Afghanistan: un jeune général entretient la flamme face aux talibans dans le sud

A 36 ans, Sami Sadat, l'officier de plus haut rang de l'armée dans le sud, livre aux côtés de ses hommes la bataille dans les rues de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, assiégée depuis des mois par les talibans, qui ont pénétré dans la ville la semaine dernière. (AFP)
A 36 ans, Sami Sadat, l'officier de plus haut rang de l'armée dans le sud, livre aux côtés de ses hommes la bataille dans les rues de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, assiégée depuis des mois par les talibans, qui ont pénétré dans la ville la semaine dernière. (AFP)
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Publié le Jeudi 12 août 2021

Afghanistan: un jeune général entretient la flamme face aux talibans dans le sud

  • La vaillance de Sami Sadat à la tête des 20 000 hommes du 215e régiment, qu'il commande depuis 11 mois, et sa maîtrise de la communication lui valent une réelle popularité sur les réseaux sociaux
  • «Ce n'est pas quelqu'un qui donne des ordres et qui se cache derrière son humvee à la fin du convoi». «Il est prêt à tout pour ses soldats»

KABOUL: Quand l'armée donne l'impression d'être en déliquescence et incapable d'enrayer la progression des talibans en Afghanistan, un jeune général à l'aura naissante symbolise la résistance dans le sud du pays.


A 36 ans, Sami Sadat, l'officier de plus haut rang de l'armée dans le sud, livre aux côtés de ses hommes la bataille dans les rues de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, assiégée depuis des mois par les talibans, qui ont pénétré dans la ville la semaine dernière.


Plusieurs capitales provinciales sont tombées comme des dominos aux mains des talibans ces derniers jours dans le nord de l'Afghanistan, où la situation apparaît désespérée pour le gouvernement. Mais à Lashkar Gah, contre toute attente dans une province qui est un fief traditionnel des insurgés, l'armée fait front.


La vaillance de Sami Sadat à la tête des 20 000 hommes du 215e régiment, qu'il commande depuis 11 mois, et sa maîtrise de la communication lui valent une réelle popularité sur les réseaux sociaux, où il est dépeint en "héros" ou en "sauveur" de la Nation.


Sa notoriété nouvelle lui a valu d'être nommé mercredi à la tête des forces spéciales dans tout le pays.


Le cheveu court et le visage rasé de près, toujours sanglé dans son uniforme, il reste convaincu que l'armée peut inverser le cours des choses et martèle un message simple: les talibans ne passeront pas.


"Chaque taliban qui vient à Lashkar Gah mourra ou repartira handicapé à vie", assure le général Sadat, contacté au téléphone par l'AFP juste avant sa promotion. Le propos semble bien présomptueux, mais le soldat ne l'est pas, conscient qu'il faudra "des semaines" pour reprendre entièrement Lashkar Gah.


"Il est tout sauf naïf", juge un responsable sécuritaire qui compte parmi ses amis. "Ceux qui le critiquent, ce sont ses rivaux, qui évoquent son jeune âge et ce qu’ils qualifient d'imprudence, quand c'est en fait de la bravoure: il prend des risques calculés et il dirige ses troupes depuis le front."

«Une analyse très profonde»
"Ce n'est pas quelqu'un qui donne des ordres et qui se cache derrière son humvee à la fin du convoi", ajoute cette source. "Il est prêt à tout pour ses soldats".


Formé dans une académie militaire allemande, puis en Pologne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, diplômé du prestigieux King's college de Londres, le général Sadat a commencé sa carrière militaire au sein du ministère afghan de l'Intérieur.


Il est ensuite passé par la Direction nationale de la sécurité (NDS), les services de renseignements, où il a parfait sa compréhension d'un pays complexe, de "tous les facteurs qui compliquent la situation sur le champ de bataille".


"Il a une vision très stratégique et une analyse très profonde de ce qui se passe. Il a fait du très, très bon boulot à Lashkar Gah", juge un général, ancien collègue du NDS.


"Il comprend l'importance des renseignements, et d'agir au bon moment", ajoute Masoud Andarabi, ex-ministre de l'Intérieur.


L'armée a lancé une contre-attaque dans Lashkar Gah le 4 août. Avant cela, le général Sadat a pris soin de demander à la population de fuir la ville. Tous les civils toutefois n'ont pas pu partir.

«Nous allons gagner»
"Nos gars nettoient chaque maison, chaque marché, (et) nous trouvons encore des civils, surtout des personnes âgées et des femmes prises au piège, que nous emmenons dans des endroits plus sûrs", raconte-t-il.


Les ONG et l'ONU se sont cependant plusieurs fois inquiétées de la violence des combats et des risques encourus par les civils à Lashkar Gah, également soumise aux bombardements aériens de l'armée afghane.


Alors que des villes sont tombées sans résistance et que nombre de soldats ont abandonné leur poste sans combattre, le général Sadat reste optimiste. "Parce que je sais que nous allons gagner. Je sais que c'est notre pays, que les talibans sont en train d'échouer, qu'ils échoueront tôt ou tard", dit-il.


Il a compris que la bataille de l'image est au moins aussi importante que celle qui se joue sur le terrain. "Je pense que Lashkar Gah devient un facteur d’unité entre les gens qui aiment la liberté, les patriotes, les Afghans. J'en suis très fier".


"Mais c’est mon travail. Je suis formé pour ça. Et évidemment, c’est un honneur de le faire", enchaîne-t-il, en esquivant les questions trop personnelles.


Venant d'un pays en guerre depuis 40 ans, déchiré par les divisions ethniques et religieuses, il refuse de révéler l'endroit où il est né. "L'Afghanistan est une (seule) province pour moi", préfère-t-il simplement dire.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.