La France face au risque de l’effondrement du Liban

Le président français Emmanuel Macron (à droite) s'entretient avec Arnaud Tranchant, capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant, au large du port de Beyrouth le 1er septembre 2020. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) s'entretient avec Arnaud Tranchant, capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant, au large du port de Beyrouth le 1er septembre 2020. (AFP)
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Publié le Mercredi 04 août 2021

La France face au risque de l’effondrement du Liban

  • L’année 2020, qui a marqué le centenaire du «Grand Liban», fut aussi celle de l’explosion du port de Beyrouth et celle de la pire crise socio-économique de l’histoire du pays
  • Les relations entre la France et le Liban ne sauraient s’analyser seulement en termes de passions et d’intérêts directs

L’année 2020, qui a marqué le centenaire du «Grand Liban», fondé à l’époque du mandat français, fut aussi celle de l’explosion du port de Beyrouth et celle de la pire crise socio-économique de l’histoire du Liban. Au fil des ans, la France est restée très attachée au destin du pays du Cèdre. Ce vif intérêt s’est manifesté à de nombreuses reprises, notamment avec l’initiative du président français, Emmanuel Macron, dont l’objectif était de prévenir l’effondrement de l’État libanais et d’atténuer les souffrances de son peuple.

Même si, pour l’heure, ces efforts n’ont pas abouti, la France semble déterminée à poursuivre coûte que coûte son engagement en dépit de différents ratés, d’un certain nombre de manquements et de l’ampleur de la tâche. Le succès de la diplomatie française sera évalué à l’aune de cet objectif: assurer le sauvetage du Liban.

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Une jeune Libanaise serre dans ses bras le président français Emmanuel Macron lors d'une visite dans le quartier de Gemmayzeh, qui a subi d'importants dégâts en raison d'une explosion massive dans la capitale libanaise, le 6 août 2020. (AFP)

Les raisons et les dessous du grand intérêt français 

Du 4 août 2020, date fatidique de l’explosion du port de Beyrouth, jusqu’au 4 août 2021, jour où une conférence internationale sur le Liban est organisée à Paris, la présidence française a maintenu le cap, continuant à multiplier les contacts et les démarches afin qu’une sortie de crise puisse être entrevue. Toutefois, l’initiative du président Macron a subi plusieurs revers, comme l’échec de la tentative entreprise par l’ambassadeur Moustapha Adib, l’impasse constatée par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors de sa visite au Liban, au mois d’avril 2021, et le renoncement de Saad Hariri. 

Cet entêtement trouve également sa source dans l’histoire commune des deux pays et dans les intérêts français, avec pour toile de fond la compétition géopolitique autour du Liban comme porte de l’Orient.

Face à ces revers, l’équipe française chargée de ce dossier a tenté d’utiliser d’autres moyens dans le but de contourner les difficultés, se coordonnant avec Washington et établissant des contacts avec Riyad. La nomination du businessman Najib Mikati – déjà chef du gouvernement libanais à deux reprises – comme Premier ministre va dans le même sens. La diplomatie française s’est alors engagée dans une course contre la montre pour aider à la formation de ce «gouvernement de mission» qu’elle avait prévu au départ et qu’elle a adapté en fonction des développements et des différentes prises de position.

Cet entêtement – ou cette obstination – de Paris ne s’explique pas seulement par le pari personnel et politique qu’a fait le président, Emmanuel Macron. Il trouve également sa source dans l’histoire commune des deux pays et dans les intérêts français, avec pour toile de fond la compétition géopolitique autour du Liban comme porte de l’Orient.

L’attitude de Macron prouve que la relation entre le Liban et la France reposent avant tout sur des liens humains et émotionnels

Deux jours après la catastrophe du port, Emmanuel Macron découvre une ville meurtrie. Il visite le quartier sinistré de Gemmayzeh au milieu des cris d’une population en deuil, profondément choquée par l’impact de l’explosion, et qui se sent abandonnée par le pouvoir libanais. L’attitude de Macron prouve que la relation entre le Liban et la France reposent avant tout sur des liens humains et émotionnels. Toutefois, la France est aussitôt critiquée dans la mesure où «cette visite avait pour interlocutrice la classe politique dominante, et non la jeunesse révolutionnaire, qui redoute le classement de l’enquête sur l’explosion du port».

La thèse de l'«héritage colonial» ne suffit pas à expliquer les relations particulières entre ces deux pays, qui se sont amorcées dès le xvie siècle pour les chrétiens d'Orient et ont toujours résisté à diverses perturbations géopolitiques et aux remous de l’histoire.

Les relations entre la France et le Liban sont donc liées à des considérations diplomatiques, stratégiques, économiques et politiques. Elles ne sauraient s’analyser seulement en termes de passions et d’intérêts directs. C’est un ensemble de liens soigneusement tissés qui incite Macron à adopter cette attitude pleine de respect envers les habitants de Beyrouth et à réunir les représentants des communautés et des factions libanaises, à l’occasion d’une scène rare, autour d'une même table.

Cependant, le grand intérêt que manifeste la France au sujet de la question libanaise et la dynamique affichée par le président Macron depuis le 4 août 2020 risquent de figurer au rang des vœux pieux si le Liban ne se libère pas de son assujettissement vis-à-vis de l’axe régional de l’Iran et si une équipe neutre, efficace et compétente n’est pas mise en place pour former ce «gouvernement de mission» indispensable au lancement des réformes.

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Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la foule lors d'une visite dans le quartier de Gemmayzeh, qui a subi d'importants dégâts en raison d'une explosion massive dans la capitale libanaise, le 6 août 2020. (AFP)

 

L’initiative française à l’épreuve de la complexité du problème libanais 

En dépit de débuts prometteurs, l’initiative française rencontre par ailleurs un certain nombre de difficultés.

Ainsi la présidence française a-t-elle été véritablement «bernée» par une classe politique libanaise qui ne respecte pas ses engagements. Elle a en outre dû faire face à la non-coopération de certains acteurs extérieurs comme l’Iran, force tutrice du Hezbollah libanais.

De fait, en réhabilitant un système politique confessionnel basé sur les quotas, la formation d’un gouvernement de spécialistes indépendants agréé par les forces dominantes du système s’est trouvée presque aussitôt stoppée par des litiges qui sont apparus avec la nomination de l’ambassadeur Adib et ont redoublé d’intensité avec le retour de Saad Hariri.

Le levier européen n’a pas constitué un élément décisif; les menaces de sanctions européennes contre les auteurs du blocage, pas davantage.

Ce manquement interne a été nourri par un blocage régional. Dès le mois de septembre 2020, lors d’une visite à Moscou, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Djavad Zarif, aurait confié à son homologue russe, Sergueï Lavrov, que «l’Iran ne soutenait pas l’initiative française à Beyrouth», glissant à ses interlocuteurs que «Téhéran gelait la question libanaise en attendant ses négociations avec Washington».

De son côté, l’Arabie saoudite, partenaire régional de l’Occident au Liban, a décidé de se désintéresser provisoirement de la question libanaise. Elle reproche à Washington et à Paris d’admettre, dans les faits, «l’expansion et le diktat» de l’Iran. Ainsi la France, qui voyait dans ses liens avec l’Iran et dans sa capacité à «dialoguer» avec le Hezbollah autant d’atouts diplomatiques, constate-t-elle, non sans amertume, combien sa marge de manœuvre est limitée et voit son initiative s’essouffler sérieusement. Plus grave encore, le levier européen n’a pas constitué un élément décisif; les menaces de sanctions européennes contre les auteurs du blocage, pas davantage.

Après avoir tenté de jouer la carte de l’opposition et de la force du changement lors de la visite de Le Drian au mois d’avril dernier, la France renoue avec d’anciennes cartes issues de son catalogue classique en soutenant l’arrivée de Najib Mikati. Apparemment, la diplomatie française caresse l’espoir que le dépassement du «cas Gebran Bassil» (le dirigeant du Courant patriotique libre, qui est en conflit ouvert avec Hariri) serait en mesure d’ouvrir la voie à un Mikati à la fois agréé par le Hezbollah et accepté par les Américains.

Le fait que la France mise désormais sur Mikati représente un pari risqué. Paris veut croire dans la réussite tardive d’une initiative qui, onze mois durant, aura connu bien des déboires.


Irak: un «bombardement» sur une base militaire fait plusieurs victimes

Le Premier ministre irakien, Mohamed Shia al-Sudani, préside une réunion avec des hauts responsables des forces armées irakiennes et de la coalition dirigée par les États-Unis lors du premier cycle de négociations sur l'avenir des troupes américaines et autres troupes étrangères dans le pays, à Bagdad, le 27 janvier 2024. (Photo Hadi Mizban Pool AFP)
Le Premier ministre irakien, Mohamed Shia al-Sudani, préside une réunion avec des hauts responsables des forces armées irakiennes et de la coalition dirigée par les États-Unis lors du premier cycle de négociations sur l'avenir des troupes américaines et autres troupes étrangères dans le pays, à Bagdad, le 27 janvier 2024. (Photo Hadi Mizban Pool AFP)
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  • «Les Etats-Unis n'ont pas mené de frappes aériennes en Irak aujourd'hui», a réagi le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) sur X, peu après cette annonce
  • Le Hachd al-Chaabi, coalition de groupes armés pro-Iran a confirmé dans un communiqué des «blessés», sans en préciser le nombre, et des «pertes matérielles» dans une «explosion»

BAGDAD, Irak : Un «bombardement» a fait des victimes dans la nuit de vendredi à samedi sur une base militaire en Irak abritant des troupes de l'armée et d'anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, ont rapporté des sources de sécurité dans un contexte régional déjà explosif.

Interrogés par l'AFP, un responsable militaire et un responsable du ministère de l'Intérieur n'étaient pas en mesure d'identifier les responsables de ce bombardement aérien ayant visé la base de Calso, dans la province de Babylone (centre), ni de dire s'il s'agissait d'une frappe de drone.

«Les Etats-Unis n'ont pas mené de frappes aériennes en Irak aujourd'hui», a réagi le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) sur X, peu après cette annonce.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a assuré «ne pas commenter les informations parues dans les médias étrangers.»

Un responsable au ministère de l'Intérieur avait initialement fait état d'un bilan «d'un mort et de huit blessés» dans un «bombardement aérien». Mais le Hachd al-Chaabi, coalition de groupes armés pro-Iran a confirmé dans un communiqué des «blessés», sans en préciser le nombre, et des «pertes matérielles» dans une «explosion».

Celle-ci a touché ses locaux sur la base, précise l'organisation, en ajoutant qu'une «enquête préliminaire» avait été ouverte et des enquêteurs dépêchés sur le site.

Ce développement en Irak intervient à un moment où les efforts diplomatiques se poursuivent pour éviter un embrasement du Moyen-Orient, sur fond de guerre à Gaza et de tensions ravivées entre Israël et l'Iran.

Tôt vendredi, des frappes de drones ont ainsi visé les environs d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran. L'attaque a été imputée à Israël qui, toutefois, ne l'a pas revendiquée.

- «Risques d'escalade militaire» -

En Irak, sur la base de Calso, un responsable militaire a fait état de trois blessés parmi les effectifs de l'armée irakienne.

«Il y a des explosions dans les entrepôts abritant les équipements en raison du bombardement», a précisé ce responsable s'exprimant sous couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du sujet. Il a fait état d'un incendie qui a ravagé certains secteurs de la base.

De son côté, le responsable au sein du ministère de l'Intérieur a assuré que le bombardement avait ciblé la Direction des véhicules blindés du Hachd al-Chaabi. «L'explosion a touché le matériel, l'armement, les véhicules», a-t-il précisé.

Le Hachd al-Chaabi fait partie intégrante de l'appareil sécuritaire officiel irakien placé sous l'autorité du Premier ministre.

Mais cette institution rassemble plusieurs factions armées pro-Iran, qui ont par ailleurs mené pour certaines des dizaines d'attaques, en Irak et en Syrie, contre les soldats américains déployés dans le cadre d'une coalition internationale antijihadistes.

Le bombardement en Irak, qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, intervient dans un contexte régional explosif.

Avant les frappes de vendredi en Iran dans les environs d'Ispahan, Téhéran avait mené le 13 avril une attaque inédite aux drones et aux missiles contre Israël. Il s'agissait d'une riposte à une précédente attaque qui avait détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à sept militaires, dont deux hauts gradés.

La diplomatie irakienne a exprimé vendredi soir sa «forte inquiétude» concernant l'attaque à Ispahan et «mis en garde contre les risques de l'escalade militaire qui menace la sécurité et la stabilité dans la région».

«Cette escalade ne doit pas détourner l'attention de ce qui se passe dans la bande de Gaza, les destructions et les pertes de vie innocentes», a-t-elle fait valoir.

Le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, se trouve toujours aux Etats-Unis, où il a rencontré en début de semaine le président Joe Biden.

 


Arabie saoudite - Arménie: Pour un renforcement des relations diplomatiques, affirme Ararat Mirzoyan

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
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  • «Aucune limite» aux opportunités de coopération entre l’Arabie saoudite et l’Arménie, déclare le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, lors de sa visite «historique» à Riyad
  • Il affirme que le gouvernement arménien soutient un cessez-le-feu à Gaza et la solution des deux États pour Israël-Palestine

RIYAD: L'Arménie s'engage à établir une «feuille de route» pour renforcer ses relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite, a déclaré Ararat Mirzoyan, ministre arménien des Affaires étrangères, lors d'une interview exclusive accordée à Arab News jeudi en marge d'une visite dans le Royaume.

Lors d'une discussion approfondie qui a couvert divers aspects, notamment le développement des liens bilatéraux, le processus de paix dans le Caucase du Sud et la guerre à Gaza, Mirzoyan a souligné que l'établissement de relations diplomatiques officielles en novembre dernier marquait le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)

«Il est essentiel de souligner que nos liens historiques avec le monde arabe, avec tous les pays arabes, reposent sur des relations amicales ancrées dans la tradition entre nos peuples respectifs,», a-t-il déclaré. «Nous devons garder à l’esprit que de nombreux pays arabes ont accueilli des réfugiés survivants du génocide arménien. Mais bien sûr, nos liens culturels et nos relations existaient même avant cela.»

Mirzoyan a rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, à Riyad mercredi, et il a également été reçu aux ministères saoudiens de l'Éducation et de l'Économie.

«Nous ne voulons pas nous arrêter là. Il existe de nombreux domaines où nous pouvons approfondir notre coopération et explorer de nouvelles opportunités. Nous espérons qu’après cette visite une feuille de route pour le développement des relations émergera», a-t-il ajouté.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane (à droite), reçoit le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, avant leur rencontre à Riyad, le 17 avril 2024. (Photo, SPA)

Ces dernières années ont été marqués par un réchauffement progressif des relations entre les deux pays. En octobre 2021, le président arménien de l'époque, Armen Sarkissian, s'était rendu en Arabie saoudite, marquant ainsi le début d'un nouvel avenir diplomatique pour l'Arménie.

Bien que les relations diplomatiques formelles soient récentes, M. Mirzoyan est très optimiste quant aux avantages mutuels de développer ces liens.

«Franchement, il n'y a pas de limite», a-t-il déclaré. «L'éducation, les sciences, les technologies de pointe, le développement urbain, l'agriculture, le tourisme, les contacts entre les peuples, le commerce, les investissements et les infrastructures. Il se passe tellement de choses ici en Arabie saoudite, mais aussi en Arménie».

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, s'est également entretenu avec le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faisal F. Al-Ibrahim, à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a salué le lancement des vols commerciaux entre Riyad et la capitale arménienne, Erevan, par la compagnie aérienne saoudienne Flynas, en juin de l'année dernière, affirmant qu'il s'attend à ce que cette initiative stimule le tourisme entre les deux nations.

Le ministre des Affaires étrangères a également félicité l'Arabie saoudite pour avoir remporté sa candidature pour l'Expo 2030, candidature que l'Arménie a soutenue en 2022.

«Notre vision est que nous devrions établir une coopération très étroite et solide avec l'Arabie saoudite, y compris en ce qui concerne les affaires régionales, mais aussi les forums internationaux», a-t-il déclaré.

«J’entrevois également la possibilité d’une coopération étroite dans les forums internationaux. Encore une fois, je tiens à mentionner que lorsque l'Arabie saoudite a présenté sa candidature pour l'Expo 2030, l'Arménie figurait parmi les pays qui l'ont soutenue.»

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Les ministres des Affaires étrangères saoudien et arménien, accompagnés de leurs délégations respectives, réunis à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a également exprimé son soutien à une solution à deux États et à un cessez-le-feu en Palestine. En décembre de l'année dernière, l'Arménie s'est jointe à l'Arabie saoudite et à plus de 150 autres pays à l'Assemblée générale des Nations unies pour voter en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza. En outre, l'Arménie serait prête à agir en tant que facilitateur potentiel entre les deux parties, si nécessaire et sur demande.

«L'Arménie a toujours soutenu la solution à deux États pour la Palestine et Israël, et condamne fermement la violence et le ciblage des populations civiles», a déclaré Mirzoyan, soulignant que l'Arménie avait très récemment été victime de cette violence.

«Nous condamnons fermement toute violence à l'encontre des populations civiles», a-t-insisté.

Outre les mots de soutien, l'Arménie a pris des mesures concrètes pour aider les populations civiles touchées par le conflit. Le mois dernier, elle a envoyé 30 tonnes de nourriture et de médicaments aux civils palestiniens déplacés et réfugiés à Rafah.

«L'Arménie déplore des dizaines de milliers de victimes innocentes de l'escalade des hostilités à Gaza. Nous-mêmes avons vécu l'horreur des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, et nous nous joignons aux appels de la communauté internationale en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza», a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan lors d'une conférence de presse donnée à l’occasion de sa visite en Égypte pour discuter de la livraison d'aide.

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Des Palestiniens inspectent une maison détruite par une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 avril 2024. (Reuters)

Mirzoyan a exprimé son espoir que l’assistance «puisse aider un tant soit peu à alléger la situation et soulager la souffrance de ces personnes».

Concernant les relations plus proches, Mirzoyan a exprimé son désir d’aboutir à la paix entre l'Arménie et les autres nations du Caucase du Sud, tout en admettant que la paix durable nécessitera des efforts pour surmonter les obstacles.

«Il y a vraiment une opportunité, un élan tout à fait réaliste, pour construire une paix et une stabilité durables dans le Caucase du Sud. Mon gouvernement est pleinement engagé dans la voie de la paix, et nous sommes engagés dans des négociations de bonne foi et constructives. Cependant, pour être honnête, il reste encore quelques problèmes cruciaux où les positions des parties divergent. Le premier problème étant, bien entendu, la question des frontières et de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale.» 

Dans le Caucase du Sud, les tensions territoriales sont fréquentes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.

Pour normaliser les relations, Mirzoyan a souligné l’importance du respect des principes de souveraineté, de juridiction, d'égalité et de réciprocité par toutes les parties concernées.

«Nous sommes convaincus que tout peut être débloqué, y compris les voies ferrées, et nous pensons que tout ce qui sera débloqué doit rester sous la souveraineté des pays respectifs.»

«L'infrastructure sur le territoire arménien doit demeurer sous la souveraineté de l’Arménie tout comme l'infrastructure azérie sous la souveraineté de l'Azerbaïdjan. De plus, toutes ces infrastructures doivent fonctionner conformément à nos législations nationales, dans le respect des principes d'égalité et de réciprocité.»

Mirzoyan a ajouté que l'Arménie était en mesure de garantir la sécurité des personnes et des marchandises traversant son territoire sans nécessiter la présence d'un pays tiers.

Il a également expliqué que son pays avait lancé une initiative visant à améliorer les perspectives de stabilité et de paix en débloquant les infrastructures de transport dans la région.

«Nous avons proposé une initiative que nous avons baptisée “Carrefour de la paix” parce que nous croyons fermement que le déblocage complet des infrastructures de transport dans le Caucase du Sud, notamment les routes et les chemins de fer arméniens, azéris et turcs, aura non seulement des retombées économiques positives, mais constituera également un facteur majeur de paix et de stabilité dans notre région.»

Carte illustrée montrant les «carrefours de la paix» proposés par l'Arménie.

Même en dehors de l'Arménie et du Caucase du Sud, l'initiative pourrait avoir un impact mondial significatif, selon Mirzoyan.

«Il y a un intérêt croissant de la part de plusieurs pays pour la mise en œuvre de ce projet, le Carrefour de la Paix, en raison de ses avantages évidents. Je parle notamment des connexions est-ouest, mais nous devons également envisager les liens sud-nord ou nord-sud. C'est pourquoi nous le qualifions de “carrefour”», a-t-il expliqué.

Il a également souligné: «Ce projet pourrait s'avérer très bénéfique pour relier, par exemple, le monde arabe, y compris l'Arabie saoudite, avec la région de la mer Noire, et même au-delà.»

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La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

L'Arménie s'apprête à établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays et organisations multilatérales, dont l'Union européenne, s'éloignant ainsi de son allié historique le plus puissant, la Russie.

«Il convient de noter que les relations entre l'Arménie et la Fédération de Russie ne sont pas au beau fixe, dirais-je», a déclaré M. Mirzoyan. «Bien sûr, des difficultés subsistent, et nous n’en faisons pas mystère». 

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Cette photo prise le 17 novembre 2020 montre des véhicules de soldats de la paix russes stationnés à un poste de contrôle sur la route de Shusha, dans le Haut-Karabakh. Le porte-parole du président Vladimir Poutine a déclaré le 17 avril 2024 que les forces russes se retiraient de la région du Karabakh, où elles étaient stationnées en tant que forces de maintien de la paix depuis la fin d'une guerre en 2020. (Photo AP /Dossier)

«Il y a des problèmes ainsi que des interrogations au sein de la société arménienne, notamment en ce qui concerne le comportement des soldats de la paix russes au Nagorno-Karabakh, mais aussi celui de nos alliés russes lors des attaques sur nos territoires souverains en 2022, 2023 et bien avant. Il est vrai que des questions subsistent à ce sujet. Cependant, nous y travaillons.»

Les relations de l’Arménie avec l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) sont gelées depuis l'automne dernier. Fondée en 2002, l'OTSC est une alliance militaire regroupant six États post-soviétiques: Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie et Tadjikistan. Mirzoyan a déclaré dans une interview en mars avec TRT World de Turquie que la candidature de l'Arménie à l'UE était en discussion.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, en visite dans le Royaume cette semaine, s'est entretenu en exclusivité avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali. (Photo AN)

Abordant la question avec Arab News, Mirzoyan a déclaré: «Les aspirations européennes du peuple de la république d'Arménie se renforcent de plus en plus, surtout face à la frustration ressentie par les Arméniens à l’égard des relations avec la Russie, bien que cela ne soit pas le seul élément en jeu.

«L'Arménie approfondit véritablement et de manière significative ses liens avec les États-Unis et l'UE. Ce sont nos principaux partenaires dans notre programme de réformes démocratiques. Ces derniers montrent désormais un engagement fort à soutenir l'Arménie et à renforcer sa résilience économique.

Nous entamons avec l'UE une nouvelle voie de partenariat étroit et, jusqu'à présent, personne ne peut prédire avec certitude où cela nous mènera.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite déplore l’échec de la candidature de la Palestine à l’ONU

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
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  • Le Royaume réaffirme son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination
  • La Jordanie exprime également sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver la résolution.

DUBAI : L'Arabie saoudite a exprimé son regret face à l'échec du Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une résolution acceptant l'adhésion à part entière de la Palestine à l'ONU.

Dans une déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères sur la plateforme de médias sociaux X, le Royaume a déclaré que "la non-adoption de la résolution permet à l'occupation israélienne de poursuivre ses violations du droit international sans dissuasion et ne rapprochera pas la paix souhaitée".

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza.

Le Royaume a également réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à l'initiative de paix arabe et aux résolutions internationales pertinentes.

La Jordanie a également exprimé sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver une résolution qui aurait admis la Palestine comme membre à part entière des Nations unies, en raison du droit de veto des États-Unis.

Dans une déclaration, le ministère des affaires étrangères du pays a réaffirmé "que la communauté internationale est en faveur de la solution à deux États, qu'Israël est en train de saper".

"Le Conseil de sécurité doit reconnaître l'État palestinien afin d'empêcher Israël de priver le peuple palestinien de son droit à la liberté et à son propre État", a rapporté l'agence de presse nationale Petra.

"La reconnaissance de l'État palestinien et son adhésion pleine et entière sont une étape nécessaire pour imposer une paix juste qui mette fin à l'occupation et au conflit et qui respecte le droit de tous les peuples de la région à vivre dans la sécurité et la stabilité", a déclaré le porte-parole du ministère, Sufian Qudah.

"La Jordanie exige que toutes les nations reconnaissent l'État de Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, comme condition préalable à l'instauration de la paix et de la sécurité dans la région.

Le Qatar, dans une déclaration publiée par son ministère des affaires étrangères, a également exprimé son "profond regret face à l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution acceptant l'adhésion à part entière de l'État de Palestine aux Nations unies".

L'Organisation de la coopération islamique a également exprimé son profond regret face à l'incapacité du Conseil de sécurité "d'assumer ses responsabilités en accordant à l'État de Palestine le statut de membre à part entière des Nations unies, à un moment où le peuple palestinien est confronté aux formes les plus dures d'agression, de persécution et de génocide".

Dans une déclaration, l'organisation a affirmé que "l'utilisation du droit de veto des États-Unis contrevient aux dispositions de la Charte des Nations Unies, qui permet l'adhésion de tous les États acceptant les obligations qu'elle contient, et continue d'empêcher le peuple palestinien d'obtenir ses droits légitimes, perpétuant ainsi l'injustice historique subie par le peuple palestinien au cours des 75 dernières années", a rapporté l'agence de presse qatarie.

L'OCI a également affirmé le droit légitime de la Palestine à incarner son statut politique et juridique au sein des Nations unies, "considérant qu'il s'agit d'un droit en souffrance depuis des décennies, fondé sur les droits politiques, juridiques, historiques et naturels du peuple palestinien sur sa terre, comme le confirment les résolutions pertinentes des Nations unies".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com