Ethiopie: l'Amhara appelle ses résidents à combattre les rebelles du Tigré

Des membres de la milice Amhara se reposent à côté d'un mur dans le village d'Adi Arkay, à 180 kilomètres au nord-est de la ville de Gondar, en Éthiopie, le 14 juillet 2021. (AFP)
Des membres de la milice Amhara se reposent à côté d'un mur dans le village d'Adi Arkay, à 180 kilomètres au nord-est de la ville de Gondar, en Éthiopie, le 14 juillet 2021. (AFP)
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Publié le Dimanche 25 juillet 2021

Ethiopie: l'Amhara appelle ses résidents à combattre les rebelles du Tigré

  • Les deux régions s'opposent depuis des décennies au sujet notamment d'une zone de terres fertiles devenue un enjeu clé du conflit
  • «Le soutien que nous recevons des civils dans la région est écrasant. Nous en sommes fiers»

ADDIS ABEBA: La région éthiopienne de l'Amhara a appelé dimanche tous ses citoyens armés à se mobiliser contre les rebelles du Tigré voisin, où la guerre fait rage, évoquant une "campagne de survie" pour la province.


Les deux régions s'opposent depuis des décennies au sujet notamment d'une zone de terres fertiles devenue un enjeu clé du conflit.


"A partir de demain (lundi), j'appelle tous les gens en âge (de le faire), qui sont armés que ce soit au niveau du gouvernement ou au niveau privé, à se mobiliser pour une campagne de survie", a déclaré dimanche le président de l'Amhara, Agegnehu Teshager.


"Le soutien que nous recevons des civils dans la région est écrasant. Nous en sommes fiers", a-t-il ajouté.


Vendredi, la région Afar, à l'est du Tigré, avait lancé un appel similaire à ses civils.


Le conflit au Tigré a déjà gagné la région Afar, mais l'appel des autorités de la région Amhara fait craindre qu'il ne s'étende davantage.

Tournant majeur 
Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix en 2019, a envoyé l'armée fédérale au Tigré début novembre 2020 afin de destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).


Selon lui, cette opération, lancée après des mois de tensions, répondait à des attaques contre des camps de l'armée fédérale ordonnées par le TPLF, parti qui a dominé le pouvoir éthiopien pendant trois décennies.


Abiy Ahmed a proclamé la victoire fin novembre, après la prise de la capitale régionale, Mekele, mais les combats se sont poursuivis et fin juin, les rebelles pro-TPLF ont repris Mekele, puis une grande partie du Tigré, marquant un tournant majeur dans le conflit.


Dans la foulée, le gouvernement a déclaré un cessez-le-feu unilatéral mais les combats ont continué. Six régions éthiopiennes, ainsi que la ville de Dire Dawa, ont récemment annoncé envoyer des troupes pour soutenir l'armée fédérale.


Des miliciens venus de l'Oromia, la région la plus étendue et la plus peuplée du pays, qui ne borde pas le Tigré, ont été déployés le long de la frontière entre l'Afar et le Tigré.


Au moins 20 civils ont été tués et des dizaines de milliers d'autres ont été déplacés dans de violents combats en Afar, a affirmé jeudi un responsable éthiopien.


La guerre a fait des milliers de morts et, selon les Nations unies, des centaines de milliers de gens y souffrent de famine.

«Paysans mal-entraînés»
Un porte-parole des rebelles, Getachew Reda, a affirmé vouloir "libérer chaque centimètre carré du Tigré", dont les terres contestées de l'ouest et du sud, occupées depuis le début de la guerre par les Amhara.


Des milliers de miliciens amhara ont récemment été mobilisés à la frontière entre les deux régions, mais M. Getachew les a qualifiés samedi de "milices paysannes mal entraînées".


Dimanche, le président de l'Amhara a déclaré la même chose à propos des forces pro-TPLF, ajoutant que ces dernières avaient subi de lourdes pertes.


"Nous ne prendrons pas de repos tant que le TPLF n'est pas enterré", a déclaré M. Agegnehu, précisant ne pas viser les civils tigréens, qui sont des "frères".


Un blackout sur les télécommunications au Tigré ne permet pas de vérifier sur le terrain quelles sont les zones contrôlées par les différents acteurs du conflit.


En Afar, les combats se poursuivent depuis plus d'une semaine, a affirmé dimanche à l'AFP Ahmed Kaylota, porte-parole de la région. 


"Nous sommes toujours en guerre", a-t-il dit, ajoutant que le TPLF continue de contrôler des territoires dans les districts afar de Awra, Ewa et Gulina.


Ahmed Kaylota a précisé ne pas avoir de chiffres concernant des décès mais a confirmé que "75.000" personnes étaient déplacées dans la région.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.