Ethiopie: face à l'extension du conflit, le Premier ministre appelle à la mobilisation générale

Le Premier ministre Abiy Ahmed (Photo, AFP).
Le Premier ministre Abiy Ahmed (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 10 août 2021

Ethiopie: face à l'extension du conflit, le Premier ministre appelle à la mobilisation générale

  • Le conflit au Tigré connaît depuis fin juin un spectaculaire renversement de situation
  • Le 28 juin, les forces rebelles pro-TPLF ont repris Mekele, puis une grande partie du Tigré

ADDIS ABEBA: Le Premier ministre Abiy Ahmed a appelé mardi "tous les Éthiopiens aptes et majeurs" à rejoindre les forces armées, alors que le conflit qui dure depuis neuf mois au Tigré s'est étendu ces dernières semaines à deux régions voisines du nord du pays.

"C'est maintenant le moment pour tous les Éthiopiens aptes et majeurs de rejoindre les forces de défense, les forces spéciales et les milices et de montrer leur patriotisme", a déclaré dans un communiqué le bureau du Premier ministre, moins de deux mois après avoir décrété un cessez-le-feu.

Le conflit au Tigré connaît depuis fin juin un spectaculaire renversement de situation.

Les combats ont débuté en novembre après l'envoi par le Premier ministre Abiy Ahmed de l'armée fédérale au Tigré pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Selon le prix Nobel de la Paix 2019, cette opération répondait à des attaques contre des camps de l'armée fédérale ordonnées par le TPLF.

Il a proclamé la victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale Mekele.

Mais le 28 juin, les forces rebelles pro-TPLF ont repris Mekele, puis une grande partie du Tigré.

L'Unesco inquiète pour Lalibela, patrimoine mondial

L'Unesco s'est dite "sérieusement préoccupée par la protection" du site de Lalibela, en Éthiopie, après la prise de la ville par les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

"L"Unesco est sérieusement préoccupée par la protection du site du #PatrimoineMondial des Églises creusées dans le roc de #Lalibela ( #Éthiopie), suite aux rapports faisant état de l'extension du conflit", a tweeté mardi l'organisation de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture, basée à Paris.

Lalibela, ville emblématique de la région Amhara, célèbre pour ses églises taillées dans le roc, a été prise jeudi dernier par les forces rebelles de la région en guerre du Tigré, qui ont avancé dans les régions voisines. Face à la progression du TPLF, l'Éthiopie a menacé de déployer "sa capacité totale de défense".

Dans un communiqué publié dès vendredi sur son site, l'Unesco avait appelé "à s'abstenir de tout acte qui pourrait exposer à des dommages" ce lieu de "pèlerinage, de dévotion et de paix" et demandé "que toutes les précautions nécessaires soient prises pour empêcher toute tentative de pillage et de saccage des biens culturels situés dans cette zone".

"Les onze églises rupestres monolithiques médiévales de cette ‘nouvelle Jérusalem’ du XIIIe siècle sont situées dans une région montagneuse au cœur de l'Éthiopie, à proximité d'un village traditionnel aux habitations de forme circulaire. 

Haut lieu du christianisme éthiopien, le site des Églises creusées dans le roc de Lalibela a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1978", rappelle l'organisation.

Les églises de Lalibela sont uniques et sont situées sous le niveau du sol, entourées de profondes douves sèches. Seuls leurs toits sont visibles depuis la surface. Les cours entourant ces lieux de culte extraordinaires ne sont accessibles que par des escaliers et des tunnels.

Formée d'un seul bloc, elles regorgent d'ornements et de fenêtres sculptées en forme de croix. 

Lalibela tire son nom du roi Gebre Mesqel Lalibela dont la légende veut qu'il ait fait construire onze églises avec l'aide d'anges après que Dieu lui eut ordonné d'édifier une "Nouvelle Jérusalem".

Située à 680 km d'Addis Abeba, Lalibela est une destination populaire auprès des touristes étrangers et des orthodoxes éthiopiens. La religion orthodoxe est la plus pratiquée dans le pays.

Après un cessez-le-feu décrété par Abiy Ahmed -officiellement pour des raisons humanitaires- et le retrait des soldats éthiopiens, les forces tigréennes ont poursuivi leur offensive vers les régions voisines de l'Amhara, au sud, et de l'Afar, à l'est.

Dans sa déclaration, le bureau du Premier ministre annonce que désormais les forces de sécurité "ont pour instruction de mettre fin une fois pour toutes à la destruction menée par l'organisation traîtresse et terroriste du TPLF et les machinations étrangères".

Civils tués en Afar

Mardi, un responsable d'un hôpital en Afar a indiqué à l'AFP qu'au moins 12 civils ont été tués et des dizaines blessés le 5 août dans la localité de Galicoma.

Selon le Dr Abubeker Mahammud, directeur de l'hôpital de référence de la ville de Dubti, les survivants affirment avoir été visés par des combattants du TPLF. 

Des responsables régionaux de l'Afar ont évoqué, eux, un bilan d'au moins 200 morts, qui n'a pas pu être vérifié de manière indépendante.

Ayish Yasin, cheffe du bureau pour les femmes et les enfants au sein du gouvernement régional, a notamment déclaré à l'AFP que "200 corps de civils ont été retrouvés (...) et plus de 48 sont toujours portés disparus". "Sur les 200 corps, 107 sont des enfants", a-t-elle ajouté.

Le HCR retrouve l'accès aux camps de réfugiés érythréens au Tigré

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué mardi avoir retrouvé l'accès aux camps de réfugiés érythréens d'Adi Harush et de Mai Aini, dans la région éthiopienne en guerre du Tigré.

"De violents affrontements dans la région avaient empêché le personnel du HCR d'accéder à ces camps depuis le 13 juillet", a expliqué un porte-parole de l'organisation, Boris Cheshirkov, lors d'un point de presse à Genève.

La livraison de l'aide d'urgence aux camps d'Adi Harush et de Mai Aini a repris le 5 août pour les 23.000 réfugiés qui s'y trouvent.

"Cependant, l'accès demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable et les réfugiés continuent de faire face à des conditions de vie difficiles. Les services essentiels tels que les soins de santé ne sont toujours pas assurés et l'eau potable se raréfie", a affirmé le porte-parole du HCR.

L'organisation demande un "passage sûr" afin de permettre aux réfugiés de Mai Aini et d'Adi Harush d'être transférés vers le nouveau site d'Alemwach, près de la ville de Dabat, qui se trouve en dehors de la région du Tigré.

Alors que le HCR et l'Agence éthiopienne pour les réfugiés et les rapatriés (Arra), achèvent les travaux à Alemwach, des logements d'urgence dans des abris communautaires à Dabat ont été identifiés.

Depuis le 4 août, le HCR, en collaboration avec l'Arra et l'ONG Wise, a aussi commencé à délivrer des documents d'identification, dont la durée de validité est de trois ans, aux réfugiés érythréens qui ont fui vers Addis Abeba depuis les camps de Shimelba et de Hitsats, au nord du Tigré, qui avaient été détruits début 2021.

Les combats dans le nord de l'Ethiopie ont débuté en novembre dernier après l'envoi par le Premier ministre Abiy Ahmed de l'armée fédérale au Tigré pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Le HCR est préoccupé par de récents déplacements forcés dus aux combats dans les régions éthiopiennes d'Amhara et d'Afar, limitrophes du Tigré. Selon l'ONU, quelque 100.000 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays dans la région d'Amhara et 70.000 autres dans celle d'Afar. 

Le HCR a également observé une augmentation du nombre de réfugiés qui traversent la frontière vers le Soudan depuis l'Ethiopie. 

L'organisation lance un appel de fonds d'un montant de 164,5 millions de dollars (140,5 millions d'euros) pour aider 96.000 réfugiés érythréens et 650.000 déplacés internes dans la région du Tigré et jusqu'à 120.000 réfugiés éthiopiens dans l'est du Soudan.

Selon Mme Ayish, il s'agit de civils ayant cherché refuge dans un lieu où de l'aide alimentaire était stockée, tués par des tirs d'artillerie et enterrés immédiatement.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'agence des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) a indiqué mardi avoir "reçu des informations crédibles de partenaires sur les attaques jeudi dernier dans un camp de déplacés" en Afar. Il a ajouté qu'une mission composée d'agences onusiennes envisage de se rendre sur place "dès que la sécurité le permettra".

La veille, la directrice générale de l'Unicef, Henrietta Fore, s'était dite "extrêmement alarmée par le meurtre présumé de plus de 200 personnes, dont plus de 100 enfants, lors d'attaques contre des familles déplacées".

Accès humanitaire

Selon les autorités, cette attaque prouve la volonté belliciste du TPLF et son mépris pour la situation humanitaire catastrophique dans le nord de l'Ethiopie.

Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a déclaré sur Twitter que les troupes gouvernementales avaient "lancé une offensive le 5 août contre (ses) forces à Galicoma". Le TPLF "travaillera avec les organes compétents pour enquêter sur tout incident", a-t-il ajouté.

L'aide humanitaire peine toujours à arriver alors que, selon l'ONU, environ 400.000 personnes vivent dans des conditions de famine au Tigré et que 300.000 personnes sont confrontées à des "niveaux d'urgence" alimentaire en Afar et Amhara.

Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a annoncé mardi avoir pu accéder pour la première fois depuis le 13 juillet aux camps de Mai Aini et Adi Harush, qui accueillent des réfugiés érythréens au Tigré. Mais cet accès "demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable", selon le porte-parole du HCR, Boris Cheshirkov.

Le TPLF répète régulièrement qu'il ne souhaite pas s'emparer de territoires en Amhara et en Afar, mais qu'il veut faciliter l'accès pour l'aide humanitaire dans la région et éviter que les forces pro-gouvernementales ne se regroupent.


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.