Inondations en Turquie: le bilan s'alourdit, Erdogan se rend sur place

Cette photo publiée par le groupe d'aide humanitaire turc IHH le 12 août 2021 montre une voiture flottant dans l'eau à Kastamonu, après que des crues éclair ont balayé plusieurs régions de la mer Noire au nord de la Turquie. (Document distribué/IHH/AFP)
Cette photo publiée par le groupe d'aide humanitaire turc IHH le 12 août 2021 montre une voiture flottant dans l'eau à Kastamonu, après que des crues éclair ont balayé plusieurs régions de la mer Noire au nord de la Turquie. (Document distribué/IHH/AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 13 août 2021

Inondations en Turquie: le bilan s'alourdit, Erdogan se rend sur place

  • Les inondations, qui ont surtout touché les provinces de Kastamonu, Bartin et Sinop, situées au bord de la mer Noire, ont été causées par d'intenses précipitations dans la nuit de mardi à mercredi
  • A la suite de précipitations nourries, le niveau de l'eau est monté jusqu'à quatre mètres dans certaines villes, selon les autorités, et les rues de villes entières se sont transformées en torrents

ISTANBUL : Des inondations d'une ampleur inédite depuis des décennies en Turquie ont fait au moins 27 morts dans le nord du pays, où le président Recep Tayyip Erdogan devait se rendre vendredi pour apporter son soutien aux populations sinistrées.

Selon un bilan provisoire de l'agence gouvernementale responsable des catastrophes naturelles (Afad), 25 personnes sont mortes dans la province de Kastamonu, située au bord de la mer Noire, et deux dans celle, voisine, de Sinop. Un nombre indéterminé de personnes étaient par ailleurs portées disparues.

Ces inondations, causées par d'intenses précipitations dans la nuit de mardi à mercredi, se sont produites alors que la Turquie se remettait à peine de violents incendies qui ont fait huit morts et ravagé le sud touristique du pays.

Pour nombre d'experts, les catastrophes naturelles comme celles qui se succèdent en Turquie risquent de devenir plus fréquentes et puissantes en raison du réchauffement climatique causé par l'activité humaine.

Signe de la gravité de la situation, le président Erdogan devait se rendre vendredi après-midi dans une des zones les plus durement touchées par les inondations, le district de Bozkurt, dans la province de Kastamonu, où un immeuble résidentiel de huit étages s'est notamment effondré.

Choqués, certains rescapés commençaient à exprimer leur colère contre les autorités locales, les accusant de n'avoir pas réagi assez vite pour mettre les habitants en sûreté.

"On nous a seulement dit de mettre nos véhicules à l'abri, car la rivière risquait de déborder. On ne nous a pas dit de sauver nos vies ou celles de nos enfants", a ainsi déploré Arzu Yücel, dont les deux filles jumelles et les beaux-parents ont disparu après l'effondrement de leur immeuble.

"Si on nous avait prévenus, nous serions partis en moins de cinq minutes (...) On ne nous a pas demandé d'évacuer", a-t-elle ajouté en sanglotant, citée par l'agence de presse DHA.

«Jamais vu ça»

A la suite de précipitations nourries, le niveau de l'eau est monté jusqu'à quatre mètres dans certaines villes, selon les autorités, et les rues de villes entières se sont transformées en torrents charriant des voitures et toutes sortes de débris.

Adem Senol, âgé de 75 ans, a vu l'eau cerner en quelques minutes sa maison dans la province de Bartin.

"Jamais de ma vie je n'avais vu une telle chose", a-t-il déclaré à l'agence de presse étatique Anadolu. "L'eau est montée plus haut que nos fenêtres, a brisé notre porte et même le muret de notre jardin", a-t-il ajouté.

Le ministre de l'Agriculture et des Forêts, Bekir Pakdemirli, avait déclaré mercredi que cette partie du pays faisait face à une "catastrophe jamais vue en 50 ou 100 ans".

Face à la montée des eaux, les secours ont dû évacuer les 45 patients d'un hôpital de la région côtière de Sinop.

Les images diffusées par les télévisions et sur les réseaux sociaux montraient des villageois réfugiés sur les toits de leurs maisons être évacués par hélicoptère.

Plusieurs ponts routiers se sont par ailleurs effondrés après des glissements de terrain.

Erdogan sous pression

Les services météorologiques prévoient une poursuite des précipitations sur les régions touchées pour le reste de la semaine.

Les régions turques bordant la mer Noire sont fréquemment touchées par des inondations. Le mois dernier, six personnes étaient ainsi mortes à Rize, dans le nord-est.

Après les catastrophes naturelles à répétition qui ont frappé la Turquie, plusieurs responsables politiques et associations ont accentué la pression sur M. Erdogan pour qu'il prenne des mesures radicales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

La Turquie fait partie des rares pays qui n'ont pas adopté l'accord de Paris sur le climat de 2015.

A deux ans d'élections qui s'annoncent déjà difficiles pour lui sur fond de difficultés économiques, ces catastrophes naturelles représentent un enjeu politique pour M. Erdogan.

Lors d'un déplacement dans les régions touchées par des incendies fin juillet, le président turc avait suscité un tollé en lançant aux rescapés des paquets de thé depuis le toit d'un autocar, ses détracteurs y voyant le signe d'un manque d'empathie.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Short Url
  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.