À Beyrouth, chaque maison, chaque commerce, chaque rue raconte désormais une histoire triste

Il y a un an, Michel et sa famille échappaient à la mort par miracle. (Photo fournie).
Il y a un an, Michel et sa famille échappaient à la mort par miracle. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 05 août 2021

À Beyrouth, chaque maison, chaque commerce, chaque rue raconte désormais une histoire triste

  • «Il y a un an, nous avons subi un assassinat collectif. Nous nous en sommes sortis par miracle. Et je crains que ce crime ne reste impuni»
  • De nombreux Beyrouthins ont réalisé hier qu’une partie de leur vie dans cette ville, autrefois l’une des plus vibrantes du monde, est bel et bien finie

BEYROUTH: Un an. Il aura fallu un an aux Libanais, aux Beyrouthins surtout, pour se recueillir devant les décombres de leur ville. Et hier, de tous les quartiers détruits, de nombreuses villes et localités libanaises ils ont convergé vers le port de Beyrouth, comme on fait un pèlerinage. Mieux, comme on va à un enterrement.

Femmes, hommes, enfants, personnes du troisième âge, tous étaient dans la rue.

À Achrafieh, un quartier de Beyrouth qui constitue le tiers de la superficie de la ville et abrite autant de ses habitants, et où chaque maison a été touchée par l’explosion du 4 août 2020, se préparait depuis quelques jours.

Des portraits neufs des victimes ont été accrochés devant leurs maisons, alors que des banderoles géantes qui traitent l’État libanais de meurtrier, annoncent la fin des dirigeants, ou encore affichent le décompte des victimes dans les immeubles lourdement touchés, couvrent des pans entiers des bâtiments toujours saccagés. Ici il y a eu sept morts, là trois, là quatre.

es banderoles géantes qui traitent l’État libanais de meurtrier, annoncent la fin des dirigeants, ou encore affichent le décompte des victimes dans les immeubles lourdement touchés, couvrent des pans entiers des bâtiments toujours saccagé
"Le 4 aoÌt 2020, vous avez perdu votre immunité" peut-on lire sur cette banderole qui recouvre une partie d'un immeuble soufflé par l'explosion. (Photo fournie)

À Beyrouth, chaque maison, chaque commerce, et chaque rue raconte désormais une triste histoire.

Dans toute la ville, des panneaux publicitaires lumineux passent inlassablement sur leurs écrans, depuis quelques jours, le nom et les portraits des victimes.

À Beyrouth la tristesse infinie se mêle à une immense colère; la ville est toujours saccagée, et malgré une certaine reconstruction déjà entamée, dans leur for intérieur, les habitants du Liban et de sa capitale sont conscients que justice ne sera pas faite. 

Et c’est bien cette colère, cette haine du régime en place qui grandit de jour en jour, qui a motivé des centaines de milliers de personnes à se rassembler devant le port, ainsi dans les rues des quartiers les plus touchés.

Certains partis politiques, comme les Forces Libanaises, ont jugé bon de permettre à leurs supporters de brandir leur drapeau. Les habitants des quartiers sinistrés les ont toutefois invités à les substituer par les drapeaux du Liban pour participer à l’évènement.

«J’ai vécu cinquante ans, entre guerre civile, trêves et explosions. Cinquante ans! Je suis las, vraiment las. Il y a des partis qui veulent accaparer l’événement, et c’est écœurant», soupire Michel qui est monté sur le toit de son immeuble, soufflé par l’explosion, pour observer la foule et les silos détruits du port.

 

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"Nous sommes les otages d'un Etat criminel". (Photo fournie).

Michel, qui habite à cinquante mètres à vol d’oiseau du port, avait alors survécu par miracle. Le 4 août 2020, il est sorti de chez lui, avec son épouse, vingt minutes avant que tout ne bascule. Sa maison a encore besoin de travaux de restaurations, mais il y habite quand même.

«Ils étaient tous au courant de la présence de l’ammonium au port de Beyrouth. Tous. Je vis à cent mètres à vol d’oiseau du port, à Mar Mikhael. Ma maison a été entièrement soufflée, le bureau de mon mari, à Gemmayzé aussi», souligne de son côté Sylvia, debout sur un trottoir avec son époux et ses amis, à quelques mètres de chez elle.

Dans les rues de Mar Mikhael, quartier gentrifié qui abrite encore des centaines de personnes âgées, les habitants, même fatigués par la vieillesse ou cloués sur des chaises roulantes, ont tenu à être dans la rue.

«Il y a un an, nous avons subi un assassinat collectif. Nous nous en sommes sortis par miracle. Mais je crains que ce crime ne reste impuni», explique Laure, qui au moment de l’explosion prenait son café, assise au balcon. «Il y a eu onze morts, rien que dans ma rue », soupire-t-elle. 

Pour des milliers de Beyrouthins, hier était une journée qui servait à parler ouvertement de leur traumatisme collectif et de leur incommensurable tristesse.

Hayat, a perdu son fils Chadi, dans l’explosion. Il avait 38 ans, et était sourd-muet. Son corps, encore chaud, avait été retrouvé sous les décombres d’un immeuble, 24 heures après l’explosion. Un an plus tard, elle ne peut toujours pas raconter l’histoire sans sangloter. «Avant de se rendre au port, les voisins vont se rassembler pour lui rendre hommage devant l’immeuble où il a péri. Je n’ai pas la force d’y aller. Je ne sens même pas mes jambes. Ça fait quelques jours que je suis très fatiguée», dit-elle.

Le soleil commence à se coucher sur Beyrouth, et le ciel est rose orangé, flamboyant. Comme quasiment tous les jours de l’année, la ville offre le plus beau des crépuscules. Devant les restaurants, les bars, les hôpitaux et les immeubles où des personnes ont péri, des bougies sont allumées. Les ruelles de la capitale libanaises sont vides. Même si leurs yeux se sont habitués depuis un an déjà à vivre parmi les sacs de débris, les bris de verre, les immeubles éventrés et les murs recouverts de bâches, de nombreux Beyrouthins ont réalisé hier qu’une partie de leur vie dans cette ville, autrefois l’une des plus vibrantes du monde, est bel et bien finie.

Ils avaient tout simplement envie de d’étreindre Beyrouth sans plus la lâcher.  


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.