Le drame policier saoudien Rashash innove

L’acteur saoudien Yagoub al-Farhan campe le rôle de Rashash al-Otaibi dans l’histoire vraie d’un bandit, trafiquant de drogue et meurtrier saoudien qui a terrorisé la population dans les années 1970 et 1980. (Fourni)
L’acteur saoudien Yagoub al-Farhan campe le rôle de Rashash al-Otaibi dans l’histoire vraie d’un bandit, trafiquant de drogue et meurtrier saoudien qui a terrorisé la population dans les années 1970 et 1980. (Fourni)
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Publié le Jeudi 19 août 2021

Le drame policier saoudien Rashash innove

  • La série, présentée comme la plus grande production saoudienne, attire un large public
  • Bien que la série soit réservée aux plus de 18 ans, de nombreux adolescents l’ont suivie et sont devenus obsédés par le personnage principal

DJEDDAH: La série de thrillers saoudiens Rashash suscite un nombre inhabituel de réactions du public dans le Royaume, devenant une référence pour l’avenir florissant et diversifié du cinéma local.

La série en huit épisodes, présentée comme la plus grande production saoudienne avec un budget de plusieurs millions de dollars et réalisée par le groupe saoudien MBC, attire un large public. Elle conquiert tous les foyers du Royaume et suscite de nouvelles exigences pour les futures productions.

L’acteur saoudien Yagoub al-Farhan y joue le rôle de Rashash al-Otaibi dans l’histoire vraie d’un bandit, trafiquant de drogue et meurtrier saoudien qui a terrorisé la population dans les années 1970 et 1980. Le programme a déclenché des discussions animées sur les réseaux sociaux au cours des dernières semaines à l’occasion de la sortie de chaque épisode, tous les jeudis. La série décrit la vie et le parcours criminel de Rashash, de ses débuts dans le milieu jusqu’à son arrestation et son exécution.

Al-Farhan avait précédemment joué Juhayman al-Otaibi dans la série Alasouf en 2019 et incarne un chef terroriste militant qui s’est emparé de la Grande Mosquée de La Mecque en 1979.

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Avec sa production de qualité, Rashash est une collaboration entre une équipe de renommée internationale et des talents saoudiens. La distribution est entièrement saoudienne pour certains rôles principaux, dont Nayef al-Dhufairi qui joue l’officier Fahd, Khalid Yaslam qui campe le chef Azam, et compte des dizaines d’autres acteurs saoudiens.

Elle est réalisée par le cinéaste britannique Collin Teague, qui a à son actif la série de science-fiction Doctor Who, écrite par Suha al-Khalifa, la fille d’un ancien ambassadeur de Bahreïn, et Richard Bellamy, un politologue.

Bien que la série soit réservée aux plus de 18 ans, de nombreux adolescents l’ont suivie et sont devenus obsédés par le personnage principal.

La controverse a commencé dès que la plate-forme de streaming Shahid de MBC a commencé à promouvoir la série en janvier, avec un nombre de vues dépassant les 2,5 millions. Certains spectateurs se sont demandé s’il était approprié de mettre en lumière la vie d’un criminel et craignaient que cela n’incite à des tensions tribales, puisque ce bandit appartenait à l’une des tribus les plus importantes du Royaume.

La famille de Rashash s’est également opposée dans les médias locaux à la diffusion de la série, affirmant qu’elle dénigrait la famille et «rouvrirait de vieilles blessures», a déclaré sa sœur à un journal local.

La plate-forme ne s’adresse pas à un jeune public, mais la série a créé un phénomène social où la nature rebelle des adolescents porte à considérer le criminel comme un héros. De nombreuses vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux d’adolescents adoptant la personnalité et l’attitude de Rashash et proférant parfois des menaces de violence en public; même la coiffure en désordre de Rashash est devenue tendance.

Les propriétaires d’un café de la ville d’Alkhobar ont utilisé la vogue suscitée par Rashash comme stratégie marketing pour promouvoir leur entreprise, en accrochant d’énormes photos de la série sur les murs et en imprimant des dialogues de l’émission sur leurs tasses. Ils ont également étiqueté certaines de leurs boissons avec le nom du criminel et celui d’autres membres de son gang.

rashash
La série de MBC décrit la vie et le parcours criminel de Rashash, de ses débuts dans le milieu jusqu’à son arrestation et son exécution. (Fourni)

La série met également en lumière un jeune officier dévoué, Fahd, qui se donne pour mission de capturer Rashash et ses complices.

«Rashash n’a pas été présenté comme un héros. L’histoire a livré un message explicite qui différencie le criminel et le militaire, qui est de la même tribu et qui a choisi de servir son pays et de protéger la terre et les âmes de la barbarie d’un transfuge. Chacun avait une ambition; l’un était patient et faisait face à ses défis avec courage et délibération. Alors que l’autre a choisi la drogue, la rébellion, la désobéissance et la confrontation», estime Refaa, 31 ans, qui vit à Ryad, interrogée par Arab News.

Elle poursuit: «Les adolescents n’auraient pas dû regarder l’émission, en premier lieu parce qu’elle s’adresse à un public adulte; la faute en incombe aux parents. Cependant, si un adolescent regarde la série et devient fan de Rashash, les parents doivent discuter de ce personnage et de son histoire avec lui afin de développer ses capacités de réflexion critique et apprendre à distinguer le bien du mal et les choix que nous pouvons faire dans la vie.

Refaa a été intéressée par la série, car elle est basée sur une histoire vraie qui, selon elle, est une vraie bénédiction : elle a décidé le gouvernement saoudien à créer une force de police routière pour protéger les voyageurs des bandits.

«C’est une histoire inhabituelle pour le cinéma du Royaume, où de nombreux films sont des drames sociaux axés sur le statut des femmes et des familles saoudiennes», précise-t-elle. « Le film d’action est le genre préféré pour une large part de la société, notamment les jeunes, dont nombreux sont des passionnés de ce type de productions.

L’acteur Yagoub al-Farhan, qui incarne Rashash, explique dans une interview à Al-Arabiya TV que la production saoudienne tout au long de son histoire a oscillé entre le drame, la comédie et la comédie noire, quelques tentatives de genre historique, mais jamais l’action.

Al-Farhan indique que l’idée de base de ce programme est d’utiliser un genre dramatique populaire pour proposer une série inspirée d’un fait réel de l’histoire saoudienne, ce qui permet au spectateur d’interagir avec elle et de s’y rapporter.

Un autre téléspectateur, Faris Baker, 33 ans, de Riyad, déclare à Arab News: «Cette série représente une initiative importante, car elle rompt avec la routine du calendrier dramatique saoudien; nous sommes habitués à ce que des programmes saisonniers soient créés pendant le mois sacré du Ramadan, ce qui tue la scène le reste de l’année et marginalise même certaines émissions qui ne reçoivent pas l’attention qu’elles méritent en raison d’un calendrier de sorties surchargé pendant un mois.»

Baker préfère l’action au drame dans la série. «Le cinéaste britannique de renom Collin Teague relève sérieusement le niveau habituel de production d’une série saoudienne, notamment avec son rôle actif dans les scènes de combat. Par ailleurs, j’ai repéré une lacune importante dans la partie dramatique de l’histoire relative à la nature des relations dans la société saoudienne, avec laquelle le réalisateur, qui est étranger, n’est pas familier», regrette-t-il.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com