Macron: «Il n’y aura aucun chèque en blanc au bénéfice du système politique libanais»

Interpellant l’ensemble de la classe politique libanaise, il a affirmé: «Faire cesser cet état de chose ne dépend que de vous. La crise du Liban n’est pas un coup du sort ni une fatalité, elle est le fruit de faillites collectives et individuelles et de dysfonctionnements injustifiables». (Photo, AFP)
Interpellant l’ensemble de la classe politique libanaise, il a affirmé: «Faire cesser cet état de chose ne dépend que de vous. La crise du Liban n’est pas un coup du sort ni une fatalité, elle est le fruit de faillites collectives et individuelles et de dysfonctionnements injustifiables». (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 04 août 2021

Macron: «Il n’y aura aucun chèque en blanc au bénéfice du système politique libanais»

  • Coorganisée par la France et les Nations unies, la conférence d’aujourd’hui mobilise une quarantaine de pays et d’organisations internationales, à la date de l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth
  • Depuis l’explosion, déplore Emmanuel Macron, l’aide n’a cessé d’être acheminée, mais «la situation s’est encore dégradée»

BEYROUTH: Lors de son discours d’ouverture de la troisième conférence internationale de soutien à la population libanaise, le président français, Emmanuel Macron, n’avait d’autre choix que de fustiger les défaillances et la négligence des dirigeants libanais «qui semblent jouer le pourrissement».

Coorganisée par la France et les Nations unies, cette conférence mobilise une quarantaine de pays et d’organisations internationales, à la date de l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth. Un an après cette explosion qui a provoqué plus de deux cents morts, des milliers de blessés et environ trois cent mille sans abris, Macron ne peut que dresser un sombre bilan du progrès accompli.

Depuis l’explosion, déplore-t-il, l’aide n’a cessé d’être acheminée, mais «la situation s’est encore dégradée» et, depuis la conférence Cedre [Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes avec les entreprises], qui s’est tenue en avril 2018 «tous les rendez-vous ont été manqués, aucun engagement n’a été tenu, ni au niveau des réformes ni au niveau de la gouvernance». Le Liban «mérite définitivement mieux. Il mérite mieux que de vivre de la solidarité internationale», assure Emmanuel Macron. 

Interpellant l’ensemble de la classe politique libanaise, il a affirmé: «Faire cesser cet état de chose ne dépend que de vous. La crise du Liban n’est pas un coup du sort ni une fatalité, elle est le fruit de faillites collectives et individuelles et de dysfonctionnements injustifiables.»

Il va plus loin et constate une fois de plus que c’est «le résultat des déformations d’un système qui s’est détourné du bien public et de l’intérêt général».

Il continue d’enfoncer le clou. «L’ensemble de la classe politique libanaise n’a cessé de l’aggraver en mettant en avant les intérêts partisans avant les intérêts du peuple libanais.» Ce constat dur et sans complaisance n’aura aucun impact sur une classe politique dans le déni le plus total, une classe politique enfermée dans un hermétisme qui la rend invulnérable et coupée des souffrances de la population. Cela, bien sûr, n’échappe pas à Emmanuel Macron qui a fustigé les dirigeants libanais, les accusant de commettre «une faute historique et morale car «ils semblent faire le pari du pourrissement». 

Pourtant la sortie de cette crise politique, économique, sociale et, récemment, alimentaire est toute tracée et connue de tous. Mais Macron a tenu à la réitérer: «Formez un gouvernement, trouvez les compromis nécessaires, mettez en application la feuille de route», une idée née il y a bientôt un an.

La formation d’un gouvernement chargé de mesures urgentes «est la première des priorités», a-t-il martelé, «au service de la population», ce qui permettra à la communauté internationale d’intervenir efficacement pour mettre le pays sur pied.

Concernant l’explosion du port, et les entraves à la justice, il a indiqué que «les dirigeants libanais sont redevables de la vérité et de la transparence à l’égard de leur population».

Mais le président français connaît très bien ces dirigeants… Il a en effet visité le Liban à deux reprises et organisé plusieurs conférences de soutien aux Libanais et à leur armée, il est très certainement conscient que ses admonestations ne les feront pas plier.

Il est aussi probablement conscient qu’il en est de même des mesures restrictives prises par la France à l’égard de personnalités libanaises impliquées dans le blocage politique et la corruption, auxquels pourront s’ajouter bientôt des restrictions européennes.

Mais ils ne réussiront pas à lui faire baisser les bras. Non, il ne renoncera pas à l’engagement, pris lors de sa visite à Beyrouth au lendemain de l’explosion, de ne pas abandonner les Libanais à leur douloureux sort.

Alors, il maintient le cap… La France et la communauté internationale poursuivront leur soutien au peuple libanais selon les besoins précis identifiés par l’ONU. «Nous allons mettre dans les mois qui viennent près de 100 millions d’euros de nouveaux engagements», a-t-il dévoilé, cette somme s’ajoutera à celles des autres participants et portera sur l’éducation, l’aide alimentaire et la santé.

Mais il a clairement signifié que l’aide ira «directement aux associations sur place et aux ONG qui jouent un rôle essentiel et pallient les défaillances de l’État», tout en insistant sur la transparence de ces aides et leur traçabilité». «Il n’y aura aucun chèque en blanc au bénéfice du système politique libanais» car il est «depuis le début de la crise, et même avant, défaillant» soutient-il.

On dit que les mots ont un poids, on dit que les mots peuvent tuer. Ce n’est malheureusement pas le cas au Liban, ni le cas des responsables libanais qui condamnent toute une population à l’indignité et à l’assistanat.

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Short Url
  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Short Url
  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

Short Url
  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.