Cinq choses à savoir sur le conflit qui s'étend en Ethiopie

Une manifestante à cheval, agite des drapeaux éthiopiens lors d'un rassemblement contre les forces pro-TPLF et pour soutenir les forces armées éthiopiennes à Addis-Abeba le 8 août 2021. (Photo, AFP)
Une manifestante à cheval, agite des drapeaux éthiopiens lors d'un rassemblement contre les forces pro-TPLF et pour soutenir les forces armées éthiopiennes à Addis-Abeba le 8 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 12 août 2021

Cinq choses à savoir sur le conflit qui s'étend en Ethiopie

  • Le gouvernement affirme que les rebelles tigréens, qu'il appelle «terroristes», ont ignoré le cessez-le-feu unilatéral et ont envoyé des troupes piller et assassiner en Afar et Amhara
  • Les États-Unis ont exhorté le Tigré à se retirer des régions occupées, mais les rebelles ont rejeté cette hypothèse tant que «le blocus» de la région n'est pas levé

NAIROBI : Les combats en Éthiopie, qui ont débuté en novembre dans la région du Tigré, se sont étendus ces dernières semaines aux régions alentour et menacent de se propager encore davantage après l'appel à la mobilisation lancé mardi par le Premier ministre Abiy Ahmed.

Voici cinq choses à savoir sur le conflit qui fait rage dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.

Où se déroulent les combats ?

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Le conflit a débuté il y a neuf mois au Tigré, une région petite mais stratégique et historiquement puissante du nord du pays, située le long de la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée.

Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a envoyé l'armée au Tigré après avoir accusé le parti au pouvoir dans la région, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), d'orchestrer des attaques contre des bases de l'armée fédérale. 

Il a proclamé la victoire après la prise de la capitale régionale Mekele fin novembre. Mais les forces pro-gouvernementales se sont ensuite enlisées dans une campagne contre-insurrectionnelle de plusieurs mois. 

En juin, les forces du TPLF ont lancé une offensive qui leur a permis de reconquérir Mekele, puis une grande partie du Tigré.

Elles ont ensuite poussé au-delà du Tigré, dans les régions voisines de l'Afar et l'Amhara, dont les territoires ont été entraînés dans la guerre. Les lignes de front y évoluent de jour en jour. 

Qui s'affronte ?

Ces dernières semaines, les dix régions qui constituent l'Éthiopie - et ses deux zones administratives Addis Abeba et Dire Dawa - ont envoyé des troupes dans la zone de conflit. 

L'Afar, qui borde Djibouti, a mobilisé ses forces spéciales et ses milices pour faire face aux forces pro-TPLF sur son sol.

L'Amhara, située au sud du Tigré, est, elle, impliquée dans la guerre depuis novembre lorsque ses troupes s'y sont emparées de territoires que cette région revendique de longue date. 

Récemment, des miliciens se sont mobilisés et les responsables régionaux ont appelé les habitants à s'enrôler pour assurer la "survie" des Amhara.

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L'Afar, qui borde Djibouti, a mobilisé ses forces spéciales et ses milices pour faire face aux forces pro-TPLF sur son sol. (Photo, AFP)

Que veut Abiy Ahmed ?

Le Premier ministre a déclaré un cessez-le-feu unilatéral fin juin quand les forces tigréennes ont repris Mekele, affirmant qu'une pause dans les combats était nécessaire pour permettre à l'aide humanitaire d'arriver et aux agriculteurs de planter leurs cultures. 

Le gouvernement affirme que les rebelles, qu'il appelle "terroristes", l'ont ignoré et ont envoyé des troupes piller et assassiner en Afar et Amhara.

Un porte-parole du TPLF a démenti ces accusations.

Le 10 août, quelques jours après avoir menacé de déployer "l'entière capacité défensive" de l'Éthiopie contre les rebelles, Abiy Ahmed a exhorté "tous les Éthiopiens aptes et majeurs" à rejoindre les forces armées et à arrêter le TPLF "une fois pour toutes".

Cet appel à une mobilisation massive suggère une possible offensive d'envergure, qui mettrait un terme au cessez-le-feu.

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Abiy Ahmed a exhorté «tous les Éthiopiens aptes et majeurs» à rejoindre les forces armées et à arrêter le TPLF «une fois pour toutes». (Photo, AFP)

Que veulent les rebelles ?

Le TPLF a répété qu'il n'a pas l'intention de s'emparer de territoires hors du Tigré et qu'il se concentre sur deux objectifs: faciliter l'accès de l'aide humanitaire et empêcher les forces pro-gouvernementales de se regrouper.

Mais il a aussi promis de "libérer chaque centimètre carré du Tigré", y compris les parties sud et ouest saisies par les forces amhara aux premiers jours du conflit.

Les dirigeants du TPLF ont également appelé au retrait du Tigré des forces érythréennes, qui ont soutenu l'armée éthiopienne.

Les États-Unis ont exhorté le TPLF à se retirer de l'Afar et de l'Amhara, mais les rebelles ont rejeté cette hypothèse tant que "le blocus" de la région n'est pas levé.

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Debretsion Gebremichael, président du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) s'adresse au public lors du premier congrès général d'urgence du TPLF dans la ville de Mekelle, en Éthiopie, le 4 janvier 2020. (Photo, AFP)

Que fait la communauté internationale ?

De nombreux dirigeants ont appelé à un cessez-le-feu négocié afin de permettre à l'aide humanitaire d'arriver au Tigré. 

L'ONU affirme que 400 000 personnes y vivent dans des conditions de famine, mais les convois d'aide sont confrontés à des défis sécuritaires ainsi qu'à des obstacles bureaucratiques. 

Le conflit a tendu les liens de l'Ethiopie avec certains alliés historiques, comme les États-Unis, où l'administration Biden critique ouvertement la guerre.

Addis Abeba estime que certains dirigeants étrangers, notamment occidentaux, ignorent les crimes du TPLF et accuse également des organisations humanitaires d'avoir aidé -et même armé- les rebelles.

Le conflit a également exacerbé des relations déjà tendues avec certains voisins dans cette région instable de la Corne de l'Afrique. Le Soudan a ainsi rappelé son ambassadeur en Éthiopie ce mois-ci, affirmant qu'Addis Abeba avait dédaigné ses efforts pour un règlement négocié du conflit.

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L'ONU affirme que 400 000 personnes y vivent dans des conditions de famine, mais les convois d'aide sont confrontés à des défis sécuritaires ainsi qu'à des obstacles bureaucratiques. (Photo, AFP)

 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.