Pour les Cubains, la frustration d'un internet mobile encore instable

Les mobilisations, dont certaines se sont poursuivies lundi, ont fait un mort et plus de 100 détenus. (Photo, AFP)
Les mobilisations, dont certaines se sont poursuivies lundi, ont fait un mort et plus de 100 détenus. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 juillet 2021

Pour les Cubains, la frustration d'un internet mobile encore instable

  • Le service d'internet mobile, coupé dimanche à la mi-journée, a commencé à être rétabli, mais de façon instable, mercredi matin à La Havane
  • Washington a réitéré mercredi ses appels à la libération immédiate des manifestants détenus et demandé la fin des restrictions sur internet

LA HAVANE : Après trois jours sans internet mobile, dont les autorités ont privé les Cubains après les manifestations historiques de dimanche, Alejandro Cordovi, 29 ans, tente de se connecter à nouveau malgré un service encore instable.

Assis dans le quartier historique de La Havane, il regarde sans arrêt son écran pour voir s'il accède enfin au réseau.

Il soupire: ne pas avoir internet sur le téléphone, "c'est dur pour les gens". Car se connecter, ce n'est pas seulement "quelque chose de politique (...), beaucoup de gens l'utilisent pour parler avec leurs proches" à l'étranger, dit ce travailleur indépendant en secouant la tête, dépité.

C'est aussi un outil essentiel pour nombre d'entrepreneurs privés sur l'île, qui l'utilisent pour communiquer avec leurs clients et fournisseurs.

Le service d'internet mobile, coupé dimanche à la mi-journée, a commencé à être rétabli, mais de façon instable, mercredi matin à La Havane. Il reste toutefois impossible de se connecter à Whatsapp, Facebook et Twitter.

Malgré la forte présence policière et militaire, les rues de la vieille Havane ont commencé à se remplir à nouveau, les Cubains reprenant leur vie quotidienne mais essayant aussi, téléphone en main, de retrouver un accès en ligne.

"(Ce matin) j'ai réussi à me connecter à toutes les pages" internet, raconte Lenna Estevez, femme au foyer de 26 ans, en marchant vite avec ses écouteurs sur les oreilles.

«J'ai perdu la connexion»

"J'ai vu les vidéos de ce qui s'est passé (les manifestations), tout!", s'enthousiasme-t-elle. Mais elle n'a pas réussi à appeler sa mère ensuite. "J'ai perdu la connexion", dit-elle, racontant que dimanche, elle n'avait pu avoir de ses nouvelles qu'après minuit.

Cette coupure a eu lieu après que des milliers de Cubains ont manifesté spontanément dans une quarantaine de villes et villages, aux cris de "A bas la dictature", "Nous avons faim" et "Liberté".

Les mobilisations, dont certaines se sont poursuivies lundi, ont fait un mort et plus de 100 détenus.

Les réseaux sociaux ont créé un "terrorisme médiatique", a dénoncé mercredi le président Miguel Diaz-Canel, alors que ces manifestations ont été diffusées en direct via Facebook.

"Ils sont totalement agressifs, ils appellent au meurtre, au lynchage, à commettre des attentats contre des personnes, en particulier celles qui sont identifiées comme révolutionnaires", a-t-il ajouté, réfutant toute répression.

"C'est vrai qu'on manque d'internet mobile, mais on manque aussi de médicaments", avait répondu mardi le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez à une question sur cette interruption du service. Et "Cuba ne va pas renoncer au droit à se défendre", avait-il ajouté.

Le ministre a accusé les Etats-Unis d'avoir mené une campagne sur Twitter, via le hashtag #SOSCuba, pour inciter aux troubles sociaux sur l'île.

«Un seul réseau»

Washington a réitéré mercredi ses appels à la libération immédiate des manifestants détenus et demandé la fin des restrictions sur internet. 

"Les tentatives de bâillonner, y compris par des moyens technologiques, la voix du peuple cubain ne pourra jamais faire taire ou étouffer ses aspirations légitimes à la liberté, aux droits humains", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.

Mercredi, nombreux étaient les Cubains tentant de se connecter à l'un des points wifi payants qui étaient, avant l'arrivée de la 3G fin 2018, leur unique moyen d'accéder à internet depuis leur téléphone.

Mais l'internet mobile est devenu désormais une nécessité pour la population: fin 2020, sur 11,2 millions d'habitants, 4,4 millions surfaient depuis leur mobile.

Pour Alejandro, cette coupure n'est ni un hasard, ni une panne, ni un problème de capacité de l'entreprise d'Etat Etecsa, qui a le monopole sur les télécommunications.

"Ici, il n'y a qu'un seul réseau", rappelle-t-il. Donc "s'il n'y a pas d'internet, ça veut dire que c'est eux qui l'ont coupé, ça ne vient pas d'ailleurs".

Ana Mirat, 56 ans, est allée avec une amie demander à Etecsa ce qui s'était passé. L'employée lui a simplement répondu "qu'elle ne pouvait pas donner d'autre explication, qu'internet avait été suspendu, c'est tout".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.