Au Soudan, des réfugiés du Tigré inquiets après des découvertes macabres dans une rivière

Des réfugiés éthiopiens qui ont fui les combats dans la région du Tigré transportent des jerrycans d'eau dans le camp d'Umm Rakuba, dans l'État de Gedaref (est du Soudan), le 11 août 2021. (Photo, AFP)
Des réfugiés éthiopiens qui ont fui les combats dans la région du Tigré transportent des jerrycans d'eau dans le camp d'Umm Rakuba, dans l'État de Gedaref (est du Soudan), le 11 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 15 août 2021

Au Soudan, des réfugiés du Tigré inquiets après des découvertes macabres dans une rivière

  • Réfugié dans un village de l'est du Soudan, Gabratansay affirme recevoir des nouvelles macabres depuis fin juillet, lorsque que des habitants ont découvert un premier cadavre flottant sur la rivière Setit (ou Tekezze) séparant l'Ethiopie du Soudan
  • Depuis, il se dit submergé par des appels faisant état de sinistres découvertes de corps gonflés et déformés, aux mains ligotées, portant de graves blessures

WAD AL-HILIOU, SOUDAN : La peur au ventre. C'est le sentiment qui envahit Gabratansay Gabrakhristos, réfugié éthiopien au Soudan, à chaque fois que son téléphone sonne, alors que des corps sans vie sont découverts dans une rivière frontalière de l'Ethiopie. 

Réfugié dans un village de l'est du Soudan, Gabratansay affirme recevoir des nouvelles macabres depuis fin juillet, lorsque que des habitants ont découvert un premier cadavre flottant sur la rivière Setit (ou Tekezze) séparant l'Ethiopie du Soudan. 

Depuis, il se dit submergé par des appels faisant état de sinistres découvertes de corps gonflés et déformés, aux mains ligotées, portant de graves blessures.

"C’est comme ça depuis des semaines. A chaque fois qu'un nouveau corps est découvert, je reçois, comme d'autres Tigréens, un appel", raconte Gabratansay, installé dans le village de Wad al-Hiliou, dans l’Etat soudanais de Kassala (Est). 

"Nous ne connaissons pas les victimes personnellement, mais ce sont les cadavres de nos concitoyens", dit ce fermier de 40 ans à l'AFP. 

Gabratansay, ainsi que d'autres réfugiés éthiopiens, qui, comme lui, repêchent les corps échoués dans la rivière, soupçonnent les forces pro-gouvernementales éthiopiennes de commettre des exécutions massives dans la région du Tigré.

Cette région du nord de l'Ethiopie est en proie depuis plus de neuf mois à un conflit entre l'armée fédérale et les forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), qui a déjà fait des centaines de morts et poussé des milliers de personnes à fuir vers le Soudan voisin.

Des réfugiés éthiopiens qui ont fui les combats dans la région du Tigré transportent des jerrycans d'eau dans le camp d'Umm Rakuba, dans l'État de Gedaref (est du Soudan), le 11 août 2021.
Des réfugiés éthiopiens qui ont fui les combats dans la région du Tigré transportent des jerrycans d'eau dans le camp d'Umm Rakuba, dans l'État de Gedaref (est du Soudan), le 11 août 2021. (Photo, AFP)

« Les mains attachées »

Avec l'aide d'autres réfugiés tigréens, Gabratansay affirme avoir repêché du fond de la rivière plus de 50 corps, dont celui de cinq femmes.

Selon lui, plusieurs cadavres portaient des traces de balles, alors que d'autres étaient marqués par des brûlures et de profondes blessures. Certains des corps étaient démembrés, mais tous avaient les mains ligotées, affirme-t-il encore.   

"Près de 150 prisonniers du Tigré ont été tués par les forces gouvernementales, alors qu'ils avaient les mains attachées derrière le dos", raconte Gabratansay, disant se baser sur des informations recueillies notamment auprès de réfugiés ayant fui les violences à Humera, dans l'ouest du Tigré. 

"Nous pensons qu'il y a encore plus de corps au fond de la rivière, mais ils sont toujours introuvables." 

Selon Kahsay Gabrselsey, un autre réfugié du Tigré qui a pris part aux efforts de recherche, les corps seraient ceux d'Ethiopiens exécutés à Humera. Pour appuyer ces dires, il affirme que certains cadavres présentaient des tatouages en tigrinya, la langue tigréenne.

"Un des corps portait l'inscription +Je t’aime+ tatouée sur le bras, et un autre avait inscrit le nom de sa bien-aimée", assure Gebremaden Gabro, un autre réfugié tigréen.

« Tombes sablonneuses »

Les deux hommes ont partagé avec l'AFP des images montrant visiblement des corps flottant à la surface d'une rivière avant d'être transportés sur des matelas et enterrés dans des tombes sablonneuses. 

"Nous aurions voulu les enterrer ailleurs, mais nous ne pouvions pas le faire", se désole Gabratansay, pointant vers de grosses pierres placées au-dessus de la tombe du premier corps qu'il a enterré.

Un réfugié tigréen se tient sur les rives de la rivière Setit à la frontière de l'Éthiopie, à Wad al-Hiliou, un village de l'État soudanais oriental de Kassala, le 11 août 2021.
Un réfugié tigréen se tient sur les rives de la rivière Setit à la frontière de l'Éthiopie, à Wad al-Hiliou, un village de l'État soudanais oriental de Kassala, le 11 août 2021. (Photo, AFP)

"Les corps étaient en état de décomposition avancée, ils puaient. Nous n'avions pas les moyens nécessaires pour les transporter."  

Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a confirmé la découverte d'un corps et de plusieurs tombes récentes, mais n'a pas pu identifier les personnes enterrées, ni déterminer les circonstances de leur mort.

Le HCR, ainsi que d'autres organisations humanitaires, ont affirmé début août ne pas avoir "accès au côté éthiopien de la frontière". 

Plus de 400.000 habitants du Tigré ont "franchi le seuil de la famine" et 1,8 million de personnes supplémentaires "sont au bord de la famine", s'était alarmé l'ONU en juillet dernier.

L'organisation de défense des droits humains Amnesty International a accusé pour sa part les forces progouvernementales d'avoir perpétré des violences sexuelles et des viols, évoquant des centaines de cas.  

Les réfugiés tigréens au Soudan redoutent le pire pour leurs proches qui sont coincés au Tigré.

"Ma famille n'a pu fuir parce qu'elle se trouve dans un village éloigné de la frontière", témoigne Legese Mallow, originaire d'Adigrat dans le Tigré.

"Nous voulons juste que la guerre finisse pour qu'on puisse y aller et voir qui est mort et qui est encore vivant."

 


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.