Cuba nie toute « explosion sociale » après les manifestations

Les manifestations ont cessé à Cuba... mais continuent à New York et Miami, où une importante population d'origine cubaine apporte son soutien aux citoyens contestataires de l'île communiste. (Photo, AFP)
Les manifestations ont cessé à Cuba... mais continuent à New York et Miami, où une importante population d'origine cubaine apporte son soutien aux citoyens contestataires de l'île communiste. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 14 juillet 2021

Cuba nie toute « explosion sociale » après les manifestations

  • Un calme apparent régnait mardi dans La Havane, toujours sous forte présence policière et militaire, mais l'internet mobile, moteur des mobilisations, était toujours coupé
  • Raul Castro, 90 ans, a dû sortir de sa retraite pour participer à une réunion urgente du Bureau politique du Comité central du PCC

LA HAVANE : Les autorités cubaines ont nié mardi toute "explosion sociale" à Cuba, après des manifestations sans précédent contre le gouvernement, qui se sont soldées par un décès et une centaine d'arrestations.

"Le 11 juillet, il n'y a pas eu une explosion sociale à Cuba, il n'y en a pas eu en raison de la volonté de notre peuple et du soutien de notre peuple à la Révolution et à son gouvernement", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez en conférence de presse.

Il s'agissait de "désordres à une échelle très limitée", a-t-il ajouté, assurant que "le pays est en conditions totalement normales".

Comme le président Miguel Diaz-Canel avant lui, M. Rodriguez a accusé Washington d'être à l'origine, via sa politique de sanctions et une campagne sur internet, des manifestations inédites qui ont éclaté dimanche sur l'île socialiste dans une quarantaine de villes et villages aux cris de "Nous avons faim", "Liberté" et "A bas la dictature".

Mardi, quelque 130 personnes étaient emprisonnées ou signalées comme disparues, selon une liste nominative publiée sur Twitter par le mouvement contestataire San Isidro.

Parmi les personnes détenues, se trouvent José Daniel Ferrer, Manuel Cuesta Morua et Berta Soler, trois des principaux dissidents du pays, ainsi que Camila Acosta, une Cubaine de 28 ans, selon le journal madrilène ABC, avec lequel elle collaborait depuis six mois.

"Arrêter une journaliste d'un média espagnol, ABC, me semble inapproprié", a réagi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez qui a appelé La Havane à respecter le droit des Cubains à "manifester librement".

Alors qu'aucun chiffre officiel n'a été publié concernant les arrestations, des familles ont tenté mardi d'obtenir dans les commissariats de la capitale des informations sur leurs proches arrêtés, a constaté l'AFP.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé qu'un manifestant était mort lundi dans le quartier populaire Güinera, dans la périphérie de La Havane, alors qu'il participait aux "troubles". Plusieurs personnes ont été blessées.

Plus tôt, la secrétaire d'Etat adjointe des Etats-Unis pour les Amériques, Julie Chung, avait dénoncé "la violence et les arrestations de manifestants cubains, ainsi que la disparition d'activistes indépendants", et demandé "leur libération immédiate".

Mardi, une youtubeuse, Dina Stars, a été arrêtée chez elle par la police alors qu'elle parlait en direct dans une émission de télévision espagnole.

Un calme apparent régnait mardi dans la capitale, toujours sous forte présence policière, militaire et d'agents civils. Mais l'internet mobile, moteur des mobilisations, était toujours coupé.

L'observatoire spécialisé Netblocks a signalé des perturbations à Cuba sur les principaux réseaux sociaux et plateformes de communications, comme Whatsapp et Facebook.

"C'est vrai qu'on manque d'internet mobile, mais on manque aussi de médicaments", a simplement répondu Bruno Rodriguez à une question sur ce sujet. Et "je dois dire que Cuba ne va pas renoncer au droit à se défendre".

Washington a appelé au rapide rétablissement de "tous les moyens de communication, en ligne et hors ligne". "Fermer les voies d'information (...) ne répond en rien aux besoins et aux aspirations légitimes du peuple cubain", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.

Les Etats-Unis ont indiqué cependant qu'ils ne laisseraient pas entrer les Cubains qui tenteront de fuir par la mer leur pays en crise.

"Je ne crois pas que l'on soit au bord d'une crise bilatérale, à moins que le gouvernement américain ne le veuille", a déclaré Bruno Rodriguez.

Sur l'île, les évêques catholiques ont appelé le gouvernement et les protestataires à "s'entendre" pour éviter les violences, alors que des manifestations ont viré aux échauffourées avec les forces de l'ordre.

S'ils ont souligné les efforts du gouvernement pour faire face à la crise économique, "le peuple a le droit d'exprimer ses besoins, ses désirs et ses espoirs", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Les manifestations, inédites depuis la révolution de 1959, ont irrité le gouvernement communiste. "Nous éviterons la violence révolutionnaire, mais nous réprimerons la violence contre-révolutionnaire", a mis en garde lundi le président Diaz-Canel.

Plusieurs manifestations de partisans du régime ont d'ailleurs eu lieu dimanche puis lundi, avec des affrontements parfois violents entre les deux camps.

Signe de la gravité de la situation, Raul Castro, 90 ans, qui avait laissé les rênes du Parti communiste (PCC, unique) en avril à Miguel Diaz-Canel, a dû sortir de sa retraite.

Il a participé dimanche à une réunion du Bureau politique du Comité central du PCC dans laquelle "ont été analysées les provocations orchestrées par des éléments contre-révolutionnaires, organisés et financés depuis les Etats-Unis avec des objectifs de déstabilisation", a indiqué mardi le journal Granma.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.