Luxe mondial: une consommation plus «locale» faute de voyages, mais toujours en expansion

Par rapport aux rebonds des crises précédentes, 11-Septembre ou crise financière de 2008, «le sentiment de culpabilité, cette idée qu'il est inapproprié d'acheter du luxe, s'est évanoui». (Photo, AFP)
Par rapport aux rebonds des crises précédentes, 11-Septembre ou crise financière de 2008, «le sentiment de culpabilité, cette idée qu'il est inapproprié d'acheter du luxe, s'est évanoui». (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 31 juillet 2021

Luxe mondial: une consommation plus «locale» faute de voyages, mais toujours en expansion

  • Selon Thomas Chauvet, «le rebond de la demande locale ne compense cependant pas la perte des touristes»
  • Mais le secteur du luxe, assure Erwan Rambourg, devrait «rester dominé par les achats locaux pendant encore au moins un an»

PARIS : La pandémie a rendu plus "locale" la consommation des produits de luxe dans le monde, mais sans pénaliser les bénéfices des géants du secteur, qui dépassent leurs niveaux la crise, grâce notamment aux États-Unis.

Le géant du luxe LVMH a annoncé lundi avoir dépassé ses ventes semestrielles d'avant-pandémie de 11% à 28,7 milliards d'euros pour un bénéfice net de 5,3 milliards (+64% par rapport à 2019).

Dans la foulée, son concurrent historique Kering a lui aussi communiqué un niveau record de ventes à 8 milliards d'euros pour la première moitié de l'année (+8,4% comparé à l'avant-Covid 19) alors que le troisième grand groupe français, Hermès dépasse les 4 milliards d'euros (+29%). Tous deux réalisent plus d'un milliard d'euros de bénéfices, dépassant les attentes.

Les Français ne sont pas les seuls: le suisse Richemont (Cartier, Piaget, Montblanc...) connaît le même succès avec un vif rebond pour son premier trimestre décalé à 4,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires (+18% par rapport à 2019), tandis que l'italien Prada a dépassé ses ventes semestrielles de 8% par rapport à 2019. 

Ce sont les classes "moyennes supérieures, riches et ultra-riches, préservées par la crise" qui, comme au premier trimestre, ont continué de dépenser leurs économies dans les produits de luxe, faute de pouvoir voyager ou fréquenter des restaurants, dit  Arnaud Cadart, gérant de portefeuilles chez Flornoy.

La clientèle chinoise, "qui représente 35 à 40%" de la clientèle du secteur, "est toujours un moteur important", souligne-t-il. L'impossibilité de voyager, comme partout ailleurs, a cependant recentré cette clientèle sur son marché local aux dépens du marché européen. 

Rebond «violent» aux États-Unis

"Ce qui a surpris, ce n'est pas tellement la reprise en Chine, mais la violence du rebond aux Etats-Unis", explique Erwan Rambourg, analyste et auteur de "Future Luxe: what's ahead for the business of luxury".

Par rapport aux rebonds des crises précédentes, 11-Septembre ou crise financière de 2008, "le sentiment de culpabilité, cette idée qu'il est inapproprié d'acheter du luxe, s'est évanoui", note-t-il. "Il y a une jeune génération aux États-Unis plus décomplexée par rapport à l'achat du luxe" en particulier au sein des minorités afro-américaine, hispanique et asiatique, explique-t-il.

"On voit aux États-Unis une reprise très forte de l'activité de nos clients fidèles et à la fois une nouvelle clientèle qui vient grâce au digital", a confirmé le gérant de Hermès Axel Dumas, lors d'une conférence téléphonique. Par rapport à 2019, les ventes du groupe aux États-Unis ont bondi de 25%.

Pour Thomas Chauvet, analyste de Citigroup, "l'impact psychologique" des mesures de soutien du gouvernement américain avec les aides financières et des "effets de richesse avec la hausse des indices boursiers", ces derniers mois, n'est pas étranger à ce rebond.

Quant à l'Europe, certes pénalisée par l'absence de touristes, surtout asiatiques, qui généraient la moitié du chiffre d'affaires du secteur, elle subit une baisse d'activité moindre qu'attendu, grâce à un retour de la clientèle locale. "Les Européens avaient en bonne partie déserté ce marché", mais cette année, cette tendance a été inversée, selon Arnaud Cadart.

"A la surprise générale, les marques se rendent compte qu'en stimulant la clientèle locale", en la séduisant notamment via les réseaux sociaux, "les Françaises, les Italiennes, les Espagnoles sont plus présentes qu'espéré" selon Erwan Rambourg. 

"Il y a une très forte croissance de la clientèle locale, même si ces marchés restent tributaires du tourisme", analyse-t-il. 

Selon Thomas Chauvet, "le rebond de la demande locale ne compense cependant pas la perte des touristes".

Mais le secteur du luxe, assure Erwan Rambourg, devrait "rester dominé par les achats locaux pendant encore au moins un an".


Les expatriés du CCG peuvent désormais investir directement sur le marché principal saoudien

Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
Short Url
  • Cette mesure favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale.
  • Le projet a été soumis à la consultation publique pendant 30 jours.

RIYADH : Les résidents des pays du Conseil de coopération du Golfe, y compris les expatriés, peuvent désormais, pour la première fois, investir directement sur le principal marché boursier d'Arabie saoudite, en vertu d'une nouvelle réglementation annoncée par l'Autorité du marché des capitaux.

La réforme, dévoilée par le président de la CMA, Mohammed El-Kuwaiz, supprime les restrictions antérieures qui limitaient l'accès aux accords de swap ou obligeaient les investisseurs à passer par des intermédiaires agréés. Elle s'applique aux résidents actuels et anciens d'Arabie saoudite ou d'autres États du CCG, selon une annonce officielle.

Ces initiatives s'alignent sur les objectifs de diversification économique du Royaume dans le cadre de Vision 2030, qui vise à approfondir les marchés de capitaux et à attirer les capitaux mondiaux. En rationalisant les ouvertures de compte et en élargissant l'accès, la CMA vise à améliorer la liquidité, la transparence et la confiance des investisseurs.  

Dans un message publié sur X, M. El-Kuwaiz a déclaré que cette mesure "favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale, tout en établissant une relation d'investissement à long terme avec des segments plus larges d'investisseurs dans le monde entier, dans le cadre d'un environnement réglementaire plus souple et plus attrayant".

Dans une déclaration séparée, la CMA a déclaré que les mises à jour "amélioreraient l'attractivité du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux, augmenteraient le niveau de protection des investisseurs et renforceraient la confiance des participants au marché".

Les amendements ont été approuvés suite à la publication par la CMA du projet le 20 novembre 2024, intitulé "Faciliter les procédures d'ouverture et de fonctionnement des comptes d'investissement pour diverses catégories d'investisseurs".

Le projet a été ouvert à la consultation publique pendant 30 jours calendaires via la Plateforme électronique unifiée pour la consultation du public et des entités gouvernementales, affiliée au Centre national de la compétitivité, et le site web de la CMA.

L'expansion des investisseurs du CCG fait partie d'une révision réglementaire plus large dévoilée par la CMA la semaine dernière pour moderniser le paysage des fonds d'investissement en Arabie saoudite.

Les réformes clés comprennent l'élargissement des canaux de distribution, permettant aux unités de fonds d'investissement d'être distribuées par le biais de plateformes numériques agréées et d'entreprises fintech approuvées par la Banque centrale saoudienne.

Des mesures de gouvernance plus strictes ont également été introduites, y compris de nouvelles garanties pour les transitions des gestionnaires de fonds, qui nécessitent l'approbation de la CMA et une période de transfert de 60 jours pour protéger les investisseurs.

Les FPI cotées sur le marché parallèle disposent désormais d'une plus grande flexibilité, puisqu'elles peuvent investir dans des projets de développement sans limites strictes d'allocation d'actifs, ce qui peut potentiellement améliorer les rendements.

Les derniers changements réglementaires représentent une autre étape stratégique pour accroître la liquidité, attirer les capitaux étrangers et positionner la bourse saoudienne comme un marché monétaire de premier plan dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Medef appelle les Européens à faire front commun face aux droits de douane américains

Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Patrick Martin, répond aux questions des journalistes après une réunion avec le Premier ministre français à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 24 juin 2025, à la suite de l'échec de la conférence sur les retraites. (Photo : Alain JOCARD / AFP)
Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Patrick Martin, répond aux questions des journalistes après une réunion avec le Premier ministre français à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 24 juin 2025, à la suite de l'échec de la conférence sur les retraites. (Photo : Alain JOCARD / AFP)
Short Url
  • Le patronat français appelle à l'unité de l'Europe face à l'annonce par le président américain Donald Trump de droits de douane de 30 % sur les produits issus de l'Union européenne,
  • Le locataire de la Maison Blanche a annoncé l'imposition de droits de douane de 30 % pour les produits de l'UE et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère en pleine négociation qui sème l'inquiétude en Europe.

PARIS : Le patronat français appelle à l'unité de l'Europe face à l'annonce par le président américain Donald Trump de droits de douane de 30 % sur les produits issus de l'Union européenne, qui entreront en vigueur dès le 1er août.

« Dans cette période, l'unité de l'Europe est plus que jamais essentielle », a réagi samedi soir le président du premier syndicat patronal dans une déclaration à l'AFP, soulignant que « le Medef s'y emploie avec ses homologues européens ».

Samedi, le locataire de la Maison Blanche a annoncé l'imposition de droits de douane de 30 % pour les produits de l'UE et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère en pleine négociation qui sème l'inquiétude en Europe.

Cette annonce a aussitôt suscité de vives réactions en Europe, où des secteurs essentiels de l'économie du continent pourraient être touchés, comme l'automobile, l'industrie pharmaceutique, l'aéronautique ou encore le secteur viticole.

« Nous avons encore trois semaines pour négocier et éviter que nos économies, de part et d'autre de l'Atlantique, subissent les contrecoups d'une décision irrationnelle », a estimé Patrick Martin.

« Une absence d'accord conduirait inévitablement à des mesures de rétorsion légitimes de la part de l'Europe », a-t-il ajouté, précisant que le Medef serait « extrêmement » vigilant « pour la sauvegarde de nos intérêts économiques et la pérennité de nos filières les plus exposées au marché américain ».


Trump surenchérit en annonçant 30 % de droits de douane pour l'UE et le Mexique

Cette photo montre les drapeaux avant le sommet UE-États-Unis au siège de l'Union européenne à Bruxelles, le 15 juin 2021. Le président de la Commission européenne a critiqué le 12 juillet 2025  (Photo de Kenzo Tribouillard / AFP)
Cette photo montre les drapeaux avant le sommet UE-États-Unis au siège de l'Union européenne à Bruxelles, le 15 juin 2021. Le président de la Commission européenne a critiqué le 12 juillet 2025 (Photo de Kenzo Tribouillard / AFP)
Short Url
  • Dans une nouvelle lettre publiée sur sa plateforme Truth Social, le président américain a justifié cette décision en se plaignant du déficit commercial américain avec les 27 pays de l'UE.
  • La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a averti sur X que de telles mesures « perturberaient les chaînes d'approvisionnement transatlantiques essentielles ».

WASHINGTON : Donald Trump a annoncé samedi l'imposition de droits de douane de 30 % sur les produits de l'Union européenne et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère qui sème l'inquiétude en Europe, alors que les négociations sont en cours avant l'échéance du 1^(er) août.

Dans une nouvelle lettre publiée sur sa plateforme Truth Social, le président américain a justifié cette décision en se plaignant du déficit commercial américain avec les 27 pays de l'UE.

Cette annonce a aussitôt suscité de vives réactions en Europe, où des secteurs essentiels de l'économie du continent, de l'automobile aux médicaments, en passant par l'aéronautique et le vin, pourraient être touchés.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a averti sur X que de telles mesures « perturberaient les chaînes d'approvisionnement transatlantiques essentielles ».

Si elle se dit « prête à poursuivre le travail » pour trouver un accord avec Washington d'ici à l'échéance du 1^(er) août, Ursula von der Leyen menace d'adopter des « contre-mesures proportionnées si cela s'avère nécessaire ». Bruxelles avait déjà préparé, sans l'appliquer, un train de surtaxes sur des produits américains. 

« Dès lundi, à Bruxelles, avec mes 26 homologues, je serai au travail pour soutenir la Commission dans ses négociations avec les États-Unis jusqu'au 1er août », a annoncé sur X le ministre français délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.

Donald Trump a prévenu qu'en cas de mesures de rétorsion, il augmenterait d'autant les droits de douane sur les produits européens entrant aux États-Unis, en plus des 30 %.

Déficit commercial 

Début avril déjà, le président américain avait menacé l'UE d'infliger 20 % de droits de douane aux produits européens exportés vers les États-Unis. Fin mai, frustré par le manque d'avancée dans les négociations, il avait relevé ce taux à 50 %, avec effet annoncé au 1^(er) juin, puis repoussé au 1^(er) août, jusqu'à sa lettre de samedi.

Selon des sources diplomatiques, les discussions menées jusqu'ici se faisaient sur la base d'un taux de droits de douane américains de 10 %, avec des exceptions.

Donald Trump laisse la porte ouverte à une renégociation.

« Si vous êtes prêts à ouvrir votre marché fermé aux États-Unis, à éliminer vos droits de douane, vos mesures protectionnistes et les obstacles aux échanges, nous envisagerons éventuellement des ajustements », a écrit samedi le président américain à Ursula von der Leyen. 

En 2024, les États-Unis ont enregistré un déficit commercial de 236 milliards de dollars avec l'UE (+ 13 % sur un an), qui a exporté 606 milliards de dollars de biens sur le territoire de la première économie mondiale, selon des chiffres du Bureau du représentant américain au commerce.

La mesure uniforme annoncée par Donald Trump toucherait chacun des pays de l'UE différemment.

L'Irlande, avec son industrie pharmaceutique, et l'Allemagne, avec ses automobiles et son industrie lourde, seraient plus exposées que la France, même si la filière viticole hexagonale redoute déjà une « catastrophe ».

Emmanuel Macron, président de la République française, a exprimé sa « très vive désapprobation » et a appelé Bruxelles à « défendre résolument les intérêts européens », en l'invitant à « accélérer la préparation de contre-mesures crédibles ».

De son côté, la ministre allemande de l'Économie, Katherina Reiche, a appelé l'UE à négocier de manière pragmatique une solution avec les États-Unis qui se concentre sur les principaux points de conflit. 

Arrêter les cartels 

Au Mexique, l'imposition d'une surtaxe de 30 % (contre 25 % initialement annoncés) a été qualifiée d'« injuste » par le gouvernement. Cependant, samedi, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, s'est dite confiante dans le fait de « parvenir » in fine à un accord.

Cette surtaxe ne devrait pas s'appliquer aux produits entrant dans le cadre de l'accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), a précisé un responsable américain à l'AFP, ajoutant cependant que la question n'avait pas encore été définitivement tranchée par le président.

Le Mexique est particulièrement vulnérable : 80 % de ses exportations sont destinées aux États-Unis. Mais Donald Trump a une nouvelle fois accusé samedi le Mexique de ne pas lutter suffisamment contre l'immigration illégale et le narcotrafic. 

Depuis lundi, l'administration Trump a informé une vingtaine de partenaires commerciaux, principalement asiatiques, des taux qui seront désormais appliqués, soit entre 20 % et 50 %.

Une soixantaine de nations devraient, sauf accord commercial avant le 1^(er) août, se voir infliger des surtaxes supérieures à 10 %, seuil plancher qui sera appliqué aux autres.

L'ancien animateur de téléréalité a fait des droits de douane un pilier de sa politique économique. Selon lui, ils permettraient de réduire le déficit commercial américain et de réindustrialiser les États-Unis.

De nombreux économistes y voient toutefois un frein à la croissance mondiale et un facteur inflationniste aux États-Unis.