Comment les États-Unis ont secrètement influencé la littérature arabe durant la guerre froide

Les artistes syriens Sami Rustom, Omar Nicolas et Kenan Darwich, qui travaillent ensemble depuis 2015, se sont penchés sur l’une des périodes les plus fertiles de l’édition arabe. (Fourni)
Les artistes syriens Sami Rustom, Omar Nicolas et Kenan Darwich, qui travaillent ensemble depuis 2015, se sont penchés sur l’une des périodes les plus fertiles de l’édition arabe. (Fourni)
Short Url
Publié le Vendredi 16 juillet 2021

Comment les États-Unis ont secrètement influencé la littérature arabe durant la guerre froide

  • À bien des égards, cette recherche constitue une extension, ou une continuation, de leur précédent projet: l’exploration de la bibliothèque privée de l’écrivain syrien Abdel Rahman Mounif
  • «Qu’est-ce que la liberté, dans ce contexte? Qu’est-ce que la conviction politique? Ce sont des questions que nous nous posons en permanence depuis que nous avons commencé à travailler.»

LONDRES: Au plus fort de la guerre froide, deux organisations internationales – le Congrès pour la liberté de la culture (Congress for Cultural Freedom ou CCF) et Franklin Book Programs – se sont fortement impliquées dans le paysage littéraire du monde arabe. Durant une grande partie des années 1950 et 1960, elles ont publié des livres et des magazines, organisé des conférences et se sont associées à la vie culturelle des écrivains, des éditeurs et des traducteurs. Leurs travaux sont désormais présents dans les bibliothèques et dans les cafés de Beyrouth, du Caire et de Damas, avant même que le monde qu’ils ont contribué à soutenir ne commence à s’effondrer.

Or, on a révélé que les deux organisations avaient été secrètement financées par la CIA. Pendant des années, Franklin Book Programs a également travaillé avec l’Agence d’information des États-Unis (United States Information Agency ou Usia), faisant la promotion des valeurs américaines dans le reste du monde et utilisant la diplomatie culturelle comme une arme dans sa lutte idéologique avec l’Union soviétique. Cette découverte affectera considérablement ceux qui ont contribué à la production culturelle des organisations, malgré les avertissements de certains de leurs pairs.

syrie
Durant une grande partie des années 1950 et 1960, le Congrès pour la liberté de la culture (CCF) et Franklin Book Programs ont publié des livres et des magazines, organisé des conférences et se sont intégrées dans la vie culturelle des écrivains, des éditeurs et des traducteurs. (Fourni)

Les deux organisations sont aujourd’hui au cœur d’une exposition de la galerie The Mosaic Rooms, à Londres: Borrowed Faces: Future Recall («Visages empruntés: futur rappel»). C’est la première exposition individuelle au Royaume-Uni organisée par le collectif d’art berlinois Fehras Publishing Practices. Elle explore le monde fascinant de la diplomatie culturelle et de l’impérialisme de l’édition. Les artistes syriens Sami Rustom, Omar Nicolas et Kenan Darwich, qui travaillent ensemble depuis 2015, se sont penchés sur l’une des périodes les plus fertiles de l’édition arabe, explorant non seulement l’infiltration clandestine de la littérature arabe, mais aussi l’univers fascinant des publications panarabes et anti-impérialistes.

L’intérêt de ces trois collectionneurs passionnés pour les documents d’archives de la guerre froide commence à Beyrouth, en 2018. Invités à participer à une résidence artistique organisée par Ashkal Alwan, l’Association libanaise des arts plastiques, le trio s’immerge alors dans le paysage culturel de la ville et se met en quête de livres, de magazines, de mémoires et de lettres datant des années 1950 et 1960.

«C’est à ce moment que nous avons commencé à envisager d’étudier l’édition pendant la guerre froide», explique Rustom, né à Alep et qui possède une formation en journalisme. «Nous avons découvert le rôle essentiel qu’a joué Beyrouth dans la production culturelle et de quelle manière cette ville est devenue un point de rencontre pour les intellectuels arabes originaires de différents pays.»

syrie
Le CCF et Franklin Book Programs sont aujourd’hui au cœur d’une exposition qui se déroule à la galerie The Mosaic Rooms, à Londres. (Fourni)

Ils se mettent à parcourir les marchés aux puces de la ville, à organiser des interviews et à accéder aux bibliothèques privées. Ils rencontrent notamment Abboudi Abou Jaoudé, un collectionneur d’affiches vintage de Hamra, qui leur a présenté Union soviétique, un magazine mensuel illustré publié en plusieurs langues. Ils interviewent également l’écrivain et chercheur Mahmoud Chreih, qui a beaucoup écrit sur la vie de Tawfik as-Sayegh, le rédacteur en chef de la revue Hiwar, qui est financée par le CCF. Par ailleurs, ils visitent la bibliothèque du Centre culturel russe, à Verdun, l’Orient-Institut Beirut (OIB) et l’université américaine de Beyrouth. Leur objectif est de trouver des magazines, des éditeurs, des écrivains et des traducteurs actifs pendant cette période qui constitue l’âge d’or du Liban.

À bien des égards, cette recherche constitue une extension, ou une continuation, de leur précédent projet: l’exploration de la bibliothèque privée de l’écrivain syrien Abdel Rahman Mounif. Ils ont entrepris ce travail dans le cadre d’une série intitulée Disparitions.

«En travaillant sur sa bibliothèque, nous sommes tombés sur les histoires de nombreux éditeurs actifs à Beyrouth, à Damas ou au Caire dans les années 1960 ou au début des années 1970. Nous avons alors commencé à comprendre à quel point la relation entre l’édition, la politique et les idéologies en général était forte», explique M. Rustom. C’est au cours de ce travail de documentation que le collectif prend conscience de la quantité étourdissante de livres arabes publiés par des institutions internationales.

syrie
On a révélé que le CCF et Franklin Book Programs avaient été secrètement financés par la CIA. (Fourni)

«C’était le moment pour nous de repenser à la direction que nous voulions donner à nos recherches sur l’histoire de l’édition, ou l’histoire moderne de l’édition, dans notre région», poursuit M. Rustom. «Nous nous sommes dit que nous allions visiter Beyrouth et nous focaliser sur les années 1960, parce que Beyrouth était très ouverte, très dynamique; c’était une ville où travaillaient beaucoup de ce qu’on appelle des “acteurs”, qu’il s’agisse de traducteurs, d’écrivains, d’institutions ou de maisons d’édition.»

Ils s’immergent rapidement dans cet univers qui réunit tant de talents littéraires. Parmi les traducteurs de textes russes figurent Mawahib Kayali et l’écrivain irakien Ghaib Tumah Farman, qui ont tous deux fini par s’installer à Moscou. Par ailleurs, Franklin Book Programs, qui a ouvert un bureau au Caire en 1953 et un autre à Beyrouth en 1957, a collaboré avec de nombreuses personnalités littéraires de premier plan comme la nouvelliste palestinienne Samira Azzam et l’universitaire palestinien Ihsan Abbas. L’implication de tels écrivains et de tels traducteurs, dont beaucoup étaient engagés dans la résistance culturelle contre Israël et ignoraient que Franklin Book Programs était financée par le gouvernement américain, a poussé les trois chercheurs à se poser certaines questions, notamment sur le financement des projets artistiques.

syrie
Les travaux du CCF et de Franklin Book Programs sont désormais présents dans les bibliothèques dans les bibliothèques et les cafés de Beyrouth, du Caire et de Damas, avant même que le monde qu’ils avaient contribué à soutenir ne commence à s’effondrer. (Fourni)

«Nous essayons de trouver les similitudes ou les dénominateurs communs entre les années 1960 et aujourd’hui», confie M. Rustom. «Les années 1960 représentaient le début de la mondialisation telle que nous la connaissons et nous pensons qu’il y existe beaucoup de points communs entre les années 1960 et aujourd’hui, avec les méthodes de travail des producteurs culturels actuels. Des questions se posent, relatives à l’autonomie, à votre position politique, à ce que vous voulez faire, à qui vous finance, et à la manière dont vous produisez ou travaillez en marge de la société. Qu’est-ce que la liberté, dans ce contexte? Qu’est-ce que la conviction politique? Ce sont des questions que nous nous posons en permanence depuis que nous avons commencé à travailler. Nos nous demandons d’où vient l’argent, à quel moment nous sommes libres et à quel moment nous suivons les politiques des institutions», ajoute-t-il.

L’exposition, qui se déroule jusqu’au 26 septembre et qui a été rendue possible grâce à un partenariat entre la Fondation Delfina, The Mosaic Rooms et le Shubbak Festival, présente trois volets distincts. Le premier est un roman-photo intitulé «Borrowed Faces» Visages empruntés»), le deuxième est une présentation interactive des archives du collectif et le troisième est une reconstitution des archives du CCF. «Nous avons créé quatre œuvres photographiques sur lesquelles nous sommes intervenues pour imaginer à quoi pouvaient ressembler les archives du CCF – auxquelles nous n’avions même pas accès. Pas même une photo», précise M. Nicolas, originaire de Homs.

syrie
L’exposition, qui se déroule jusqu’au 26 septembre et qui a été rendue possible grâce à un partenariat entre la Fondation Delfina, The Mosaic Rooms et le Shubbak Festival, présente trois volets distincts. (Fourni)

L’une des principales difficultés de l’exposition réside dans la propriété de ces archives. «Il ne s’agit pas seulement de collecter les documents physiques ou d’acheter et de posséder ces documents, mais de les comprendre et de les remettre en question», estime M. Rustom.

M. Nicolas, quant à lui, se pose les questions suivantes: «Qu’est-ce que cela signifie, dans une telle période de changement historique, dans une période de mobilité limitée, de posséder des archives? Quel est le sens de la matérialité des archives et de leur accessibilité, surtout lorsque nous nous concentrons sur le CCF, une institution qui était essentiellement active dans les années 1960? Que signifie le fait de posséder des archives historiques ou un récit historique?»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le drapeau du BIE remis à l’Expo 2030 Riyad: une nouvelle ère commence pour l'Arabie saoudite

Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
Short Url
  • Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte
  • Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir »

OSAKA: Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale.

Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte. Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir ».

L’événement, auquel ont assisté S.E. Faisal Alibrahim, Ministre de l’Économie et de la Planification, et S.E. le Dr Ghazi Binzagr, Ambassadeur du Royaume au Japon, illustre l’unité nationale et la détermination du Royaume à faire de cette Exposition une réussite mondiale.

« La passation du drapeau du Japon à Riyad marque une étape décisive dans notre parcours vers l’accueil du monde à l’Expo 2030 », a déclaré S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan. « C’est le lancement officiel du compte à rebours vers une édition sans précédent de la plus prestigieuse exposition mondiale. »

Le ministre a souligné que cette étape reflète la vision stratégique du Royaume, portée par le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salman ben Abdelaziz Al Saoud, et par Son Altesse Royale le Prince héritier Mohammed ben Salman ben Abdelaziz Al Saoud, Premier Ministre, dont le leadership inspire l’ensemble du programme de transformation nationale, Vision 2030.

« Grâce au soutien indéfectible de nos dirigeants et à la mobilisation de toutes les institutions publiques et privées, nous offrirons une expérience exceptionnelle, incarnant l’excellence et le leadership du Royaume dans l’accueil d’événements mondiaux », a-t-il ajouté.

De son côté, l’ingénieur Talal AlMarri, Directeur général de l’Expo 2030 Riyadh Company, a déclaré :

« Nous entrons désormais dans la phase opérationnelle. L’Expo 2030 Riyad établira de nouveaux standards mondiaux en matière de durabilité, d’innovation et d’inclusivité. Ce ne sera pas seulement un rassemblement de nations, mais un héritage vivant et une plateforme d’action pour le Royaume et pour le monde. »

Quelques jours avant la cérémonie, le 10 octobre, l’équipe de l’Expo 2030 Riyad avait organisé à l’Expo Area Matsuri l’événement culturel « From Osaka to Riyadh », qui a attiré plus de 15 000 visiteurs. Cette initiative a illustré la capacité organisationnelle et la créativité du Royaume à l’approche de 2030.
Le pavillon saoudien à l’Expo 2025 a d’ailleurs connu un succès retentissant, accueillant plus de 3 millions de visiteurs et figurant parmi les plus fréquentés de l’exposition.

L’Expo 2030 Riyad, prévue du 1er octobre 2030 au 31 mars 2031, rassemblera 197 pays et 29 organisations internationales. Elle devrait accueillir plus de 42 millions de visites sur un site de 6 millions de mètres carrés, réparti en cinq zones thématiques.
L’exposition mettra l’accent sur des solutions concrètes pour un avenir durable, inclusif et interconnecté.

À l’issue de l’événement, le site se transformera en un Village mondial permanent, symbole de l’héritage durable laissé par l’Expo 2030 — pour Riyad, le Royaume et la communauté internationale.


La Riyadh Season 2025 débute par une parade d’ouverture éblouissante

L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
(Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
(Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
(Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
(Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
Short Url
  • La Riyadh Season 2025 a débuté avec une parade spectaculaire mêlant ballons géants, musiques festives et performances internationales, attirant une foule enthousiaste à Riyad

RIYAD : D’immenses foules se sont rassemblées vendredi pour assister à la parade d’ouverture de la Riyadh Season 2025, qui s’est déroulée entre la Kingdom Arena et Boulevard World, au cœur de la capitale saoudienne.

Cette parade figure parmi les événements les plus attendus de l’année, marquant le lancement officiel d’une nouvelle saison.

Le spectacle a mis en scène une grande diversité de performances issues de groupes internationaux et locaux, avec des ballons géants et des personnages adorés du grand public, tels que Captain Tsubasa et Baby Yoda.

Avec une musique entraînante, des couleurs éclatantes et des spectacles vivants, Riyad s’est transformée en une fête rayonnante, pleine d’enthousiasme et de joie.

Turki Alalshikh, président de la General Entertainment Authority, a déclaré sur son compte X :
« La parade a commencé. Tous les regards sont tournés vers les ballons géants alors que chacun vit ce moment tant attendu. #RiyadhSeason 2025 commence sur un départ inoubliable. »

Les organisateurs ont précisé : « La parade est organisée en partenariat avec Macy’s, l’un des organisateurs de parades festives les plus emblématiques de New York, qui présente — pour la première fois hors des États-Unis — une sélection de ses célèbres ballons géants, véritables symboles de ses célébrations annuelles. Ces ballons énormes et finement conçus nécessitent des centaines de participants pour être manœuvrés en parfaite synchronisation, apportant une touche internationale à cette ouverture spectaculaire de la saison. »

Yassin Nour, venu des Philippines, a été émerveillé par la parade et a confié à Arab News : « Ma partie préférée, c’était les feux d’artifice en plein jour. J’ai hâte de découvrir d’autres événements comme celui-ci. »

Mahmoud Samir, d’Égypte, a déclaré : « La parade était magnifique. Elle a dépassé nos attentes. On s’attendait à quelque chose de bien, mais c’était encore mieux que prévu. »

Samir a ajouté que les cérémonies d’ouverture de la Riyadh Season s’améliorent chaque année :
« Si Dieu le veut, nous serons les premiers visiteurs et profiterons de cette belle ambiance. »

Ali Al-Yami, originaire de Najran, a lui aussi été impressionné : « La Riyadh Season me surprend toujours avec ses spectacles d’ouverture. Les ballons étaient vraiment fantastiques et magnifiques. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des racines et des recettes : l’art de se retrouver autour d’un plat

Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
Short Url
  • « LéLa Cuisine » incarne une exploration des identités culturelles, en tissant des liens entre les traditions libanaises et latino-américaines à travers des saveurs partagées et réinventées
  • La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration, de mémoire et de rencontre, au-delà des frontières géographiques

DUBAÏ: Sous les lumières vibrantes de la Green Room, aux parfums entêtants d'épices mêlées et au rythme d'une musique aux accents du Levant et des Andes, Soul Kitchen invite au voyage. À l’occasion de son deuxième anniversaire, le restaurant a célébré bien plus qu’un simple jalon : il a révélé une philosophie culinaire audacieuse baptisée « LéLa Cuisine », fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines.

Au cœur de cette initiative, une idée forte: la cuisine comme langage universel, capable de traverser les frontières, de raconter l’histoire des diasporas et de créer des ponts entre les cultures.

« Concevoir ces plats consiste à trouver des liens simples entre les cuisines libanaise et latino-américaine, et à créer quelque chose qui semble à la fois familier et nouveau », explique la cheffe exécutive Margarita Vaamonde, qui incarne à elle seule ce mélange d'identités culinaires.

De Caracas à Beyrouth, de Buenos Aires à Baalbek, chaque bouchée offrait une rencontre: le hummus chimichurri, le ceviche tabbouleh, ou encore les arepas à la kafta devenaient des symboles vivants de ces histoires partagées par des générations de migrants en quête d’un nouveau foyer.

--
Chaque bouchée offrait une rencontre. Le ceviche tabbouleh. (Photo: fournie)

Ce projet n’est pas né du hasard. Il est l’aboutissement d’une vision portée par Factory People, groupe à l’origine de Soul Kitchen, et en particulier par les associés Tala Mortada, Wassim Bou Malham et la cheffe Vaamonde. À travers « LéLa Cuisine », ils racontent une histoire de voyage, d’exil, mais aussi d’ancrage et de réinvention.

« Il s'agit de créer des liens entre les cultures à travers la nourriture », affirme Tala Mortada. Et ces liens ne sont pas théoriques : chaque plat était une escale, chaque saveur un échange.

--
La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration. "Migration birds" (Photo: fournie)

Au-delà de la gastronomie, Soul Kitchen se positionne comme un espace d’échange culturel, où la musique, les arômes et les récits personnels se croisent. Une véritable ode à la diaspora arabe en Amérique latine, qui, depuis le XIX siècle, a semé les graines d’une culture métissée et vibrante.

Deux ans après son ouverture, Soul Kitchen ne se contente plus de nourrir : il connecte, raconte, unit. Un pari réussi, dans une ville aussi cosmopolite que Dubaï, où la cuisine devient un passeport vers l’autre, et un rappel que, malgré les distances, nos racines peuvent se rejoindre dans une assiette.