Afghanistan: le président Ghani à Mazar-i-Sharif pour remobiliser les opposants aux talibans

Le président afghan, Ashraf Ghani, à Kaboul le 4 août 2021. Archives AFP
Le président afghan, Ashraf Ghani, à Kaboul le 4 août 2021. Archives AFP
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Publié le Mercredi 11 août 2021

Afghanistan: le président Ghani à Mazar-i-Sharif pour remobiliser les opposants aux talibans

  • Les talibans ont conquis dans la nuit Faizabad, capitale de la province du Badakhshan, dans laquelle ils n'avaient jamais pu pénétrer lors de leur ascension vers le pouvoir dans les années 1990
  • Ils contrôlent désormais neuf des 34 capitales provinciales de l'Afghanistan, toutes tombées comme des dominos, dont sept situées dans le nord au pays, une région qui leur avait pourtant toujours résisté

KABOUL, AFGHANISTAN : Le président afghan, Ashraf Ghani, est arrivé mercredi à Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord de l'Afghanistan assiégée par les talibans, pour tenter de coordonner la riposte face aux insurgés qui contrôlent désormais plus d'un quart des capitales provinciales du pays.


Les talibans ont conquis dans la nuit Faizabad, capitale de la province du Badakhshan, dans laquelle ils n'avaient jamais pu pénétrer lors de leur ascension vers le pouvoir dans les années 1990.


Ils contrôlent désormais neuf des 34 capitales provinciales de l'Afghanistan, toutes tombées comme des dominos, dont sept situées dans le nord au pays, une région qui leur avait pourtant toujours résisté.


Les forces de sécurité "ont quitté Faizabad et se sont retirées (dans des districts proches). Les talibans ont maintenant pris la ville. Les deux camps ont subi de fortes pertes", a déclaré à l'AFP Zabihullah Attiq, député du Badakhshan.


Mardi, les talibans avaient saisi Farah, dans l'ouest, et Pul-e-Khumri, dans le nord, à 200 km de Kaboul. Depuis vendredi, ils ont enchaîné les prises: Zaranj (sud-ouest), Sheberghan (nord), fief du célèbre chef de guerre Abdul Rachid Dostom, et surtout Kunduz, la grande ville du nord-est, ainsi que trois autres capitales septentrionales, Taloqan, Sar-e-Pul et Aibak.


La situation devenant critique dans le nord du pays, où les forces de sécurité paraissent complètement démoralisées, le président Ghani s'est rendu mercredi à Mazar-i-Sharif, vers laquelle les talibans tournent désormais toute leur attention.

Le président Ghani arrive à Mazar-i-Sharif pour remobiliser les opposants aux talibans. Reuters


Il devait y "vérifier la situation sécuritaire générale dans la zone nord" et "rencontrer des responsables sécuritaires, des dirigeants jihadistes, des notables et d'autres personnalités influentes", a indiqué le palais présidentiel dans un communiqué.

«Les Afghans doivent se battre»

M. Ghani devait ainsi vraisemblablement s'entretenir avec Mohammad Atta Noor, l'ex-gouverneur de la province de Balkh, dont Mazar-i-Sharif est la capitale, homme fort depuis longtemps du nord, qui a promis de résister "jusqu'à la dernière goutte de sang", ainsi qu'avec Abdul Rachid Dostom, son ancien vice-président.


Des images publiées dans la nuit sur les réseaux sociaux montraient le maréchal Dostom, puissant dirigeant d'ethnie ouzbèke, embarquer dans un avion pour Mazar-i-Sharif avec un large contingent d'hommes armés.


Les talibans, qui convergent de plusieurs directions vers Mazar-i-Sharif, ont attaqué mardi des quartiers à la périphérie immédiate de la ville, mais ont été repoussés, selon un journaliste de l'AFP sur place.


La perte de Mazar-i-Sharif serait catastrophique pour le gouvernement, qui n'aurait plus aucun contrôle sur toute la moitié nord du pays. Cela permettrait aussi aux talibans de reporter leurs efforts sur d'autres régions et peut-être même sur la capitale Kaboul.

Les talibans ont lancé leur offensive en mai, au début du retrait final des troupes américaines et étrangères, mais leur avancée s'est accélérée ces derniers jours avec la prise de plusieurs centres urbains.


Le départ des forces internationales doit être achevé d'ici le 31 août, vingt ans après leur intervention dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.


"Je ne regrette pas ma décision" de quitter l'Afghanistan, a assuré mardi le président américain, Joe Biden. Les Afghans "doivent avoir la volonté de se battre" et "doivent se battre pour eux-mêmes, pour leur nation".

Washington agacé

Washington cache de moins en moins son agacement face à la faiblesse de l'armée de Kaboul, que les Américains forment, financent et équipent depuis des années.


Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a ainsi souligné que les forces gouvernementales étaient "très supérieures en nombre" aux talibans, et qu'elles avaient "le potentiel d'infliger des pertes plus importantes". "Cette idée que l'avancée des talibans ne peut pas être arrêtée", "ce n'est pas la réalité du terrain", a-t-il estimé.


Alors que les combats font aussi rage dans le sud, autour de Kandahar et dans Lashkar Gah, Doha a accueilli mardi une réunion internationale avec des représentants du Qatar, des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, de l'Ouzbékistan, du Pakistan, des Nations unies et de l'Union européenne. 


Les échanges se prolongeaient mercredi, l'émissaire américain, Zalmay Khalilzad, devant exhorter les talibans "à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique".


Le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans s'est ouvert en septembre dernier au Qatar, dans le cadre de l'accord conclu en février 2020 entre les insurgés et Washington prévoyant le départ total des troupes étrangères d'Afghanistan. Mais les discussions sont au point mort.


Les violences ont poussé des dizaines de milliers de civils à fuir leur foyer dans tout le pays, les talibans étant accusés de nombreuses atrocités dans les endroits passés sous leur coupe.


Abdulmanan, un déplacé de Kunduz, a confié avoir vu les talibans décapiter un de ses fils, sans savoir "si son corps a été mangé par les chiens ou enterré".


Quelque 359.000 personnes ont été déplacées en Afghanistan à cause des combats depuis le début de l'année, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
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  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".