'hygiène de base et d'équipements de protection. 

En outre, les nouveaux arrivants croisent les prisonniers déjà en détention dans les douches, pendant l'exercice ou le transport de détenus.

L’« effort initial » de l'Iran qui avait remis en liberté des dizaines de milliers de prisonniers au début de l'épidémie pour réduire le surpeuplement carcéral, « semble avoir été abandonné à la fin du printemps lorsque les prisonniers ont été rappelés de leur autorisation de sortie ».

Toutefois, selon les autorités judiciaires, plus de 60.000 détenus bénéficiaient encore de permis de sortie début août.

Pour Roya Boroumand, directrice et co-fondatrice du Centre, il est impossible de quantifier la diffusion du coronavirus mais les éléments recueillis par ABC sont inquiétants. 

« Pourquoi les chiffres ne sont-ils pas communiqués ? Nous suspectons qu'ils sont vraiment très mauvais », a-t-elle confié à l'AFP.

Malgré le contexte épidémique, Téhéran « continue d'arrêter des gens »: prisonniers politiques, toxicomanes ou adeptes du bahaïsme (branche dissidente du chiisme), a critiqué Mme Boroumand. « C'est un vrai problème ».

Dans la prison de Zanjan, dans le nord de l'Iran, où est emprisonnée la journaliste et militante des droits de l'homme Narges Mohammadi, les autorités n'ont pas réussi à empêcher la contamination de l'ensemble du quartier des femmes à la suite d'un premier cas.

« Débordement des égouts »

Mme Mohammadi, ancienne associée de l'avocate et Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, à la santé précaire, a apparemment contracté le virus en détention. En juillet, des experts de l'ONU avaient appelé à sa libération en urgence alors qu'elle présentait des symptômes de la Covid-19.

Incarcérée depuis 2015, l'ancienne porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l'Homme en Iran purge une peine de 10 ans de prison pour avoir « créé et dirigé un groupe illégal ».

A la prison de Qarchak, où l'Australienne Kylie Moore Gilbert a été transférée en début d'année, il y a un « débordement des égouts », de l'eau salée en guise d'eau potable, et des repas réduits à un quart du niveau d'avant l'épidémie. Depuis le début de l'épidémie, il y a eu une seule distribution de produits désinfectants.

Kylie Moore, universitaire australo-britannique et experte en études islamiques, purge une peine de 10 ans de prison sous l'accusation d'espionnage.

Dans la prison d'Evin à Téhéran, 12 des 17 prisonniers incarcérés dans le quartier 8, celui des prisonniers politiques, ont été détectés comme positifs au coronavirus le 9 août. Une source a décrit à ABC la situation dans la prison de Tabriz, au nord de Téhéran, comme « catastrophique ».

« Si elle n'est pas contrôlée, l'épidémie de Covid-19 continuera de contaminer davantage de prisonniers et d'agents pénitentiaires, avec des conséquences tragiques », selon l'organisation.


Liban: le Conseil de sécurité de l'ONU se prononce sur l'avenir des Casques bleus

Les 15 membres permanents et non permanents du Conseil avaient commencé la semaine dernière des discussions autour d'un projet de résolution présenté par Paris et qui vise à renouveler ce mandat des quelque 10.800 Casques bleus - fournis entre autres par l'Indonésie, l'Inde, l'Italie, le Ghana ou encore le Népal - qui font tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978. (AFP)
Les 15 membres permanents et non permanents du Conseil avaient commencé la semaine dernière des discussions autour d'un projet de résolution présenté par Paris et qui vise à renouveler ce mandat des quelque 10.800 Casques bleus - fournis entre autres par l'Indonésie, l'Inde, l'Italie, le Ghana ou encore le Népal - qui font tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978. (AFP)
Short Url
  • Le texte de la résolution, consulté par l'AFP, propose de prolonger la présence de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait de la Finul
  • Ce vote lundi survient au moment où Beyrouth s'est engagé à désarmer et à démanteler le groupe chiite pro-iranien Hezbollah d'ici la fin de l'année, sous pression de Washington

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité doit voter lundi une éventuelle prorogation du mandat de la force de maintien de la paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), une prolongation d'un an voulue par la France et Beyrouth mais à laquelle les Etats-Unis et Israël sont hostiles.

Les 15 membres permanents et non permanents du Conseil avaient commencé la semaine dernière des discussions autour d'un projet de résolution présenté par Paris et qui vise à renouveler ce mandat des quelque 10.800 Casques bleus - fournis entre autres par l'Indonésie, l'Inde, l'Italie, le Ghana ou encore le Népal - qui font tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Le texte de la résolution, consulté par l'AFP, propose de prolonger la présence de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait de la Finul, avec l'objectif que seul le gouvernement libanais assure la sécurité dans le sud" du pays.

Ce vote lundi survient au moment où Beyrouth s'est engagé à désarmer et à démanteler le groupe chiite pro-iranien Hezbollah d'ici la fin de l'année, sous pression de Washington et dans le cadre de l'application du cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre avec Israël en 2024.

Mardi dernier, le président libanais Joseph Aoun a plaidé pour le maintien des Casques bleus car, a-t-il fait valoir, "toute limitation du mandat de la Finul (...) aurait un impact négatif sur la situation, alors qu'Israël continue d'occuper certaines portions du territoire libanais".

De fait l'accord de cessez-le-feu prévoit également un retrait israélien de la zone, mais Israël, dont l'armée s'est plusieurs fois accrochée avec la Finul, maintient des troupes dans des positions frontalières jugées stratégiques et mène régulièrement des frappes chez son voisin du nord.

Le pays, qui mène plusieurs guerres dans la région, menace même de ré-attaquer le Liban si le Hezbollah, dorénavant très affaibli, n'est pas complètement désarmé.

Le projet de résolution "appelle le gouvernement israélien à retirer ses dernières forces au nord de la Ligne bleue (démarcation des Nations unies établie en 2000, ndlr), y compris de cinq positions tenues en territoire libanais".

Du côté des Etats-Unis, tout aussi hostiles à la Finul que leur allié israélien, on ne sait pas s'ils feront usage de leur droit de veto. Un porte-parole du département d'Etat a refusé de commenter les délibérations du Conseil de sécurité.

Mais le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, a jugé "crucial" le soutien qu'a apporté la Finul à l'armée du Liban, avec l'aide au déploiement de 8.300 militaires libanais, une assistance logistique, de l'argent, du carburant et de la formation.

"Nous avons toujours eu le sentiment que la présence de la Finul apportait de la stabilité le long de la Ligne bleue", a déclaré le diplomate.

 


La Défense civile fait état de 42 morts dans la bande de Gaza

La Défense civile fait état de 42 morts dans la bande de Gaza
Short Url
  • Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, a déclaré à l'AFP que "le bilan total s'élève désormais à 42 morts depuis l'aube"
  • Il a fait état notamment de plusieurs frappes aériennes sur la ville de Gaza ainsi que dans plusieurs zones du territoire, au centre, au nord et au sud

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 42 personnes tuées dimanche par des frappes et tirs israéliens dans le territoire palestinien, au moment où l'armée israélienne se prépare à prendre d'assaut la ville de Gaza.

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, a déclaré à l'AFP que "le bilan total s'élève désormais à 42 morts depuis l'aube".

Il a fait état notamment de plusieurs frappes aériennes sur la ville de Gaza ainsi que dans plusieurs zones du territoire, au centre, au nord et au sud.

La frappe la plus meurtrière, selon la Défense civile, a eu lieu à Al-Sabra, un quartier de Gaza-ville, et a fait huit morts.

"La situation est extrêmement dangereuse, dans tous les sens du terme. Chaque jour, chaque minute, il y a des bombardements, des martyrs, la mort et le sang, nous ne pouvons plus le supporter", a dit à l'AFP Ibrahim Al-Shurafa, un habitant d'Al-Sabra.

"Les frappes se poursuivent dans le quartier d'Al-Sabra, et l'artillerie continue de viser des quartiers résidentiels et des maisons de civils à cet instant même. Nous ne savons pas où aller, la mort nous poursuit partout", a-t-il ajouté.

Compte tenu des restrictions imposées par Israël aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la Défense civile ou de l’armée.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, entraînant la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.686 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

 


Frappes israéliennes meurtrières au Yémen contre des cibles houthies

L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens. (AFP)
L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens. (AFP)
Short Url
  • Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas, les Houthis lancent régulièrement des attaques aux missiles et drones en direction du territoire israélien
  • Après les frappes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que "le régime terroriste houthi paiera un prix très élevé pour son agression contre l'Etat d'Israël", alors que les Houthis ont averti qu'ils "riposteront"

SANAA: L'armée de l'air israélienne a bombardé dimanche des sites des rebelles houthis à Sanaa, faisant six morts et 86 blessés, une semaine après des raids similaires sur la capitale yéménite, ont indiqué les insurgés pro-iraniens.

Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à la guerre entre Israël et le Hamas, les Houthis lancent régulièrement des attaques aux missiles et drones en direction du territoire israélien, mais la plupart sont interceptés.

Après les frappes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que "le régime terroriste houthi paiera un prix très élevé pour son agression contre l'Etat d'Israël", alors que les Houthis ont averti qu'ils "riposteront" à l'attaque israélienne.

"Agression israélienne sur la capitale Sanaa", la capitale aux mains des Houthis, a écrit la chaîne des rebelles, Al-Massirah, sur X. "Plusieurs frappes ont visé une station de la compagnie pétrolière rue al-Sittine" et une "centrale électrique" dans le sud de Sanaa, déjà bombardée par Israël il y a une semaine.

L'agence de presse des insurgés, Saba, a fait état d'un bilan de six morts et 86 blessés, dont 21 dans un état grave, citant le ministère de la Santé.

En Israël, l'armée a indiqué dans un communiqué avoir frappé "un site militaire situé dans le palais présidentiel, les centrales électriques d'Assar et de Hezyaz, ainsi qu'un site de stockage de carburant, tous utilisés pour les activités militaires".

"La puissance d'Israël" 

Le ministère israélien de la Défense a diffusé une photo montrant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Israël Katz et le chef d'état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, suivant l'opération militaire au Yémen depuis un bunker de commandement.

"Celui qui nous attaque — nous l'attaquons. Celui qui prévoit de nous attaquer — nous l'attaquons. Je pense que toute la région apprend à connaître la puissance et la détermination de l'Etat d'Israël", a prévenu M. Netanyahu dans un communiqué de son bureau.

"Nous ne dévierons pas de la lutte contre le projet américano-sioniste et poursuivront l'escalade jusqu'à l'arrêt de l'agression et la levée du blocus (israélien) contre Gaza", a averti de son côté le bureau politique des Houthis dans un communiqué.

Vendredi soir, les Houthis ont tiré un missile en direction d'Israël, situé à quelque 1.800 km. Les autorités israéliennes ont indiqué qu'il s'était "très probablement désintégré en plein vol".

Le Times of Israel et le site d'information israélien Ynet, citant un rapport de l'armée, ont affirmé dimanche que le missile tiré vendredi était pour la première fois équipé d'une ogive à fragmentation.

Outre les tirs contre Israël, les Houthis ont repris en juillet, après une pause de plusieurs mois, leurs attaques au large du Yémen, lancées après le début de la guerre à Gaza, contre les navires qu'ils accusent de liens avec Israël.

En mai, ils avaient conclu une trêve avec les Etats-Unis ayant mis fin à des mois de bombardements américains au Yémen.

L'Iran condamne 

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, en guerre depuis 2014, font partie d'une alliance contre Israël mise en place par l'Iran, qui comprend d'autres groupes comme le Hezbollah au Liban et le Hamas palestinien.

En Iran, ennemi juré d'Israël, le ministère des Affaires étrangères a condamné "avec force" les frappes israéliennes au Yémen.

Israël a mené plusieurs frappes de représailles au Yémen, ciblant des régions sous contrôle des Houthis, notamment des ports de l'ouest du pays et l'aéroport de Sanaa.

Au Yémen, la guerre a fait des centaines de milliers de morts et plongé le pays le plus pauvre de la péninsule arabique dans l'une des pires crises humanitaires au monde.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien, frappé par la famine selon l'ONU.