Paris: un an après l'explosion, le cœur reste attaché à Beyrouth

Les drapeaux français et libanais, sur le site de l'explosion. La France officielle avait volé au secours de Beyrouth après l'explosion dévastatrice du port. (AFP).
Les drapeaux français et libanais, sur le site de l'explosion. La France officielle avait volé au secours de Beyrouth après l'explosion dévastatrice du port. (AFP).
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Publié le Mercredi 04 août 2021

Paris: un an après l'explosion, le cœur reste attaché à Beyrouth

  • «Il y véritablement un avant et un après»
  • «Nous souffrons pour le Liban et nous avons l'impression d'être démunis devant tant d'injustices»

PARIS : Dans le cadre d’un dossier spécial consacré à la commémoration de l'explosion du port de Beyrouth, Arab News en français donne la parole à trois femmes d’horizons différents dans le but de mieux cerner le ressenti des Parisiens.

Les scènes d'apocalypse du 4 août 2020 continuent de hanter les esprits.

«Profondément marquée»

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Dima Hammoud est interne en chirurgie à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). (Photo fournie).

Dima Hammoud, une Franco-Libanaise née à Paris, est interne en chirurgie à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Alors qu'elle est en bloc opératoire durant une transplantation hépatique – greffe du foie –, c’est un chirurgien libanais plus âgé qu’elle qui lui apprend la nouvelle: la capitale libanaise vient de subir la plus grosse explosion de son histoire. Elle ne peut ni quitter son travail ni même regarder son téléphone. À 22 heures, soit cinq heures après l'explosion, elle sort enfin du bloc et appelle directement sa famille. Son oncle, qui travaille au port de Beyrouth, est sain et sauf. «J'ai fondu en larmes. Je ne suis pas quelqu'un d'émotif habituellement. J’ai été profondément marquée.»

Mireille Joujou est née au Liban. Elle est venue en France au début des années 1980, fuyant la guerre et son quartier de Beyrouth, Achrafieh. Elle embrasse une carrière brillante dans le secteur des assurances. Elle consacre désormais son temps à l'organisation de forums économiques et à l'association humanitaire Lubnan, dont elle est la présidente bénévole. «Le 4 août, j'étais à Paris. Je regardais la télévision et j'ai vécu cette catastrophe en direct. J'étais effarée et incrédule. Mon premier réflexe a été d'appeler mes parents et mes amis pour m'assurer qu’ils allaient bien. Pendant de longues minutes, je n'ai pas mesuré la gravité de la situation, ne parvenant pas à croire que c’était une véritable “bombe atomique” qui avait dévasté Beyrouth et surtout mon quartier d’Achrafieh», témoigne-t-elle.

Les images de l’explosion sont encore gravées dans la mémoire de la Française Stéphanie Krymer, directrice commerciale régie. «J’étais en Sicile. J’ai vu sur mon téléphone portable ces terribles images. C’est comme si le monde basculait. Il y a véritablement un avant et un après», raconte-t-elle.

De véritables liens

Connue pour ses actions de solidarité, notamment vis-à-vis des étudiants libanais de la Cité universitaire de Paris depuis le mois de février dernier, Stéphanie Krymer a tissé de véritables liens avec certains d’entre eux. «Ce n’est pas l’explosion qui a été pour moi le déclic pour proposer mon aide, mais tout ce qu’il en résultait et tout ce qui a suivi, notamment en raison de la grave crise économique et de la situation sanitaire», explique-t-elle. Elle a mis en place une véritable chaîne de solidarité en partenariat avec de nombreux restaurants libanais. Des distributions alimentaires et des dîners solidaires ont eu lieu grâce à elle au sein de la Maison du Liban.

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Stéphanie Krymer a tissé de véritables liens avec certains étudiants libanais à Paris. (Photo fournie).

Progressivement, la solidarité s'est ainsi mise en place au Liban, mais aussi en France, et de manière continue. Les actions humanitaires initiées par Mireille Joujou et l'association humanitaire Lubnan se sont succédé à Paris: grande collecte de Noël, financement de l'aménagement de plus de cinquante logements, opération «électroménager» avec la fondation Lendys, collecte de lait et de couches pour les enfants à la sortie des supermarchés. «Au départ, je n'ai pas pensé à m'investir, en raison de l'annonce des aides internationales fort importantes. J'ai cru que les grandes organisations allaient tout prendre en charge. Toutefois, les appels ont très vite commencé à affluer. Dès lors, j’ai mis en place différentes opérations avec l'association humanitaire Lubnan. Les aides sont envoyées par voie maritime grâce à l'aide de la fondation CMA-CGM [Compagnie maritime d’affrètement-Compagnie générale maritime, NDLR] et Centrimex [société de transport international de marchandises, NDLR].»

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Collecte de l'association Lubnan à la sortie d'une supermarché parisien. (Photo fournie).

«Un cauchemar sans nom» 

Dima Hammoud, en dépit de son travail éprouvant, s'est également impliquée. «Depuis le 4 août 2020, je suis de manière assidue l'actualité libanaise. J'ai participé aux diverses manifestations parisiennes. Nous souffrons pour le Liban et nous avons l'impression d'être démunis devant tant d'injustices. On éprouve même parfois un sentiment de culpabilité parce que nous pouvons jouir de nos vies tranquillement alors que le Liban vit un cauchemar sans nom. La commémoration est d'autant plus nécessaire qu’elle est synonyme d'un espoir très particulier: se débarrasser de la classe politique corrompue et éviter un nouveau 4-août», confie-t-elle. 

Pour Mireille Joujou, ce devoir de mémoire se double d’un devoir d'action. «Je ne souhaite pas baisser les bras et je vais maintenir mon combat en faveur d’un avenir meilleur pour le Liban.»

Comme l'écrivit si bien la poétesse Nadia Tuéni:

«Vous,

qui rassurez la montagne,

qui faites croire à l’homme qu’il est homme,

à la cendre qu’elle est fertile,

au paysage qu’il est immuable.

Femmes de mon pays,

vous, qui dans le chaos retrouvez le durable.»


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.