Essais nucléaires: en Algérie aussi, la France appelée à agir

Le mois dernier, l'Algérie a créé une agence nationale de réhabilitation des anciens sites d'essais et d'explosions nucléaires français. (Photo, AFP)
Le mois dernier, l'Algérie a créé une agence nationale de réhabilitation des anciens sites d'essais et d'explosions nucléaires français. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 29 juillet 2021

Essais nucléaires: en Algérie aussi, la France appelée à agir

  • Entre 1960 et 1966, la France a procédé à 17 essais nucléaires sur les sites de Reggane, puis d'In Ekker, dans le Sahara algérien
  • De documents déclassifiés en 2013 révéleront des retombées radioactives importantes qui s'étendaient de l'Afrique de l'Ouest au sud de l'Europe

ALGER : Plus de 60 ans après le premier essai nucléaire français en Algérie, l'identification et la décontamination des sites d'enfouissement des matériaux radioactifs constituent l'un des principaux contentieux mémoriels entre Alger et Paris.

Ce dossier hypersensible est d'autant plus d'actualité que le président français Emmanuel Macron a reconnu, lors d'un déplacement mardi à Papeete, "une dette" de la France pour les essais atomiques réalisés en Polynésie de 1966 à 1996.

L'ex-ministre algérien des Anciens combattants, Tayeb Zitouni, a récemment accusé la France de "refuser de remettre les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d'enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour".

"La partie française n'a mené techniquement aucune initiative en vue de dépolluer les sites, et la France n'a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes", a déploré M. Zitouni.

"La France a communiqué aux autorités algériennes les cartes dont elle dispose", répond-on au ministère des Armées à Paris.

Entre 1960 et 1966, la France a procédé à 17 essais nucléaires sur les sites de Reggane, puis d'In Ekker, dans le Sahara algérien.

Onze d'entre eux, tous souterrains, sont postérieurs aux accords d'Evian de 1962, qui actaient l'indépendance de l'Algérie mais dont un article permettait à la France d'utiliser jusqu'en 1967 les sites du Sahara.

De documents déclassifiés en 2013 révéleront des retombées radioactives importantes qui s'étendaient de l'Afrique de l'Ouest au sud de l'Europe.

"Les maladies liées à la radioactivité sont transmises en héritage, génération après génération", fulmine Abderahmane Toumi, président d'El Gheith El Kadem, une organisation d'entraide aux victimes.

"Tant que la région est polluée, le danger persistera", dit-il.

Cancers, malformations congénitales, fausses couches, stérilité: la liste est loin d'être exhaustive, assure M. Toumi. Et il faut ajouter l'impact sur l'environnement.

Cartes topographiques

Le mois dernier, l'Algérie a créé une agence nationale de réhabilitation des anciens sites d'essais et d'explosions nucléaires français.

En avril, le chef d'état-major algérien Saïd Chengriha avait demandé à son homologue français de l'époque, le général François Lecointre, son soutien "pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et d'In Ekker".

Le général Chengriha a aussi sollicité son assistance pour lui fournir les cartes topographiques.

La remise des cartes est "un droit que l'Etat algérien revendique fortement, sans oublier la question de l'indemnisation des victimes algériennes des essais", a martelé un haut gradé de l'armée de terre, le général Bouzid Boufrioua, dans l'influente revue du ministère de la Défense, El Djeïch.

Le président Abdelmadjid Tebboune a toutefois écarté toute négociation d'ordre financier: "Nous respectons tellement nos morts que la compensation financière serait un rabaissement. Nous ne sommes pas un peuple mendiant", a-t-il affirmé à l'hebdomadaire français Le Point.

Selon le ministère français des Armées, l'Algérie et la France "traitent de l’ensemble de ce sujet, au plus haut niveau de l’Etat".

Un groupe de travail franco-algérien, composé d'experts, a été créé en 2008 afin d'étudier la question de la réhabilitation des anciens sites au Sahara.

Dans son rapport sur la colonisation et la guerre d'Algérie (1954-62), l'historien Benjamin Stora préconise "la poursuite du travail conjoint concernant les lieux des essais nucléaires en Algérie et leurs conséquences ainsi que la pose de mines aux frontières".

«Aller vite»

En janvier 2010, la France s'est dotée d'une loi --la loi Morin-- qui prévoit une procédure d'indemnisation pour "les personnes atteintes de maladies résultant d'une exposition aux rayonnements des essais nucléaires réalisés dans le Sahara algérien et en Polynésie entre 1960 et 1998".

Mais sur cinquante Algériens ayant réussi à monter un dossier en dix ans, une seule personne "a pu obtenir réparation": un militaire d'Alger qui avait travaillé sur les sites au moment de leur fermeture, regrette la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN).

Aucun habitant de la région n'a été indemnisé.

Dans une étude sortie il y a un an, intitulée "Sous le sable, la radioactivité!", l'ICAN France exhorte l'ancienne puissance coloniale à remettre aux autorités algériennes la liste complète des lieux d'enfouissement et à faciliter le nettoyage des sites.

Une opportunité s'est présentée lorsque 122 Etats de l'ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN).  

Le principe du "pollueur-payeur" y a été introduit et reconnu officiellement.

Mais la France n'est pas signataire du TIAN, "incompatible avec l'approche réaliste et progressive du désarmement nucléaire", selon elle.

"La France doit assumer ses responsabilités historiques", rétorque le général Boufrioua. "Ça fait plus de 50 ans que les populations attendent", plaident les experts d'ICAN France.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.