Réchauffement climatique: la Chine lance son marché carbone

Cette photo d'archive prise le 19 novembre 2015 montre de la fumée s'échappant d'une centrale électrique alimentée au charbon près de Datong, dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine. (Greg Baker / AFP)
Cette photo d'archive prise le 19 novembre 2015 montre de la fumée s'échappant d'une centrale électrique alimentée au charbon près de Datong, dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine. (Greg Baker / AFP)
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Publié le Vendredi 16 juillet 2021

Réchauffement climatique: la Chine lance son marché carbone

Cette photo d'archive prise le 19 novembre 2015 montre de la fumée s'échappant d'une centrale électrique alimentée au charbon près de Datong, dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine. (Greg Baker / AFP)
  • Concrètement, le nouveau marché chinois du carbone lancé vendredi obligera des milliers d'entreprises du pays à réduire leurs émissions polluantes, sous peine de subir des pertes économiques
  • Si une entreprise est incapable de respecter les plafonds de pollution, elle doit acheter des "droit de polluer" à d'autres entreprises ayant une empreinte carbone plus faible

PÉKIN : Un outil crucial contre le changement climatique: la Chine a lancé vendredi son "marché carbone", qui devrait l'aider à réduire ses rejets de gaz à effet de serre -dont elle est la première émettrice mondiale.

Conscient des risques environnementaux et sociétaux posés par le réchauffement, le pays asiatique, plus gros investisseur dans les énergies nouvelles, entend être un des leaders planétaires sur la question du climat.

La Chine, qui s'est engagée à atteindre le pic de ses émissions carbonées (d'ici 2030) puis la "neutralité carbone" (d'ici 2060), devrait ainsi être une actrice majeure du sommet de l'ONU sur le climat en novembre à Glasgow (COP26).

Concrètement, le nouveau marché chinois du carbone lancé vendredi obligera des milliers d'entreprises du pays à réduire leurs émissions polluantes, sous peine de subir des pertes économiques.

Mais comment marche ce système?

Il fixe pour la première fois des plafonds de pollution pour les entreprises. Si ces dernières sont incapables de respecter ces quotas, elles doivent acheter des "droit de polluer" à d'autres entreprises ayant une empreinte carbone plus faible.

Des interrogations subsistent toutefois quant à l'ampleur (réduite par rapport au projet initial) et à l'efficacité du système (avec un faible prix attribué à la pollution).

La Chine évoquait l'idée d'un marché carbone depuis déjà une décennie. Mais les progrès étaient régulièrement entravés par les industriels du charbon et par des politiques publiques favorisant une croissance rapide au détriment de l'environnement.

Faible prix

Le système couvrira initialement 2.162 producteurs chinois d'électricité, a annoncé vendredi Huang Runqiu, le ministre chinois de l'Environnement.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIA), ces compagnies génèrent environ un septième des émissions mondiales de carbone dues à la combustion d'énergies fossiles.

La banque américaine Citigroup estime que 800 millions de dollars de "permis de polluer" seront achetés cette année en Chine, puis 25 milliards d'ici 2030.

Le marché carbone chinois devrait alors représenter en valeur commerciale environ un tiers de celui de l'Union européenne (UE) -- actuellement le plus important.

Selon l'agence de presse Chine nouvelle, le nouveau système chinois d'échanges de quotas d'émissions est toutefois déjà "le plus grand du monde" en termes de quantité d'émissions couvertes.

À l'origine, le dispositif mis en place par Pékin devait toutefois avoir une portée beaucoup plus large, couvrant sept secteurs, dont l'aviation et la pétrochimie.

Mais le gouvernement a "revu ses ambitions à la baisse", la croissance économique étant considérée comme prioritaire dans le contexte de la relance post-Covid, note Lauri Myllyvirta, analyste du Centre de recherche sur l'énergie et l'air pur (CREA).

Autre souci des écologistes: le faible prix de la pollution.

La première transaction fixait ainsi vendredi matin à 52,7 yuans (8 dollars) la tonne de carbone.

"Instabilité sociale"

Et le prix moyen ne devrait tourner qu'aux alentours de 4,60 dollars cette année en Chine, soit bien moins que les 49,40 dollars dans l'UE, selon une récente note de la banque chinoise Citic Securities.

D'après l'organisation britannique TransitionZero, la distribution de permis de polluer gratuits et l'imposition d'amendes modestes en cas de non-respect des règles vont maintenir les prix à un niveau bas.

Bref, si la politique environnementale de la Chine semble désormais s'aligner sur ses objectifs climatiques, "il reste encore un long chemin à parcourir", estime Zhang Jianyu, de l'association écologiste américaine Environmental Defense Fund.

Mais Pékin a souligné que le marché carbone n'en est qu'à ses balbutiements.

Le programme sera étendu aux producteurs de ciment et aux fabricants d'aluminium dès l'année prochaine, a indiqué Zhang Xiliang, concepteur du nouveau système.

"L'objectif est de couvrir jusqu'à 10.000 entreprises émettrices, responsables d'environ 5 milliards de tonnes de carbone d'émissions supplémentaires par an", a-t-il souligné.

D'autres facteurs pourraient ralentir les progrès, comme le manque de savoir-faire technique ou encore la pression des puissants lobbies du charbon et de l'acier.

Les provinces dont la croissance dépend du charbon et des industries très "carbonées" ont traîné des pieds, note Huw Slater, de l'organisation China Carbon Forum (CCF).

"Les responsables politiques (locaux) craignent que s'ils réduisent la pollution trop rapidement, cela pourrait entraîner des suppressions d'emplois et donc de l'instabilité sociale", selon M. Slater.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.