Afghanistan: qui sont les dirigeants talibans?

Des combattants talibans posent alors qu'ils montent la garde devant le bureau du gouverneur provincial à Herat le 14 août 2021. (Photo, AFP)
Des combattants talibans posent alors qu'ils montent la garde devant le bureau du gouverneur provincial à Herat le 14 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 15 août 2021

Afghanistan: qui sont les dirigeants talibans?

  • Fils d'un célèbre commandant du jihad anti-soviétique, Jalaluddin Haqqani, Sirajuddin est à la fois le numéro deux des talibans et le chef du puissant réseau portant son nom de famille
  • Fils d'un théologien, originaire de Kandahar, cœur du pays pachtoune dans le sud de l'Afghanistan et berceau des talibans, Akhundzada a rapidement obtenu une promesse de loyauté de la part d'Ayman al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaïda

KABOUL: Les arcanes du mouvement taliban, qui semble en passe de revenir au pouvoir en Afghanistan après avoir pris en quelques jours le contrôle de la majeure partie du pays, sont entourées de mystère, tout comme lorsqu'il dirigeait le pays entre 1996 et 2001.


Voici une brève présentation des principaux dirigeants de ce groupe islamiste radical.

Haibatullah Akhundzada, le leader suprême

Le mollah Haibatullah Akhundzada a été nommé à la tête des talibans en mai 2016 lors d'une rapide transition du pouvoir, quelques jours après la mort de son prédécesseur, Mansour, tué par une frappe d'un drone américain au Pakistan.


Avant sa nomination, on savait peu de choses d'Akhundzada, jusque-là plus versé dans les questions judiciaires et religieuses que dans l'art militaire.


Si cet érudit jouissait d'une grande influence au sein de l'insurrection, dont il dirigeait le système judiciaire, certains analystes estimaient que son rôle à la tête du mouvement serait davantage symbolique qu'opérationnel.


Fils d'un théologien, originaire de Kandahar, cœur du pays pachtoune dans le sud de l'Afghanistan et berceau des talibans, Akhundzada a rapidement obtenu une promesse de loyauté de la part d'Ayman al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaïda.


L’Égyptien l'a qualifié d'"émir des croyants", une appellation qui lui a permis d'asseoir sa crédibilité dans l'univers jihadiste.


Akhundzada a eu la délicate mission d'unifier les talibans, fracturés par une violente lutte pour le pouvoir après la mort de Mansour et la révélation qu'ils avaient caché pendant des années la mort du fondateur du mouvement, le mollah Omar.


Il a réussi à maintenir la cohésion du groupe et a continué à rester plutôt discret, se limitant à diffuser de rares messages annuels lors des fêtes islamiques.

Le mollah Baradar, le cofondateur

Abdul Ghani Baradar, né dans la province d'Uruzgan (sud) et qui a grandi à Kandahar, est le co-fondateur des talibans avec le mollah Omar, décédé en 2013 mais dont la mort avait été cachée deux années durant.


Comme nombre d'Afghans, sa vie a été transformée par l'invasion soviétique en 1979, qui en a fait un moujahid, et on pense qu'il a combattu aux côtés du mollah Omar.


En 2001, après l'intervention américaine et la chute du régime taliban, il aurait fait partie d'un petit groupe d'insurgés prêts à un accord dans lequel ils reconnaissaient l'administration de Kaboul. Mais cette initiative s'est révélée infructueuse.


Il était le chef militaire des talibans quand il a été arrêté en 2010 à Karachi, au Pakistan. Il a été libéré en 2018, sous la pression en particulier de Washington.


Écouté et respecté des différentes factions talibanes, il a ensuite été nommé chef de leur bureau politique, situé au Qatar.


De là, il a conduit les négociations avec les Américains menant au retrait des forces étrangères d'Afghanistan, puis aux pourparlers de paix avec le gouvernement afghans, qui n'ont rien donné.

Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau Haqqani

Fils d'un célèbre commandant du jihad anti-soviétique, Jalaluddin Haqqani, Sirajuddin est à la fois le numéro deux des talibans et le chef du puissant réseau portant son nom de famille.


Le réseau Haqqani, fondé par son père, est qualifié de terroriste par Washington, qui l'a toujours considéré comme l'une des plus dangereuses factions combattant les troupes américaines et de l'Otan ces deux dernières décennies en Afghanistan.


Le réseau est connu pour son recours à des kamikazes et on lui a attribué certaines des attaques les plus violentes perpétrées en Afghanistan ces dernières années.


Il a aussi été accusé d'avoir assassiné certains hauts responsables afghans et d'avoir retenu en otage des Occidentaux, avant de les libérer contre rançon ou des prisonniers, comme le soldat américain Bowe Bergdahl, relâché en 2014 en échange de cinq détenus afghans de la prison de Guantanamo.


Connus pour leur indépendance, leur habileté au combat et leurs affaires juteuses, les Haqqani seraient en charge des opérations talibanes dans les zones montagneuses de l'est afghan, et auraient une forte influence sur les décisions du mouvement.

Le mollah Yaqoub, l'héritier

Fils du mollah Omar, Yaqoub est le chef de la puissante commission militaire des talibans, qui décide des orientations stratégiques dans la guerre contre le gouvernement afghan.


Son ascendance et ses liens avec son père, qui faisait l'objet d'un véritable culte en tant que chef des talibans, en font une figure unificatrice au sein d'un mouvement large et diverse.


Les spéculations sur son rôle exact dans le mouvement sont toutefois persistantes. Certains analystes estiment que sa nomination à la tête de cette commission en 2020 n'était que purement symbolique.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.