Selon le gouvernement yéménite, la milice houthie ne prend pas au sérieux les tentatives de paix

Des combattants yéménites se retirent après des affrontements avec les Houthis sur le front de Kassara, à proximité de Marib, au Yémen, le 20 juin 2021. (AP)
Des combattants yéménites se retirent après des affrontements avec les Houthis sur le front de Kassara, à proximité de Marib, au Yémen, le 20 juin 2021. (AP)
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Publié le Jeudi 15 juillet 2021

Selon le gouvernement yéménite, la milice houthie ne prend pas au sérieux les tentatives de paix

  • Le gouvernement a une nouvelle fois exhorté la communauté internationale à accroître la pression exercée sur les miliciens
  • Les initiatives de paix qui visent à mettre fin à la guerre se trouvent dans une impasse car les Houthis refusent de cesser les hostilités

ALEXANDRIE: Mardi dernier, le gouvernement yéménite a accusé la milice houthie, soutenue par l'Iran, de saper les initiatives de paix destinées à mettre un terme à la guerre. Le gouvernement a une nouvelle fois exhorté la communauté internationale à accroître la pression exercée sur les miliciens afin de les contraindre à renoncer à leurs activités militaires meurtrières au Yémen.

Cette accusation lancée par le gouvernement à l'encontre des Houthis intervient alors que les combats qui opposent l'armée yéménite et la milice font rage sur les principaux fronts de bataille dans les régions de Marib et d'Al-Bayda.

À Riyad, le chef du Conseil de la Choura du Yémen, Ahmed Obeid ben Dagher, a fait savoir à Marion Lalisse, chef adjointe de la délégation de l'Union européenne au Yémen, que la paix n'a jamais été prise au sérieux par les Houthis. Par ailleurs, M. Dagher a précisé que le gouvernement yéménite avait accepté l'initiative de paix menée par l'Arabie saoudite et qu'il était disposé à se conformer aux mesures destinées à mettre fin à la guerre.

«Pour parvenir à une paix juste et globale, le chemin le plus court consiste à contraindre les Houthis à se conformer à une solution qui serve l'intérêt du peuple et respecte sa volonté», a-t-il déclaré, rapporte l'agence de presse officielle du Yémen, Saba.

Les initiatives de paix qui visent à mettre fin à la guerre se trouvent dans une impasse car les Houthis refusent de cesser les hostilités, ce qui a contraint des milliers de personnes à se déplacer et a exacerbé la crise humanitaire.

C’est dans ce contexte que Martin Griffiths, envoyé spécial des Nations unies au Yémen, et Tim Lenderking, son homologue des États-Unis, ainsi que les médiateurs du sultanat d'Oman font la navette entre Sanaa, Mascate, Riyad et Téhéran. Ils n’ont cependant pas réussi à convaincre les Houthis de se rallier à un plan de paix. Le programme élaboré sous l'égide des Nations unies exigeait que les factions belligérantes concluent un cessez-le-feu immédiat, rouvrent l'aéroport de Sanaa, assouplissent les restrictions sur les ports d'Al-Hodeïda avant d'entamer des pourparlers directs.

De leur côté, les Houthis refusent d'arrêter leurs attaques meurtrières sur la ville de Marib tant que la coalition arabe n'aura pas interrompu ses frappes aériennes contre leurs forces et levé le «blocus» imposé à l'aéroport de Sanaa et au port maritime d’Al-Hodeïda.

Au mois de mars, l'Arabie saoudite avait proposé une initiative de paix qui comprenait les éléments repris dans celle qui est actuellement présentée par les Nations unies.

Dans la même optique, l'envoyé spécial de la Suède pour le Yémen, Peter Semneby, s'est rendu mardi dernier en Iran pour discuter d’initiatives de paix susceptibles de stopper la guerre au Yémen.

Selon l'agence de presse iranienne Fars, l'envoyé a rencontré Ali Asghar Khaji, l’assistant principal du ministre iranien des Affaires étrangères dans les affaires spéciales politiques. Les deux hommes ont évoqué les moyens que l’on pouvait mettre en œuvre pour soulager la crise humanitaire au Yémen, les efforts de paix pour mettre fin à la guerre ainsi que les risques liés au tanker pétrolier FSO Safer.

En effet, ce pétrolier est tombé aux mains des Houthis en 2015 et reste amarré en mer Rouge, au nord de Hodeïda. Chargé de plus d'un million de barils de pétrole, ce navire pose un problème de plus en plus complexe dans la mesure où un éventuel déversement de pétrole provoquerait une catastrophe écologique bien plus grave que la marée noire de l'Exxon Valdez, survenue en 1989en Alaska.

C'est au mois de février que M. Griffiths s'est rendu pour la première fois en Iran pour tenter de de rallier un soutien à l'initiative de paix parrainée par les Nations unies.

Selon les experts, les médiateurs internationaux ont essayé de convaincre l'Iran d’inciter les milices yéménites à cesser les combats.

Dans le même temps, plusieurs dizaines de Houthis ont été tués lundi et mardi dans la province de Marib, au centre du pays, alors que les forces du gouvernement yéménite essayaient de repousser les offensives menées par la milice dans les principales régions contestées.

Mardi dernier, le ministère yéménite de la Défense a annoncé que l'armée et les membres des tribus avaient repoussé une attaque des Houthis à Al-Kassara (à l'ouest de Marib) pendant que des avions de combat de la coalition arabe menaient une série d'attaques qui ciblaient des renforts et des emplacements militaires des Houthis dans la province de Marib.

À Jabal Mourad, au sud de Marib, trois raids aériens ont détruit un poste de commandement ainsi que des armes lourdes qui appartenaient aux Houthis, indiquent les médias locaux.

Les combats se sont intensifiés au Yémen au mois de février après une nouvelle offensive massive menée par les Houthis dans le but de contrôler la ville de Marib, dernier bastion du gouvernement yéménite dans le nord du pays.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.