La reprise au Royaume-Uni freinée par les pénuries de matériaux et main d'œuvre

Des représentants de l'industrie du voyage, y compris le personnel de cabine et les pilotes des compagnies aériennes, manifestent lors d'une « Journée d'action sur les voyages » devant le Parlement dans le centre de Londres le 23 juin 2021. (Daniel Leal-Olivas/AFP)
Des représentants de l'industrie du voyage, y compris le personnel de cabine et les pilotes des compagnies aériennes, manifestent lors d'une « Journée d'action sur les voyages » devant le Parlement dans le centre de Londres le 23 juin 2021. (Daniel Leal-Olivas/AFP)
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Publié le Vendredi 23 juillet 2021

La reprise au Royaume-Uni freinée par les pénuries de matériaux et main d'œuvre

  • Le PMI britannique enregistre son plus faible niveau depuis mars, mois qui marquait le début de la réouverture d'une économie durement frappée par la pandémie
  • Les travailleurs, notamment dans les transports et l'hôtellerie-restauration, sont très nombreux à devoir s'isoler au Royaume-Uni car désignés comme cas contact par l'application du NHS

LONDRES : La reprise économique au Royaume-Uni est menacée par les pénuries de matériaux et de main d'œuvre engendrées par la pandémie, même si les Britanniques profitent de la réouverture du pays pour dépenser à nouveau.

L'activité privée a poursuivi son rebond en juillet au Royaume-Uni mais en subissant un sérieux coup de frein selon l'indice PMI publié vendredi.

Le PMI "flash", soit une première estimation pour le mois en cours de l'activité dans les services et l'industrie, a ralenti à 57,7 points, un plus bas en quatre mois, indique le cabinet Markit dans un communiqué.

Un indice au-dessus de 50 points signale une croissance de l'activité dans le secteur privé, et une contraction en dessous de ce seuil.

Le PMI britannique enregistre son plus faible niveau depuis mars, mois qui marquait le début de la réouverture d'une économie durement frappée par la pandémie.

Les entreprises qui ont répondu à l'enquête ont surtout évoqué la difficulté à trouver du personnel ou des matières premières pour expliquer ce ralentissement de l'activité.

Avec la reprise économique mondiale, la demande est très forte pour l'approvisionnement en matériaux, ce qui crée des goulets d'étranglement et augmente les factures.

"Les coûts des entreprises ont augmenté à un rythme jamais vu au cours des vingt années couvertes par l'enquête", signale Chris Williamson, économiste chez IHS Markit.

Unilever a ainsi justifié en partie la baisse de ses résultats trimestriels jeudi en raison de l'inflation des coûts de fabrication.

S'ajoute l'impact de la pandémie sur les travailleurs, notamment dans les transports et l'hôtellerie-restauration, qui sont très nombreux à devoir s'isoler au Royaume-Uni car désignés comme cas contact par l'application du système de santé publique, le NHS, du fait de la poussée du variant Delta.

Cette crise des quarantaines liées au covid-19, qui concernaient 600.000 personnes dans le pays pour la seule semaine dernière, s'ajoute aux difficultés de recrutement déjà exacerbées par le Brexit dans de nombreux secteurs, les formalités de permis de travail plus complexes ayant découragé beaucoup de travailleurs étrangers.

Face aux craintes quant à l'approvisionnement alimentaire et aux inquiétudes des milieux économiques, le gouvernement vient néanmoins de consentir à assouplir les règles d'isolement.

Les données du PMI confirment celle d'une enquête de l'organisation patronale CBI jeudi montrant que la production dans les usines britanniques progressait à son rythme le plus rapide depuis 1995, mais pourrait ralentir désormais avec les pénuries.

Par ailleurs, selon Markit, certaines entreprises ont même cité des difficultés persistantes liées au Brexit quand il s'agit d'exporter et de répondre à la demande à l'étranger.

Festivités de l'Euro

En revanche, l'activité est restée soutenue malgré tout par la levée des restrictions sanitaires, avec une hausse des dépenses des consommateurs, qui passent notamment leurs vacances dans le pays, et des carnets de commande dans l'industrie.

Selon l'Office national des statistiques (ONS) vendredi, l'Euro de football, où l'équipe d'Angleterre a brillé, a donné un coup de pouce aux ventes au détail de juin, principalement grâce à l'alimentaire.

Elles ont progressé de 0,5% sur un mois, et sont en hausse de 9,5% comparé à février 2020, avant la pandémie.

Mais là encore, la soif de dépenses des Britanniques pourraient se heurter à la "pingdemic", jeu de mot entre "ping" (recevoir une notification de l'application de traçage) et "epidemic".

"Si le nombre de contaminations continue à être élevé, les consommateurs ne sont pas en mesure de fréquenter leurs magasins préférés, et les ventes au détail vont souffrir", prévient Oliver Gatland, économiste au centre de recherhce CEBR.

In fine, pour M. Williamson, "le PMI suggère que la croissance du PIB (produit intérieur brut, ndlr), aura probablement ralenti au troisième trimestre, après avoir fortement rebondi au second trimestre".

Selon lui, "les craintes sur le variant Delta ont relégué au second plan le 'jour de la liberté'", à savoir la levée de l'essentiel des dernières restrictions depuis le 19 juillet au Royaume-Uni


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.