Ethiopie: face à l'extension du conflit, le Premier ministre appelle à la mobilisation générale

Le Premier ministre Abiy Ahmed (Photo, AFP).
Le Premier ministre Abiy Ahmed (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 10 août 2021

Ethiopie: face à l'extension du conflit, le Premier ministre appelle à la mobilisation générale

  • Le conflit au Tigré connaît depuis fin juin un spectaculaire renversement de situation
  • Le 28 juin, les forces rebelles pro-TPLF ont repris Mekele, puis une grande partie du Tigré

ADDIS ABEBA: Le Premier ministre Abiy Ahmed a appelé mardi "tous les Éthiopiens aptes et majeurs" à rejoindre les forces armées, alors que le conflit qui dure depuis neuf mois au Tigré s'est étendu ces dernières semaines à deux régions voisines du nord du pays.

"C'est maintenant le moment pour tous les Éthiopiens aptes et majeurs de rejoindre les forces de défense, les forces spéciales et les milices et de montrer leur patriotisme", a déclaré dans un communiqué le bureau du Premier ministre, moins de deux mois après avoir décrété un cessez-le-feu.

Le conflit au Tigré connaît depuis fin juin un spectaculaire renversement de situation.

Les combats ont débuté en novembre après l'envoi par le Premier ministre Abiy Ahmed de l'armée fédérale au Tigré pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Selon le prix Nobel de la Paix 2019, cette opération répondait à des attaques contre des camps de l'armée fédérale ordonnées par le TPLF.

Il a proclamé la victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale Mekele.

Mais le 28 juin, les forces rebelles pro-TPLF ont repris Mekele, puis une grande partie du Tigré.

L'Unesco inquiète pour Lalibela, patrimoine mondial

L'Unesco s'est dite "sérieusement préoccupée par la protection" du site de Lalibela, en Éthiopie, après la prise de la ville par les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

"L"Unesco est sérieusement préoccupée par la protection du site du #PatrimoineMondial des Églises creusées dans le roc de #Lalibela ( #Éthiopie), suite aux rapports faisant état de l'extension du conflit", a tweeté mardi l'organisation de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture, basée à Paris.

Lalibela, ville emblématique de la région Amhara, célèbre pour ses églises taillées dans le roc, a été prise jeudi dernier par les forces rebelles de la région en guerre du Tigré, qui ont avancé dans les régions voisines. Face à la progression du TPLF, l'Éthiopie a menacé de déployer "sa capacité totale de défense".

Dans un communiqué publié dès vendredi sur son site, l'Unesco avait appelé "à s'abstenir de tout acte qui pourrait exposer à des dommages" ce lieu de "pèlerinage, de dévotion et de paix" et demandé "que toutes les précautions nécessaires soient prises pour empêcher toute tentative de pillage et de saccage des biens culturels situés dans cette zone".

"Les onze églises rupestres monolithiques médiévales de cette ‘nouvelle Jérusalem’ du XIIIe siècle sont situées dans une région montagneuse au cœur de l'Éthiopie, à proximité d'un village traditionnel aux habitations de forme circulaire. 

Haut lieu du christianisme éthiopien, le site des Églises creusées dans le roc de Lalibela a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1978", rappelle l'organisation.

Les églises de Lalibela sont uniques et sont situées sous le niveau du sol, entourées de profondes douves sèches. Seuls leurs toits sont visibles depuis la surface. Les cours entourant ces lieux de culte extraordinaires ne sont accessibles que par des escaliers et des tunnels.

Formée d'un seul bloc, elles regorgent d'ornements et de fenêtres sculptées en forme de croix. 

Lalibela tire son nom du roi Gebre Mesqel Lalibela dont la légende veut qu'il ait fait construire onze églises avec l'aide d'anges après que Dieu lui eut ordonné d'édifier une "Nouvelle Jérusalem".

Située à 680 km d'Addis Abeba, Lalibela est une destination populaire auprès des touristes étrangers et des orthodoxes éthiopiens. La religion orthodoxe est la plus pratiquée dans le pays.

Après un cessez-le-feu décrété par Abiy Ahmed -officiellement pour des raisons humanitaires- et le retrait des soldats éthiopiens, les forces tigréennes ont poursuivi leur offensive vers les régions voisines de l'Amhara, au sud, et de l'Afar, à l'est.

Dans sa déclaration, le bureau du Premier ministre annonce que désormais les forces de sécurité "ont pour instruction de mettre fin une fois pour toutes à la destruction menée par l'organisation traîtresse et terroriste du TPLF et les machinations étrangères".

Civils tués en Afar

Mardi, un responsable d'un hôpital en Afar a indiqué à l'AFP qu'au moins 12 civils ont été tués et des dizaines blessés le 5 août dans la localité de Galicoma.

Selon le Dr Abubeker Mahammud, directeur de l'hôpital de référence de la ville de Dubti, les survivants affirment avoir été visés par des combattants du TPLF. 

Des responsables régionaux de l'Afar ont évoqué, eux, un bilan d'au moins 200 morts, qui n'a pas pu être vérifié de manière indépendante.

Ayish Yasin, cheffe du bureau pour les femmes et les enfants au sein du gouvernement régional, a notamment déclaré à l'AFP que "200 corps de civils ont été retrouvés (...) et plus de 48 sont toujours portés disparus". "Sur les 200 corps, 107 sont des enfants", a-t-elle ajouté.

Le HCR retrouve l'accès aux camps de réfugiés érythréens au Tigré

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué mardi avoir retrouvé l'accès aux camps de réfugiés érythréens d'Adi Harush et de Mai Aini, dans la région éthiopienne en guerre du Tigré.

"De violents affrontements dans la région avaient empêché le personnel du HCR d'accéder à ces camps depuis le 13 juillet", a expliqué un porte-parole de l'organisation, Boris Cheshirkov, lors d'un point de presse à Genève.

La livraison de l'aide d'urgence aux camps d'Adi Harush et de Mai Aini a repris le 5 août pour les 23.000 réfugiés qui s'y trouvent.

"Cependant, l'accès demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable et les réfugiés continuent de faire face à des conditions de vie difficiles. Les services essentiels tels que les soins de santé ne sont toujours pas assurés et l'eau potable se raréfie", a affirmé le porte-parole du HCR.

L'organisation demande un "passage sûr" afin de permettre aux réfugiés de Mai Aini et d'Adi Harush d'être transférés vers le nouveau site d'Alemwach, près de la ville de Dabat, qui se trouve en dehors de la région du Tigré.

Alors que le HCR et l'Agence éthiopienne pour les réfugiés et les rapatriés (Arra), achèvent les travaux à Alemwach, des logements d'urgence dans des abris communautaires à Dabat ont été identifiés.

Depuis le 4 août, le HCR, en collaboration avec l'Arra et l'ONG Wise, a aussi commencé à délivrer des documents d'identification, dont la durée de validité est de trois ans, aux réfugiés érythréens qui ont fui vers Addis Abeba depuis les camps de Shimelba et de Hitsats, au nord du Tigré, qui avaient été détruits début 2021.

Les combats dans le nord de l'Ethiopie ont débuté en novembre dernier après l'envoi par le Premier ministre Abiy Ahmed de l'armée fédérale au Tigré pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Le HCR est préoccupé par de récents déplacements forcés dus aux combats dans les régions éthiopiennes d'Amhara et d'Afar, limitrophes du Tigré. Selon l'ONU, quelque 100.000 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays dans la région d'Amhara et 70.000 autres dans celle d'Afar. 

Le HCR a également observé une augmentation du nombre de réfugiés qui traversent la frontière vers le Soudan depuis l'Ethiopie. 

L'organisation lance un appel de fonds d'un montant de 164,5 millions de dollars (140,5 millions d'euros) pour aider 96.000 réfugiés érythréens et 650.000 déplacés internes dans la région du Tigré et jusqu'à 120.000 réfugiés éthiopiens dans l'est du Soudan.

Selon Mme Ayish, il s'agit de civils ayant cherché refuge dans un lieu où de l'aide alimentaire était stockée, tués par des tirs d'artillerie et enterrés immédiatement.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'agence des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) a indiqué mardi avoir "reçu des informations crédibles de partenaires sur les attaques jeudi dernier dans un camp de déplacés" en Afar. Il a ajouté qu'une mission composée d'agences onusiennes envisage de se rendre sur place "dès que la sécurité le permettra".

La veille, la directrice générale de l'Unicef, Henrietta Fore, s'était dite "extrêmement alarmée par le meurtre présumé de plus de 200 personnes, dont plus de 100 enfants, lors d'attaques contre des familles déplacées".

Accès humanitaire

Selon les autorités, cette attaque prouve la volonté belliciste du TPLF et son mépris pour la situation humanitaire catastrophique dans le nord de l'Ethiopie.

Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a déclaré sur Twitter que les troupes gouvernementales avaient "lancé une offensive le 5 août contre (ses) forces à Galicoma". Le TPLF "travaillera avec les organes compétents pour enquêter sur tout incident", a-t-il ajouté.

L'aide humanitaire peine toujours à arriver alors que, selon l'ONU, environ 400.000 personnes vivent dans des conditions de famine au Tigré et que 300.000 personnes sont confrontées à des "niveaux d'urgence" alimentaire en Afar et Amhara.

Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a annoncé mardi avoir pu accéder pour la première fois depuis le 13 juillet aux camps de Mai Aini et Adi Harush, qui accueillent des réfugiés érythréens au Tigré. Mais cet accès "demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable", selon le porte-parole du HCR, Boris Cheshirkov.

Le TPLF répète régulièrement qu'il ne souhaite pas s'emparer de territoires en Amhara et en Afar, mais qu'il veut faciliter l'accès pour l'aide humanitaire dans la région et éviter que les forces pro-gouvernementales ne se regroupent.


L'Australie va reconnaître l'Etat de Palestine

M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien". (AFP)
M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien". (AFP)
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  • "Une solution à deux Etats est le meilleur espoir de l'humanité pour rompre le cycle de la violence au Moyen-Orient et aboutir à une fin au conflit et aux souffrances" à Gaza, a déclaré le chef du gouvernement travailliste à la presse à Canberra
  • Et d'ajouter: "l'Australie va reconnaître le droit du peuple palestinien à un Etat qui lui est propre". "La paix ne peut être que temporaire" tant que les Israéliens et les Palestiniens ne disposent pas de leurs Etats, a-t-il dit

CANBERRA: L'Australie va reconnaître l'Etat de Palestine à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, a annoncé le Premier ministre Anthony Albanese lundi, emboîtant le pas à d'autres pays tels que la France et le Canada.

"Une solution à deux Etats est le meilleur espoir de l'humanité pour rompre le cycle de la violence au Moyen-Orient et aboutir à une fin au conflit et aux souffrances" à Gaza, a déclaré le chef du gouvernement travailliste à la presse à Canberra.

Et d'ajouter: "l'Australie va reconnaître le droit du peuple palestinien à un Etat qui lui est propre". "La paix ne peut être que temporaire" tant que les Israéliens et les Palestiniens ne disposent pas de leurs Etats, a-t-il dit.

La guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a ravivé les velléités à reconnaître l'Etat de Palestine.

M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien".

Les pressions internationales s'accentuent sur le gouvernement israélien pour trouver une issue au conflit, qui a conduit à une grave crise humanitaire dans l'enclave palestinienne assiégée, où vivent quelque 2,4 millions de personnes. Les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, se sont par ailleurs intensifiées depuis le début de la guerre à Gaza.

Selon M. Albanese, le gouvernement israélien continue de défier "le droit international et de refuser une aide suffisante" aux Palestiniens de Gaza.

Elan international 

Fin juillet, le président français Emmanuel Macron a annoncé son intention de reconnaître l'Etat de Palestine à l'occasion de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, en espérant créer une dynamique collective en ce sens.

Une décision qui "récompense la terreur", avait alors jugé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en référence à l'attaque du 7-Octobre. Les Etats-Unis, premier soutien d'Israël, ont pour leur part "fermement" rejeté une mesure "imprudente".

Quelques jours plus tard, le Canada avait lui aussi fait part de son intention en faveur d'un Etat de Palestine. Le Royaume-Uni a aussi annoncé qu'il le reconnaîtrait, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Au total, les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980. Cet acte diplomatique a été réalisé par une dizaine de pays depuis le début de la guerre à Gaza.

Fin juillet, l'Australie et 14 autres pays occidentaux, parmi lesquels la France et la Canada, avaient "invité" la communauté internationale à reconnaître un Etat de Palestine.

Lundi, c'est aussi la Nouvelle-Zélande, voisine de l'Australie, qui a dit qu'elle réfléchirait d'ici septembre à reconnaître un Etat de Palestine.

Mentionnant "la catastrophe humanitaire" en cours à Gaza, le chef de la diplomatie Winston Peters a déclaré: "nous avons l'intention d'évaluer la question (de la reconnaissance de l'Etat de Palestine, ndlr) et d'agir en vertu des principes, des valeurs et des intérêts nationaux de la Nouvelle-Zélande". Le ministre a indiqué qu'une décision serait annoncée à l'ONU en septembre.

Quelques heures avant la déclaration à la presse d'Anthony Albanese, Benjamin Netanyahu avait critiqué un élan international "honteux" et "décevant" qui n'allait "pas apporter la paix", mais "la guerre".

Lundi, l'ambassadeur d'Israël en Australie a critiqué la décision de Canberra. "L'Australie renforce la position du Hamas (...) tout en affaiblissant la cause  de ceux qui travaillent à mettre fin à la violence et obtenir une paix véritable et durable", a écrit Amir Maimon sur ses réseaux sociaux.

L'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné, côté israélien, la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont déjà fait 61.430 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Plan pour Gaza: l'ONU met en garde contre «une nouvelle calamité»

Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est  alarmé sur X qu'une "escalade militaire supplémentaire fasse peser plus de risques sur les enfants, en termes de malnutrition et accès aux soins". (AFP)
Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est alarmé sur X qu'une "escalade militaire supplémentaire fasse peser plus de risques sur les enfants, en termes de malnutrition et accès aux soins". (AFP)
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  • Des hauts responsables de l'ONU ont mis en garde dimanche les membres du Conseil de sécurité contre le plan israélien de contrôle de la ville de Gaza, qui risque de déclencher "une nouvelle calamité" aux graves conséquences régionales
  • Convoquée dimanche matin au siège des Nations unies à New York à l'initiative de plusieurs pays européens (Royaume-Uni, Danemark, Grèce, France et Slovénie), la réunion d'urgence s'est achevée sans projet de résolution

NATIONS-UNIES: Des hauts responsables de l'ONU ont mis en garde dimanche les membres du Conseil de sécurité contre le plan israélien de contrôle de la ville de Gaza, qui risque de déclencher "une nouvelle calamité" aux graves conséquences régionales.

Convoquée dimanche matin au siège des Nations unies à New York à l'initiative de plusieurs pays européens (Royaume-Uni, Danemark, Grèce, France et Slovénie), la réunion d'urgence s'est achevée sans projet de résolution.

Sourd au tollé international suscité par son initiative, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a défendu au même moment depuis Jérusalem son plan d'opération dans le territoire palestinien, "meilleur moyen" à ses yeux de "terminer la guerre" qui fait rage depuis 22 mois.

"Nous assistons déjà à une catastrophe humanitaire d'une ampleur inimaginable à Gaza", a déclaré Miroslav Jenca, sous-secrétaire général de l'ONU pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques.

S'ils sont mis en oeuvre, les projets militaires israéliens "risquent de déclencher une nouvelle calamité à Gaza, résonnant dans toute la région et provoquant de nouveaux déplacements forcés, des tueries et des destructions – aggravant les souffrances insupportables de la population", a martelé cet adjoint du secrétaire général Antonio Guterres.

Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est de son côté alarmé sur X qu'une "escalade militaire supplémentaire fasse peser plus de risques sur les enfants, en termes de malnutrition et accès aux soins".

Le représentant du Royaume-Uni à l'ONU a lui aussi dénoncé un plan qui ne ferait "qu'aggraver les souffrances des civils palestiniens à Gaza".

"Ce n'est pas un chemin vers une solution. C'est un chemin vers davantage de bain de sang," a tancé l'ambassadeur adjoint James Kariuki.

L'ambassadeur palestinien, Riyad Mansour, a qualifié pour sa part les plans d'Israël pour Gaza d'"illégaux et immoraux", appelant à ce que les journalistes étrangers soient autorisés à entrer à Gaza pour témoigner de ce qui s'y passe.

"Pression" 

Sur ce point, Benjamin Netanyahu a annoncé dimanche avoir donné l'ordre à l'armée d'autoriser un plus grand nombre de journalistes de la presse internationale à travailler - sous le contrôle de l'armée - dans la bande de Gaza.

Indéfectible allié d'Israël, les Etats-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité doté d'un droit de veto, ont accusé les nations ayant appelé à la réunion de dimanche de "prolonger activement la guerre en répandant des mensonges sur Israël".

"Israël a le droit de décider ce qui est nécessaire pour sa sécurité et quelles mesures sont appropriées pour mettre fin à la menace posée par le Hamas", a déclaré Dorothy Shea, envoyée américaine auprès de l'ONU.

"La pression ne devrait pas être mise sur Israël, qui a souffert de la plus terrible attaque contre le peuple juif depuis l'Holocauste, mais sur le Hamas", a jugé pour sa part le vice-ambassadeur israélien à l'ONU, Jonathan Miller.

A l'extérieur du siège des Nations unies à New York, quelques manifestants s'étaient rassemblés pour réclamer la fin du conflit, encadrés par un important dispositif de police.

L'offensive israélienne, qui dure depuis 22 mois, a tué au moins 61.430 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, des chiffres que l'ONU juge fiables.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël en 2023, qui a fait 1.219 morts, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

 


Les trois quarts des membres de l'ONU favorables à un Etat de Palestine

Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 145 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent ou vont reconnaître l'Etat palestinien, en comptabilisant la France, le Canada, l'Australie, qui ont fait part de leur intention de le faire en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies. Le Royaume-Uni a lui aussi ce projet, sauf si Israël prend certains engagements. (AFP)
Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 145 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent ou vont reconnaître l'Etat palestinien, en comptabilisant la France, le Canada, l'Australie, qui ont fait part de leur intention de le faire en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies. Le Royaume-Uni a lui aussi ce projet, sauf si Israël prend certains engagements. (AFP)
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  • La plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, de la quasi-totalité des pays d'Océanie, du Japon ou encore de la Corée du Sud, ainsi que d'une poignée de pays en Afrique et en Amérique latine, ne reconnaissent pas l'Etat de Palestine
  • Les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980, un acte diplomatique réalisé ou annoncé par plus de dix pays depuis le début de la guerre à Gaza

PARIS: Les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980, un acte diplomatique réalisé ou annoncé par plus de dix pays depuis le début de la guerre à Gaza.

Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 145 pays sur les 193 membres de l'ONU reconnaissent ou vont reconnaître l'Etat palestinien, en comptabilisant la France, le Canada, l'Australie, qui ont fait part de leur intention de le faire en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies. Le Royaume-Uni a lui aussi ce projet, sauf si Israël prend certains engagements.

La plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, de la quasi-totalité des pays d'Océanie, du Japon ou encore de la Corée du Sud, ainsi que d'une poignée de pays en Afrique et en Amérique latine, ne reconnaissent pas l'Etat de Palestine.

Retour en trois temps sur l'historique:

1988, l'autoproclamation 

Alger, mardi 15 novembre 1988, 00H40 GMT : lors de la première Intifada - soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne - le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, autoproclame "l'établissement de l'Etat de Palestine" avec Jérusalem pour capitale, à la tribune du Conseil national palestinien (CNP) qui tient lieu de Parlement en exil.

Quelques minutes plus tard, l'Algérie devient le premier pays à reconnaître le nouvel Etat.

"La joie palestinienne, le refus israélien et l'attentisme des arabes israéliens ont marqué la première journée de +l'Etat palestinien+", relatait, depuis Jérusalem, l'AFP il y a plus de 36 ans.

Une semaine après, quelque 40 pays, dont la Chine, l'Inde, la Turquie et presque tous les pays arabes, font comme l'Algérie. Puis presque tous les pays du continent africain, sauf deux et ceux du bloc soviétique.

Plus de 20 ans plus tard, en 2010 et 2011 principalement, suivent de nouveaux pays, dont la plupart des pays d'Amérique latine, qui marquent ainsi leur distance sur la scène internationale avec les Etats-Unis, alliés d'Israël.

Un pied à l'ONU 

Sous la présidence de Mahmoud Abbas, successeur d'Arafat mort en 2004, l'Autorité palestinienne, instituée par les accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne, lance une offensive diplomatique au niveau des institutions internationales.

L'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) ouvre la voie en admettant en octobre 2011 l'Etat de Palestine comme membre à part entière, au grand dam d'Israël et des Etats-Unis.

Surtout, l'Etat de Palestine devient, en novembre 2012, Etat observateur aux Nations unies. A défaut d'un statut de membre à part entière avec droit de vote -- non obtenu depuis --, cela lui donne accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux.

Forts de ce statut, les Palestiniens rejoignent en 2015 la Cour pénale internationale (CPI), ce qui permet l'ouverture d'enquêtes sur des opérations militaires israéliennes dans les territoires palestiniens. Les Etats-Unis et Israël dénoncent cette décision.

Regain depuis la guerre à Gaza 

La guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a ravivé les velléités de reconnaître l'Etat de Palestine.

Quatre pays des Caraïbes (Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Barbade et Bahamas) et l'Arménie ont franchi ce pas en 2024.

De même que quatre pays européens: la Norvège, ainsi que l'Espagne, l'Irlande et la Slovénie, tous trois membres de l'UE.

Dans l'Union européenne, c'était une première depuis dix ans et le coup d'éclat de la Suède qui, sur fond d'impasse pour résoudre le conflit israélo-palestinien, reconnaît en 2014 l'Etat de Palestine, lui valant des années de relations houleuses avec Israël. D'autres Etats-membres, comme la Pologne, la Bulgarie ou la Roumanie, l'avaient déjà fait mais en 1988, bien avant de rejoindre l'UE. En revanche, certains anciens pays de l'Est, comme la Hongrie ou la République tchèque, considèrent eux ne pas ou ne plus reconnaître aujourd'hui l'Etat de Palestine.

Plusieurs autres pays comptent suivre: La France, l'Australie et le Canada en ont l'intention en septembre à l'ONU. Tout comme le Royaume-Uni, à moins qu'Israël ne s'engage à ne pas annexer la Cisjordanie et accepte un processus de paix visant à la solution à deux Etats.

Plusieurs pays dont la Finlande ou le Portugal ont par ailleurs exprimé fin juillet leur "volonté" de le faire ou leur "considération positive".