Dans le delta du Nil, des fermiers veulent sauver le papyrus

La plante, qui peut atteindre quatre mètres de haut et pousse les pieds dans l'eau, se caractérise par son feuillage en éventail, célèbre pour avoir inspiré les chapiteaux des colonnes de nombreux temples égyptiens. (AFP)
La plante, qui peut atteindre quatre mètres de haut et pousse les pieds dans l'eau, se caractérise par son feuillage en éventail, célèbre pour avoir inspiré les chapiteaux des colonnes de nombreux temples égyptiens. (AFP)
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Publié le Lundi 09 août 2021

Dans le delta du Nil, des fermiers veulent sauver le papyrus

  • Si le papyrus était utilisé dans l'Egypte ancienne comme support pour l'écriture, les peintures sur la précieuse feuille issue de la plante sont aujourd'hui un des souvenirs préférés des visiteurs étrangers
  • «J'ai perdu environ 80% de mon revenu, j'avais près de 1 000 dollars par mois et maintenant presque zéro»

AL-QARAMOUS: Au milieu d'un paysage de rizières dans le Delta Nil, les fermiers d'Al-Qaramous misent tout sur le papyrus depuis plusieurs décennies. Aujourd'hui, ils luttent pour sauver leur gagne-pain menacé par la raréfaction des touristes.


Dans les années 1970, les fermiers de ce village, situé à 80 kilomètres au nord-est du Caire, se sont réappropriés des techniques agricoles et artisanales millénaires qui avaient quasiment disparu.


Depuis, la majorité de la production de papyrus égyptien vient des environs, dans le gouvernorat de Charqiya, selon les professionnels du secteur.

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Dans les années 1970, les fermiers de ce village, situé à 80 kilomètres au nord-est du Caire, se sont réappropriés des techniques agricoles et artisanales millénaires qui avaient quasiment disparu. (AFP)


Si le papyrus était utilisé dans l'Egypte ancienne comme support pour l'écriture, les peintures sur la précieuse feuille issue de la plante sont aujourd'hui un des souvenirs préférés des visiteurs étrangers.


Les artistes, basés à Al-Qaramous ou au Caire, disposent d'une vaste gamme de sujets: hiéroglyphes, pharaons, dieux et déesses antiques, calligraphie arabe ou encore paysages.


Mais après la révolte populaire de 2011 et l'instabilité politique qui a suivi, les touristes ont déserté le pays.

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"Le papyrus est notre seule source de revenus. Je ne connais rien d'autre. C'est ma vie", affirme M. Moussalam qui déplore lui aussi des pertes d'environ 80%. (AFP)

En 2020, ces derniers commençaient à peine à reprendre le chemin de l'Egypte lorsque l'épidémie de Covid-19 a frappé, affectant de nouveau ce secteur crucial. 


Cette année-là, le pays n'a encaissé que quatre milliards de dollars de revenus touristiques contre les 16 escomptés.


Désormais, à Al-Qaramous, 25 fermes tentent de vivre du papyrus, contre environ 500 avant 2011, affirme Saied Tarakhan, 60 ans, fermier et artiste peintre, fondateur d'une association de professionnels du secteur en 2014 dans le village.


"J'ai perdu environ 80% de mon revenu, j'avais près de 1 000 dollars par mois et maintenant presque zéro", dit à l'AFP M. Tarakhan, qui possède un champ de 0,2 hectare.

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Désormais, à Al-Qaramous, 25 fermes tentent de vivre du papyrus, contre environ 500 avant 2011, affirme Saied Tarakhan, 60 ans, fermier et artiste peintre, fondateur d'une association de professionnels du secteur en 2014 dans le village. (AFP)

Penser autrement 
Abdel Mobdi Moussalam, 48 ans, est lui propriétaire d'un atelier de transformation du papyrus en feuilles dans le village.


La plante, qui peut atteindre quatre mètres de haut et pousse les pieds dans l'eau, se caractérise par son feuillage en éventail, célèbre pour avoir inspiré les chapiteaux des colonnes de nombreux temples égyptiens.


Pour la transformer, les gestes n'ont pas changé depuis des millénaires. La tige, une fois récoltée, est découpée en fines lamelles avec un fil. Celles-ci sont immergées dans l'eau, puis alignées sur des carrés de tissu. Le tout est placé sous une presse et mis à sécher.


"Le papyrus est notre seule source de revenus. Je ne connais rien d'autre. C'est ma vie", affirme M. Moussalam qui déplore lui aussi des pertes d'environ 80%.

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Pour la transformer, les gestes n'ont pas changé depuis des millénaires. La tige, une fois récoltée, est découpée en fines lamelles avec un fil. Celles-ci sont immergées dans l'eau, puis alignées sur des carrés de tissu. Le tout est placé sous une presse et mis à sécher. (AFP)


Avant 2011, il employait huit ouvriers. Aujourd'hui seules deux personnes travaillent pour lui.


A Guizeh, non loin des célèbres pyramides, Ashraf el-Sarawi, 48 ans, propriétaire d'un vaste magasin de peintures sur papyrus, vide de touristes, confirme le malaise qui règne dans le secteur, tout en gardant espoir.


"Le tourisme ne meurt jamais, il est peut-être malade pour un moment mais ça reviendra", dit-il en assurant que son magasin, qui a fermé pendant plusieurs mois à cause de l'épidémie, a perdu la grande majorité de ses revenus depuis l'an dernier. 


Pour échapper à la crise, Saied Tarakhan a diversifié sa production. Il fabrique maintenant des carnets en papyrus, des feuilles compatibles avec les imprimantes, ou encore des feuilles à base de papyrus recyclé.


"Nous essayons de penser autrement pour pouvoir poursuivre", explique-t-il. "Je dis merci au Covid-19! Il nous a permis de développer notre travail pendant le confinement."

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"Au début, nous vendions seulement sur le marché local, mais après le Covid, nous avons essayé d'atteindre plus de gens (...) donc nous avons commencé à vendre nos produits en ligne à l'extérieur de l'Egypte. (AFP)

Depuis quelques mois, son fils Mohamed, 30 ans, a lancé l'entreprise familiale dans le commerce en ligne.


"Au début, nous vendions seulement sur le marché local, mais après le Covid, nous avons essayé d'atteindre plus de gens (...) donc nous avons commencé à vendre nos produits en ligne à l'extérieur de l'Egypte", raconte Mohamed Tarakhan.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.