Le pont aérien, une opération militaire millimétrée où la sécurité est la clé

Un C-17 Globemaster de l'US Air force débarquant des passagers en provenance de Kaboul, via une des bases aériennes au Golfe. Les armées impliquées utilisent des avions -C-17, A400M, C-130- ayant suffisamment d'allonge pour atterrir et repartir sans avoir à refaire le plein et d'aller se poser dans des pays proches. (Photo, AFP)
Un C-17 Globemaster de l'US Air force débarquant des passagers en provenance de Kaboul, via une des bases aériennes au Golfe. Les armées impliquées utilisent des avions -C-17, A400M, C-130- ayant suffisamment d'allonge pour atterrir et repartir sans avoir à refaire le plein et d'aller se poser dans des pays proches. (Photo, AFP)
Des soldats américains embarquant dans un avion militaire dans une base US au Koweit. Une partie des 4000 militaires américains à Kaboul - bientôt 6000 - est également chargée de gérer les mouvements d'avions au sol. (Photo, AFP)
Des soldats américains embarquant dans un avion militaire dans une base US au Koweit. Une partie des 4000 militaires américains à Kaboul - bientôt 6000 - est également chargée de gérer les mouvements d'avions au sol. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 19 août 2021

Le pont aérien, une opération militaire millimétrée où la sécurité est la clé

  • La chute précipitée de Kaboul a donné le coup d'envoi d'une opération militaire majeure sur l'aéroport Hamid Karzaï, seule porte de sortie du pays
  • L'énorme base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, aurait été plus facile à sécuriser si elle n'avait pas été abandonnée début juillet par les Etats-Unis

PARIS : Gestion du trafic aérien et des flux de personnes, ravitaillement : un pont aérien, même d'ampleur comme celui mis en place à Kaboul, est une opération à laquelle les militaires sont préparés et où l'enjeu majeur est la sécurisation de l'aéroport, selon des experts.

Des dizaines de milliers de diplomates, de ressortissants étrangers et d'Afghans à évacuer, des dizaines d'avions militaires d'une quinzaine de pays mobilisés : la chute précipitée de Kaboul aux mains des talibans dimanche a donné le coup d'envoi d'une opération militaire majeure sur l'aéroport Hamid Karzaï, seule porte de sortie du pays.

Des plans d'urgence existent dans la plupart des pays pour les zones à haut risque, selon Ben Carves, analyste à la Rand Europe. "En cas d'urgence, (chaque pays) prend ce plan sur étagère. Il doit être adapté à la situation parce qu'il ne contient pas toutes les réponses, mais c'est un très bon point de départ", explique à l'AFP cet ancien officier logisticien de la Royal Air Force britannique.

Et les armées américaine, britannique ou française ont l'expérience de ces opérations d'évacuation ou de pont aérien pour acheminer des secours lors de catastrophes naturelles, comme lors du séisme en Haïti en janvier 2010.

"Le défi consiste à coordonner cela à l'échelle internationale. Lorsque chaque nation essaie de faire la même chose, comment empêcher que cela ne devienne un chaos absolu ?", relève-t-il.

Avec l'effondrement soudain de l'Etat afghan, les Etats-Unis, qui prévoient d'évacuer plus de 30000 personnes avant le 31 août, ont pris en charge le contrôle aérien et la coordination des vols.

Selon le quotidien américain Air Force Times, le contrôle des mouvements aériens vers Kaboul incombe aux aviateurs américains basés sur la base aérienne Al Udeid, au Qatar. L'aviation civile afghane a indiqué lundi ne plus être en mesure de contrôler le trafic civil au-dessus de l'Afghanistan.

Une partie des 4000 militaires américains sur place - bientôt 6000 - est également chargée de gérer les mouvements d'avions au sol, explique John Wesley, spécialiste de transport aérien militaire chez MilAirX.

Si l'opération est massive, "ce n'est pas son ampleur qui m'inquiète, on a l'entraînement et les moyens (...) Ce qui me soucie, c'est la sécurité ", confie à l'AFP cet ancien logisticien de l'US Air Force.

L'envahissement des pistes de l'aéroport de Kaboul lundi par une foule d'Afghans paniqués, certains tentant de monter à tout prix à bord d'avions en partance, a semé le chaos sur l'aéroport et a conduit à l'arrêt temporaire de tout mouvement aérien.

L'énorme base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, aurait ainsi été, selon lui, plus facile à sécuriser si elle n'avait pas été abandonnée début juillet par les Etats-Unis.

"Cela semble désormais sous contrôle", selon Ben Carves. Et Washington table désormais sur un avion "qui arrive et repart de Kaboul par heure" et "le départ de 5000 à 9000 passagers par jour", selon le général américain Hank Taylor.

Outre les Américains, la Turquie a déployé 900 militaires pour participer à la sécurisation de l'aéroport. Le Royaume-Uni a de son côté envoyé 900 militaires, la France un nombre non précisé de forces spéciales.

Ils doivent s'assurer que seules les personnes autorisées montent dans l'avion, "car dans une crise comme celle-là, n'importe qui peut essayer de monter à bord, dans le pire des cas un terroriste", rappelle Ben Carves.

Un autre aspect à prendre en compte est la question du ravitaillement en carburant. Les armées impliquées utilisent des avions -C-17, A400M, C-130- ayant suffisamment d'allonge pour atterrir et repartir sans avoir à refaire le plein et d'aller se poser dans des pays proches.

"C'est plus efficace de faire des évacuations à courte portée" vers un endroit sûr et de pouvoir ainsi effectuer les rotations plus rapidement, explique une source militaire française.

Les Français déposent dans un premier temps les évacués à Abou Dhabi, les Américains au Koweït et au Qatar, les Britanniques à Dubaï. "Les bases militaires dans la région ne manquent pas", observe Ben Carves.

Et pour maximiser la capacité d'emport des avions, certains appareils peuvent toujours être ravitaillés en vol par les nombreux avions-ravitailleurs dont disposent les Etats-Unis dans la région.

 


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.