Des milliers d'Afghans toujours bloqués à l'aéroport de Kaboul, les talibans accusés d'entraver l'accès

Des personnes attendent d'être évacuées d'Afghanistan à l'aéroport de Kaboul le 18 août 2021 à la suite de la prise de contrôle du pays par les talibans. (Photo, AFP)
Des personnes attendent d'être évacuées d'Afghanistan à l'aéroport de Kaboul le 18 août 2021 à la suite de la prise de contrôle du pays par les talibans. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 19 août 2021

Des milliers d'Afghans toujours bloqués à l'aéroport de Kaboul, les talibans accusés d'entraver l'accès

  • Coincée entre les postes de contrôle tenus par les talibans et la clôture de barbelés posée par l'armée américaine à l'aéroport, une immense foule de civils afghans attend toujours dans l'espoir de trouver un vol pour fuir au loin
  • Les images lundi d'une marée humaine se précipitant sur le tarmac de l'aéroport ou de ces personnes s'accrochant désespérément au fuselage d'un avion avaient choqué le monde

KABOUL: Des milliers de personnes continuent jeudi à essayer d'accéder à l'aéroport de Kaboul, les Etats-Unis reprochant aux talibans d'en entraver l'accès pour les Afghans qui souhaitent quitter leur pays.

Coincée entre les postes de contrôle tenus par les talibans et la clôture de barbelés posée par l'armée américaine à l'aéroport, la seule porte de sortie de l'Afghanistan, une immense foule de civils afghans attend toujours dans l'espoir de trouver un vol pour fuir au loin.

Les images lundi d'une marée humaine se précipitant sur le tarmac de l'aéroport ou de ces personnes s'accrochant désespérément au fuselage d'un avion avaient choqué le monde.

Ces Afghans cherchent à échapper au nouveau régime des talibans, qui ont pris le contrôle de tout le pays dimanche, hormis une poche de résistance dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul, après une campagne militaire expéditive de dix jours.

Près des ambassades aussi, ils sont nombreux à prier d'être évacués. Beaucoup ont déjà des visas pour un pays étranger, mais ils ne peuvent entrer dans les enceintes diplomatiques.

"J'ai parlé avec mon ami qui est sur place. Il a une lettre des Espagnols assurant qu'il peut partir avec eux, mais quand il essaie de gagner la porte on le menace de lui tirer dessus", raconte à l'AFP un homme qui a demandé à rester anonyme.

"Les Espagnols lui ont dit que s'il parvenait à entrer, tout irait bien pour lui, mais il n'y arrive pas", ajoute-t-il.

Tous se souviennent encore du précédent régime taliban, entre 1996 et 2001, et de son bilan catastrophique en matière de respect des droits humains, et n'ont aucune confiance dans les multiples assurances données ces derniers jours par ces islamistes.

Mardi, un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, avait assuré qu'ils avaient appris de leur premier exercice du pouvoir, avant d'en être chassés en 2001 par une coalition menée par les Etats-Unis, et qu'il y aurait de "nombreuses différences" dans leur manière d'administrer leur pays.

Ils avaient alors imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.

Signaux d'ouverture

Les talibans ont promis de ne pas chercher à se venger et dit même avoir gracié les anciens responsables gouvernementaux. Mais pour nombre d'Afghans comme pour la communauté internationale, la méfiance reste de mise.

Signe de l'angoisse qui étreint les habitants de Kaboul, les affiches et photos de femmes qui ornaient les vitrines des magasins y sont masquées, quand elles n'ont pas déjà été vandalisées.

Si les talibans laissent bien les citoyens américains accéder à l'aéroport de Kaboul, il semble qu'ils "empêchent les Afghans qui souhaitent quitter leur pays d'atteindre l'aéroport", où les complexes opérations d'évacuation se poursuivent laborieusement, a déploré Mme Wendy Sherman, le numéro deux du département d'État américain.

Les Etats-Unis attendent d'eux qu'"ils permettent à tous les citoyens américains, tous les ressortissants de pays tiers et tous les Afghans de partir s'ils le souhaitent, de façon sûre et sans être harcelés", a-t-elle ajouté.

Les Etats-Unis ont envoyé 6 000 militaires pour sécuriser l'aéroport de Kaboul et faire partir quelque 30 000 Américains et civils afghans ayant travaillé pour eux et craignant pour leur vie.

L'armée américaine a déjà évacué plus de 3 200 personnes, notamment du personnel américain, et près de 2 000 réfugiés afghans. D'autres pays occidentaux, dont l'Espagne, la France et le Royaume-Uni, ont aussi procédé à des évacuations.

Très critiqué aux Etats-Unis et à l'étranger pour sa gestion du retrait des troupes américaines après 20 ans de guerre, jugé précipité, le président Joe Biden a estimé mercredi qu'une certaine forme de "chaos" était de toute manière inévitable.

Se présentant comme plus modérés, les talibans semblent recevoir un accueil international moins hostile qu'il y a deux décennies.

La Chine, la Russie, la Turquie et l'Iran leur ont émis des signaux d'ouverture. Mais les pays occidentaux, l'Allemagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni notamment, sont plus réticents et attendent de juger "sur les actes".

Consultations politiques

Les talibans, dont le cofondateur et numéro deux, le mollah Abdul Ghani Baradar, est rentré mardi en Afghanistan, ont mené des consultations politiques mercredi à Kaboul avec d'éminentes personnalités afghanes.

Ils ont diffusé des images montrant l'ancien président afghan Hamid Karzai avec Anas Haqqani. Celui-ci participait aux négociations avec le gouvernement afghan à Doha, qui n'ont jamais débouché sur une issue quelconque.

Mais il est surtout le frère cadet de Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau éponyme, qualifié de terroriste par Washington, qui a aussi le statut de numéro deux au sein des talibans.

Ces derniers ont également rencontré l'ancien vice-président Abdullah Abdullah, selon le groupe de surveillance des sites islamistes SITE.

Ces négociations ont été bien accueillies par l'ex-président Ashraf Ghani, qui s'est enfui dimanche pour les Émirats arabes unis. "Je souhaite le succès de ce processus", a-t-il déclaré dans un message vidéo posté sur Facebook, affirmant être "en pourparlers pour retourner en Afghanistan".

Mais les Etats-Unis ont estimé que M. Ghani, qui avait succédé en 2014 à Hamid Karzai, n'est "plus une personne qui compte en Afghanistan".

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dit jeudi espérer que ces négociations puisse déboucher sur un "gouvernement représentatif" en Afghanistan.

Il a aussi souligné que les talibans ne contrôlaient pas l'intégralité du territoire afghan, une résistance tentant de s'organiser dans la vallée du Panchir, avec l'ancien vice-président Amrullah Saleh et Ahmad Massoud, le fils du commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné en 2001 par Al-Qaïda.

Ce dernier a d'ailleurs appelé Washington à le soutenir en lui fournissant armes et munitions, dans une tribune publiée mercredi par le quotidien Washington Post.

Certains analystes s'inquiètent que ce qui se passe en Afghanistan n'inspire les jihadistes du monde entier. Le groupe Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a ainsi félicité les talibans et s'est engagé à poursuivre le jihad.

 


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.


Trump reçoit le président syrien, une rencontre historique pour consacrer leur alliance

Le président syrien Ahmad Al-Sharaa, à droite, rencontre des représentants d'organisations syro-américaines à Washington. (Présidence syrienne via AP)
Le président syrien Ahmad Al-Sharaa, à droite, rencontre des représentants d'organisations syro-américaines à Washington. (Présidence syrienne via AP)
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  • Le président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, est arrivé à Washington samedi avec son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani
  • Dimanche, il a rencontré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, et discuté "des potentiels domaines de coopération entre la Syrie et le FMI afin de soutenir le développement et la croissance économique dans le pays"

WASHINGTON: Donald Trump reçoit Ahmad al-Chareh lundi à la Maison Blanche, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Le président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, est arrivé à Washington samedi avec son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani.

Dimanche, il a rencontré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, et discuté "des potentiels domaines de coopération entre la Syrie et le FMI afin de soutenir le développement et la croissance économique dans le pays", selon la présidence syrienne.

Après de 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche en effet à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

Lors de cette visite historique, Damas devrait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack. Cette question figure "en tête de l'agenda", a confirmé à l'AFP une source diplomatique syrienne.

Les Etats-Unis, eux, prévoient d'établir une base militaire près de Damas, "pour coordonner l'aide humanitaire et observer les développements entre la Syrie et Israël", selon une autre source diplomatique en Syrie.

"Nouveau chapitre" 

La rencontre entre M. Trump et M. Chareh "ouvre un nouveau chapitre dans la politique américaine au Moyen-Orient", estime l'analyste Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy.

Vendredi, les Etats-Unis ont retiré le dirigeant syrien de la liste noire des terroristes. Depuis 2017 et jusqu'à décembre dernier, le FBI offrait une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation du leader de l'ancienne branche locale d'Al-Qaïda, le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Jeudi, c'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui avait levé les sanctions contre M. Chareh, à l'initiative des Etats-Unis, saluant l'engagement des autorités syriennes à "lutter contre le terrorisme".

Dès sa prise de pouvoir, M. Chareh a rompu avec son passé, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les Etats de la région, dont Israël avec lequel son pays est théoriquement en guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai.

"Trump amène Chareh à la Maison Blanche pour dire qu'il n'est plus un terroriste (...) mais un dirigeant pragmatique et, surtout, flexible qui, sous la direction américaine et saoudienne, fera de la Syrie un pilier régional stratégique", explique Nick Heras.

M. Chareh, qui s'est rendu à l'ONU à New York en septembre, veut lui "la bénédiction de Trump pour débloquer des milliards de dollars (...) pour reconstruire la Syrie et consolider son contrôle sur le pays".

Liens avec Israël 

"Au niveau national, cette coopération risque d'accentuer le déséquilibre croissant entre Damas et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord-est du pays", analyse de son côté Nanar Hawach, spécialiste de la Syrie à l'International Crisis Group (ICG).

La majorité des troupes américaines sont basées dans les zones sous contrôle kurde. L'ouverture d'une base à l'aéroport militaire de Mazzeh, près de la capitale, changerait la donne.

Le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) a été défait en 2019 en Syrie par la coalition internationale et les FDS, qui négocient les conditions de leur intégration dans l'armée.

Mais ces pourparlers "n'ont pas pas beaucoup avancé, ce qui complique les plans des Etats-Unis concernant le maintien de leurs troupes dans le nord-est du pays", ajoute Michael Hanna, directeur du programme américain de l'ICG.

M. Trump et M. Chareh devraient également évoquer les négociations entamées par les autorités syriennes avec Israël pour un accord de sécurité en vertu duquel l'Etat hébreu se retirerait des zones du sud du pays occupées après la chute de Bachar al-Assad.

En mai, le dirigeant américain a pressé son homologue syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.