Été 2020 : violences, débordements, quelles réponses judiciaires de l’exécutif ?

Une compagnie de CRS déployée lors d’une manifestation à Paris en juillet (Photo, Zakaria ABDELKAFI/AFP).
Une compagnie de CRS déployée lors d’une manifestation à Paris en juillet (Photo, Zakaria ABDELKAFI/AFP).
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Publié le Dimanche 06 septembre 2020

Été 2020 : violences, débordements, quelles réponses judiciaires de l’exécutif ?

  • Les problèmes de sécurité, les actes d’incivilité commis notamment lors de célébrations ou de manifestations – crise des « gilets jaunes » ou grèves contre la réforme des retraites – suscitent en France des polémiques
  • La question sécuritaire figure dans l’argumentaire de base du discours politique, en particulier pour les tenants de la droite traditionnelle et l’extrême droite

PARIS : La rentrée sociale est marquée par un débat soutenu et controversé sur les violences et les incivilités commises ces dernières semaines en France. L’autorité de l’État serait-elle pour autant menacée ? Quelles sont les mesures prises par le gouvernement français pour faire face aux violences et au respect des lois de la République, et comment accompagner les plus vulnérables dans la voie de la réussite et de l’ascension sociale ?

Le vivre ensemble menacé ?

Les problèmes de sécurité dans certains quartiers, les actes d’incivilité commis notamment lors de célébrations ou de manifestations – crise des « gilets jaunes » ou grèves contre la réforme des retraites – suscitent en France des polémiques. Nombreux sont aujourd’hui ceux qui débattent de l’épineuse question du vivre ensemble.

Il faut dire que la question sécuritaire a toujours été au centre des débats médiatiques et des campagnes politiques et qu’elle figure dans l’argumentaire de base du discours politique, en particulier pour les tenants de la droite traditionnelle et de l’extrême droite, surtout dans une période propice comme celle qui précède l’élection présidentielle de 2022. Mais la situation présente pourrait-elle vraiment compromettre l’esprit du vivre ensemble en France, comme certains ne cessent de le répéter sur la scène médiatique ?

Responsabilité pénale des mineurs ?

Invité de la matinale sur Europe 1, le 1er septembre courant, Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice et garde des Sceaux, a déclaré : « Un mineur de 13 ans reste un enfant. » Le ministre souhaiterait que ces mineurs puissent devenir « des majeurs sortis de la délinquance ». Il compte mener ce « beau projet humaniste » avec le concours « d’une institution respectée qu’est l’armée. […] Il faut sauver tous ceux qui peuvent être sauvés », poursuit le ministre.

Une vision contestée par l’opposition

La droite monte au créneau sur le sujet de l’insécurité. Agressions, faits divers : des élus de droite se sont emparés du sujet, en déplorant dans les médias une hausse des actes de violence sur le territoire français et en dénonçant le laxisme du gouvernement.

Rachida Dati, ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy et maire Les Républicains (LR) du VIIe arrondissement de Paris, ne partage pas la vision de l’actuel garde des Sceaux. Elle plaide, quant à elle, pour l’instauration d’une responsabilité pénale pour les mineurs dès 13 ans. Un avis partagé par Bruno Retailleau qui, lors de l’université d’été du parti LR, a affirmé qu’il ne pouvait y avoir d’infraction sans peine, même pour les mineurs.

« Je suis très surpris que Mme Dati, qui est une juriste et qui a occupé le poste qui est le mien, s’exprime comme ça, il doit s’agir d’une erreur : la responsabilité des mineurs de 13 ans, elle existe », commente Éric Dupont-Moretti au micro d’Europe 1. « On peut incarcérer un mineur quand il a plus de 13 ans, on ne peut pas le faire quand il a moins de 13 ans. Un mineur de 13 ans, ça reste un mineur, et tout est mis en place dans notre système pour qu’on les aide ».

De son côté, Alain Bauer, professeur en criminologie, estime dans un article publié par le quotidien Le Parisien que « la violence devient un élément de régulation de la vie sociale », et dénonce l’inefficacité de l’État à « traiter la violence ordinaire, quotidienne et répétitive ».

Interrogé par Arab News, Saïd, un père de famille résidant dans une cité populaire de Champigny-sur-Marne, dans le département du Val-de-Marne, nous confie : « On ne peut ignorer l’intenable question des inégalités sociales que vivent les résidents dans les zones défavorisées. Ils se sentent rejetés par la République, sans travail et sans perspectives d’avenir, ils n’ont plus de repères, explique-t-il. Bien évidemment, je n’excuse aucune violence, et je condamne avec fermeté tout délit ou acte criminel, mais j’appelle les pouvoirs publics à s’investir davantage pour offrir à cette jeunesse une sorte de deuxième chance leur permettant d’avoir une vie plus digne, plus juste et plus équitable », poursuit-il avec une vive émotion.

Réformes attendues

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur depuis deux mois, multiplie les déplacements auprès des forces de l’ordre. De son côté, le Premier ministre, Jean Castex, a souligné lors d’une interview que « la sécurité serait son chantier prioritaire après la crise de la Covid ».

Quant au chef de l’État, Emmanuel Macron, il a évoqué lors de sa rencontre avec la presse, le 28 août dernier, « une crise de l’autorité », et il appelle à la restauration du pacte républicain. Le chef de l’État a aussi appelé à : « la mise en œuvre d’une vraie politique éducative, c’est-à-dire une politique de prévention, mais aussi une réponse républicaine respectant les droits individuels, mais qui soit rapide et intelligible aussi bien pour la victime que pour l’auteur présumé des faits ».

L’exécutif a promis des moyens supplémentaires aux magistrats, et notamment un recrutement de juges et de greffiers. L’organisation d’un séminaire abordant les questions de sécurité est programmé pour le 9 septembre courant.

L’augmentation des violences, une exagération ?

Pour sa part, Laurent Mucchielli, sociologue spécialisé dans les questions de sécurité et de violences urbaines, explique dans les colonnes du quotidien Le Monde : « L’idée que l’insécurité serait en hausse n’est qu’une construction médiatique et politique. »

« Cela fait vingt-trois ans que je suis chercheur au CNRS et que je travaille dans ce domaine, et cela fait vingt-trois ans que j’assiste très régulièrement aux mêmes alertes qui viennent toujours du même bord politique, poursuit le chercheur. Crier à l’insécurité pour mieux se poser en rempart, c’est un des fonds de commerce des politiques de droite et d’extrême droite. Avec toujours la même manière de procéder, c’est-à-dire la mise en série de faits divers médiatisés sur les chaînes d’info en continu et sur les réseaux sociaux. »

Des chauffeurs de bus frappés (à Bayonne, le 5 juillet dernier), des élus agressés, des images de voitures brûlées et des boutiques vandalisées autour des Champs-Élysées après le match de la Ligue des champions PSG-Bayern ont suscité l’émoi, l’inquiétude et la colère. « On a eu, honnêtement, des mois de juillet et août pas satisfaisants, qui ne me plaisent pas du tout », confirme le Premier ministre, Jean Castex, sur les ondes de France Inter.

Un climat de tension

« La crise sanitaire a engendré un climat de tension qui fait resurgir le spectre de la violence », explique de son côté Olivier Hassid, consultant en sécurité chez PwC, dans une déclaration rapportée par le journal 20 Minutes. L’expert confirme « une ambiance d’insécurité évidente, avec des problématiques d’incivilités qui conduisent à des actes de violence. »

Enfin, selon Interstats, le service statistique de la sécurité intérieure rattaché au ministère de l’Intérieur, les faits de violence recensés par les services de police et de gendarmerie ont enregistré, comparativement au trimestre précédent, une hausse de 21 % des faits de coups et blessures ces deux derniers mois. « Ce sont des chiffres à replacer dans leur contexte. Durant le confinement, il y a eu un écroulement de ce qu’on appelle la délinquance de voie publique, souligne le sociologue Laurent Mucchielli. Il est donc tout à fait logique qu’après le déconfinement, on assiste à un “retour à la normale”, avec une hausse subite des chiffres. »


Condamnation de Christophe Gleizes en Algérie: «profonde inquiétude» de Macron qui promet d'agir pour «sa libération»

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  • La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin
  • Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française

PARIS: Emmanuel Macron a "appris avec une profonde inquiétude la condamnation en appel" à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie, a déclaré jeudi l'Elysée.

"Il lui adresse ses pensées ainsi qu'à sa famille. Nous continuerons d'agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais", a ajouté la présidence française.

La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, le journaliste de 36 ans s'était rendu en Algérie en mai 2024 pour un article sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à 100 km à l'est d'Alger.

Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française.

Le ministre français de l'Intéreur Laurent Nuñez a affirmé jeudi que sa libération était "un élément majeur" des discussions en cours "entre Paris et Alger", relancées depuis la grâce présidentielle octroyée mi-novembre à l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal par l'Algérie.

Emmanuel Macron s'était ensuite dit "disponible" pour échanger avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune si cela permet d'"obtenir des résultats" et d'"avancer" dans les relations tendues entre les deux pays, mais cet échange n'a pas encore eu lieu.

 

 

 

 


Lecornu annule ses rencontres avec CGT et CFDT pour se «consacrer» au budget de la Sécu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année
  • A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues"

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique.

"En l'état des discussions, le Premier ministre souhaite consacrer entièrement sa journée aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale", a expliqué son entourage.

"Pour cette raison, les consultations avec les syndicats CGT et CFDT ainsi que le déjeuner avec les parlementaires sur l'énergie seront reportés", a-t-on précisé.

Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année.

A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues" : le déficit, la réforme de l’État, l'énergie, l'agriculture ainsi que la sécurité intérieure et extérieure, avec débats et votes possibles à la clé.

Les partis présents au gouvernement (centre et LR), le PS, les Écologistes, le PCF et le RN ont été reçus, ainsi que les représentants du Medef.

La rencontre avec Force ouvrière prévue mercredi avait déjà été reportée.

La discussion sur le budget de la Sécu devait se poursuivre jeudi mais son éventuelle adoption le 9 décembre reste très hypothétique dans la mesure où les groupes Horizons et LR menacent de voter contre ou de s'abstenir.


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.