État de désespoir : des millions de personnes ne figurent pas sur la liste des citoyens de l'Assam

Des activistes tiennent des pancartes en scandant des slogans lors d'une manifestation contre l'exclusion des candidats au Registre national des citoyens (NRC) en Assam, New Delhi, le 5 septembre 2019. (Money SHARMA / AFP)
Des activistes tiennent des pancartes en scandant des slogans lors d'une manifestation contre l'exclusion des candidats au Registre national des citoyens (NRC) en Assam, New Delhi, le 5 septembre 2019. (Money SHARMA / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 06 septembre 2020

État de désespoir : des millions de personnes ne figurent pas sur la liste des citoyens de l'Assam

  • L’Assam est devenu le premier État en Inde à transmettre une liste de citoyens lors de sa publication du NRC
  • « Deux femmes mariées sont devenues folles parce que leurs maris les ont quittées lorsqu’ils ont découvert que leurs noms ne figuraient pas dans le NRC », a affirmé un activiste

NEW DELHI : Ahmed Toweb dit que sa vie a pris une mauvaise tournure depuis le 31 août de l’année dernière, lorsqu’il a découvert son nom ne figurait pas dans le Registre national des citoyens (NRC), un programme de 7 ans visant à identifier les « vrais » citoyens de l’Assam, État de l’Est de l’Inde.

« On a rejeté mes trois demandes de mariage au cours des six derniers mois. Dans ma famille de neuf personnes, seul mon nom a été exclu. Comment est-ce possible que mes parents, mes frères et mes sœurs soient Indiens et que je sois un étranger ? » a raconté Toweb, activiste social et politique âgé de 28 ans du village de Barpara dans le district de Bongaigaon de l’Assam, à Arab News.

« La liste entière est incorrecte et mal préparée », a-t-il ajouté.

L’Assam est devenu le premier État en Inde à transmettre une liste de citoyens lors de sa publication du NRC, qui a exclu environ 1,9 million de personnes.

Le NRC est le résultat de violents troubles civils en Assam dans les années 1980, lorsque des étudiants et des activistes politiques ont dirigé un mouvement populaire pour identifier les migrants illégaux du Bangladesh.

Afin de mettre fin à cette agitation, New Delhi a signé l’Accord d’Assam avec les étudiants et le gouvernement local en 1985. Il a ordonné une nouvelle liste de citoyens et abouti à un décret selon lequel les personnes qui entreraient dans l'État après le 25 mars 1971 seraient déclarées étrangères.

Cependant, après la conclusion de l’accord, aucun progrès véritable n’a été réalisé.

En 2013, la Cour Suprême a accéléré le processus et fixé un délai pour achever le processus du NRC, avant que le Bharatiya Janata Party (BJP) n'arrive au pouvoir en 2014 et ne s’attribue le mérite de la liste.

Avec l'avènement du gouvernement BJP en Assam en 2016, il y avait des allégations selon lesquelles le parti utilisait le NRC pour cibler les musulmans de langue bengalie et consolider son bloc de vote principal parmi les hindous de langue bengalie.

Pour sauver sa principale circonscription hindoue, le BJP a introduit  l’amendement de la loi sur la citoyenneté (CAA), une loi qui autorise la citoyenneté aux hindous, aux sikhs, aux jaïns, aux parsis et aux bouddhistes du Bangladesh, du Pakistan et de l'Afghanistan voisins, mais qui exclut les musulmans.

Pour Ahmed Toweb, la débâcle a suscité des inquiétudes pour l'avenir, surtout si son appel à être inclus dans le NRC est rejeté.

« J’étais très actif lorsque le NRC était en cours de préparation, j’aidais les autres à remplir les formulaires et à rassembler les bons documents. Les musulmans croyaient que le NRC permettrait qu’ils ne soient plus qualifiés de Bangladeshis illégaux, mais nous n'avons pas compris les desseins du gouvernement », a-t-il indiqué, ajoutant que les hindous ont désormais « l'avantage de la CAA, mais nous sommes abandonnés à notre propre sort ».

Ceux qui ne figurent pas sur le NRC reçoivent une lettre de rejet de la part du gouvernement, après quoi ils peuvent faire appel au Tribunal des affaires étrangères, un organe quasi judiciaire, et soumettre des documents pour « prouver leur citoyenneté ».

« Cela fait plus d’un an et la raison de notre non-inclusion n’a pas été expliquée. Par conséquent, nous sommes dans le flou », a déploré Toweb.

Fatema Begum, du district de Bongaigon, a partagé cet avis et a affirmé qu’elle était confrontée au même dilemme. Son mari figure dans le NRC, mais pas elle.

« Qu’arrivera-t-il à mon mariage et à ma famille si je suis déclarée apatride ? Je suis déjà confrontée à un problème. Je ne peux pas obtenir de ration à la boutique du gouvernement parce que mon nom ne figure pas dans le NRC », s’est indignée Begum, 29 ans.

L’activiste social Rubul Iftikar, basé à Bongaigon, a affirmé que Begum n’est pas la seule et que « la situation est tellement triste que, dans son district, deux femmes mariées sont devenues folles parce que leurs maris les ont quittées lorsqu’ils ont découvert que leurs noms ne figuraient pas dans le NRC ».

« Certaines jeunes femmes qui ne figurent pas dans la liste ne trouvent pas de mari. C’est une situation désespérée où les musulmans ne s’attendent pas du tout à ce que le système leur rende justice après l’introduction de la CAA », a déclaré Iftikar à Arab News.

Les experts affirment qu’il y a d’autres motivations derrière le NRC.

« La croyance la plus persistante est que le NRC a un préjugé inhérent contre les musulmans », a précisé l'avocat de l'Assam,  Sabur Tapader, à Arab News.

L’année dernière, après la publication du NRC, le BJP a rejeté la liste et appelé à une révision à la suite d'informations selon lesquelles plus de 60 pour cent des 1,9 million de personnes exclues étaient des hindous.

« Le NRC est un outil politique pour le BJP au pouvoir, et ils veulent de nouveau séduire les électeurs hindous bengalis en disant qu'ils se battent pour eux au tribunal», a-t-il ajouté.

Maintenant, on rapporte que le BJP demande à la Cour Suprême de réexaminer le NRC.

Entre-temps, le processus a également laissé les hindous bengalis dans la confusion, certains affirmant qu'ils étaient devenus un « pendule politique ».

« Il est difficile de faire confiance au gouvernement. L’Assam n’acceptera jamais la CAA en raison de son histoire. Le gouvernement veut simplement éviter que la question ne tombe dans les oubliettes et laisse les gens se battre au nom de la religion », a affirmé Biplab Das du district de Sonipat en Assam.

Le nom de Das est dans la liste, mais ceux de ses enfants n’y figurent pas.

Tapader a expliqué qu’avec les élections prévues pour le début de l’année prochaine, le gouvernement de l’Assam sollicitait un sursis auprès de la Cour Suprême.

« Ils n'ont pas encore défini les règles de la CAA et il faut du temps pour les mettre en œuvre. Le peuple comprend donc désormais le mobile caché du BJP », poursuit-il.

Jayata Kalita, analyste politique base à Delhi, a mentionné que le BJP a un « motif ultérieur » dans la mise en œuvre du NRC.

« Le BJP avait un motif ultérieur lorsqu’il parlait du NRC avant 2014. Il n’était pas du tout préoccupé par la grave menace posée par l’afflux de migrants du Bangladesh vers la démographie ethnique de l’Assam. L'Assam a commis une erreur en faisant confiance au BJP. Il a montré ses vraies couleurs communautaires en adoptant la CAA,  destinée à bénéficier aux migrants hindous », a indiqué Kalita à Arab News.

« L’Assam ne peut pas devenir un dépotoir pour les immigrants illégaux », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
Short Url
  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
Short Url
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.