A Deauville « Last Words », une fin du monde qui fait écho à l'actualité

Photocall pour présenter le film "Last Words" dans le cadre du 46ème édition du Deauville US Film Festival (Loic Venance / AFP)
Photocall pour présenter le film "Last Words" dans le cadre du 46ème édition du Deauville US Film Festival (Loic Venance / AFP)
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Publié le Dimanche 06 septembre 2020

A Deauville « Last Words », une fin du monde qui fait écho à l'actualité

  • « Pour les extérieurs, on a tourné de Casablanca au Sahara. Ce n'est pas un fantasme. On sait très bien qu'à Deauville, ce sera comme à Tanger dans peut-être trente ans »
  •  Faire un film, ce n'est rien par rapport au travail « avec la terre », estime Jonathan Nossiter qui ajoute: « l'acte de manger est un acte politique, de collaboration ou de résistance»

DEAUVILLE : Le réalisateur américain Jonathan Nossiter a présenté dimanche à Deauville devant un millier de spectateurs masqués « Last Words », l'histoire de la fin de l'humanité décimée par un virus sur une terre où les contacts physiques et la nature ont presque disparu.

Cette « fiction est peut-être un documentaire d'anticipation. J'espère que non », a expliqué lors d'une table ronde l'auteur de « Mondovino », sélectionné comme « Last Words » à Cannes mais en 2005.

Mais à mille lieux « de l’ingénierie de la peur d'Hollywood qui massacre » le spectateur, « c'est un appel à l'amour, un film joyeux, une joie un peu terrible (étant donné ndlr) le réchauffement climatique, l'état des choses catastrophiques, déjà en 2020. Si on le voit pas, c'est comme être en septembre 1939 et penser qu'Hitler n'était pas dangereux », ajoute dans un entretien à l'AFP le cinéaste de 58 ans, aujourd'hui maraicher en Italie.

Son film en compétition à Deauville est « un hommage à la vie » où « la culture et l'agriculture sont à l'origine des derniers rires de l'humanité », relève l'universitaire Gilles-Eric Séralini, dont l'étude sur les OGM en 2012 avait fait polémique. Pour Jonathan Nossiter le chercheur a « subi des choses très sérieuses de la part de l'industrie agroalimentaire ».

Interprété notamment par Charlotte Rampling et Nick Nolte, « Last Words », qui sortira le 21 octobre, plonge le spectateur en 2085 dans un monde de champs de ruines dispersés sur une terre qui n'est plus qu'un immense désert.

Le héros, un jeune homme noir qui ne connaît pas son prénom, tombe sur des pellicules de la Cineteca de Bologne dans les éboulis de Paris. Il décide de partir pour la ville italienne pour comprendre l'origine de ces morceaux de celluloïde qui l'intriguent.

Sur son chemin, un panneau rouillé indique « quarantaine épidémique virale ». Jonathan Nossiter a commencé à écrire le scénario en 2014, avant de tourner en 2018 et 2019.

« Pour les extérieurs, on a tourné de Casablanca au Sahara. Ce n'est pas un fantasme. On sait très bien qu'à Deauville, ce sera comme à Tanger dans peut-être trente ans », précise le réalisateur.

Dans cet environnement angoissant, où toute végétation semble avoir disparu, l'espoir, renait dans les ruines de Bologne. Confiné dans les caves des studios, un vieil homme fait découvrir, sur un projecteur à pédales, le cinéma au héros aussi ébahi que ses ancêtres du XIXe siècle. L'ex-cinéaste aussi jubile car « il a toujours été mieux de regarder des films avec des inconnus ».

« Tristesse infinie » de voir les gens masqués »

Ensemble, ils partent pour Athènes, où la rumeur dit que de l'herbe a repoussé. Là ils trouvent quelques centaines de survivants qui ont oublié ce qu'étaient les rapports entre humains.

La mer est brune, les plantes toxiques. « Un tiers des terres arables a déjà été détruit » ces dernières décennies, a souligné Philippe Desbrosses, ingénieur agronome et co-fondateur des mouvements A.B. (agriculture biologique) France et Europe.

Au fil des séances organisées par le héros, chacun redécouvre la tendresse, le contact avec l'autre comme avec la terre, le rire, le sexe, et avec le premier poisson aperçu depuis des décennies, le « plaisir de manger autre chose que des canettes » de poudre. « Une poignée de main peut devenir un moment d'énorme complicité, de sensualité et même d'érotisme », commente Jonathan Nossiter.

Mais le virus continue à tuer. Les derniers hommes toussent. Dans la salle de projection de Deauville des quintes leur font écho.

« J'ai vu une salle masquée de peur. Voir autant de gens masqués est d'une tristesse infinie », se désole le réalisateur, père de trois enfants. Mais « 1.000 personnes dans une salle de cinéma c'est extraordinaire, c'est maintenir une société civile dans des circonstances monstrueuses ».

Et le polyglotte d'appeler à une « résistance joyeuse » à l'intoxication du monde, en se lançant dans la production sans chimie ou en la soutenant. 

« Faire un film, ce n'est rien par rapport » au travail « avec la terre », estime Jonathan Nossiter. Mais « l'acte de manger est un acte politique, de collaboration ou de résistance », conclut-il.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.