Un procès intenté par la chaîne télévisée MTV contre le président libanais Michel Aoun

Le président de la République Libanaise, Michel Aoun (Stringer/Dalat et Nohra/AFP)
Le président de la République Libanaise, Michel Aoun (Stringer/Dalat et Nohra/AFP)
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Publié le Dimanche 06 septembre 2020

Un procès intenté par la chaîne télévisée MTV contre le président libanais Michel Aoun

  • La juge des référés informe la présidence de la République Libanaise du procès intenté par MTV contre elle
  • Le représentant de la station : La présidence n’est point immune. Personne n'est au-dessus de la loi

BEYROUTH : La juge des référés à Beyrouth, Carla Shawah, a décidé d'informer la présidence de la République Libanaise du procès intenté par MTV contre elle, dans le cadre de l'empêchement du correspondant de la chaîne de télévision de rentrer, la semaine dernière, au palais présidentiel.

Le représentant de MTV, l’avocat Mark Habka, a dit à Arab News : « Le procès a été présentée à la juge des référés. C’est la première affaire du genre contre la présidence de la république au Liban. Nous aspirons d’aboutir à une décision dans l'intérêt de la liberté de la presse, car la décision d'empêcher l'équipe de MTV de rentrer au siège présidentiel est injuste. C'est une atteinte à la liberté d'expression qui est assurée par la constitution. »

Logo de la chaîne d'informations libanaise MTV (site web MTV)

Lundi dernier, l'équipe de la chaîne de télévision a été surprise quand on l’a empêché de rentrer dans le palais présidentiel pour couvrir les consultations parlementaires contraignantes, que le président Michel Aoun a mené, pour désigner un premier ministre, qui formera le prochain gouvernement.

Habka a affirmé que : « La station n'avait pas agressé la présidence de la république. Il est surprenant que la présidence ait recouru à cette démarche au lieu de la loi spécialisée dans les médias, connue par la loi sur les publications. Cette décision est considérée comme un dangereux précédent pour saper le quatrième pouvoir. »

La station MTV, comme un grand nombre de chaînes de télévision privées, critique la corruption du gouvernement. Les critiques des stations contre le gouvernement se sont intensifiées après l'explosion du port de Beyrouth le 4 août. MTV s'est concentré sur la question de la connaissance du président Michel Aoun de l'existence de 2750 tonnes de nitrate d'ammonium dans l'un des hangars du port de Beyrouth, sans prendre aucune mesure pour remédier au danger de leur présence.

Lors d'un appel avec Arab News, le porte-parole de la présidence de la République, Rafic Chlala, s'est contenté de confirmer le contenu du communiqué publié par la direction générale de la présidence de la république après sa décision d'empêcher le correspondant de la station MTV de rentrer au siège présidentiel.

La déclaration mentionne que « MTV avait attaqué le Président de la République, lui avait ôté son statut officiel et s'est contenté de le désigner par son nom, sans son titre officiel. Elle a continué à l'insulter, à l'offenser et à lui attribuer des titres inappropriés. De nombreuses tentatives ont été faites avec la station pour reconsidérer sa méthode inappropriée, mais en vain. Il faut noter que toutes ces violations sont sanctionnées par les lois, notamment la loi sur les médias audiovisuels, qui permet la fermeture de la station lorsque la violation se répète. »

La déclaration continue : « Nous n'avons pas retenu des informations relatives à la présidence de la station. La mesure prise à son encontre ne peut être considérée comme une atteinte à la liberté des médias, à laquelle la présidence tient à adhérer et à pratiquer. »

Habka a expliqué à Arab News que le recours de la station à la justice libanaise « est un message qu’elle a confiance en elle et en la culpabilisation à travers la loi et non pas en procédant à l’acte, sans avoir recours aux tribunaux ». Il a souligné qu’aucun département du palais présidentiel n'avait communiqué avec la station avant que la décision de l'empêcher de rentrer dans le palais présidentiel ne soit prise. L'équipe de MTV a été surprise par la décision en se rendant au palais. 

Habka a déclaré : « La présidence n’est point immune dans la loi. C'est un département public comme tout autre département public au Liban. La loi garantit les libertés, y compris la liberté d'expression. Nous faisons appel au pouvoir judiciaire. Personne n'est au-dessus de la loi. »

Demandé si l'affaire est contre la présidence en absolu, ou si elle vise le président Michel Aoun, Habka a répondu : « La présidence de la république est représentée par le président Michel Aoun, donc c’est lui le décideur. »

Après l'interdiction, la station a affirmé dans l'introduction de son bulletin d'information que le palais « est le siège de la présidence libanaise, non pas la maison de Michel Aoun. »

Concernant les prochaines étapes juridiques, Habka a déclaré : « Nous nous attendons à un échange légal de listes de réponses liées au procès et à la publication de la décision urgente. »

Habka avait déjà intenté des procès contre des journalistes, liés à la liberté d'expression, y compris la plainte du Hezbollah contre la journaliste Dima Sadek, sur fond d'un article critiquant le parti. Habka a dit : « J’ai pu gagner le procès contre Sadek. La plainte a été déposée, mais elle n'a pas été pris en compte. »

L'initiative des journalistes pour la liberté a critiqué la décision présidentielle et l'a considérée comme « l’autre bout de la faillite, de l'agitation et du piratage sans précédent. Le palais présidentiel enregistrera qu'il a violé un principe constitutionnel assurant les libertés publiques et des médias. Il notera de même que MTV a mis le doigt sur une blessure profonde dans le corps du Liban, infligée par le pouvoir. »

Cette affaire n'est pas la seule présentée contre la Présidence de la République.

L'avocat Majd Boutros Harb a porté plainte contre le président de la république, Michel Aoun, et le premier ministre démissionnaire, Hassan Diab, en raison de leur connaissance de la présence de nitrate d'ammonium dans le port, sans prendre action.

La présidence de la république a expliqué les procédures suivies après que le président Aoun eut connaissance de l'existence de grandes quantités de nitrate d'ammonium dans le port. La sécurité nationale libanaise a expliqué que le président Aoun « a été informé du rapport de la sécurité nationale libanaise sur la présence d'une grande quantité de nitrate d'ammonium dans l'un des hangars du port de Beyrouth, le 20/07/2020.  Dès qu'il a été informé du rapport susmentionné, le conseiller militaire et de sécurité à la présidence de la république a notifié le chef du conseil suprême de la défense de ce rapport pour qu'il prenne les mesures nécessaires. A noter que le chef du conseil suprême de la défense a été informé à son tour, conformément aux règles, comme indiqué dans sa déclaration explicative du 08/08/2020 et l'a envoyé aux références compétentes. »

Le communiqué a affirmé que la présidence de la république « tient à faire en sorte que l'enquête judiciaire prenne toute son ampleur conformément aux textes applicables, en utilisant toutes les expériences nécessaires, pour clarifier toute la vérité à propos de l'explosion, ses circonstances et ceux responsables à tous les niveaux. »

L'explosion du port a entraîné la mort de 191 personnes, le blessé de plus de 6000 personnes, le déplacement de près de 300 000 personnes et la destruction de quartiers résidentiels sur le front de mer de Beyrouth et ses quartiers internes, notamment des écoles, des hôpitaux et des universités. Il reste toujours moins que cinq personnes perdues.

Dix-neuf personnes ont été arrêtés jusqu'à présent, la plupart étant des fonctionnaires des douanes et des ports, dans l'attente d'enquêtes. L'enquêteur judiciaire, le juge Fadi Sawan, a écouté la déposition du président Hassan Diab et la semaine prochaine, il entendra la déposition d’environ 20 autres personnes.

La recherche de survivants dans un immeuble démoli en raison de l'explosion de la rue Mar Mikhael s'est arrêtée samedi soir après n’avoir trouvé aucun corps vivant ou mort.

L'entrepreneur, l'ingénieur Riyad Al-Asaad, qui a participé aux fouilles, a déclaré à Arab News: « Toutes les opérations de l'équipe de volontaires Chiliens ont abouti à un résultat après 3 jours de fouille et d'enlèvement des débris à la main, soit l'absence de corps, vivants ou morts, bien que les techniques qu'ils utilisaient et le chien qui les accompagnait disaient le contraire. »

Al-Assaad ajouta : « L'excavation était un processus très dangereux, car il y a de grandes fissures dans le bâtiment. Nous nous attendons à ce que 4 bâtiments démolis tombent dans la région car leurs murs sont fissurés. Ils ne sont pas construits avec du béton, mais uniquement du grès et du bois. »

 


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.