Deuil, révolte et indignation à Beyrouth un an après le 4 août 2020

Un an après, les Libanais ont commémoré les 220 victimes de l’explosion, ainsi que les milliers de blessés, en cette journée du 4 août 2021 où se mêlent les sentiments de deuil, de révolte et d’indignation. (Photo, AFP)
Un an après, les Libanais ont commémoré les 220 victimes de l’explosion, ainsi que les milliers de blessés, en cette journée du 4 août 2021 où se mêlent les sentiments de deuil, de révolte et d’indignation. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Deuil, révolte et indignation à Beyrouth un an après le 4 août 2020

  • Ayant déjà vécu les années de guerre, Mona constate que même aux pires moments de son histoire, le pays n’a jamais été aussi détérioré
  • Tous les Libanais «devraient être dans la rue en une journée comme celle-ci, affirme Samia, parce que chacun de nous a perdu une part de lui» le 4 août précédent

BEYROUTH: Le temps d’une journée, l’activité s’est figée au Liban et les Libanais se sont réapproprié le cœur de leur capitale, Beyrouth, qui a été visée il y a un an par une énorme déflagration meurtrière.

Plusieurs centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, entreposées dans un hangar du port de Beyrouth, ont explosé le 4 août 2020, plongeant la ville et ses habitants dans un tourbillon d’effroi, de terreur et de démolition.

Le monde entier avait suivi avec stupeur et émotion les nouvelles de cette explosion d’une ampleur inégalée, dans un pays qui a déjà connu de longues années de guerre et plusieurs invasions.

Un an après, les Libanais ont commémoré les 220 victimes de l’explosion, ainsi que les milliers de blessés, en cette journée du 4 août 2021 où se mêlent les sentiments de deuil, de révolte et d’indignation.   

Dès le début de l’après-midi, ils ont commencé à affluer en groupe épars, en dehors de tout cadre organisé, par les différentes artères menant au centre-ville.

La plupart d’entre eux sont des jeunes, mais nombreux aussi étaient les moins jeunes; d’autres ont fait le choix de venir en famille, accompagnés de leurs jeunes enfants, arborant des drapeaux libanais ou de petites pancartes qu’ils ont préparées pour l’occasion.

Malgré la chaleur et l’humidité accablantes, ils tenaient à être là, rassemblés en petits ou grands groupes, silencieux ou acclamant des slogans et lançant des cris de bienvenue à l’adresse de ceux qui ont fait le déplacement de loin, de villes telles que Tripoli dans le nord ou Saïda dans le sud.

Pourquoi sont-ils là et qu’est-ce qui les pousse à se mobiliser, en dépit des multiples difficultés du quotidien?

Mona, une quinquagénaire, est animée par un but et des principes bien précis: «Nous ne pouvons plus continuer de la sorte; celui qui ne réclame pas ses droits est un démon muet.» Elle confie ne plus reconnaître son pays: «Ce n’est plus le Liban que j’ai connu», souligne-t-elle. Ayant déjà vécu les années de guerre, elle constate que même aux pires moments de son histoire, le pays n’a jamais été aussi détérioré.

La détérioration n’épargne aucun aspect de la vie; la monnaie locale a perdu environ 90% de sa valeur depuis 2019, les salaires ont fondu comme neige au soleil et plus de la moitié des Libanais vit sous le seuil de pauvreté. Alors «bien sûr, affirme Mona, je devais être là car j’ai un but à réaliser, et ce but est d’en finir avec cette bande de voleurs qui nous gouverne».

Même son de cloche de la part de Samir, un sexagénaire installé au Liban après des années passées à Dubaï: «Nous n’avons plus le droit de nous taire», assure-t-il. Même si les choses ne semblent pas s’arranger, «nous devons passer le relai d’une génération à l’autre. Le changement arrivera bien un jour», ajoute-t-il.

Âgée de 24 ans, Samia, la fille de Samir, est née aux États-Unis. Elle estime que cette journée de manifestation et de colère «n’est pas une option, mais une obligation». Tous les Libanais «devraient être dans la rue en une journée comme celle-ci, poursuit-elle, parce que chacun de nous a perdu une part de lui» le 4 août précédent.

Samia ne regrette pas du tout le retour de sa famille au Liban: «Il est vrai que la situation est excessivement difficile, mais je ne m’imagine pas quitter ce pays», affirme-t-elle. «Oui, assure Samia, je sens que j’ai une place au Liban», en dépit de l’avenir incertain pour les jeunes de son âge. «C’est mon pays, il est à moi et non aux politiciens pourris qui partiront un jour ou l’autre.»

Assis par terre avec un groupe d’amis, Hassane, un trentenaire, affirme quant à lui qu’il est là «parce qu’il faut qu’on en finisse avec ces incapables qui nous gouvernent et qui ont détruit le pays et les rêves de sa jeunesse». Hassane soutient qu’aucun désespoir n’est permis: «Ils nous ont démolis, ils doivent partir eux-mêmes. Nous, on reste.» Malgré sa détermination, Hassan avoue que l’idée de quitter le Liban lui vient à l’esprit.

Son ami Michel intervient dans l’échange, affirmant que «lorsqu’on vit comme nous en enfer, on rêve du paradis, mais nous devons poursuivre notre tâche et nettoyer le pays de ceux qui nous oppriment». Les Libanais, affirme Michel, «sont un peuple dont la liberté est l’oxygène, et ce peuple finira par triompher».

Hassane et son groupe d’amis sont bien sûr au courant de la conférence de soutien au peuple libanais organisée par la France, mais ils réclament beaucoup plus que des aides. Ils demandent des mesures fermes qui puissent mener à des réformes et souhaitent que l’Europe toute entière se mobilise pour sortir les Libanais de leur calvaire et parvenir à une justice sociale.

La détermination est là, affichée sur tous les visages des personnes présentes au centre de Beyrouth, mais c’est une détermination individuelle en l’absence de toute structure ou programme d’action.

Soha, une jeune maman venue en compagnie de son mari, Imad, et leurs deux petits enfants, rêve d’un Liban à l’abri «des conflits régionaux qui minent le quotidien de la population». Elle souhaite que le Liban et sa population ne «soient plus pris en otages par ces conflits» et avoue sa crainte de voir grandir ses enfants dans un pays aussi délabré.

Sabah, une sexagénaire, a tenu quant à elle à être présente parce que, souligne-t-elle, «les victimes de l’explosion sont tous nous parents et nos bien-aimés». Même si elle est consciente que cette journée ne changera rien à l’attitude de la classe politique qui obstrue toute action pouvant lui porter atteinte, Sabah estime qu’il est de son devoir d’exprimer sa désapprobation, par respect pour les victimes.

Sa fille Rima, actuellement au chômage, rêve d’un Liban débarrassé du confessionalisme politique et d’un État laïque «pour pouvoir continuer à vivre dans ce pays auquel nous sommes attachés et où nous voulons rester».

Jusqu’à la tombée de la nuit, une ambiance bon enfant régnait sur le centre de Beyrouth où des échauffourées ont plus tard éclaté entre des groupes de manifestants antagonistes, puis entre des manifestants et les forces chargées de la sécurité du Parlement libanais. Et comme une fois n’est pas coutume, ces incidents caractérisent désormais les manifestations dans le monde entier.

À Beyrouth, elles sont teintées de désespoir et de frustration.    




 


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."


Un an après le cessez-le-feu au Liban, la paix reste fragile alors que les violations israéliennes se multiplient

Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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  • Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
  • Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah

BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.

L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.

La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.

Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.

Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.

Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.

Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.

La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.

L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.

Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.

Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.

Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.

L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.

Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.

Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »

La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.

« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».

Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.

« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.

Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.

« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.

Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.

« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.

Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »

L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »

Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »

Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.

Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».

Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »

Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».

Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.