Rochdi Belgasmi: un corps politique, reflet de la Tunisie

Rochdi Belgasmi, l’homme tunisien dansant contre vents et marées. Photo fournie.
Rochdi Belgasmi, l’homme tunisien dansant contre vents et marées. Photo fournie.
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Publié le Mercredi 11 août 2021

Rochdi Belgasmi: un corps politique, reflet de la Tunisie

  • «Mon corps est mon pays.»
  • Ce corps hautement politique a été victime de harcèlement et de menaces de mort à plusieurs reprises.

PARIS: Chorégraphe, danseur et chercheur en esthétique de la danse, Rochdi Belgasmi a plusieurs cordes à son arc. Il sait aussi bien manier son corps que le verbe, toujours avec le dessein de briser les stéréotypes, d’éveiller les consciences et, surtout, de mettre en lumière sa vision du monde. Arab News en français s’est entretenu avec ce Tunisien dansant contre vents et marées.

Un profil protéiforme

Bien que Rochdi Belgasmi soit né et qu’il ait été élevé dans la ville de M’saken, près de Sousse, son véritable berceau se trouve dans la région berbère de Haïdra, dont sa famille est originaire. C’est au contact de cette Tunisie bédouine que son amour de la danse va prendre forme. Dès l’âge de 10 ans, il s’initie à cet art. Sa famille, farouchement attachée à la culture populaire, au théâtre et à la musique, va l’aider dans son périple. Il observe rapidement les divergences entre la Tunisie citadine et la Tunisie bédouine. «La ville n’est pas un territoire propice pour danser. La ville, ce sont des murs limitant les mouvements. Le corps citadin est un corps conservateur, standard et fermé. C’est tout le contraire de la Tunisie bédouine, qui est beaucoup plus festive, libre, et rebelle», confie-t-il.

Ce constat était amplifié par le contrôle et la surveillance très étroite de la rue sous le régime de Ben Ali. «Après la révolution, on a libéré la rue. C’est devenu l’espace du peuple par excellence», explique l’artiste.

La révolution a été un catalyseur dans la vie et la carrière de Rochdi Belgasmi. «Avant 2011, il n’était pas possible de faire de la danse un métier sur le plan financier. Tout ce que j’ai fait avant cette année charnière était de la formation», raconte-t-il.

«Un artiste doit d'être un agitateur, un provocateur.»

Arrivé à Tunis en 2007, il est diplômé, entre autres, d’un master en sciences culturelles et d’un master en arts plastiques. Il découvre différents types de danse qui vont lui permettre de construire son profil hautement protéiforme. En 2011, il met en scène Transe, corps hanté, son premier spectacle en tant que chorégraphe. «La révolution a eu un effet libérateur pour les artistes. L’événement politique en tant que tel ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, ce sont les possibilités d’évoquer des problématiques qui étaient auparavant interdites», analyse-t-il.

L’univers de Rochdi Belgasmi ne peut être apprécié à sa juste valeur si l’on ne prend pas en compte ses différentes casquettes: celle d’un artiste «qui se doit d’être un agitateur, un provocateur, tout en n’étant pas aligné avec le système et en évitant de se fondre dans le moule», et celle d’un chercheur dont le rôle est d’interroger et «de se retrouver parfois face à des problématiques qui sont difficiles à résoudre», comme la question à laquelle il travaille actuellement autour du caractère licite ou illicite de la danse dans l’islam.

Une image et un corps politique

Rochdi Belgasmi livre en outre à Arab News en français une réflexion très touchante sur le concept de corps politique: «Le corps biologique peut décider d’arrêter de danser. Le corps politique ne m’appartient pas entièrement, même si c’est une image de mon corps. Quand je publie mes images, il y a beaucoup de controverses et de polémiques autour de ce corps à moitié nu, ce corps médian entre citadin et bédouin, entre féminin et masculin.»

Le danseur utilise une jolie formule pour résumer l’importance de ce concept: «Mon corps est mon pays.» Son corps devient ainsi une représentation de la Tunisie. «Dans ce corps-là, on voit la femme, l’homme, la peur, l’amour, l’espoir, la danse tunisienne traditionnelle et contemporaine. Dans ce corps-là résident toutes mes valeurs, ma résistance, mon histoire, ma mémoire. Tout ce qui forme, en somme, un pays.»

Représentation au Palais de Tokyo de Paris

Ce corps hautement politique a été victime de harcèlement et de menaces de mort à plusieurs reprises. En 2013, lors d’une représentation au théâtre du Kef, un groupe extrémiste a tenté de prendre d’assaut les lieux après la prière du vendredi. En 2017, son spectacle dans la ville côtière de La Chebba a dû être annulé en raison d’une campagne de diffamation initiée par des partisans fréristes. «La danse populaire pose problème car c’est un langage du peuple, elle est donc parfois connotée. Il y a un courant conservateur très fort qui n’est pas seulement lié à l’islam et à la religion, mais à d’autres facteurs externes, comme l’image, très connotée négativement, de la danseuse dans le cinéma égyptien. On en souffre encore aujourd’hui. Mais je n’ai pas peur. Mon but est de toucher le plus de monde, et pour cela, il faut récupérer le langage populaire en évoquant les sujets tabous et ambigus.»

Rochdi Belgasmi reconnaît que c’est parfois très difficile, surtout lorsque son image lui échappe. «Quand il y a un problème au Moyen-Orient, on utilise mon image comme symbole de la bassesse de l’homme en pointant du doigt l’homme arabe qui ne fait que danser. Cela dénigre et défigure mon travail. Toutefois, au fond, c’est mon image mais ce n’est pas moi», affirme-t-il. Il travaille actuellement sur son image politique. Il souhaite aborder cette thématique lors de son prochain spectacle, qui aura lieu au mois de janvier 2022.

Ce qui est fascinant, chez Rochdi Belgasmi, c’est son rapport à la société: artiste à l’écoute de la société, il se retrouve pourtant à chaque fois en décalage et à la marge.


Chantal Goya fête son jubilé: "Le public c'est ma famille"

La chanteuse française Chantal Goya pose lors d'une séance photo à Paris le 23 mai 2025. (AFP)
La chanteuse française Chantal Goya pose lors d'une séance photo à Paris le 23 mai 2025. (AFP)
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  • Chantal Goya, éternelle Marie-Rose et cousine de Bécassine, fête à 82 ans ses cinquante ans de "music-hall pour enfants" avec une grande tournée des Zénith, jusqu'en mars

PARIS: Marchande de rêves des petits devenus grands sur trois générations, Chantal Goya, éternelle Marie-Rose et cousine de Bécassine, fête à 82 ans ses cinquante ans de "music-hall pour enfants" avec une grande tournée des Zénith, jusqu'en mars.

La chanteuse se produira dimanche deux fois à guichets fermés, devant 7.000 fans au total, au Palais des Congrès de Paris, sa scène fétiche où elle a donné plus de 450 concerts.

QUESTION: Vous chantez depuis 1975 pour trois générations d'enfants. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

REPONSE: Tout est allé très vite et je n'arrive pas à réaliser. J'ai eu beaucoup de chance. Avec Jean-Jacques (Debout, son époux, NDLR), on a créé le music-hall pour enfants. Il a eu l'imaginaire que je n'ai pas. Sans lui, le personnage de Marie-Rose n'aurait jamais existé. Si je n'avais pas rencontré Jean-Jacques, je n'aurais jamais fait ce métier.

Q: Comment êtes-vous devenue chanteuse ?

R: Le 10 mai 1975, Jean-Jacques Debout m'a demandé au pied levé de remplacer Brigitte Bardot, malade, qui devait participer à une émission de Maritie et Gilbert Carpentier. Il m'a écrit la chanson "Adieu les jolis foulards". Après l'émission, personne n'en voulait pour en faire un disque et finalement, ça s'est fait. On en a vendu un million! Brigitte Bardot m'a toujours porté chance. Elle m'a donné beaucoup de conseils. Un jour, (la chanteuse) Barbara m'a dit: "Des gens vont se moquer de toi, mais il va falloir que tu t'accroches. Tu vois, tous les petits qui sont là, ils seront un jour papa et maman, ils reviendront avec leurs enfants et tu deviendras une institution". Je ne suis pas à la mode dans les médias, mais la plus belle radio, c'est radio papa-maman.

Q: Vous ne regrettez pas de ne pas avoir fait carrière au cinéma ?

R: À l'époque, je voulais être reporter de guerre et pas du tout artiste! Jean-Luc Godard me voulait pour "Masculin Féminin". Ça ne s'est pas très bien passé car je lui ai dit que je n'embrasse personne et que je ne joue pas nue. J'ai quand même fait le film jusqu'au bout, à mes conditions. Il m'a dit : "Vous ne serez jamais une vedette!". Je lui ai répondu: "Je m'en fous. J'ai une Vedette à la maison, ma machine à laver!"

Q: Vous êtes souvent décriée voire moquée. Comment le vivez-vous ?

R: Je m'en fous complètement! Je suis une toile cirée sur qui tout glisse! C'est ma force. J'ai un très fort caractère, comme l'avait ma mère. Donc je me défendrai toute ma vie!

Q: Connaissez-vous le trac ?

R: Pas du tout, au contraire. Chaque spectacle est une fête et je suis très contente. Vous savez, le public, c'est ma famille. Quand je vais voir quelqu'un de ma famille, je suis la plus heureuse. Pour cette tournée anniversaire, je suis émue. Mais je m'interdis de pleurer, sinon tout le monde va pleurer.

Q: À quoi va ressembler votre jubilé sur scène à Paris et en tournée ?

R: Je serai accompagnée de douze danseuses et dix enfants. Ce sera un mélange de mes grands spectacles, "Le soulier qui vole", "La planète merveilleuse", "Le mystérieux voyage" et "L'étrange histoire du château hanté". Jean-Jacques m'a écrit deux nouvelles chansons, "50 ans d'amour" et "Ainsi", qui racontent ma vie en trois minutes.

Q: Qu'allez-vous dire à votre public ?

R: Je ne saurai comment le remercier de m'avoir un jour choisi pour donner du rêve, en le transmettant à leurs enfants et petits-enfants. Le spectacle est aussi dans la salle: les enfants viennent déguisés en lapin, en chat botté ou en Bécassine et je les invite sur scène. C'est merveilleux!

Q : Vous fêterez vos 83 ans le 10 juin. Pensez-vous à la retraite ?

R : Je ne connais que la retraite aux flambeaux! Je n'ai pas fini! J'ai tellement d'idées dans la tête. Depuis toujours, j'ai la niaque et j'ai la chance d'être en bonne santé. Mes danseuses de 25 ans me demandent comment je fais car j'ai l'âge de leur grand-mère. Je ne veux pas mourir sur scène pour ne pas faire pleurer les petits enfants".


Abou Dhabi accueillera la première de «F1 The Movie» avec Brad Pitt en juin prochain

La production d'Apple Original Films suit un ancien pilote fictif, Sonny Hayes (Pitt), qui revient en Formule 1 des décennies après un accident qui a mis fin à sa carrière. Il s'associe à une écurie de course en difficulté et à une recrue de premier plan jouée par Damson Idris. (Photo fournie)
La production d'Apple Original Films suit un ancien pilote fictif, Sonny Hayes (Pitt), qui revient en Formule 1 des décennies après un accident qui a mis fin à sa carrière. Il s'associe à une écurie de course en difficulté et à une recrue de premier plan jouée par Damson Idris. (Photo fournie)
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  • «F1 The Movie» a été en partie tourné au Grand Prix d'Abou Dhabi l'année dernière
  • La production d'Apple Original Films suit un ancien pilote fictif, Sonny Hayes (Pitt), qui revient en Formule 1 des décennies après un accident qui a mis fin à sa carrière

ABOU DHABI: Le film de Brad Pitt sur la Formule 1 sera présenté en première régionale à Abou Dhabi le 25 juin, avant sa sortie officielle au Moyen-Orient le 26 juin.

Réalisé par Joseph Kosinski et produit par Jerry Bruckheimer et le septuple champion de F1 Lewis Hamilton, «F1 The Movie» a été en partie tourné au Grand Prix d'Abou Dhabi l'année dernière.

La production d'Apple Original Films suit un ancien pilote fictif, Sonny Hayes (Pitt), qui revient en Formule 1 des décennies après un accident qui a mis fin à sa carrière, et qui s'associe à une équipe de course en difficulté et à une recrue de premier plan jouée par Damson Idris.

Les acteurs et l'équipe reviendront à Abou Dhabi pour la première du tapis rouge après 29 jours de tournage dans l'émirat, notamment sur le circuit de Yas Marina et à l'aéroport international de Zayed. La production a mobilisé 284 membres de l'équipe locale et 15 stagiaires, avec le soutien du partenaire local Epic Films et du système de rabais de la Commission du film d'Abou Dhabi.

Mohamed Dobay, de l'Autorité des médias créatifs, a qualifié ce retour de «moment de clôture approprié» pour un projet qui a eu un impact significatif sur l'économie créative d'Abou Dhabi. Le film est l'une des 180 productions majeures soutenues par la Commission du film d'Abou Dhabi depuis 2013.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Live-action « Lilo & Stitch » : « amour et authenticité » au cœur de la réalisation, selon le producteur

Le classique animé de Disney "Lilo & Stitch", qui raconte l'histoire d'une fillette hawaïenne orpheline de six ans et de son animal de compagnie extraterrestre perturbateur, est prêt à captiver une fois de plus le public. (Fourni)
Le classique animé de Disney "Lilo & Stitch", qui raconte l'histoire d'une fillette hawaïenne orpheline de six ans et de son animal de compagnie extraterrestre perturbateur, est prêt à captiver une fois de plus le public. (Fourni)
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  • Le classique animé de Disney « Lilo & Stitch » est prêt à captiver une fois de plus le public grâce à une adaptation en prises de vue réelles qui sort cette semaine
  • Le réalisateur Dean Fleischer Camp et le producteur Jonathan Eirich partagent un amour profond pour le film original, sorti en 2002

DUBAI : Le classique animé de Disney « Lilo & Stitch » - qui raconte l'histoire d'une petite Hawaïenne orpheline de six ans et de son animal de compagnie extraterrestre perturbateur - est prêt à captiver une fois de plus le public grâce à une adaptation en prises de vue réelles qui sort cette semaine.

Le réalisateur Dean Fleischer Camp et le producteur Jonathan Eirich partagent un amour profond pour le film original, sorti en 2002.

« Cela a toujours été mon film d'animation Disney préféré. Je l'ai vu à sa sortie et j'en suis immédiatement tombé amoureux, comme tant d'autres », a confié Fleischer Camp à Arab News.

« Il s'agit vraiment de trouver des conteurs qui sont des fans de l'original, qui peuvent l'honorer de sorte que chaque choix en cours de route soit fait avec amour et authenticité », a expliqué Eirich en qualifiant la signature avec Fleischer Camp de "kismet". « Si vous faites cela correctement, et que vous faites ce que vous aimez, alors j'espère que le public ressentira la même chose », a-t-il ajouté.

Eirich a noté la nostalgie croissante qui entoure Stitch, en observant comment le personnage apparaît de plus en plus dans la culture populaire.  

« Nous avons commencé à voir des sacs à dos et des produits dérivés partout. Nous avons senti que c'était le bon moment pour revisiter cette histoire, mais nous savions que nous devions faire les choses correctement. Nous nous sommes demandé quels éléments les fans seraient contrariés de perdre ». Cette philosophie a guidé le processus de création, garantissant que le film serait à la fois familier et nouveau.  

Certains moments emblématiques de la version animée n'étaient pas négociables. La scène du hamac avec Nani, la grande sœur de Lilo, qui chante, et la scène finale sur la plage étaient particulièrement importantes.

« La scène où Nani chante "Aloha Hawaii" était un véritable déchirement dans la version originale, et c'est un moment magnifique. Mais il semble aussi qu'avec une adaptation en prises de vues réelles, il est possible de l'approfondir et d'en faire quelque chose de nouveau, tout en capturant le bel esprit de cette scène », a déclaré Fleischer Camp.

Pour Eirich, la célèbre citation de Stitch sur le fait de trouver sa propre "famille" a été clairement retenue.  

« Brisé mais toujours bon » devait absolument figurer dans le film, a-t-il lancé. « C'est le cœur de l'histoire. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com